Sur la distinction des sensations des deux yeux - article ; n°1 ; vol.9, pg 41-56
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Description

L'année psychologique - Année 1902 - Volume 9 - Numéro 1 - Pages 41-56
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1902
Nombre de lectures 6
Langue Français
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Extrait

B. Bourdon
Sur la distinction des sensations des deux yeux
In: L'année psychologique. 1902 vol. 9. pp. 41-56.
Citer ce document / Cite this document :
Bourdon B. Sur la distinction des sensations des deux yeux. In: L'année psychologique. 1902 vol. 9. pp. 41-56.
doi : 10.3406/psy.1902.3426
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1902_num_9_1_3426Il
SUR LA DISTINCTION DÈS SENSATIONS
DES DEUX YEUX
Nous pouvons distinguer les sensations de nos deux paupières
et de nos deux cornées. La question est donc de savoir si nous
pouvons aussi celles des muscles de nos deux yeux et
celles de nos deux rétines.
De prime abord il semble que la distinction soit impossible.
Il arrive fréquemment que, les deux yeux ouverts, nous ne
voyons un objet qu'avec l'un de nos yeux, parce que quelque
autre objet le cache, sans que nous nous en doutions, pour
l'autre œil, et cependant nous ne remarquons pas d'ordinaire
que la perception de l'objet est alors monoculaire, et, à moins
de fermer un œil ou d'user de quelque raisonnement, nous ne
saurions probablement pas dire avec quel œil nous voyons
l'objet.
Quelques faits d'observation courante tendent à prouver
pourtant que la distinction, si on s'exerçait à la faire, serait
possible. Ainsi, dans un passage de son Optique physiologique,
Helmholtz fait cette remarque que, lorsqu'il a devant lui deux
photographies stéréoscopiques, dont l'une présente une tache,
il a ordinairement l'impression qu'il y a un trouble dans l'œil
avec lequel il voit la tache, et qu'il essaie involontairement de
le faire disparaître avec les paupières de cet œil1. Javal, dans
son Manuel du strabisme , cite des faits analogues : « Les per
sonnes qui portent constamment des lunettes, dit-il, recon
naissent souvent sur lequel des verres se trouve une tache qui
vient àleur obscurcir la vue... Une de mes petites strabiques,
très intelligente, à qui des exercices venaient de restituer la
vision binoculaire..., savait parfaitement dire à laquelle des
deux images appartenaient les taches que j'avais faites sur une
photographie avant de la lui présenter dans le stéréoscope :
1. Helmholtz, Physiol. Optik. 2e Aufl., p. 894. 42 MÉMOIRES ORIGINAUX
elle possédait encore la notion de l'individualité des deux yeux,
malgré la fusion des deux images : il y avait distinction- con
sciente des sensations des deux yeux. Quand je lui demandais
comment elle reconnaissait à quel œil appartenait la sensation,
elle répondait : Je le sens bien x . »
L'étude méthodique de la question qui nous occupe a été
abordée pour la première fois par Schön2. Schön s'est proposé
de rechercher s'il est possible de distinguer les sensations
fournies par les points identiques des deux rétines : d'après les
résultats de ses observations, ces points donneraient, du moins
dans la vision indirecte, la seule qu'il ait étudiée, des sensa
tions différentes, et les principales différences seraient des di
fférences d'excitabilité et d'aptitude à résister dans le cas d'a
ntagonisme des champs visuels. Par excitabilité il entend
l'excitabilité à l'égard de l'intensité lumineuse et des couleurs
et l'acuité visuelle, et il rattache l'aptitude à rési&ter dans le cas
d'antagonisme à l'excitabilité en faisant remarquer que, si un
point de l'une des rétines est plus excitable que le point iden
tique de l'autre, et fournit en conséquence une sensation plus
intense, cette sensation tendra naturellement à prédominer.
D'après Schön, l'excitabilité décroîtrait du centre à la périphérie
delà rétine, et elle serait plus grande, pour des distances égales
à partir de la fovea, sur la partie nasale ou interne que sur la
partie temporale des deux rétines. Les conclusions de Schön
sont d'ailleurs en plusieurs endroits hésitantes, et il convient
aussi de remarquer que, contrairement à ce qu'il a trouvé,
d'autres expérimentateurs ont constaté que toutes les parties
de la rétine, sauf le centre, présentent, à l'égard de l'intensité
lumineuse, la même excitabilité 3.
J'ai fait moi-même, concernant la possibilité de distinguer
les sensations des deux yeux, une série de recherches4, et j'ai
constaté deux phénomènes différents que j'appellerai, d'après
leur localisation, l'un le phénomène objectif et l'autre le phéno
mène subjectif. J'exposerai dans ce qui suit les résultats de
1. Javal, Manuel théorique et pratique du strabisme, p. 23.
2. Schon, trois articles dans Graefe's Archiv, 1876, Bd. 22 (4) ; 1878,
Bd. 24 (1); 1878, Bd. 24 (4).
3. Voira ce sujet, Charpentier, La lumière et les couleurs, p. 135.
4. Les résultats de ces recherches ont été publiés d'abord dans le Bulle
tin de la Société scientifique et médicale de VOuest (1900, pp. 1-20), et
reproduits sans changements notables dans mon ouvrage sur la Perception
visuelle de l'espace (1902, p. 223-233). BOUUDON. — SENSATIONS DES DEUX YEUX 43 B.
nouvelles expériences entreprises soit par d'autres ' , soit par
moi-même, concernant ces deux phénomènes.
LE PHÉNOMÈNE OBJECTIF
On constate très facilement ce phénomène en observant dans
l'obscurité un point lumineux, qui tantôt est visible pour les
deux yeux, tantôt est éclipsé pour l'œil droit et tantôt l'est pour
l'œil gauche. Au moment où commence l'éclipsé pour l'un des
yeux, on remarque comme une ombre tout près du point et
cette ombre se place à droite du point si l'éclipsé a lieu pour
l'œil droit, et à gauche si elle a lieu pour l'œil gauche. Le phé
nomène se constate aussi bien dans la vision indirecte que dans
la vision directe. ïl est essentiel, pour que l'expérience soit à
l'abri de toute critique, que le point se trouve toujours exac
tement dans l'horoptère.
On peut faire, toutefois, à l'expérience précédente une objec
tion : c'est que le résultat constaté tient peut-être à cet qu'il se
produit involontairement, pendant qu'on fixe le point avec les
deux yeux, un excès de convergence. Lorsqu'on observe dans
l'obscurité avec les deux yeux un point lumineux isolé, placé à
quelques mètres des yeux, on est généralement porté à sous-
estimer sa distance ; il n'est pas invraisemblable, par consé
quent, qu'on regarde alors trop près, c'est-à-dire qu'il y ait
excès de convergence. Or, s'il y a excès de convergence, il
tend à se produire des images doubles directes, et l'éclipsé du
point pour l'un des yeux doit, dans ces conditions, faire dispa
raître celle des deux images qui se trouve du même côté que
l'œil pour lequel il y a éclipse.
Pour me rendre compte si cette objection a une valeur autre
que théorique, j'ai fait entre autres les expériences suivantes :
1° J'ai observé dans l'obscurité des carrés lumineux de
0mm,l, 0mm,2 et 1 millimètre de côté placés à 0m,50 des yeux.
S'il s'était produit, pendant que je considérais binoculairement
les carrés, un excès de convergence, ils auraient dû m'appa-
1. Heine, Die Unterscheidbar keit rechtsäugiger und linksäugiger Wahr
nehmungen (Klinische Monatsblatter .für Augenheilkunde, 1901, B<l 39.
(2), pp. 615-620) ; — A. Brückner u. E. Th. v. Brücke, Zur Frage der Ünl.er-
scheidbarfceä rechts und ünksäugiger Eindrücke {Pflüger's Archiv, 1902,
Bd. 90, p. 290-302)-; —E. Th. v. Brücke u. A. Brückner, Heber ein schein
bares Organgefühl des Auges (Pflüger's Archiv, 1902. Bd. 91, p. 360-312). 44 MÉMOIRES ORIGINAUX
raître soit en images doubles, soit du moins en images allon
gées dans le sens horizontal; le carré de 1 millimètre de côté,
en particulier, dont la forme, à la distance où il se trouvait des
yeux, était parfaitement reconnaissable, eût dû m'apparaître
comme un rectangle dont le plus grand côté eût été horizontal.
Or je n'ai observé, en éclipsant, comme à l'ordinaire ; les car
rés lumineux au moyen d'ailettes mises en mouvement par un
mécanisme d'horlogerie, rien de tel. Le carré de 1 millimètre

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