Rôle du taux de change dans le système de financement du commerce extérieur en Pologne après 1981 ? - article ; n°1 ; vol.18, pg 59-85

Tomasz Wasilewski

Description

Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1987 - Volume 18 - Numéro 1 - Pages 59-85
The part played by the exchange rate in the system of financing Poland's external trade after 1981.
The new method of fixing the exchange rate for the Polish zloty at a submarginal level came well within the cope of the proposed general economic reform, which was aimed at decentralization of economic management. In practice, however, under the influence of the popular lobby, the exchange rate was set in 1982 at an overvalued level. As a result, its sphere of applicability was restricted, and it was necessary to create a system of export incentives, either through economic measures or administrative decisions. The latter are predominant, for the proposal to sell currency to the highest bidder was put into effect in a form which lacked the character of a true money market, which alone could have determined a marginal exchange rate with the advantage of access to a supply market of the buyer's type.
Up until 1986, successive devaluations of the official exchange rate have reflected the rate of internal inflation, by maintaining a relative over-valuation. The method of fixing the exchange rate for non commercial payments with the socialist countries has showh no change compared with the preceding period. Bilateral négociations, seen over a period of time, reveal variations in cross-rates which may be as much as 20 %. The confusion in the exchange rate system with these countries, the tendency to overvaluation of the national currency, and the management of external trade by administrative directive seem all to be inherent features of the planned economy — the economy of scarcity.
La nouvelle méthode de fixation du taux de change du zloty polonais au niveau sub-marginal s'inscrivait bien dans le cadre du projet de réforme générale de l'économie qui avait pour but de décentraliser la gestion. Mais, en pratique, ce taux de change a été fixé en 1982 à un niveau surévalué sous l'influence du « lobby charbonnier ». De ce fait, sa sphère d'application a été réduite et a nécessité la création d'un système d'incitation à l'exportation par des mesures économiques ou des décisions administratives. Ces dernières prévalent car le projet de vendre des devises aux enchères a été réalisé sous une forme dépourvue du caractère d'un véritable marché des devises qui, lui seul, aurait pu déterminer un taux de change marginal comportant une prime d'accès au marché d'approvisionnement du type « acheteur ».
Des dévaluations successives du taux de change officiel ont suivi jusqu'en 1986 le rythme de l'inflation interne en maintenant sa surévaluation relative. Le mode de fixation du taux de change pour les paiements non-commerciaux avec les pays socialistes n'a pas changé par rapport à la période précédente. Les négociations bilatérales, étalées dans le temps, font apparaître des divergences des taux croisés qui peuvent atteindre 20 %. L'incohérence du système du taux de change avec ces pays, la tendance à la surévaluation de la monnaie nationale et la gestion imperative dans le commerce extérieur paraissent inhérents à l'économie planifiée — l'économie de pénurie.
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: REVUE_D-ETUDES_COMPARATIVES_EST-OUEST
• Publié le: 01 janvier 1987
• Nombre de lectures: 31
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Tomasz Wasilewski
Rôle du taux de change dans le système de financement du
commerce extérieur en Pologne après 1981 ?
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 18, 1987, N°1. pp. 59-85.
Citer ce document / Cite this document :
Wasilewski Tomasz. Rôle du taux de change dans le système de financement du commerce extérieur en Pologne après 1981
?. In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 18, 1987, N°1. pp. 59-85.
doi : 10.3406/receo.1987.1294
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1987_num_18_1_1294Abstract
The part played by the exchange rate in the system of financing Poland's external trade after 1981.
The new method of fixing the exchange rate for the Polish zloty at a submarginal level came well within
the cope of the proposed general economic reform, which was aimed at decentralization of economic
management. In practice, however, under the influence of the "popular lobby", the exchange rate was
set in 1982 at an overvalued level. As a result, its sphere of applicability was restricted, and it was
necessary to create a system of export incentives, either through economic measures or administrative
decisions. The latter are predominant, for the proposal to sell currency to the highest bidder was put into
effect in a form which lacked the character of a true money market, which alone could have determined
a marginal exchange rate with the advantage of access to a supply market of the "buyer's" type.
Up until 1986, successive devaluations of the official exchange rate have reflected the rate of internal
inflation, by maintaining a relative over-valuation. The method of fixing the exchange rate for non
commercial payments with the socialist countries has showh no change compared with the preceding
period. Bilateral négociations, seen over a period of time, reveal variations in cross-rates which may be
as much as 20 %. The confusion in the exchange rate system with these countries, the tendency to
overvaluation of the national currency, and the management of external trade by administrative directive
seem all to be inherent features of the planned economy — the economy of scarcity.
Résumé
La nouvelle méthode de fixation du taux de change du zloty polonais au niveau sub-marginal s'inscrivait
bien dans le cadre du projet de réforme générale de l'économie qui avait pour but de décentraliser la
gestion. Mais, en pratique, ce taux de change a été fixé en 1982 à un niveau surévalué sous l'influence
du « lobby charbonnier ». De ce fait, sa sphère d'application a été réduite et a nécessité la création d'un
système d'incitation à l'exportation par des mesures économiques ou des décisions administratives.
Ces dernières prévalent car le projet de vendre des devises aux enchères a été réalisé sous une forme
dépourvue du caractère d'un véritable marché des qui, lui seul, aurait pu déterminer un taux de
change marginal comportant une prime d'accès au marché d'approvisionnement du type « acheteur ».
Des dévaluations successives du taux de change officiel ont suivi jusqu'en 1986 le rythme de l'inflation
interne en maintenant sa surévaluation relative. Le mode de fixation du taux de change pour les
paiements non-commerciaux avec les pays socialistes n'a pas changé par rapport à la période
précédente. Les négociations bilatérales, étalées dans le temps, font apparaître des divergences des
taux croisés qui peuvent atteindre 20 %. L'incohérence du système du taux de change avec ces pays,
la tendance à la surévaluation de la monnaie nationale et la gestion imperative dans le commerce
extérieur paraissent inhérents à l'économie planifiée — l'économie de pénurie.Rôle du taux de change
dans le système de financement
du commerce extérieur en Pologne
après 1981
Tomasz WASILEWSKI*
Le but de la réforme de 1982, dans le domaine des relations de l'écono
mie polonaise avec l'étranger, était de sensibiliser les agents économiques
(entreprises) aux conditions réelles de l'échange. L'entreprise nouvelle,
autonome et responsable, devait prendre les décisions d'exportation et
d'importation à partir de ses propres calculs économiques, basés sur des
paramètres réels : coût de production, prix et taux de change. Les points
essentiels de cette réforme étaient donc la nouvelle politique du taux de
change et son influence sur la formation des prix.
La réforme polonaise n'a pas été la seule dans les pays du CAEM. Elle
a été précédée par la réforme du système de taux de change en Hongrie
(1976) et en Roumanie (1981). La persistance des autorités hongroises dans
sa réalisation (unification du taux de change en 1981), qui a permis
d'obtenir certains résultats positifs, a tout naturellement attiré l'attention
particulière des chercheurs occidentaux. Dans de multiples ouvrages et
articles, on a « décortiqué » différents aspects de cette réforme, surtout
celui de l'ouverture de l'économie hongroise envers l'étranger1.
Il n'en est pas de même pour les réformes roumaine et polonaise. Les
analyses récentes sont rares et surtout concentrées sur les aspects les plus
apparents, i.e. le niveau du taux de change, les prix du commerce extérieur
* Assistant associé à l'Université Montpellier I, auparavant (1973-82) chercheur à
l'Institut des Finances (Varsovie), auprès du Ministère des finances polonais.
Je tiens à remercier Monsieur le Professeur Henri Dunajewski pour tous ses conseils
et remarques qui m'ont aidé à préparer le texte final de cet article. Je demeure tout de
même le seul responsable des idées avancées.
1. Pour la bibliographie du sujet, cf. M. Lavigne, 1985, J. Kornai, X. Richet, 1986.
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et le contrôle des changes2. Cela provient du fait qu'en général, on est
arrivé à la conclusion selon laquelle le rôle du taux de change dans ces pays
est insignifiant, malgré les apparences, et rien n'a pratiquement changé par
rapport à la période précédente.
Nous essayerons de montrer par une analyse détaillée, non seulement de
la politique du taux de change, mais aussi du système de financement du
commerce extérieur en Pologne, que cette conclusion générale doit être
nuancée dans le cas de ce pays. Cela nous permettra de mieux préciser les
véritables raisons de cet état de choses \
I. NOUVELLE POLITIQUE DU TAUX DE CHANGE
Les principaux changements intervenus à partir du 1er janvier 1982 dans
la politique des changes en Pologne ont été : la définition de la nouvelle
méthode de fixation du taux de change du zloty dans les paiements
commerciaux (TCC) par rapport au dollar et au rouble transférable et son
unification dans les paiements en monnaies convertibles (i.e. avec la
zone II). Par contre, est restée inchangée la distinction entre les paiements et non-commerciaux en des pays socialistes (i.e.
avec la zone I).
Ce système (zone I), créé en 1963, prévoyait que les taux de change entre
les différentes monnaies socialistes dans les paiements non-commerciaux
(TCNC) devaient être fixés selon là comparaison de leur pouvoir d'achat
respectif (cette comparaison était effectuée sur la base d'un panier de
marchandises correspondant à la consommation d'un touriste). Dans les
paiements commerciaux, on utilisait le rouble transférable dont les TCC,
aussi bien par rapport au dollar (et aux autres monnaies convertibles)
qu'aux monnaies des pays socialistes, étaient fixés selon la parité-or du
rouble soviétique et des monnaies respectives. Les prix des marchandises
échangées entre les pays socialistes sont basés sur les prix des marchés
mondiaux et exprimés en roubles transférables (utilisant le taux de change
officiel rouble tr./dollar). Par conséquent, les monnaies des pays socialistes
ne sont impliquées ni dans la formation des prix ni dans les paiements
effectifs du commerce extérieur (ceux-ci s'effectuant directement entre les
comptes en roubles transférables auprès de la B ICE - Banque Internatio
nale de Coopération Économique).
pp. 2. 143-148. Cf. A. Tiraspolsky, 1984, pp. 145-147, J. Asselain, 1986, pp. 63-64, E. Najder, 1986,
3. De la même manière, la récente analyse détaillée du fonctionnement du système du
rouble transférable (M. Lelart, 1986) nous permet de mieux comprendre les vraies
raisons de sa « non-tra