S. Esenin dans les travaux de l Opojaz, avec en annexe : extraits du journal de B. Èjxenbaum concernant S. Esenin (1925-1927) - article ; n°1 ; vol.67, pg 99-109
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S. Esenin dans les travaux de l'Opojaz, avec en annexe : extraits du journal de B. Èjxenbaum concernant S. Esenin (1925-1927) - article ; n°1 ; vol.67, pg 99-109

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Revue des études slaves - Année 1995 - Volume 67 - Numéro 1 - Pages 99-109
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11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Catherine Depretto
S. Esenin dans les travaux de l'Opojaz, avec en annexe :
extraits du journal de B. Èjxenbaum concernant S. Esenin
(1925-1927)
In: Revue des études slaves, Tome 67, fascicule 1, 1995. pp. 99-109.
резюме
С. Есенин и опоязовская критика
В статье рассматривается отношение к Есенину в литературной критике опоя- зовцев. С одной стороны, творчество
Есенина интересно для них как иллюстрация проблемы «литературной личности». С другой стороны, они видят в его
стихах воплощение «новой элегии», которая противостоит «новой оде» Маяковского. Наконец Есенин, видимо, — не
просто научная тема для опоязовцев. Его судьба задевает в них что-то сугубо личное, о чем свидетельствуют некоторые
документы.
Citer ce document / Cite this document :
Catherine Depretto. S. Esenin dans les travaux de l'Opojaz, avec en annexe : extraits du journal de B. Èjxenbaum concernant
S. Esenin (1925-1927). In: Revue des études slaves, Tome 67, fascicule 1, 1995. pp. 99-109.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1995_num_67_1_6245S. ESENIN DANS LES TRAVAUX DE L'OPOJAZ
PAR
CATHERINE DEPRETTO-GENTY
Serge Esenin ne fait pas partie de l'entourage poétique immédiat de
l'Opojaz1 qui se tourne plus volontiers vers les futuristes Majakovskij, Xleb-
nikov, vers Mandeľštam ou Pasternak. Les membres du groupe sont même très
réservés à son égard :
Nous n'aimions pas Esenin, écrit Ju. Oksman dans ses souvenirs des années
1910, incluant son grand ami Ju. Tynjanov dans ce « nous ». Il nous semblait un peu
banal et comme déguisé.2
Šklovskij, dans son style paradoxal habituel, rapporte une anecdote qui va
dans le même sens :
J'ai rencontré Esenin pour la première fois dans le salon de Z. Gippius [...] —
Quelles étranges guêtres avez-vous aux pieds ?, lui a-t-elle demandé derrière son
lorgnon.
— Ce sont des bottes de feutre [valenki], lui a-t-il répondu.
Z. Gippius savait pertinemment que les bottes de feutre n'étaient pas des guêtres
et Esenin savait aussi très bien pourquoi elle avait posé cette question. La question de
Z. Gippius voulait dire : je ne crois pas à vos bottes de feutre, vous n'êtes pas un
paysan.
Et Esenin par sa réponse lui signifiait : fiche-moi la paix, je n'ai pas besoin de
toi.3
1. Opojaz : abréviation de « Obščestvo po izučeniju poèticeskogo jazyka », noyau du
formalisme russe à Petrograd et dont, conventionnellement, on fait aller l'existence de 1915 à
1930.
2. Тыняновский сборник: первые тыняновские чтения, Riga, Zinatne, 1984,
p. 94-95.
3. « Современники и синхронисты » (1924), in Гамбургский снет (1928), rééd.
moderne del990, p. 372. Il est frappant de constater que dans Comment faire des vers (1926),
Majakovskij emploie quasiment les mêmes formules pour parler de Esenin : « Je connaissais
Esenin depuis longtemps — depuis dix ou douze ans. Quand je l'ai vu pour la première fois, il
portait des laptis et une chemise avec des broderies à petits points. Cela se passait dans un des
appartements confortables de Leningrad. Sachant avec quel plaisir un vrai moujik, non décor
atif, échange ses vêtements contre des souliers et un veston, je n'ai pas fait confiance à
Rev. Étud. slaves, Paris, LXVII/1, 1995, p. 99-109. 100 CATHERINE DEPRETTO-GENTY
Au comité de littérature contemporaine de l'Institut d'histoire des arts4,
comité que dirige Ju. Tynjanov, aucune séance n'est consacrée à Esenin ;
S. Bernštejn enregistre bien sa voix mais c'est dans le cadre d'une étude empi
rique de la diction des poètes et son nom se perd au milieu de nombreux autres
écrivains5. Au moment de la mort de Esenin, les critiques de l'Opojaz ne
publient pas d'article spécifique ; B. Èjxenbaum, cependant, accompagne la
dépouille mortelle du poète jusqu'au train qui ramène son corps à Moscou. Il est
choqué par la platitude des discours officiels et retire de la cérémonie une ter
rible impression d'accablement (Journal, 29 déc. 1925).
L. Ginzburg note de son côté :
poète" Esenin est là toute s'est prête pendu. à sortir, Tout comme cela est déjà moche. imprimée. Et le pire c'est que la "légende du
On ne peut rien y faire, je le sais sur mon propre exemple : chaque suicidé est
pour moi entouré d'une auréole.
Vraisemblablement, ses vers que je n'aime pas, je ne pourrai plus les lire sans
émotion.6
Si Esenin semble « banal », « costumé » aux membres de l'Opojaz, ils ne
l'ignorent cependant pas (à la différence de ce que sera leur attitude à l'égard de
la prose de Bulgakov par exemple7). Des quelques citations que nous venons de
donner, il apparaît clairement que leur premier souci est de montrer la nature li
ttéraire de son aspect paysan. Cela n'a rien d'étonnant pour des théoriciens de la
littérature qui considèrent que les œuvres sont des objets construits, surstruc
turés, hypercohérents. L'évolution de Esenin les confirme dans leurs analyses
premières puisque le jeune paysan de Radunica devient le voyou, l'ivrogne de la
Moscou des cabarets : nouveau masque, nouvelle pose littéraire qui permet à
Esenin de poursuivre une poésie qui joue de l'émotion. Esenin intéresse alors les
critiques de l'Opojaz dans leur réflexion sur les catégories du « héros lyrique »,
de la « personnalité littéraire », notions qu'ils ont expérimentées pour la pre
mière fois sur l'exemple de A. Blok (1921) et qui constituent de leur part un
apport essentiel8.
Esenin comme Blok, Majakovskij... fait partie de ces poètes à biographie
auxquels s'opposent les poètes sans biographie que sont Fet, Majkov, Gumi-
lev... ; leur œuvre tout entière repose sur les liens ambigus qui unissent per-
Essénine. Il me semblait sortir d'une opérette, n'être qu'un faux semblant théâtral. » (Trad.
E. Triolet, in : VI. Maiakovski, Vers et prose, EFR, 1957, p. 348).
4. GUI — établissement d'enseignement supérieur de Petrograd-Leningrad où ont
travaillé la plupart des formalistes de 1921 à 1930.
5. S. Bemštejn, « Звучащая художественная речь и ее изучение », in Поэтика,
I, 1926, р. 49.
6. L. Ginzburg, « Записи 20-30-х годов », Новый мир, 1992, 6, р. 150.
7. Voir à ce sujet M. O. Čudakova, « M. Булгаков и опоязовская критика :
заметки к проблеме построения истории отечественной литературы XX века », in
Тыняновский сборник, III, Riga, Zinatne, 1988, p. 231-235.
8. La première variante de l'article de Tynjanov sur Blok contenait toute une partie
sur Heine que le critique supprima dans l'édition de 1929. Édition moderne de l'article :
Ju. Tynjanov, « A. Блок », in Поэтика, история литературы, кино, M, Nauka, 1977,
p. 1 18-123 ; abréviation utilisée : ПИЛК Sur la catégorie de la « personnalité littéraire » chez
Tynjanov, cf. l'article de V. V. Ejdinova, Филологические науки, 1980, 3, p. 74-78. S. ESENIN DANS LES TRAVAUX DE L'OPOJAZ 101
sonnalité littéraire / personnalité réelle de l'auteur9. En d'autres termes, leur
œuvre vise à donner au lecteur l'illusion qu'il a devant lui un personnage de
chair alors que ce n'est qu'une construction littéraire dont le ressort principal est
l'émotion : « Les fils émotionnels qui émanent directement de la poésie de Blok
tendent à se concentrer, à se concrétiser et conduisent au visage humain qui est
derrière elle10. »
Autour de ce genre de poètes gravite souvent tout un ensemble de légendes
et de mythes, si bien qu'il devient de plus en plus difficile de distinguer figure
légendaire / figure réelle et que la confusion des deux plans est alors totale. Il
s'agit bien évidemment pour les critiques de l'Opojaz de démystifier tout
d'abord l'idée généralement admise qu'un poète lyrique parle de lui dans ses
vers. Plus profondément, il leur importe de montrer que ce phénomène
(tendance à la création d'une « personnalité littéraire ») n'est pas le fait du
hasard, qu'il repose sur un choix littéraire précis, sur une « orientation verbale »
donnée (rečevaja ustanovka) et renvoie à tout un « système ». Ces intuitions
sont particulièrement importantes car elles constituent une des voies qui vont
amener l'Opojaz à examiner les rapports entre littérature et vie sociale (byt). Ce
n'est pas un hasard si les catégories de « h

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