Sud-Vietnam 70 : déséquilibre et dépendance économiques - article ; n°42 ; vol.11, pg 357-402
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Description

Tiers-Monde - Année 1970 - Volume 11 - Numéro 42 - Pages 357-402
46 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Nguyen Trong Hy
Le Quang Trong
Sud-Vietnam 70 : déséquilibre et dépendance économiques
In: Tiers-Monde. 1970, tome 11 n°42-43. Le Vietnam entre la guerre et la paix. pp. 357-402.
Citer ce document / Cite this document :
Trong Hy Nguyen, Quang Trong Le. Sud-Vietnam 70 : déséquilibre et dépendance économiques. In: Tiers-Monde. 1970, tome
11 n°42-43. Le Vietnam entre la guerre et la paix. pp. 357-402.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1970_num_11_42_1708SUD-VIETNAM 70 :
DÉSÉQUILIBRE
ET DÉPENDANCE ÉCONOMIQUES
par Nguyen Trong Hy*
et Le Quang Trong*
Avant-propos
Si le 17e parallèle n'a pas réussi à diviser un peuple uni du nord
au sud, dans le passé comme dans le combat actuel, il a néanmoins créé,
pour un temps, deux styles de vie différents, deux régions économiques
coupées d'affinités traditionnelles et de relations qu'elles avaient tou
jours entretenues. Nous intéressant au Sud- Vietnam plus particuliè
rement, nous devons constater en outre que si le conflit actuel nous
rapproche chaque jour davantage de la lutte héroïque de sa population
pour l'indépendance, par contre son économie nous est moins familière.
Cet article n'a pas d'autre prétention que de présenter le cadre écono
mique, c'est-à-dire les conditions d'existence, le mode de vie, le niveau
de vie, bref, tout ce qui constitue l'activité de nos compatriotes du Sud
dans les régions non encore libérées. Nous sommes conscients des diff
icultés qu'il y a dans un contexte de guerre populaire, à démêler l'enche
vêtrement des formes d'économie existantes dans les régions libérées
d'une part et les régions occupées de l'autre. Si l'on sait l'importance
numérique et économique des campagnes au Sud- Vietnam et que les
premières régions libérées ont été ces territoires, il s'ensuit des consé
quences capitales, en particulier cet enchevêtrement des deux zones
* Union des Intellectuels Vietnamiens en France, Groupe d'Etudes Sociales.
357 NGUYEN TRONG HY ET LE QUANG TRONG
pouf la production et pour la consommation. Néanmoins, nous nous
en tenons dans ces pages aux statistiques émanant de l'administration
de Saigon pour l'essentiel, quitte à présenter notre point de vue critique
sur les points nécessaires et à remettre à un travail ultérieur l'étude de
l'économie des zones libérées, au moment venu. Pour l'instant, nous
nous proposons de passer en revue les principales questions touchant à du Sud- Vietnam, étant entendu que le travail ainsi commencé
devra être complété plus tard pour un recensement sur le terrain. Pour
terminer, signalons que la politique de génocide par des tapis de bombes,
de napalm, de gaz toxiques et de défoliants de toutes sortes, porte
des conséquences qui ne sauraient être évaluées communément ni sur
le plan moral, ni sur le plan économique (i).
I. — Données de base préliminaires
A) Le pays
Le Sud- Vietnam tel qu'il a été déterminé par les Accords de Genève
de 1954 couvre du 17e parallèle à la pointe de Camau, un territoire d'en
viron 170 000 km2 le long de la mer de Chine (2). Cette étendue présente
toutefois une configuration particulière en ce sens qu'elle s'étire en longue
courbe étroite sur sa partie septentrionale avant de finir sur le vaste
et récent delta du Mékong. Au Trung Во (Centre Vietnam) l'épine
dorsale du Truong Son (Chaîne Annamitique), détermine de Quang
Tri à Phan Thiet une série de petites plaines côtières isolées. Ceci nous
permet de distinguer trois ensembles géographiques : le delta du Mékong,
les plaines de la côte Est et les régions montagneuses.
Le delta du Mékong. — II est formé de plaines alluviales aux sols
variés, composés principalement d'argiles lourdes et de sables. Sur
un total de près de 7 millions d'hectares, une grande partie est en per
manence inondée et nécessite le drainage efficace des eaux pour la culture.
(1) En 1967, le Pentagone a commandé pour 57,69 millions de dollars de produits
défoliants pour l'emploi au Sud- Vietnam. En 1966, un total équivalant à 10 millions de
dollars a été déversé.
(2) La question des frontières du Sud- Vietnam n'est point encore résolue à l'heure
actuelle. Le F.N.L. et le G.R.P. ont solennellement déclaré respecter le tracé actuel vis-à-vis
des pays voisins, Laos et Cambodge.
З58 SUD-VIETNAM 70 : DÉSÉQUILIBRE ET DÉPENDANCE ÉCONOMIQUES
Le Mékong — Song Cuu Long, 4 200 m de long depuis ses sources
tibétaines, parcourt ses 200 derniers kilomètres à l'entrée de Nam Во,
avec ses deux bras principaux : le Mékong antérieur et le Bassac. Le
Mékong antérieur se subdivise lui-même en trois branches qui, avec
le Bassac, forment les bouches du Mékong. Avec un débit variable mais
important — 1 700 m3/s en période normale et 60 000 en période crue,
le Mékong n'est pourtant pas un fleuve dangereux (quoique non enti
èrement navigable sur tout son cours) car il possède un réservoir naturel
en le lac Tonlesap situé en amont de Pnom Penh qui lui sert de régul
ateur. Les crues du Mékong se produisent à partir du mois de juin
avec deux maxima en juillet et en septembre-octobre. Le Tonlesap
enregistre alors des écarts de niveaux atteignant jusqu'à 10 m et le
delta est inondé sur 100 km du cours moyen avec une hauteur d'eau
de 30 à 40 cm qui s'écoule lentement vers le golfe de Thaïlande.
La pente quasi nulle du terrain, environ un cent millième, exige le drai
nage des terres par des canaux (1). Par ailleurs, la proximité de la mer
se manifeste par le phénomène de la marée qui, chaque année au prin
temps, atteint des écarts de 3 m de niveau. En plus du travail de drai
nage, il faut également prévoir le dessalement des sols sur les régions
situées sur le pourtour du delta. Souvent l'eau des pluies ou des inon
dations suffit à cet effet. Notons que le régime de la marée offre une
particularité intéressante pour la navigation intérieure par la voie des
rivières et des canaux : ainsi aux heures fixes de la marée, les jonques
et les péniches empruntent les courants pour relier dans les deux sens
les différentes agglomérations grâce au réseau très dense de commun
ications fluviales, avec un gain de forces motrices et de temps appréc
iable; c'est d'ailleurs la voie du ramassage traditionnel du riz.
Les terres du delta s'échelonnent en âge selon leur date de mise
en exploitation. Contrairement au delta du fleuve Rouge, berceau de
la nation vietnamienne, le delta du Mékong n'a été atteint par les
premiers pionniers viets qu'à une date relativement récente (xvine-
xixe siècles) à la fin de leur marche vers le Sud — Nam Tien. Aujourd'hui
encore, la mise en culture complète est loin d'être effective, eu égard
aux troubles de l'occupation étrangère. Selon l'âge des exploitations,
leurs dimensions, leur mode de faire-valoir, leur rendement sont diffé
rents. Les meilleures terres sont les plus récentes, souvent de très grands
(1) Voir O.N.U., Perspectives du développement économique du Sud-Vietnam, New York, 1959.
359 TRONG HY ET LE QUANG TRONG NGUYEN
domaines situés dans les régions de Rach Gia, Bac Lieu, Soc Trang.
Ce sont principalement des terres à riz qui avaient fait de l'ancienne
Indochine un des grands exportateurs de cette céréale avant la deuxième
guerre mondiale. Sur le pourtour Sud, on peut trouver aussi des coco-
teraies importantes. Les superficies cultivables oscillent actuellement
autour de i millions d'hectares.
Les plaines côtieres du Trung Во. — Entre la chaîne du Truong Son
et la mer de Chine, s'échelonnent de Quang Tri à Phan Thiet une série
de petites plaines isolées et sans arrière-pays. Elles constituent les jalons
successifs du Nam Tien de jadis avant l'accès au delta du Mékong.
Ce sont donc des terres anciennes, toutes intégralement exploitées, mais
de dimensions différentes, de Quang Tri à Tuy Hoa, elles sont rel
ativement grandes, fertiles et portent des cultures diversifiées : riz,
manioc, canne à sucre, tabac, thé..., et développées quant à la technique
utilisée : canaux d'

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