Sur la religiosité, suivie d une discussion - article ; n°1 ; vol.6, pg 648-680
34 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Sur la religiosité, suivie d'une discussion - article ; n°1 ; vol.6, pg 648-680

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
34 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1865 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 648-680
33 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1865
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Gustave Lagneau
Sur la religiosité, suivie d'une discussion
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, I° Série, tome 6, 1865. pp. 648-680.
Citer ce document / Cite this document :
Lagneau Gustave. Sur la religiosité, suivie d'une discussion. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, I° Série, tome
6, 1865. pp. 648-680.
doi : 10.3406/bmsap.1865.9795
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1865_num_6_1_9795648 SÉANCE DU 46 NOVEMBRE 4865.
gression décroissante à ces êtres infimes, auxquels il ne
peut refuser la qualité d'homme, dont l'imagination est
tellement rudimentaire qu'elle conserve, en dépit de toute
éducation, un niveau stationnaire et si inférieur qu'il
dépasse de bien peu l'intelligence animale.
Ce serait donc bien à tort que l'homme prétendrait se
soustraire à la loi commune de l'animalité pour faire de lui
un être à part et constituer à lui seul un règne de la nature :
mieux vaut mille fois accepter modestement son rang dans
l'animalité et cultiver le yvWi aeao™*, en se rappelant cette
grande et philosophique pensée que l'inscription d'un
temple ancien attribuait à la cause première de l'univers :
Je suis ce qui est, ce qui a été, ce qui sera,
et nul ne connaît ma nature.
Sur la Religiosité
Par M. Lagneau.
« Dans cette discussion , plusieurs de nos collègues
ont montré que la perfectibilité, la moralité, la reli
giosité et lafaculté du langage se trouvaient à l'état rudimen-
tairechezles animaux, et conséquemment qu'il ne paraissait
pas y avoir de motifs suffisants pour scinder l'animalité en
deux règnes différents, le règne animal et le règne humain.
En effet, ni l'anatomie, ni la physiologie, ni la psychologie
ne semblent autoriser cette distinction.
Je ne veux donc pas insister davantage sur les preuves
qui paraissent rattacher l'homme au règne animal, je dé
sire seulement faire quelques remarques sur la religiosité
à laquelle on accorde, selon moi, beaucoup trop d'impor
tance en anthropologie, car son absence ou ses diverses
manifestations sont loin de pouvoir servir à apprécier exac
tement le degré d'infériorité ou de supériorité intellectuelle
de telle ou telle race humaine, de tel ou tel individu.
La religiosité, ou foi aux lois religieuses, n'est en réalité — SDR LA RELIGIOSITÉ. 649 LAGNEAU.
que la croyance au surnaturel, aux dogmes révélés par un
être divin. La morale en diffère complètement, car, quoi
que les créateurs ou vulgarisateurs des diverses religions,
pour améliorer les croyants et rallier les sceptiques, aient
généralement associé à ces dogmes des préceptes moraux,
ces derniers n'émanent nullement d'une révélation, mais
découlent tout naturellement de la réciprocité des devoirs
de l'homme envers ses semblables. Comment donc le savant
qui n'admet que la vérité démontrable, peut-il regarder
comme une preuve de la supériorité humaine cette croyance
au surnaturel, aux dogmes révélés, qui ne sont pas sus
ceptibles d'être démontrés, et ne peuvent être discutés ?
L'absencede religiosité, c'est-à-dire l'athéisme, à été con
sidérée comme la preuve de la cécité ou de l'impuissance
intellectuelle. À supposer qu'il en soit ainsi pour certaines
peuplades africaines, auxquelles cependant M. Livingston
est loin de refuser toute intelligence, il ne peut en être de
même pour certains philosophes et savants, qui, dans l'anti
quité comme de nos jours, ont également repoussé*toute
croyance au surnaturel.
Quant aux diverses manifestations de la religiosité, au
fétichisme, au polythéisme et au monothéisme, ils ne peu
vent guère mieux servir à préciser le degré d'intelligence
des peuples, car la plupart d'entre euxontadopté tour à tour
ces différentes formes de la religiosité; souvent même les
professent simultanément. « Toutes les religions savantes et
mystérieuses, dit M. Amédée Thierry, tolèrent au-dessous
d'elles un fétichisme grossier propre à occuper et à nourrir
la superstition delà multitude (1). » Dans notre pays, an
ciennement, le polythéisme druidique adorait de nombreuses
divinités: Teutatès, dieu du commerce; Ogham, dieu du
savoir (?), Belen, dieu du soleil; Tarann, dieu du tonnerre;
(1) Hist. des Gaulois, 1862, 1. 1, p. 477. 650 SÉANCE DU 46 NOVEMBRE 1865.
Kirk, dieu d'un vent; Vosège et Penn, dieux des Vosges et
des Alpes; Bibracte etNemausus, protecteurs d'Autun et de
Nîmes, etc., etc. ; mais il donnait parfois le rang suprême à
Hésus, dieu de la guerre, législateur et agriculteur. Actuel
lement le monothéisme catholique reconnaît de même, non-
seulement un être suprême unique, quoique en trois per
sonnes, mais aussi la mère virginaled'une des individualités
de la Trinité divine, et de nombreux saints, personnages
sacrés, doués d'une puissance miraculeuse, également pro
tecteurs de villes et autres localités. La dévotion spécialisée
à telle ou telle représentation d'une divinité, et la foi en la
vertu protectrice de tel ou tel objet sacré ou béni, en un
rameau de gui, de verveine ou de buis, en un œuf de serpent
anguinum (oursin pétrifié), un collier d'ambre, ou un cha
pelet, rappellent bien quelque peu le fétichisme regardé
comme propre aux races humaines inférieures.
Comme anthropologistes, constatons que l'esprit humain
est souvent porté au mysticisme, tenons compte de ses di
vers rflodes de manifestations, mais sans trop glorifier l'h
umanité de cette tendance intellectuelle, rappelions-nous que
cette croyance au surnaturel, que cette religiosité, cette foi
aux dogmes révélés n'a été que trop fréquemment la cause
ou le prétexte de guerres meurtrières, de proscriptions bar
bares et de persécutions cruelles. Parmi tant d'hécatombes
humaines immolées à la plus grande gloire des nombreus
es religions professées à la surface du globe, il suffît de rap
peler les persécutions des chrétiens à l'époque romaine, la
proscription des Juifs par les Goths d'Espagne, la croisade
contre les Albigeois, les auto-da-fé de la sainte inquisition,
les massacres de la Saint-Barthélémy, Ie3 dragonnades,
etc. , etc. , pour éloignerl'homme de science de regarder la reli
giosité comme le critérium de la supériorité humaine. La
supériorité de l'homme peut tenir à la puissance de son
raisonnement, non à une croyance aveugle au surnaturel. » DALLY. DISCUSSION SDE L'HOMME ET LES ANIMAUX. 651
M. Dally. Ayant l'intention de prendre la parole, si l'occa
sion s'en présente, sur le fond des questions en ce moment dé
battues, je me bornerai à dire que j'ai été frappé, en écoutant
la lecture de M. Simonot, de l'inconvénient logique qu'il peut
y avoir à parler de « l'homme » alors que l'on entend parler
de certaines classes d'hommes, ou, si l'on veut, de certains
groupes humains. Ainsi M. Simonot a signalé une caracté
ristique qui ne peut évidemment s'appliquer au genre
humain tout entier, à savoir, l'aptitude progressive. Par
contre, il a noté que les animaux sont absolument dénués
de toute idée de changement dans leurs habitudes ou d'a
mélioration dans les conditions de leur existence. Eh bien,
toute réserve faite à l'égard de l'idée de progrès, sujette à
bien des interprétations, je trouve, en examinant sommai
rement les races humaines, qu'il en est parmi elles qui
sont, à cet égard, dans des conditions absolument iden
tiques à celles du plus grand nombre des animaux, c'est-
à-dire qui ne manifestent aucune velléité de changement,
quoique leur mode de vivre ne soit guère supérieur à celui
des animaux favorisés. De ce nombre paraissent être les
Mincopies, les Australiens, les Californiens, les Boshis-
mens, je dirai même la grande majorité des nègres d'A
frique et jusqu'aux Esquimaux. D'un autre côté, je ne suis
pas bien sûr que les animaux soient dépourvus de toute
espèce d'idée progres

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents