Sexualité et maladie : un court-circuit dans le monde filmique - article ; n°4 ; vol.9, pg 111-128
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Sciences sociales et santé - Année 1991 - Volume 9 - Numéro 4 - Pages 111-128
Résumé. A l'instar des contes ou des épopées, les films sont des récits, et peuvent être lus comme formant système. Cette option théorique et les problèmes méthodologiques qui y sont attachés sont présentés avant d'être utilisés dans une application particulière, les liens de la sexualité et de la maladie : l'analyse de films à tendance réaliste, confirmée par le discours hyperbolique des films d'épouvanté, montre la mise en place d'un système visant à faire du sexe et de la sexualité un excès, quelque chose à retrancher. Les films jouent au pied de la lettre ce « retranchement », en frappant dans leur corps les porteurs du désir ou les acteurs du passage à l'acte : maladie, amputation, infirmité et mort, se trouvent montés avec l'usage de la sexualité et dessinent une norme basse faisant de la sexualité quelque chose de coupable dans les deux sens du mot. L'information à la télévision ne s'inscrit- elle pas dans le même réseau normatif ?
Hélène Puiseux : Sexuality and disease — A short circuit in the film world.
In the same way as taies and legends, films are stories and can be read as forming a System. This theoretical option and the methodological problems attached to it are presented, then used in a special application — the relationship between sexuality and disease. The analysis of films of the realist tendency, confirmed by the hyperbole of horror films, shows how a System is set up to show sex and sexuality as an excess, something to be eut off. The films which take this to the extreme, mutilating those who desire or who engage in sex (disease, amputation, infirmity and death), make sexuality something of which to be guilty (and guillotined). And is it not the case that television news tends towards the same normalizing effect ?
Hélène Puiseux : Sexualidad y enfermedad : un corto circuito en el mundo filmico.
Al igual que los cuentos y las epopeyas, las peliculas son narraciones que pueden ser leidas como formando un sistema. Esta opción teórica y los problemas metodológicos que le están asociados, son presentados antes de ser utilizados en una aplicación particular : los lazos entre la sexualidad y la enfermedad. El análisis de las peliculas de tendencias realistas, confirmadas por el discurso hiperbólico de los films de horror, muestra la instauración de un sistema tendiente a hacer del sexo y de la sexualidad un exceso, algo que debe cercenarse. Las peliculas juegan al pie de la letra esa « amputación », atacando corporalmente a los portadore del deseo o a los protagonistas del pasaje al acto : la enfermedad, la amputación, la invalidez y la muerte están articuladas con la utilización de la sexualidad y bosquejan una norma de perfïl bajo que hace de esta algo culpable y cercenable. La informacion en la televisión no se inscribe acaso en la misma red normativa ?
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Hélène Puiseux
Sexualité et maladie : un court-circuit dans le monde filmique
In: Sciences sociales et santé. Volume 9, n°4, 1991. pp. 111-128.
Citer ce document / Cite this document :
Puiseux Hélène. Sexualité et maladie : un court-circuit dans le monde filmique. In: Sciences sociales et santé. Volume 9, n°4,
1991. pp. 111-128.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/sosan_0294-0337_1991_num_9_4_1211Résumé
Résumé. A l'instar des contes ou des épopées, les films sont des récits, et peuvent être lus comme
formant système. Cette option théorique et les problèmes méthodologiques qui y sont attachés sont
présentés avant d'être utilisés dans une application particulière, les liens de la sexualité et de la maladie
: l'analyse de films à tendance réaliste, confirmée par le discours hyperbolique des films d'épouvanté,
montre la mise en place d'un système visant à faire du sexe et de la sexualité un excès, quelque chose
à retrancher. Les films jouent au pied de la lettre ce « retranchement », en frappant dans leur corps les
porteurs du désir ou les acteurs du passage à l'acte : maladie, amputation, infirmité et mort, se trouvent
montés avec l'usage de la sexualité et dessinent une norme basse faisant de la sexualité quelque
chose de coupable dans les deux sens du mot. L'information à la télévision ne s'inscrit- elle pas dans le
même réseau normatif ?
Abstract
Hélène Puiseux : Sexuality and disease — A short circuit in the film world.
In the same way as taies and legends, films are stories and can be read as forming a System. This
theoretical option and the methodological problems attached to it are presented, then used in a special
application — the relationship between sexuality and disease. The analysis of films of the realist
tendency, confirmed by the hyperbole of horror films, shows how a System is set up to show sex and
sexuality as an excess, something to be eut off. The films which take this to the extreme, mutilating
those who desire or who engage in sex (disease, amputation, infirmity and death), make sexuality
something of which to be guilty (and guillotined). And is it not the case that television news tends
towards the same normalizing effect ?
Resumen
Hélène Puiseux : Sexualidad y enfermedad : un corto circuito en el mundo filmico.
Al igual que los cuentos y las epopeyas, las peliculas son narraciones que pueden ser leidas como
formando un sistema. Esta opción teórica y los problemas metodológicos que le están asociados, son
presentados antes de ser utilizados en una aplicación particular : los lazos entre la sexualidad y la
enfermedad. El análisis de las peliculas de tendencias realistas, confirmadas por el discurso hiperbólico
de los films de horror, muestra la instauración de un sistema tendiente a hacer del sexo y de la
sexualidad un exceso, algo que debe cercenarse. Las peliculas juegan al pie de la letra esa «
amputación », atacando corporalmente a los portadore del deseo o a los protagonistas del pasaje al
acto : la enfermedad, la amputación, la invalidez y la muerte están articuladas con la utilización de la
sexualidad y bosquejan una norma de perfïl bajo que hace de esta algo culpable y cercenable. La
informacion en la televisión no se inscribe acaso en la misma red normativa ?/M
Sciences Sociales et Santé, vol. IX, n° 4, décembre 1991
Sexualité et maladie : un court
circuit dans le monde filmique
Hélène Puiseux*
Résumé. A l'instar des contes ou des épopées, les films sont des
récits, et peuvent être lus comme formant système. Cette option théo
rique et les problèmes méthodologiques qui y sont attachés sont pré
sentés avant d'être utilisés dans une application particulière, les liens
de la sexualité et de la maladie : l'analyse de films à tendance réaliste,
confirmée par le discours hyperbolique des films d'épouvanté, montre
la mise en place d'un système visant à faire du sexe et de la sexualité
un excès, quelque chose à retrancher. Les films jouent au pied de la
lettre ce « retranchement », en frappant dans leur corps les porteurs du
désir ou les acteurs du passage à l'acte : maladie, amputation, infirmit
é et mort, se trouvent montés avec l'usage de la sexualité et dessinent
une norme basse faisant de la sexualité quelque chose de coupable
dans les deux sens du mot. L'information à la télévision ne s'inscrit-
elle pas dans le même réseau normatif ?
Sexualité et maladie sont deux termes abstraits qui tracent des
domaines enchevêtrés, d'identité, de relation à soi et à l'autre, de
comportements, de mort et de naissance, d'institutions sociales et
historiques, et passent, entre autres, par le domaine du corps ; dans
le domaine de la littérature et du spectacle, passant du général et de
l'abstrait au particulier et au concret, les problèmes qu'ils posent à
l'individu forment le noyau de nombreuses œuvres ; or, s'agissant
de cinéma, il faut rappeler une évidence : les concepts, les catégo-
* Hélène Puiseux, historienne et fïlmologue, Ecole Pratique des Hautes Etudes, 45,
rue des Ecoles, 75005 Paris. HÉLÈNE PUISEUX 112
ries, les notions complexes, et parmi elles, la sexualité et la maladie,
se montrent, se parlent, s'entendent, par le moyen d'un système lui-
même complexe, composé d'espaces organisés à la suite, donc liés
par une apparition chronologique, elle-même se prêtant aisément à
être lue comme une organisation de causalité : dans le cas de films
où la sexualité est vécue par les protagonistes avant que ceux-ci
tombent malades, c'est donc dans la problématique de la faute que
s'inscrit la maladie. Lorsque la maladie est évoquée ou rendue
visible dans un espace où le sexe est présent, c'est la contiguïté, la
proximité, qui les lie et les associe, éventuellement en permutation.
Causalité et permutation ne s'excluent pas et peuvent coexister dans
un même film. De plus, s'ajoutent, à ces deux types de rapports, des
constructions qui mettent en cause l'espace social : si la maladie par
exemple, est contractée, au cours d'une histoire d'amour, dans un
des cercles éloignés de l'espace social d'origine, c'est l'éloignement
par rapport à un « home » protecteur qui est construit en causalité,
ce qui double d'étrangéité la sexualité. Toutes ces combinaisons
existent au cinéma, depuis les petits films de Méliès jusqu'aux
récentes productions du cinéma occidental (1). Enfin, toutes sont
portées par des corps de personnages, dans une série évolutive de
conventions de représentations.
Ces espaces de corps, cette chronologie et cette topographie
liant la sexualité à la maladie font que, dans leur ensemble, les films
« à malades » jouent d'éternelles reprises de la Traviata, et dessinent
en filigrane une norme de conduite, qui serait l'évacuation de la
sexualité : lorsqu'elle est transgressée, le corps ayant usé de sa est conduit à la maladie et souvent à la mort (2).
Si je me permets de parler d'ensemble, c'est parce que je tra
vaille le cinéma depuis une vingtaine d'années dans un éclairage qui
me fait étudier, à travers la forêt des œuvres particulières, les lignes
qui les organisent, précisément, comme un ensemble. Le monde de
(1) Par cinéma occidental, j'entends les productions européennes, américaines, aus
traliennes, excluant de la notion les asiatiques et africaines, qui ren
voient et incluent des mondes de référence profondément étrangers. Exception faite
toutefois du cinéma japonais, par ses capacités d'assimilation qui nous le laissent en
partie abordable.
(2) Des études que j'ai conduites sur la sexualité du couple, dans le monde filmique,
montrent que les écarts mènent à la mort à 90% : par exemple, en emblème, Le
Mépris, (Jean-Luc Godard, Fr. 1960) se termine par la mort de Brigitte Bardot et de
son amant. La mort est le bout du chemin de l'infidélité, soit par accident, soit par
maladie. Si bien que le discours sur le couple vient grossir le lien sexualité-maladie
dans une problématique de culpabilité. SEXUALITÉ, MALADIE, CINÉMA 113
l'analyse de films est encore jeune (3), ainsi que les méthodes qui y
sont employées ; je déc

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