Sur quelques « retours à la nature » dans la littérature espagnole fin de siècle - article ; n°30 ; vol.10, pg 49-59
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Sur quelques « retours à la nature » dans la littérature espagnole fin de siècle - article ; n°30 ; vol.10, pg 49-59

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Description

Romantisme - Année 1980 - Volume 10 - Numéro 30 - Pages 49-59
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Daniel-Henri Pageaux
Sur quelques « retours à la nature » dans la littérature
espagnole fin de siècle
In: Romantisme, 1980, n°30. pp. 49-59.
Citer ce document / Cite this document :
Pageaux Daniel-Henri. Sur quelques « retours à la nature » dans la littérature espagnole fin de siècle. In: Romantisme, 1980,
n°30. pp. 49-59.
doi : 10.3406/roman.1980.5420
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/roman_0048-8593_1980_num_10_30_5420Daniel-Henri Pageaux
Sur quelques « retours à la nature » dans la littérature espagnole fin de
siècle
Le thème du colloque « Nature et société » et la problématique
générale qui en a été donnée (1) m'ont incité à reprendre un texte sur
lequel j'avais déjà travaillé {Nazarin de Perez Galdos) (2) en confront
ant ce roman à deux autres œuvres fort connues et parues précisément
la même année : en 1895 sont en effet publiés le roman de Pereda,
Peftas arriba, et l'essai de Miguel de Unamuno, £>î torno al casticismo(3) .
Confrontation qui a quelque originalité puisque — à ma connaissance —
ces trois textes n'avaient jamais fait l'objet d'un quelconque rapproche
ment (4) ; confrontation qui a aussi ses dangers et ses limites, en raison
même des caractères propres de chaque texte envisagé : Nazarin, roman
énigmatique d'un auteur tenu à juste titre pour anticlérical et qui chois
it le modèle christique pour interroger la société et peut-être aussi
l'inspiration romanesque \Penas arriba, dernier grand roman d'un auteur
classé généralement parmi les champions du traditionalisme — littéraire,
politique, religieux ; En torno al casticismo, premier essai remarqué
d'un jeune écrivain tenté par les idées socialistes (5). Pourtant, au delà
d'irréductibles originalités, tant de l'œuvre que de la pensée de chaque
écrivain qui m'obligent à préciser, d'entrée de jeu, ce qu'il faut enten
dre, pour chacun d'eux, par « retour à la Nature », il m'a paru possible
de mettre en relief non seulement une thématique commune, mais un
ensemble convergent de critiques à l'adresse de la société des dernières
années du siècle. Ainsi, ce « retour à la Nature » apparaît, jusque dans
les variations particulières inscrites dans les trois textes cités, comme un
thème d'étude fécond pour interroger une société et une culture en
1. Romantisme, 1 978, n. 2 1-22, p. 257-258.
2. Voir notre article : « Éléments pour une lecture de Nazarin » dans Hom
mage à Marcel Bataillon, Revue de Littérature comparée, avril-décembre 1978,
p. 455-465. Nous renvoyons globalement à cet article pour les allusions faites ici
à ce roman.
3. Publiés d'abord en une suite d'articles dans la revue La Esparta moderna,
ces textes seront repris sous ce titre par Unamuno dans un ouvrage paru en 1916.
Marcel Bataillon donnera une traduction de ce livre en 1923 sous le titre l'Essence
de l'Espagne. Nos références, pour plus de commodité, sont faites à partir de cette
traduction (Gallimard, « Essais », 1967).
4. C'est avec surprise que nous avons constaté une analyse très rapide de En
torno al casticismo dans l'ouvrage de Lily Litvak, A Dream of Arcadia, Anti-indust
rialism in Spanish literature (1895-1905), Texas Univ., 1975 et plus précisément
dans un chapitre intitulé « The return to Nature ». Une seule allusion pour rappeler
le rôle joué par la Nature, selon Unamuno, dans la mystique espagnole (L. Litvak,
ouvr. cité, p. 165). Les autres écrivains étudiés sont Azorin, Baroja et Valle Inclan.
5. Voir sur ce point l'ouvrage essentiel de Rafael Perez de la Dehesa, Politico
y sociedad en el primer Unamuno (1894-1904), Madrid, Ciencia Nueva, 1966. Daniel-Henri Pageaux 50
crise. Et l'année même choisie — 1895 — est là pour rappeler, une fois
de plus, que le point de repère traditionnel de l'histoire littéraire
— 1898 — n'a plus décidément qu'une valeur tout à la fois symbolique
et anecdotique.
Inutile de dissimuler le double paradoxe qui préside à notre étude:
réduire Peňas arrïba à une apologie, longue et partisane, du « retour à
la Nature », voire du « retour à la terre », c'est retomber dans une év
idence souvent formulée par la critique et qui appauvrit l'œuvre ; par
ailleurs, voir dans Nazarin ou dans En torno al casticismo des schémas
qui peuvent être assimilés à des « retours à la Nature » risque d'appar
aître comme le résultat de lectures, sinon arbitraires, du moins réduct
rices, alors que celles-ci ont l'intérêt de dégager un principe majeur
d'organisation des deux textes en question. Expliquons-nous.
On n'a peut-être pas assez remarqué à quel point la critique hésite
lorsqu'il s'agit d'apprécier Peňas arriba. Sans renoncer à taxer Pereda de
romancier traditionaliste, de romancier à thèse, soucieux de vanter par
tous les moyens les avantages d'une vie saine dans la haute montagne
cantabrique et de fustiger les vices de la vie citadine, elle ne peut omett
re de signaler tout ce qui sépare ce roman des professions de foi précé
dentes. Ainsi, on rappellera la distinction faite par Pereda lui-même en
tre sa production antérieure et Peňas arriba, (6) les circonstances dramat
iques dans lesquelles il a dû terminer son roman (7); on parlera plus vo
lontiers de poème que de roman (8); on associera Pereda à Tolstoï,
lorsqu'il faut évoquer cette apologie de la Nature (9); et aussi à Ibsen
lorsqu'on veut rendre compte de la dimension quasi symbolique du
roman, indentifiable jusque dans le titre (10). Au reste, cette dimension
n'avait pas échappé à Menendez Pelayo, l'ami et le critique, qui jugeait
en ces termes Peňas arriba : « C'est un sursum corda qui devait résonner
et qui résonne déjà dans de nombreux cœurs. » (11) L'accueil enthous
iaste de PeHas arriba, dans les premiers mois de 1895, est un élément
non négligeable pour comprendre l'interprétation spiritualiste qui a été
faite de ce roman : ce ne sont pas seulement les descriptions lyriques de
la haute montagne, les quelques scènes à couleur locale auxquelles
Pereda sacrifie encore (la chasse à l'ours, par exemple) qui ont été ap
préciées, mais plutôt cet hymne vibrant à la Nature, cette longue
6. Pereda oppose un roman (novela) « montaříesa » (sur la Montaîia, comme
ses Escenas montdftesas) et un roman « montaraz » (sauvage). C'est toute l'opposi
tion entre une inspiration « rustique » et l'essai de renouvellement du ton et du
style que nous croyons déceler dans Peňas arriba.
7. La mort de son fils intervenue pendant la rédaction du roman. Voir J.M. de
Cossio, La Obra literaria de Pereda, su historîa y su critica, Santander, 1934.
8. J. Camp, J.M. de sa vie, son œuvre et son temps, F. Sorlot, 1937,
p. 242-245.
9. JM. de Cossio, ouvr. cité, p. 344-347 ; C. Fernandez Cordero y Azorin,
La sociedad espaňola del siglo 19 en la obra literaria de J.M. de Pereda, Santander,
1970, p. 292etsuiv.
10. Le rapprochement est esquissé par J. de Entrambasaguas, Las May ores
novelas contemporaneas, Barcelona, Ed. Planeta, 1972, 7ème éd., Préface à Penas
arriba, p. 35. On peut traduire par : « Vers les sommets ».
.1 1: M. F. de Pereda y Torres Quevedo et E. Sanchez Reyes, « Epistolario de
Pereda y Menendez Pelayo », Boletin de la Biblioteca de M. Pelayo, 1953, n.3-4,
p. 341. Retours à la nature » en Espagne fin de siècle 51 <r
« ascension » du héros (dans la double acception du terme, procédé
cher aux symbolistes) « vers les sommets » (12). C'est bien en tout cas
sur ce plan que nous entendons situer PeHas arriba, sans liquider en rien
les options de Pereda, réactionnaires en matière politique, économique
et sociale.
On ne peut identifier dans le roman de Perez Galdos une longue
parenthèse que nous appelons le « retour à la Nature » sans noter les
intentions humoristiques et les procédés comiques accumulés dans le
même temps par le romancier : c'est que, dans ce roman, le retour à la
Nature équivaut à la phase négative d'une démonstration qui a pris
l'allure d'une parabole évangélique. Galdos d'abord montre comment

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