Sur les chorées épidémiques de Madagascar, d Italie et d Abyssinie - article ; n°1 ; vol.6, pg 441-454
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Sur les chorées épidémiques de Madagascar, d'Italie et d'Abyssinie - article ; n°1 ; vol.6, pg 441-454

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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1865 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 441-454
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1865
Nombre de lectures 18
Langue Français

Extrait

Boudin
Sur les chorées épidémiques de Madagascar, d'Italie et
d'Abyssinie
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, I° Série, tome 6, 1865. pp. 441-454.
Citer ce document / Cite this document :
Boudin . Sur les chorées épidémiques de Madagascar, d'Italie et d'Abyssinie. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de
Paris, I° Série, tome 6, 1865. pp. 441-454.
doi : 10.3406/bmsap.1865.9501
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1865_num_6_1_9501— SUR LES CHORÉES ÉPIDÉMIQITS. 441 BOUDIN.
2° Quels sont les différents caractères physiques et mor
aux, à un point de vue quelconque, des métis issus de ces
croisements? Réalisent-ils l'un ou l'autre un progrès sur
leurs parents? En cas d'affirmative, quel est ce progrès?
3° Quels sont la résistance de leur viabilité, le degré et la
durée de la permanence de leurs caractères ?
4° Quelle est l'énergie reproductrice de ces différents
croisements une fois isolés de leurs souches procréatrices.
Assurément nous n'avons pas la prétention d'avoir, dans
ce court aperçu, indiqué à nos collègues tous les renseigne
ments utiles qu'ils penvent fournir à la Société, mais sans
aucun doute leur connaissance du pays suppléera à notre
insuffisance, éclairés qu ils sont sur la direction de nos
études, par la connaissance de nos Bulletins.
LECTURE
Sur les Chorées épidémiques de Madagascar, d'Italie
et d'Afoyssinie,
Par M. Boudin.
On voit à diverses époques de l'histoire et à des inter
valles souvent assez considérables pour rendre difficile le
rapprochement scientifique des phénomènes observés, l'hu
manité saisie d'un mystérieux et irrésistible besoin de dé
placement et de mouvement, besoin qui s'est traduit, dans
l'antiquité, par les grandes migrations des peuples; au moyen
âge, tantôt par les croisades d'enfants, tantôt par les gran
des épidémies choréïques, depuis la fureur dansante des
bords du Rhin [Tanzwuth des Allemands) et le tarentisme
de la Pouille aux xive et xve siècles, jusqu'aux convulsions
du cimetière Saint-Médard, au Tigretier de l'Abyssinie,
aux convulsions modernes de Morzine, et enfin jusqu'à 442 SÉANCE DU 20 JDILLET 1865.
l'épidémie courante qui, sous le nom de Ramaninjana, a
frappé en 1863, une partie de la population de Madagascar.
Tout récemment, dans l'épidémie de Madagascar, un
missionnaire catholique a failli devenir victime de la cou
leur noire de ses vêtements, couleur contre laquelle il y
avait de la part des convulsionnaires une aversion prononc
ée, aversion que l'on crut simulée, peut-être parce qu'on
ignorait ce qui s'est produit dans les épidémies choréïques
antérieures. Ainsi la couleur ronge qui avait déterminé des
fureurs et des attaques convulsives chez les danseurs de
St-Guy en Allemagne et en Belgique, au xive siècle, avait
au contraire toutes les sympathies des tarentistes de l'Ita
lie, de telle sorte que ces derniers portaient des vêtements
de cette couleur ou qu'ils avaient pour le moins, pendant
la danse, un morceau d'étoffe rouge dans leurs mains ;
d'autres préféraient le jaune, le noir et le vert. Mais
autant était vif l'entraînement pour ces couleurs sympat
hiques, autant d'autres couleurs produisaient des crises
nerveuses formidables.
Une autre aversion singulière était celle que montraient
en Allemagne les danseurs de St-Guy contre les chaussur
es dites à lapoulaine, aversion telle, que les autorités de
plusieurs localités se virent contraintes d'en interdire
l'usage afin de prévenir des accidents.
Le Ramaninjana ou Ramina-be de Madagascar.
On a désigné ainsi une affection choréïque qui s'est pro
duite à Madagascar en 1863. « Des attroupements d'indi
vidus atteints d'une affection mystérieuse montèrent, dit-
on (1), du sud vers la capitale pour parler au roi de la part
(1) Voy. Ann. de la propag. de la foi. 1864, t. XXXVI, p. 402, et
Moniteur universel du 7 juillet 1863. BOUDIN — SUR LES CHORÉES ÉPIDÉMIQUE9. 443
de sa mère... Ces bandes s'acheminaient à petites journées,
campant chaque soir dans les villages, et grossissant le long
de la route de toutes les recrues qu'elles faisaient sur leur
passage. Personne ne se serait imaginé que le Rarnanin-
jana (1) fût si près de la ville royale, lorsque, toutàcoup, il
y fit sa première apparition , quelques jours avant le d
imanche des Rameaux. On évalue le nombre des convul-
sionnaires à plus de deux mille. Le mardi-saint , à l'occa
sion d'une grande revue à Sonnérana, dès que les tambours
eurent battu le rappel , plus de mille hommes quittèrent
brusquement les rangs et se mirent à danser le Ramanin-
jana. Les chefs eurent beau menacer , il fallut renoncer à
la revue. Les malades ressentent d'abord de violentes dou
leurs à la tête , à la nuque , puis à l'estomac ; au bout de
quelque temps, les accidents convulsifs commencent ; c'est
alors que les vivants entrent en communication avec les
morts; ils voient la reine Ranavalona,Radama Ier, Andrian
Ampoïnémérina et d'autres qui leur parlent et leur donnent
des commissions. La plupart de ces messages sont à l'ad
resse de Radama II. Les Ramaninjana semblent spécial
ement députés par la vieille Ranavalona pour signifier à
Radama qu'il ait à revenir à l'ancien régime, à faire cesser
la prière, à renvoyer les blancs, à interdire la présence des
pourceaux dans la ville sainte, etc., etc.; qu'autrement de
grands malheurs le menacent, et qu'elle le reniera pour
son fils. La plupart des individus atteints de cette affec
tion s'imaginent être chargés de pesants fardeaux qu'ils
portent à la suite des morts.
» Mais il faut que ces revenants aillent un train d'enfer,
car les malheureux à leurs ordres ont toute la peine du
monde à les suivre, quoique toujours au pas de course.
Dès qu'ils ont reçu leur mission d'outre-tombe, ils se met-
il) Mot malgache qui signifie tension. 444 SÉANCE DU 20 JUILLET 4865.
tent à trépigner, à crier, demandant grâce, agitant la tête
et les aras, secouant les extrémités du lamba ou morceau
de toile qui couvre leurs corps. Ils s'élancent ensuite, tou
jours criant, dansant, sautant et s' agitant convulsivement.
Leur cri le plus ordinaire est ETiala! et cet autre izatoï
Mikia! (Nous sommes pressés.)
» Bien que cette maladie frappe spécialement les escla
ves, cependant elle n'épargne personne. Un fils de Radama
et de Marie sa concubine, saisi tout à coup par les halluci
nations du Ramaninjana, se mit aussitôt à crier, à s'agiter,
à danser et à courir comme les autres.
» Ces convulsionnaires se répandirent dans la campagne;
avant la semaine sainte, ils se rendaient sur les tombeaux,
où ils dansaient et offraient une pièce de monnaie. Le jour des
Rameaux, une nouvelle manie prit faveurparmi eux, c'était
d'aller dans le bas de la ville couper une canne à sucre
qu'ils emportaient triomphalement sur leurs épaules et pla
çaient sur la pierre sacrée de Mahamasin, en l'honneur de
Ranavalona. Là on danse, on s'agite avec toutes les con
torsions et convulsions d'habitude, puis on dépose la canne
avec la pièce de monnaie, et l'on revient courant, dansant,
sautant, comme on était allé. Il y en a qui portent une lou-
teille d'eau sur la tête pour en boire et s'en arroser, et, chose
surprenante, malgré tant d'agitations, d'évolutions et de
convulsions , la bouteille se maintient en équilibre , on la
dirait clouée et scellée à la tête. Il vient de leur prendre
une nouvelle fantaisie , celle d'exiger le salut des passants.
Malheur à ceux qui refusent d'obtempérer à cette injonction!
Un de nos Pères s'est vu exposé à un cas beaucoup plus
grave ; il ne s'agissait de rien moins que de lui faire quitter
sa soutane, le Ramaninjana prétendant que la couleur
noire l'offusquait. Heureusement le Père a pu rentrer à la
maison sans être obligé de se mettre en chemise.
» Les accès des convulsionnaires ne sont pas continus. — SUR LES CIIORÉFS ÉPIDÉMIQUES. 445 BO

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