Sur le siège et la nature de la faculté du langage - article ; n°1 ; vol.1, pg 369-385
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1866 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 369-385
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1866
Nombre de lectures 4
Langue Français

Extrait

Auguste Voisin
Sur le siège et la nature de la faculté du langage
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, II° Série, tome 1, 1866. pp. 369-385.
Citer ce document / Cite this document :
Voisin Auguste. Sur le siège et la nature de la faculté du langage. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, II° Série,
tome 1, 1866. pp. 369-385.
doi : 10.3406/bmsap.1866.4235
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1866_num_1_1_4235— OBSERVATION -D'aPUASJK. 369 VOISIN.
lois, bien que dans son ensemble il diffère effectivement
partout à cause de sa complication.
Je me crois donc fondé à définir la civilisation comme
le résultat du développement normal de la société. Dans
ce sens, du moment que plusieurs familles vivent ensemble,
c'est-à-dire, dès qu'il y a société, il y a commencement do
civilisation; de même, pour éclairer ma. pensée par une
comparaison, tout corps matériel possède un certain état
calorique que le savant pourra mesurer avec le thermo
mètre, ce qui n'empêchera pas que dans le langage ordi
naire ce corps continuera à être qualifié de froid ou de
chaud, selon les sensations qu'il produira sur notre épi-
derme. D'une manière analogue, je considérerai que toutes
les sociétés humaines sont plus ou moins civilisées. Mais,
ici, je ferai un amendement à ce que j'ai dit dans la dernière
séance; car je crois qu'il ne faut pas s'affranchir des habi
tudes du langage ordinaire. Au lieu donc de proscrire l'em
ploi du mot « sauvage » "j'accepterai le sens qu'il a ord
inairement dans la conversation, et je considérerai qu'il
désigne, sans aucune acception nette et précise, un peuple
qui est encore resté aux premières phases du dévoloppe-
ment social, tandis que le mot « civilisé » s'appliquera par
opposition à celui dont le développement se rapproche du
nôtre. Et de même qu'il y a des jours où il est très-diffi
cile de s'entendre sur le chaud ou le froid, de même, dans
a' des peuples qui, pour les certains cas intermédiaires, il y
uns, seront sauvages ou barbares et pour d'autres au con
traire civilisés. Mais, aux yeux du savant,- les jours
froids .ne sont pas sans chaleur ni les peuples, sauvages
sans civilisation. » .■■!'.
Sur le siège et la nature de la faculté du langage,
Par M. Voisin.
M. Voisin présente le cerveau d'un malade aphémique
21 '
SÉANCE DU 3 MAI Î8C6. 3T0
qui a succombé dans son service à l'hôpital de Bicêtre. —
II communique en même temps l'observation de ce cas,
dont voici le résumé. . ■ .
Le nommé Frayer» épileptique depuis son enfance, eut
le 30 mai 1864, à l'âge de cinquante-huit ans, une attaque
d'apoplexie, avec hémiplégie à gauche; cette apoplexie
était par conséquent située dans l'hémisphère droit du
ceive.au. Les mouvements des deux membres paralysés
reparurent peu à peu à partir du mois de juin 1864; mais
ces membres, surtout le supérieur, restèrent toujours affai
blis. L'intelligence était conservée; la parole n'avait subi
aucune atteinte, et le malade continuait à écrire de temps
en temps à sa femme. -
Le 29 janvier 1866, une nouvelle attaque d'apoplexie le
rendit tout à coup complètement aphémique; les membres
du côté droit n'étaient nullement paralysés, et cependant
le malade se trouva tout à fait incapable d'écrire. ïl essaya
de le faire sans pouvoir même réussir à tracer la première,
lettre de son nom. Les jours1 suivants, et pendant tout le
mois de janvier, il resta complètement aphémique, ne pou
vant pas même prononcer un monosyllabe; mais on put,
en lui mettant des modèles sous les yeux, lui apprendre de
nouveau à écrire quelques lettres, surtout des voyelles,
d'une manière presque lisible. M. Voisin présente à la So
ciété quelques spécimens de l'écnlure du malade à cette
époque. Au mois de mars, on lui apprit à prononcer quel
ques substantifs et à prononcer le nom des lettres. Le
20 mars, il réussit à copier le mot oui. Depuis lors jusqu'au
19 avril 1866 il ne fit plus de progrès bien notables. Le
49 avril, des signes d'encéphalite se manifestèrent presque
subitement, et il mourut le lendemain.
L'autopsie a été faite avec le plus grand soin par M. Voi
sin, avec le concours éclairé de M. le docteur Luys, très-
connu par ses recherches sur l'encéphale» VOISIN. — OBSERVATION r>'AÏ>HASIE. 371
Deux groupes de lésions très-distinctes par leur siège et
par leur date, existent dans le rerveau do Frayer, Sur Vhè*
mispl/ère droit, on trouve deux dépressions, ou plutôt deux
pertes de substance ; l'une peu étendue, du volume d'une
noisette, située vers la partie supérieure du sillon do Ro
lando; l'autre, plus considérable, de trois à quatre centi
mètres de diamètre, située à la partie postérieure et ïnfé-*
rieure du lobe antérieur, et ayant détruit la partie postérieure
de la troisième circonvolution frontale. Dans le fond de ces
dépressions, la substance cérébrale offre un aspect tomen-
teux ; elle est infiltrée de sérosité, et présente une couleur
jaune. Au microscope, on y trouve en abondance de gros
corps granuleux et quelques petits cristaux d'hématine
rouges ou d'un jaune foncé. Les tubes nerveux sont le siège
de varicosités, et les vaisseaux sanguins sont très-dilatés. Ces
lésions de l'hémisphère droit caractérisent des foyers apo
plectiques déjà anciens, elles correspondent à l'attaqué
d'apoplexie qui eut lieu.en mai 1864, et qui donna lieu à
la paralysie des membres du côté gauche, sans aphémie,
trouve,"
au Sur l'hémisphère gauche, on niveau de la
scissure de Sylvius, une tumeur du volume d'une grosse noix*1
constituée par un foyer hémorrhagiquei autour duquel là
substance cérébrale est le siège d'un ramollissement rou-
geâtre. Ce foyer occupe le lobule de l'insula et la partie
postérieure de la troisième circonvolution frontale, où i'ort
trouve en outre un petit foyer hémorrhagique d'un rouge
brun, du volume d'un haricot, situé à trois centimètres en-»
viron en avant du foyer principal. ■< :
Ces lésions de l'hémisphère gauche sont peu anciennes*
car l'examen microscopique du sang qui constitue les foyers
hémôrrhagiqueS a prouvé que, si un Certaîii- nombre de
globules sanguins sont déjà déformés, la plupart d'entré
eux ne le sont pas encore. Elles correspondent par consé
quent, on ne peut en douter, à k seconde attaque d'apo-^ 372 SÉANCE DU 3 MAI 1866.
plexie. à celle qui a eu lieu deux mois et demi avant la
mort, et qui, sans porter à l'intelligence proprement dite
une atteinte bien notable, a subitement produit l'aphémie.
Ainsi, continue M. Voisin, chez cet homme, une première
attaque d'apoplexie détruit la troisième circonvolution fron
tale droite, dans sa partie postérieure, sans modifier en
aucune façon la faculté de parler et d'écrire. Deux ans
après, une seconde attaque d'apoplexie frappe, avec le l
obule de l'insula, la troisième circonvolution frontale gauche,
et cette fois la parole et l'écriture sont subitement etsimul-
tanément abolies.
Il m'a paru intéressant de vous montrer ces pièces
qui me semblent prouver aussi péremptoirement que pos
sible le rôle que jouent, dans la fonction du langage, la
troisième circonvolution frontale du. côté gauche , et peut-
être aussi le lobule de l'insula du même côté. Tous savez
que M. Broca localise la faculté du langage dans la partie
postérieure de la troisième circonvolution frontale gauche, et
peut-être aussi dans la partie adjacente des petites circon
volutions de l'insula. Certes, si une observation peut dé
montrer l'exactitude de l'opinion de notre secrétaire gé
néral, c'est bien celle-ci.
Vous avez vu que j'ai eu bien soin d'étudier chez ce
malade l'écriture; pour- moi cela a la plus grande impor
tance au point de

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