Téléphone, communication et sociabilité: des pratiques résidentielles différenciées - article ; n°1 ; vol.14, pg 165-189
26 pages
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Sociétés contemporaines - Année 1993 - Volume 14 - Numéro 1 - Pages 165-189
OtRARD CLAISSI, FRANTZ ROW! Paying attention to the century-old telephone may seem anachronistic, paradoxical or an odd curiosity in the new telecommunication age. Yet, we know very little about residential telephone habits. Who calls whom ? For what purpose ? Beyond the diversity of the calls, can we identify some clear patterns of constrasting uses ? These are the main questions that are adressed here on the basis of a quantitative survey of the telephone calls of individuals. The impact of sociability and social networks on consumption and habits are also analysed. The telephone, subject of this research, appears finally as an axcellent tool for studying society.
À l'heure du développement des nouvelles technologies et services de télécommunications grand public, s' intéresser au téléphone plus que centenaire pourrait paraître relever de l archaïsme, de l'histoire ou du tourisme intellectuel. Et pourtant, nous connaissons finalement peu de choses de l'usage domestique du téléphone. Qui téléphone ? Avec quels correspondants ? Pour quels motifs ? Par delà la diversité des communications, est-il possible d'identifier des pratiques téléphoniques différenciées ? Telles sont les principales questions auxquelles cette contribution s'efforce de répondre, sur la base de l'analyse des résultats d'une enquête quantitative. Les effets de la sociabilité et des réseaux de relations sur la consommation et les usages sont également analysés. Au-delà, l'étude des pratiques téléphoniques, objet de cette recherche, se révèle être un excellent outil, tout à la fois heuristique et déformant, pour l'analyse des sociétés contemporaines.
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Gérard Claisse
Frantz Rowe
Téléphone, communication et sociabilité: des pratiques
résidentielles différenciées
In: Sociétés contemporaines N°14-15, Juin / Septembre 1993. pp. 165-189.
Abstract
OtRARD CLAISSI, FRANTZ ROW! Paying attention to the century-old telephone may seem anachronistic, paradoxical or an odd
curiosity in the new telecommunication age. Yet, we know very little about residential telephone habits. Who calls whom ? For
what purpose ? Beyond the diversity of the calls, can we identify some clear patterns of constrasting uses ? These are the main
questions that are adressed here on the basis of a quantitative survey of the telephone calls of individuals. The impact of
sociability and social networks on consumption and habits are also analysed. The telephone, subject of this research, appears
finally as an axcellent tool for studying society.
Résumé
À l'heure du développement des nouvelles technologies et services de télécommunications grand public, s' intéresser au
téléphone plus que centenaire pourrait paraître relever de l archaïsme, de l'histoire ou du tourisme intellectuel. Et pourtant, nous
connaissons finalement peu de choses de l'usage domestique du téléphone. Qui téléphone ? Avec quels correspondants ? Pour
quels motifs ? Par delà la diversité des communications, est-il possible d'identifier des pratiques téléphoniques différenciées ?
Telles sont les principales questions auxquelles cette contribution s'efforce de répondre, sur la base de l'analyse des résultats
d'une enquête quantitative. Les effets de la sociabilité et des réseaux de relations sur la consommation et les usages sont
également analysés. Au-delà, l'étude des pratiques téléphoniques, objet de cette recherche, se révèle être un excellent outil, tout
à la fois heuristique et déformant, pour l'analyse des sociétés contemporaines.
Citer ce document / Cite this document :
Claisse Gérard, Rowe Frantz. Téléphone, communication et sociabilité: des pratiques résidentielles différenciées. In: Sociétés
contemporaines N°14-15, Juin / Septembre 1993. pp. 165-189.
doi : 10.3406/socco.1993.1133
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/socco_1150-1944_1993_num_14_1_1133♦ ♦♦♦♦♦♦ ilABD CLAlfSI ♦♦♦♦♦♦
FIANT! IOWI
TÉLÉPHONE, COMMUNICATION ET SOCIABILITÉ :
DĚS PRATIQUÉS RÉSIDENTIELLES DIFFÉRENCIÉES
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Jusqu'à la fin des années 1970, la littérature sur la communication a très souvent
fait l'impasse sur les télécommunications. La télévision, le cinéma, la presse, la radio,
la publicité occupaient une place de choix alors que les télécommunications étaient à
peine évoquées. Début des années 1980, le décor a complètement changé : les
nouvelles technologies de communication, comme secteur industriel, comme biens
d'équipement, comme technologies d'organisation du travail, comme moyens de
communication, sont au centre des débats et des recherches sur la communication, sur
la société dite communicationnelle.
1. LE TÉLÉPHONE OUBUÉ
Un absent de marque traverse ces années : le téléphone, plus que centenaire, n'a été
que trop rarement étudié. À l'exception de l'ouvrage de référence de Ithiel de Sola Pool
The Social Impact of the Telephone (1977), de quelques ouvrages en langue française
(Bomot, Cordesse, 1981 ; Pinaud, 1985 ; Lauraire, 1987) et des travaux réalisés sous
l'impulsion de Гех-Direction Générale des Télécommunications (Périn, 1985 ; Arnal,
1990), peu d'études ambitieuses ont été menées sur les usages domestiques du téléphone
ou plus généralement sur les pratiques de communication des individus.
La diffusion très tardive du téléphone en France est souvent mise en avant pour
expliquer ce long silence des sciences de la sur ce système technique
de communication interpersonnelle. Pourtant, au-delà de cette raison circonstancielle,
Sociétés Contemporaines (1993) n ° 14115 (p. 165-189) G. ClAISSE, F. ROWE ♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦
ce même mutisme traverse l'ensemble des pays ayant connu une généralisation plus
précoce du téléphone. Les raisons de ce manque de curiosité sont donc
vraisemblablement à trouver dans le système de représentation dominante de cet outil
technique et de manière plus générale de la télécommunication.
Le téléphone apparaît et se diffuse presque à l'insu d'une société industrielle
tournée vers le développement des technologies lourdes de l'industrie, des biens
d'équipement des ménages et des mass médias. Le téléphone, comme technologie de
communication interpersonnelle, échappe d'autant plus facilement aux débats
« technique et société » qu'il ne semble porter en germe aucun des enjeux et des
risques majeurs attribués aux technologies de production, de consommation et de de masse. C'est une technologie souple, douce, relationnelle,
interactive, sans nuisances, libératrice des contraintes de l'espace et du temps, bon
marché, accessible, ... Telle est la représentation dominante du téléphone qui
s'imposera à un point tel que lorsqu'un auteur comme I. Illich (1973), pourfendeur de
l'idéologie technicienne de la société industrielle, entreprend la définition de ce qu'il
appelle « un outil convivial » par opposition à un « monopole radical », le téléphone
s'impose à lui comme un archétype idéal.
Lorsqu'au début des années 1980, les technologies de communication à distance
font une entrée remarquée sur la scène de la prospective, sur fond de crise économique
et sociale, le téléphone se trouve de fait disqualifié et rangé au musée de la
socio-économie naissante des télécommunications pour cause d'obsolescence. La
multiplication des moyens de communication à distance fonde alors les discours sur
l'avènement d'une société conviviale, d'une société dite de l'information ou de la
communication dont les activités sont rebaptisées au nom du préfixe « télé » et du
suffixe « tique ». Ceux qui font de l'évolution technologique le moteur du devenir
social, transfèrent ainsi sans précautions les caractéristiques techniques des
télécommunications à la société qui les utilise : à technologies de communications
interpersonnelles, à distance, instantanées, non polluantes, accessibles, souples, ...,
correspond une société conviviale, sans distance, en temps réel, propre, peu
hiérarchisée et décentralisée...
Cette représentation dominante du téléphone et plus généralement de ce que l'on
continue à appeler les nouvelles technologies de communication repose donc sur trois
mythes structurants.
Le mythe de la convivialité : de même que la société industrielle devait produire
l'abondance matérielle, la société post-industrielle devrait produire l'abondance
communicationnelle. Dans ce paradigme, la (télécommunication devient la main
invisible tant recherchée de la régulation économique et sociale, les machines à
communiquer permettent de lutter contre l'entropie de nos sociétés, elles libèrent la
parole, la relation et favorisent l'épanouissement des i

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