Suite de la discussion sur la natalité en France. La théorie de la natalité et l urgence de la contrôler par les faits - article ; n°1 ; vol.2, pg 483-502
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Suite de la discussion sur la natalité en France. La théorie de la natalité et l'urgence de la contrôler par les faits - article ; n°1 ; vol.2, pg 483-502

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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1891 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 483-502
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1891
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Arsène Dumont
Suite de la discussion sur la natalité en France. La théorie de la
natalité et l'urgence de la contrôler par les faits
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, IV° Série, tome 2, 1891. pp. 483-502.
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Dumont Arsène. Suite de la discussion sur la natalité en France. La théorie de la natalité et l'urgence de la contrôler par les
faits. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, IV° Série, tome 2, 1891. pp. 483-502.
doi : 10.3406/bmsap.1891.7558
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1891_num_2_1_7558DISCUSSION SUR LA NATALITÉ EN FRANCE. 483
niquer d'an bord à l'autre. Là où les déplacements sont
faciles, le langage sifflé est inutile et il n'existe pas. Aux
Canaries, il peut rendre des services, il s'y montre et persiste,
témoin de l'influence du milieu et de l'universalité des lois
de la, nature.
Enfin, tout en le maintenant dans les limites où nous
l'avons placé, on peut dire qu'il étend, dans une certaine
mesure, la notion du langage. A côté du cri et de la parole,
on trouve quelque chose de distinct : le sifflet.
Discussion.
M. Hovelacque fait observer qu'il résulte de cette commun
ication que le langage sifflé n'a rien de conventionnel. Sous
le sifflement, on retrouve les syllabes mêmes de la langue
parlée. On les porte seulement plus loin, à une grande dis
tance, au détriment toutefois de leur netteté et de leur intel
ligibilité. Si nous connaissions à l'avance les mots qui vont
être prononcés en sifflant, nous les reconnaîtrions sous leur
forme sifflée. Ce qui permet aux Canariens de comprendre
assez facilement ce langage, c'est qu'il n'est employé que
dans un petit nombre d'occurrences, toujours les mêmes, de
la vie la plus usuelle des montagnards.
Suite de la discussion sur la natalité en France.
La théorie de la
et l'urgence de la contrôler par les faits;
PAU M. ARSÈNE DUMONT.
Les principales explications de l'abaissement de la natalité
française qui ont été avancées jusqu'à ce jour se ramènent
à trois : on en a cherché la cause dans des faits d'ordre écor
nomique, d'ordre physiologique et d'ordre mental.
Pendant très longtemps, la faiblesse de la natalité et de la
nuptialité a été universellement considérée comme un effet
de la misère. Aujourd'hui et surtout en France, elle paraît 484 SÉANCE DU 2 JUILLET 1891.
plutôt liée à la possession de la fortune. On admet générale
ment que, par tout pays, c'est la misère qui est féconde et
la richesse qui est stérile. Toutes les aristocraties se sont
éteintes par suite d'une reproduction insuffisante et, dans
les grandes villes, ce sont les quartiers opulents qui ont le
moins d'enfants, les quartiers pauvres qui en ont le plus.
A la vérité, les années de disette et de guerre sont habi
tuellement des années de faible nuptialité et de faible natal
ité. C'est un fait que l'on peut observer dans tous les grands
États européens. Mais les mariages différés se font une ou
deux années plus tard, et la nuptialité de la décade non plus
que la natalité n'en est pas sensiblement modifiée.
J'ai pu saisir le déterminisme de ces faits dans une collect
ivité assez restreinte pour être accessible à l'observation
directe.
Dans le canton de Fouesnant (Finistère), on dit couram
ment : « Année de pommes, année de mariages. » Le cidre,
qui est excellent et se vend très cher, est le principal objet
d'exportation de ce pays généralement très pauvre. S'il est
abondant, il a pour effets : aisance, amélioration de l'ordi
naire, gaieté, confiance dans l'avenir et, finalement, nuptial
ité élevée ; s'il fait défaut, il s'ensuit : gêne, tristesse, isol
ement et, finalement, rareté des mariages. Cependant, en
dépit de ces modifications annuelles, la nuptialité générale,
prise décade par décade, demeure extrêmement élevée. Une
année malheureuse ne fait que retarder les mariages, qui
deviennent d'autant plus nombreux dès que la prospérité
renaît. Elle agit comme une pierre tombant dans une pièce
d'eau paisible, qui détermine des ondulations à la surface,
mais n'en change pas le niveau.
Le taux général de la nuptialité et de la natalité dépend
de causes qui, elles aussi, sont générales et beaucoup plus
profondes. Nous pouvons, en conséquence, continuer à tenir
pour seul vrai ce fait d'expérience. La misère élève très cer
tainement la mortalité ; mais ce n'est pas elle qui engendre
l'abaissement de la natalité; tout au contrairerune natalité SUR LA NATALITÉ EN FRANCE. 485 DISCUSSION
élevée coïncide ordinairement avec la misère, une natalité
faible ou médiocre avec la richesse.
Ajoutons, dès maintenant, que la richesse n'agit sur la na
talité que par l'intermédiaire d'une énorme quantité d'idées,
d'appréciations et de tendances, constituant cet ensemble
complexe que l'on nomme la culture civilisée, et dont l'adop
tion par une famille est la conséquence habituelle de son
élévation à la fortune.
Pour M. Fauvelle, la cause de l'abaissement de la natalité
est due à l'état physiologique de la population. « C'est, dit-il
avec raison, commettre une erreur que de prétendre que,
dans l'union des sexes, la fécondité est sous la dépendance
absolue de la volonté. Dans l'état d'intégrité physiologique,
qui est celui de la classe ouvrière, calculs et raisonnements
perdent leur pouvoir, les résolutions les mieux arrêtées et
les mieux motivées s'oublient toujours à un moment donné.
Ils n'exercent leur mauvaise influence que parmi la classe
bourgeoise, énervée par une vie artificielle, l'absence d'ac
tivité musculaire et la prédominance de l'activité nerveuse.
L'amour pleinement conscient devient analyseur et libertin,
et par suite infécond, quand il lui plaît.
Le travail manuel et l'ignorance, une conscience un peu
somnolente, apparaissent donc à la fois comme la sauvegarde
et l'explication de la fécondité populaire. La richesse, le tra
vail intellectuel, l'empire sur soi et le pouvoir de gouverner
tous ses actes par sa volonté sont les conditions dans le
squelles la natalité s'abaisse. Je dis les et non les
causes.
Les pauvres ont des raisons puissantes de vouloir être sté
riles, et la bourgeoisie semble n'avoir que des raisons moind
res. Cependant, ce sont les pauvres qui restent féconds,
parce qu'ils ne font pas ce qu'ils veulent, et c'est la classe
cultivée qui est inféconde, parce qu'elle ne fait communé
ment que ce qu'elle veut. Qu'en conclure, sinon que c'est la
volonté qui est bien véritablement la cause de l'abaissement
de la natalité, ou, plus exactement encore, les idées qui SÉANCE DU 2 JUILLET 1891.' 486
déterminent la volonté, les circonstances d'ordre" mental,
intellectuel, moral et esthétique?
La pauvreté et ses suites habituelles, ignorance et tra
vail musculaire, préservent la natalité, comme le froid pré
serve les viandes de la putréfaction; mais la richesse, le tra
vail intellectuel et l'empire sur soi ne sont pas plus les causes
de l'abaissement de la natalité que la chaleur n'est la cause
de la fermentation. L'élévation de la température n'est que
la condition indispensable et bienfaisante sans laquelle ni la
végétation, ni les ferments utiles, ne se produiraient. De
même, la richesse, l'instruction, le travail intellectuel, sont
utiles et indispensables au progrès. Nui peuple ne se con
damnera à perpétuité, dans le but de rester fécond, à de
meurer pauvre, ignorant, barbare. Une telle vision a pu
hanter la cervelle des Lycurgues antiques au temps où les
cités demandaient aux philosophes de leur donner des lois,
et elle traversait encore l'imagination de Juvénal ; mais elle
est complètement évanouie aujourd'hui. Il faudra de toute
nécessité trouver quelque autre remède. Il que la
volonté individuelle apprenne 

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