Sur les méthodes de mémorisation - article ; n°1 ; vol.8, pg 185-204
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Description

L'année psychologique - Année 1901 - Volume 8 - Numéro 1 - Pages 185-204
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1901
Nombre de lectures 27
Langue Français
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Extrait

J. Larguier des Bancels
Sur les méthodes de mémorisation
In: L'année psychologique. 1901 vol. 8. pp. 185-204.
Citer ce document / Cite this document :
Larguier des Bancels J. Sur les méthodes de mémorisation. In: L'année psychologique. 1901 vol. 8. pp. 185-204.
doi : 10.3406/psy.1901.3311
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1901_num_8_1_3311V
SUR LES METHODES DE MEMORISATION
L'étude d'un morceau à apprendre par cœur comporte, sans
doute, les modes les plus divers ; mais il en est deux qui pré
sentent un intérêt particulier ; opposés, ils constituent, en effet,
le double terme où aboutissent tous les autres, et ils peuvent
devenir ainsi l'objet d'une comparaison instructive. Le premier
consiste à découper la leçon en fragments assez courts et à étu
dier ces fragments les uns après les autres. C'est le procédé le
plus répandu, à tous les Ages et dans tous les pays. Observez les
méthodes spontanément employées et vous verrez que la plu
part des gens subdivisent, dans une première lecture, le mor
ceau en uncertain nombre de parties, répètent la première jus
qu'à ce qu'ils la sachent, passent à la seconde et continuent ainsi
jusqu'à la fin. Mais il est rare qu'on ait l'idée délire, à plusieurs
reprises, la leçon d'un bout à l'autre. Le mode de répétition
étonne, quand il est proposé, et souvent il rebute ; bien peu l'a
ppliquent instinctivement.
On peut considérer en tout acte de mémoire l'acquisition des
souvenirs et leur conservation. Il convient donc, pour apprécier
la valeur d'une méthode de mémorisation, de la soumettre à un
double examen et de déterminer dans quelles limites son
emploi permet d'apprendre vite et de retenir longtemps. C'est
au premier de ces points de vue que s'est placée une élève de
G.-E. Müller, M1Ie Steffens, qui, dans un intéressant travail \ a
posé et résolu la question suivante : « Quel mode de répétition
faut-il adopter pour que l'économie de temps soit parfaitement
assurée ? »
1. Zeits. f. Psych. u. Plu/s, d. Sinnesorg., XXII, 321-38:). MÉMOIRES ORIGIN. H'X 186
J'ai analysé, avec quelque détail, le mémoire de Mlle Steffens
dans le volume précédent de V Année; on me permettra de rap
peler ici les principaux résultats qu'elle a obtenus. Après avoir
étudié les caractères des méthodes que chacun choisit sponta
nément pour apprendre par cœur, l'auteur a recherché si la
méthode fragmentaire, presque toujours utilisée, était la plus
avantageuse; puis, constatant qu'il n'en était rien, il a exposé
les facteurs psychologiques que les divers procédés de répéti
tion mettent en jeu et donné ainsi, dans une certaine mesure, les
raisons de leurs « valeurs économiques » propres.
Une première série d'expériences a permis de « déterminer com
ment divers sujets, laissés à eux-mêmes, s'y prennent pour s'ass
imiler une strophe de quelques vers. L'expérimentateur priait le
sujet d'apprendre le plus rapidement possible, et à haute voix,
de telle sorte qu'il pût noter ce qu'il disait, qu'il lût ou qu'il
récitât. 11 mesurait, d'autre part, le temps employé. La nota
tion était simple et ingénieuse. La strophe à apprendre était
inscrite d'avance sur le livre d'expériences ; à mesure que le
sujet lisait ou disait un vers, l'expérimentateur marquait, à la
droile de celui-ci, un trait vertical. A chaque reprise corres
pondait un nouveau trait à la droite du précédent. Si plusieurs
vers étaient dits de suite, le Irait se prolongeait. Un seul mot, un
fragment de vers était-il répété, le fragment était souligné
et une marque sur le trait vertical indiquait la place de la
répétition.
Donnons un exemple d'application de la méthode aux vers
suivants :
Byron. — Childe Harold, I, 28
1. To horse ! to horse ! he quits, forever quits
2. A scene of peace, though soothing to his soul ;
3. Again he rouses from his moping fits
i. But seeks not now the harlot and the bowl.
5. Onward he flies, ii.or f\x\l as yet the goal
6. Where he shall rest him on his pilgrimage ;
7. And o'er him many changing scenes must loll
8. Ere toil his thirst, for travel can assuage,
9. Or he shall calm his breast, or learn experience sage.
« Un sujet a divisé la strophe en quatre fragments qu'il a
appris successivement. Le premier fragment comprend les
vers \ et 2; le second, les vers 3 et 4; le troisième, les vers LA RÜTHER. — SCR LES MÉTHODES DE MÉMORISATION 187
5 et 6 ; le quatrième, les vers 7, 8 et 9. Il a lu trois fois les
2 premiers vers; mais, la troisième fois, il a continué et lu les
2 suivants, etc.
« Les expériences poursuivies sur 7 sujets montrèrent que :
1° le mode fragmentaire est.presque constamment utilisé ; 2° on
revient souvent aux fragments qu'on sait; 3° on répète plus
soigneusement les premiers vers que les derniers ; 4° on ré
5° on pète plus souvent les vers, les difficiles ensemble ;
cherche à fixer la relation d'un passage au suivant, en lisant de
suite la fin du premier et le commencement du second; 6° à
l'exception d'un enfant, tousles sujets cherchentà lire le moins
possible et à répéter mentalement le plus possible; 7° quand il
s'agit de fixer quelque chose avec une intensité particulière, la
lecture est plus lente. La plupart de ces observations s'expliquent
d'elles-mêmes. L'auteur admet que, si l'on répète plus souvent
les premiers vers que les derniers (v. 3°), c'est que la récitation
de ces vers qu'on a appris d'abord et qu'on sait bien
provoque un état d'excitation favorable.
Quels sont les motifs qui déterminent le choix du mode frag
mentaire? On peut en imaginer plusieurs, et les observations
précédentes en indiquent quelques-uns. Il est certain, en tout
cas, que ce n'est pas la considération de l'économie du temps.
Le sujet ne se demande pas si le moyen qu'il emploie est plus
ou moins rapide, mais s'il est plus ou moins agréable1. »
De fait, ce n'est pas la méthode spontanée qui donne les
meilleurs résultats. Il en est, une autre, qui, bien que d'un
usage fort rare, se montre plus efficace : c'est la méthode glo
bale. Elle exige moins de temps et moins de répétition« que la
méthode fragmentaire. La différence n'est pas très considérable,
mais elle est parfaitement constante et s'observe chez tous les
individus ; elle persiste, qu'il s'agisse de vers ou de syllabes
dénuées de signification. Et ce n'est pas seulement dans une
comparaison avec le mode de répétition fragmentaire que sa
supériorité apparaît : les diverses méthodes, que l'auteur, guidé
par l'étude des cas individuels, avait instituées, se montrèrent,
elles aussi, moins économiques.
Les recherches de M'le Steffens, intéressantes tant pour la
pratique que pour la théorie, méritaient d'être développées. 11
importait de se placer au second des points de vue que j'ai
indiqués au début et d'examiner si la durée des souvenirs
1. \J oiï Année psychologique, Vil, 598-604. MÉMOIRES ORIGINAUX 188
varie comme la rapidité de leur acquisition ; si, en d'autres
termes, la méthode g-lobale assure, avec plus d'efficacité que les
autres, la persistance des associations qu'elle permet de for
mer. Ce point, sur lequel j'ai déjà attiré l'attention ', je me pro
pose de l'élucider ici.
Les premières expériences ont été faites sous la direction de
M. Binet, avec l'aide de quelques-uns des membres de la So
ciété pour l'étude psychologique de l'enfant ; ceux-ci, intéressés
par la lecture de l'analyse que j'avais écrite du travail de
M"e Stelïens, voulurent bien se prêter à nos recherches 2. J'ai
contrôlé, ensuite, les premiers résultats sur des sujets dont je
disposais plus complètement et que je pouvais observer dans
des conditions meilleures.
• EXPERIENCES SIJU LA MEMOIRE DES ADULTES
Le sujet apprenait chaque matin, à la même heure et dans
les mêmes conditions de silence, un morceau de 10 vers ; il <

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