Sur les Léporides - article ; n°1 ; vol.8, pg 268-293
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1873 - Volume 8 - Numéro 1 - Pages 268-293
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1873
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Paul Broca
Sur les Léporides
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, II° Série, tome 8, 1873. pp. 268-293.
Citer ce document / Cite this document :
Broca Paul. Sur les Léporides. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, II° Série, tome 8, 1873. pp. 268-293.
doi : 10.3406/bmsap.1873.2962
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1873_num_8_1_2962268 8ÉANCE DU 20 MARS 1875.
Sur les léporides*
FAR M. PAUL BROCA.
La Société d'anthropologie a toujours accueilli avec in
térêt les faits relatifs à l'étude de l'hybridité animale,
qu'elle considère comme l'un des principaux éléments de
la question générale de l'espèce, et comme Fan des meil
leurs guides dans l'étude des croisements des races hu
maines. J'espère donc que vous me permettrez de revenir
aujourd'hui sur la question des léporides, à l'occasion des
communications en apparence contradictoires de MM. Gayot
et Šanson, et de vous soumettre quelques réflexions que
je ferai précéder d'un résumé historique.
Il y a déjà seize ans que mon ami, M. Léonce Bergis, de
Montauban, me donna un animal qu'il avait reçu d'Angou-
lême et qui provenait du croisement du lièvre et du lapin.
Ayant constaté que cet animal présentait, en effet, un
type intermédiaire entre les deux espèces, mais sachant
combien les questions d'hybridité sont controversées, je
résolus d'aller étudier le fait à sa source, et je fis le voyage
d'Angoulême. M. Roux me montra son établissement dans
le plus grand détail; je pus comparer le père-lièvre avec les
lapines qu'il avait fécondées et avec les hybrides des divers
sangs qui étaient issus de ce croisement. Je constatai sur
ces métis des caractères intermédiaires parfaitement con
formes à la généalogie qu'on leur attribuait et je demeurai
convaincu de l'exactitude des trois propositions suivantes :
1° le croisement du lièvre et de la lapine est fécond ; 2° les
métis issus de ce premier croisement sont féconds eux-
mêmes et peuvent procréer soit entre eux, soit avec le
lièvre, soit avec le lapin; 3° les métis dits trois-huit, issus
de ces métis de premier sang (an demi-lièvre, un demi-lapin)
et des quarterons de lièvre (un quart lièvre, trois quarts la
pins), sont indéfiniment féconds. P. BROCA. — SUR LES LÉPOR1DES. 269
Les trois-huit étant, de tous ces métis, ceux qui donnaient
le meilleur résultat commercial, étaient aussi les seuls dont
l'expérimentateur eût régulièrement suivi la lignée. C'étaient
les seuls, par conséquent, dont la fécondité put être con
sidérée comme indéfinie. Mais la des autres va
riétés de métis ne s'était jamais trouvée en défaut, et était
établie au moins pour les deux ou trois premières génér
ations.
L'importance de ce fait me parut considérable. Avant de
le publier, je voulus le constater de nouveau. Je fis donc,
dix-huit mois après, un second voyage à Angoulême, et je
pus confirmer mes premières observations. Les trois-huit
en étaient déjà à leur dixième génération, et sans me di
ssimuler que j'allais soulever bien des objections, je me
décidai à publier, dans mon Mémoire sur I' hybriditě, l'his
toire des métis du lièvre et du lapin.
Je désignai ces métis sous le nom de léporides, aujour
d'hui généralement accepté, et je les citai comme un
exemple de l'hybridité que j'ai appelée eugénésique, et qui est
caractérisée par la fécondité indéfinie des métis.
Les contestations que j'avais prévues ne firent pas défaut.
Le fait que les hybrides d'espèces peuvent être eugênésiques
privait les monogénistes de leur plus solide argument. Il
ne contrariait pas moins les partisans de la permanence
des espèces. Enfin, les membres des sociétés d'agriculture
qui avaient souvent et en vain tenté l'expérience de
M. Roux étaient naturellement disposés au scepticisme, Les
objections s'élevèrent donc de toutes parts, et on répéta
bien des fois que M. Roux s'était servi de moi pour mystifier
le public.
Les léporides, toutefois, s'étaient répandus dans le com
merce. On pouvait les voir dans les expositions. Il y en avait
plusieurs au Jardin d'acclimatation ; il y en avait un au
jardin des Plantes (c'était celui que m'avait donné M. Bergis). 270 SÉANCE DU 20 MARS 1875.
On ne pouvait nier que ces animaux ne présentassent des
caractères intermédiaires entre l'espèce du lièvre et celle du
lapin, mais on nia l'origine que leur attribuait M. Roux. Ce
n'était, disait-on^ qu'une variété de lapine, chez lesquels on
avait développé* par la sélection des parente, des caractères
de forme et de couleur semblables à ceux du lièvre, et
qu'on essayait de faire passer pour des métis.
Ce fut la première phase de la discussion. Je ne me pro
posais pas d'y prendre part. Mais un jour, sur l'invitation
de mon ami M. Barrai, directeur du Journal ďagriculture
pratique^ je lui adressai une lettre qu'il publia dans son
journal (numéro du 5 août 1863, p. 154). J'y signalais la
portée scientifique de la question et j'y prouvais que toutes
les assertions de M. Roux, agriculteur intelligent mais
entièrement étranger à la physiologie et à l'histoire natur
elle, étaient en parfait accord, jusque dans les détails, avec
l'ensemble des phénomènes connus de l'hybridité.
A cette occasion, M. Gayot, rédacteur du Journal ďagri-
eultwe pratique^ me fit l'honneur de venir me voir; il me
questionna longuement sur les procédés à suivre pour re
prendre et mener à bonne fin les expériences d'Angoulême.
C'est la seule entrevue que j'aie eue avec lui* Ce fut seu
lement cinq ou six ans plus tard qu'il m'écrivit pour in'ati-
noncer que le croisement du lièvre et de la lapine avait
enfin réussi, dans sa propriété de Bretigny-sur-Orge (Seine-
et-Oise)» Un jeune lièvre, élevé en captivité, avait consenti
à s'accoupler avec quelques lapines et en fécondé
quatre.
L'expérience de Bretigny-sur-Orge date du mois d'août
1868 ; mais déjà, l'année précédente, M. Thomas, greffier
du tribunal de commerce de Saint-Dizier (Haute-Marne),
avait fait, savoir à M. Gayot qu'un jeune lièvre, élevé
sous ses yeux par ses enfants, avait fécondé plusieurs
lapines. M. Gayot n'avait pas hésité à faire le voyage de P. BROCA. — 8UR LES LÉPORIDES. 271
Saint-Dizier. 11 avait examiné avec soin les petits léporides
de premier sang; il avait en outre assisté à l'accouplement
du lièvre avec deux lapines (Cosmos, n° du 30 novembre i 867,
p. 10) ; et il ne lui restait plus de doute sur la réalité du
croisement obtenu par M. Roux, lorsqu'il réussit à son tour,
en S 868, à répéter l'expérience ď Angoulême.
La vérification était donc faite, à l'honneur de M. Roux,
et dès lors, l'existence des léporides ne pouvait plus être
niée. Les obstinés soutinrent toujours, il est vrai, qu'ils
avaient eu raison, que les léporides de M. Roux étaient
apocryphes et que ceux de ses imitateurs étaient seuls au
thentiques. Mais les nouveaux animaux si semb
lables aux anciens, que ce mouvement de conversion était
bien subtil. Quoi qu'il en soit, la discussion n'était plus pos
sible sur le point principal. On la transporta alors sur un
nouveau terrain.
On dit que la réalité des léporides était avérée, mais que
ce fait n'avait aucune portée ; que les croisements ďespeces
avaient été connus de tout temps, qu'un exemple de plus
ne signifiait rien, et que le seul point à débattre était le
degré de fécondité des métis. Ici les objections se présen
tèrent sous deux formes bien différentes. Les uns annon
cèrent que la fécondité des léporides ď Angoulême ne s'était
pas maintenue, que ces métis s'étaient éteints, au bout de
quelques g&

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