Succession dynastique et communisme de pénurie : la crise du régime nord-coréen - article ; n°3 ; vol.28, pg 131-156
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Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1997 - Volume 28 - Numéro 3 - Pages 131-156
Dynastical succession and the Communism of shortage : The crisis of the North Korean régime.
The North Korean regime has reached a dead end. The new leadership, which has succeeded Kim II Sung, is diplomatically isolated, economically ruined by decades of bureaucratic planning (which has only added to the aftermath of recent disastrous flooding) and politically as well as socially destabilized since the elite itself has gradually come to have doubts and the population has felt the brunt of shortages. This leadership is fighting not only for the system's survival but also for the country's own existence as an independent entity. North Korea now faces a twofold challenge : the crisis of its régime and the destabilization that reforms might eventually set off. For these reasons, the signals it is sending toward the international community are contradictory. They reflect political infighting in Pyongyang.
Le régime nord-coréen est désormais acculé. Diplomatiquement isolé, économiquement ruiné par des décennies de planification bureaucratique qui ont aggravé les effets désastreux des catastrophes climatiques de ces dernières années, politiquement et socialement déstabilisé par le doute qui s'empare peu à peu des élites et les pénuries qui frappent la population, la nouvelle direction qui s'est installée au pouvoir après la disparition de Kim Il-sung lutte non seulement pour la survie du système, mais aussi et surtout du pays lui-même. Confrontée au double défi de l'impasse actuelle et du risque de déstabilisation induit, à terme, par la mise en place des réformes, la Corée du Nord multiplie, en direction de la communauté internationale, des signes contradictoires de crispation et d'apaisement qui traduisent des luttes de pouvoir et d'influence à Pyongyang.
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Eric Seizelet
"Succession dynastique" et communisme de pénurie : la crise
du régime nord-coréen
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 28, 1997, N°3. pp. 131-156.
Abstract
"Dynastical succession" and the Communism of shortage : The crisis of the North Korean régime.
The North Korean regime has reached a dead end. The new leadership, which has succeeded Kim II Sung, is diplomatically
isolated, economically ruined by decades of bureaucratic planning (which has only added to the aftermath of recent disastrous
flooding) and politically as well as socially destabilized since the elite itself has gradually come to have doubts and the population
has felt the brunt of shortages. This leadership is fighting not only for the system's survival but also for the country's own
existence as an independent entity. North Korea now faces a twofold challenge : the crisis of its régime and the destabilization
that reforms might eventually set off. For these reasons, the signals it is sending toward the international community are
contradictory. They reflect political infighting in Pyongyang.
Résumé
Le régime nord-coréen est désormais acculé. Diplomatiquement isolé, économiquement ruiné par des décennies de planification
bureaucratique qui ont aggravé les effets désastreux des catastrophes climatiques de ces dernières années, politiquement et
socialement déstabilisé par le doute qui s'empare peu à peu des élites et les pénuries qui frappent la population, la nouvelle
direction qui s'est installée au pouvoir après la disparition de Kim Il-sung lutte non seulement pour la survie du système, mais
aussi et surtout du pays lui-même. Confrontée au double défi de l'impasse actuelle et du risque de déstabilisation induit, à terme,
par la mise en place des réformes, la Corée du Nord multiplie, en direction de la communauté internationale, des signes
contradictoires de crispation et d'apaisement qui traduisent des luttes de pouvoir et d'influence à Pyongyang.
Citer ce document / Cite this document :
Seizelet Eric. "Succession dynastique" et communisme de pénurie : la crise du régime nord-coréen. In: Revue d’études
comparatives Est-Ouest. Volume 28, 1997, N°3. pp. 131-156.
doi : 10.3406/receo.1997.2871
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1997_num_28_3_2871Revue d'études comparatives Est-Ouest, 1997, 3 (septembre)
pp. 1 3 1 - 1 56 - Éric SEIZELET
dynastique" et communisme "Succession
de pénurie : la crise du régime nord-coréen
Eric SEIZELET *
Introduction
La Corée du Nord a longtemps inspiré, vue de l'extérieur, un délicat
mélange de répulsion et de fascination, où les images infantiles du culte déli
rant de la personnalité, comme au plus fort du stalinisme et du maoïsme, les
logorrhées verbeuses à prétention scientifique sur la construction d'un socia
lisme endogène, le caractère "exotique" d'un totalitarisme aux couleurs asia
tiques côtoyaient des références plus positives : une volonté farouche
d'indépendance ; un nationalisme à tout crin ; un "projet de société" capable de
tirer le pays du sous-développement. Cette ambivalence est en train de voler en
éclats. Avec la disparition du président Kim Il-sung en juillet 1994, l'heure des
bilans a sonné. Pour la plupart des observateurs, ce bilan est consternant : le
régime est en faillite - dans tous les sens du terme - sa base politique se rétré
cit d'autant plus que son successeur et fils, M. Kim Jong-il, ne dispose pas du
charisme et du prestige de son père ; son inadaptation au nouvel environne
ment international de cette fin de siècle est patente. La question ne serait donc
plus de savoir si le régime nord-coréen est condamné, mais de tenter de cerner
l'aboutissement de ce processus de déliquescence et d'en circonscrire les dom
mages collatéraux, d'abord pour l'ensemble de la péninsule, puis pour la
région tout entière i. Certes, il est légitime de s'interroger sur la succession en
cours à Pyongyang, car la relève d'un dirigeant resté aux commandes du pays
pendant plus de quarante-cinq ans - une prouesse sans égale dans le monde
communiste à l'exception du leader albanais Enver Hodja - comporte bien év
idemment de nombreuses inconnues. Dans le cas nord-coréen, ces dernières
sont d'autant plus fortes que les implications de la succession ne se réduisent
pas à une simple question de transmission du pouvoir ou de relève des généra-
* Directeur de recherche au CNRS, Institut d'Asie Orientale (14, rue Berthelot,
69007 Lyon).
1. Brian Bridges, "North Korea after Kim Il-sung", The World Today, juin 1995, vol.
51, n° 6, p. 104. Byung-joon Ahn, "The Man who would be Kim", Foreign Affairs,
n° 6, p. 94 et s. Cf. également la déposition devant le novembre/décembre 1994, vol. 73,
Congrès, en mars 1996, du commandant des forces américaines en Corée, le général
Gary Luck, Washington Post, 23 juin 1996.
131 Éric Seizelet
tions. Au-delà des conséquences géopolitiques évidentes sur la "qualité" du
dialogue intercoréen, ce n'est peut-être pas seulement le sort du régime qui est
en cause, mais, à terme, l'existence de la Corée du Nord en tant qu'entité éta
tique. Enfin, ce pays demeure encore très largement une énigme politique : les
orientations futures dépendent de l'évolution des rapports de force au sein de
la direction nord-coréenne, dont le décryptage s'avère pour le moins délicat.
Un environnement économique défavorable
Un pays en voie de sous-développement
Dans le paysage économique et géopolitique actuel de l'Asie orientale en
pleine mutation, la Corée du Nord semble s'être pétrifiée dans un paléo-com
munisme d'un autre âge. Il y a bien longtemps que la Chine, qui demeure dans
la région son seul allié -d'ailleurs de plus en plus exigeant— s'est en fait
convertie, sous couvert d'"économie socialiste de marché", aux formes les plus
débridées du capitalisme. La comparaison avec la Corée du Sud honnie n'est
pas -tant s'en faut- à l'avantage du Nord. En 1995, le PNB sud-coréen par
habitant s'est élevé à 10 650 dollars ; celui de la République Populaire et
Démocratique de Corée (RPDC) serait tombé au-dessous de 1 000 dollars et
s'établirait aux alentours de 22 milliards de dollars - l'équivalent, selon Asia
week, du chiffre d'affaires du géant américain des communications GTE - et
ne représenterait que le vingtième du PNB sud-coréen. Selon les Nations
Unies, la Corée du Nord vient au 83e rang pour l'indice de développement
humain (IDH), alors que la Corée du Sud se situe au 29e rang. La richesse par
habitant calculée par la Banque mondiale (1992) est estimée à 30 000 dollars -
105e rang mondial - pour la RPDC, contre 123 000 dollars - 44e rang
mondial - pour la République de Corée ; la Corée du Sud a connu une crois
sance de 9,2 % en 1995, tandis que le Nord est frappé par la récession. En bref,
alors que le Sud s'abandonne de plus en plus aux délices de la société d'abon
dance et vient d'intégrer le club des "riches" de l'OCDE, le Nord, de plus en
plus distancé, en est réduit à quémander l'aide internationale pour nourrir ses
habitants : la voie nord-coréenne d'édification du socialisme réel emprunte
désormais les chemins périlleux du sous-développement. Une impasse danger
euse, non seulement pour la stabilité du pays, mais aussi un facteur supplé
mentaire de préoccupation et de tension dans la péninsule 2.
2. Pour une analyse détaillée des performances économiques respectives du Nord et
du Sud, Nam Koong-young, "A Comparative Study on North and South Korean Econo
mie Capability", The Journal of East Asian Affairs, p. 35 et s. Et surtout, Eui-Gak
Hwang, The Korean Economies : A Comparison of North and South, Oxford : Oxford
University Press, 1993, principalement les chapitres 3 et 4. Voir également, Sung Chul
Yang, The North and South Korean Political Systems, Séoul : Seoul Press, 1994, part
V, p. 563 et s.
132 dynastique" et communisme de pénurie : la crise du régime nord-coréen "Succession
Tous les indicateurs économiques sont dorénavant au rouge. Le Troisième
plan septennal (1987-1993) est un échec cuisant. Il prévoyait une hausse de

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