Têtes de ponts et enclaves. Le problème urbain et le processus d urbanisation dans l Asie du Sud-Est depuis 1945 - article ; n°45 ; vol.12, pg 115-143
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Têtes de ponts et enclaves. Le problème urbain et le processus d'urbanisation dans l'Asie du Sud-Est depuis 1945 - article ; n°45 ; vol.12, pg 115-143

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Description

Tiers-Monde - Année 1971 - Volume 12 - Numéro 45 - Pages 115-143
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 8
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

T. G. McGee
Têtes de ponts et enclaves. Le problème urbain et le processus
d'urbanisation dans l'Asie du Sud-Est depuis 1945
In: Tiers-Monde. 1971, tome 12 n°45. pp. 115-143.
Citer ce document / Cite this document :
McGee T. G. Têtes de ponts et enclaves. Le problème urbain et le processus d'urbanisation dans l'Asie du Sud-Est depuis
1945. In: Tiers-Monde. 1971, tome 12 n°45. pp. 115-143.
doi : 10.3406/tiers.1971.1751
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1971_num_12_45_1751DOCUMENTATION
TÊTES DE PONTS ET ENCLAVES
Le problème urbain et le processus d'urbanisation
dans l'Asie du Sud-Est depuis 1945
par T. G. McGee*
« Paris s'en va seul, la France suit de force, et irritée; plus
tard elle s'apaise et applaudit; c'est une des formes de notre
vie nationale. Une diligence passe avec un drapeau; elle vient
de Paris. Le drapeau n'est plus un drapeau, c'est une flamme
et toute la traînée de poudre humaine prend feu derrière lui.
« Vouloir toujours, c'est le fait de Paris. Vous croyez
qu'il dort, non il veut. La volonté de Paris en permanence,
c'est là ce dont ne se doutent pas assez les gouvernements de
transition. Paris est toujours à l'état de préméditation. Il a
une patience d'astre mûrissant lentement un fruit. Les nuages
passent sur sa fixité. Un beau jour, c'est fait. Paris décrète
un événement. La France, brusquement mise en demeure,
obéit.
« Cet échange d'effluves entre Paris centre et la France
sphère, cette lutte qui ressemble à un balancement de gravi
tations, ces alternatives de résistance et d'adhésion, ces accès
de colère de la nation contre la cité, puis ces acceptations,
tout cela indique nettement que Paris, cette tête, est plus que
la tête d'un peuple. Le mouvement est français, l'impulsion
est parisienne. »
Victor Hugo, 1867 (1).
Pendant la décennie 1 960-1 970 ont été dégagés les principaux éléments du
problème de plus en plus grave que pose l'urbanisation dans le Tiers Monde.
Le débat né aux environs des années 50 s'est intensifié et a fait l'objet de
discussions de plus en plus violentes. Les principaux thèmes litigieux sont
d'une importance considérable car ils ébranlent l'image que l'on se fait
couramment de l'urbanisation dans l'Asie du Sud-Est.
* Professeur à l'Université de Hong-kong, Department of Geography and Geology.
(1) Extrait de l'introduction de Victor Hugo au Guide de Paris, 1967. Cité par Alisyair
Horne, in The Fall of Paris, Londres, Macmillan, 1965. TIERS MONDE
On a commencé à publier aux environs des années 60 de plus en plus
d'études sur le processus d'urbanisation dans le Tiers Monde (1). Les prota
gonistes ne sont pas intervenus en même temps dans la discussion. Les pre
miers avaient déjà présenté leurs principaux arguments vers la fin des
années 5 o. Leurs interlocuteurs ne se sont fait entendre que vers les années 60.
Finalement, la controverse révèle indiscutablement le souci croissant des
chercheurs de construire des modèles théoriques pour permettre l'étude des
divers processus de changements sociaux, économiques et politiques qui
semblent se produire actuellement dans le Tiers Monde. Tandis que les
chercheurs orientent de plus en plus leurs travaux dans ce sens, la construction
des modèles théoriques a été jugée regrettable par beaucoup d'auteurs (le
plus récent étant Hirschman, un théoricien de modèles réputé) (2), sans cepen
dant que se relâche l'effort fait pour expliquer par les modèles la réalité parfois
déroutante du Tiers Monde. Au risque d'une trop grande simplification (et
d'une injustice possible envers certains), il est possible de diviser en deux
groupes les protagonistes.
D'une part, un groupe d'auteurs insiste sur le fait que l'urbanisation telle
qu'elle s'effectue dans les pays sous-développés est qualitativement différente
de celle des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne. D'autre part, un autre groupe
prétend, reprenant les mots de Reissman, que le « processus d'urbanisation
se rapproche de façon frappante de la voie suivie en Occident il y a un siècle
et demi » (3).
Les conséquences de ces deux positions sont essentielles car elles orientent
les arguments relatifs au rôle du processus d'urbanisation dans le Tiers
Monde. Dans la première position on soutient que l'urbanisation varie avec
le développement national et de ce fait doit être analysée comme une variable
dépendante quand on essaie d'étudier le mécanisme du développement
économique. Dans la seconde position on soutient que l'urbanisation est une
variable indépendante qui favorise le développement national.
Il n'est pas surprenant que dans cette controverse se fassent entendre des
convictions idéologiques. Dans l'optique de Fanon, Frank ou Lin Piao, les
villes du Tiers Monde sont des structures capitalistes pourrissantes en raison
de la décomposition inévitable du système capitaliste (4). D'un point de vue
(1) Une partie de cette étude est disponible, in Gerald Breese (edit.), The City in Newly
Developing Countries. Keadingson Urbanism and Urbanisation, Englewood Cliffs, New Jersey, 1969.
(2) Voir Albert O. Hirschman, The Search for Paradigms as a Hindtance to Unders
tanding, World Politics, vol. XII, avril 1970, pp. 329 à 343.
(3) Leonard Reisman, The Urban Process, Cities in industrial Societies, Glencoe, Illinois,
The Free Press, p. 153.
(4) Voir Frantz Fanon, The Damned (trad.), Paris, Constance Farington, 1963; Andre
Gundar Frank, Capitalism and Under development in Latin America, New York, Monthly
Review Press, 1967, et Lin Piao, Long Live the Victory of the People's War, Peking Review,
3 septembre 1965, pp. 9 à 30. DOCUMENTATION
exactement opposé, des auteurs comme Hirschman et Friedmann voient la
force de ces pays reposant en premier lieu dans leurs villes car, en tant que
structures capitalistes, elles ont une capacité de croissance économique sem
blable à celle qui caractérise les nations capitalistes développées, particulièr
ement les Etats-Unis (i). Je reviendrai plus tard à ces implications idéologiques
car elles ont des retentissements importants sur les politiques adoptées en
matière d'urbanisation dans la région asiatique.
QUELS SONT LES PRINCIPAUX ÉLÉMENTS DU PROBLÈME ?
Après avoir précisé les hypothèses qui sont au cœur du débat, il est néces
saire de le délimiter. En gros, l'argumentation des auteurs du premier
groupe est la suivante : à la base de leur argumentation, il y a l'affi
rmation selon laquelle les éléments constitutifs du processus d'urbanisation
se combinent d'une façon différente dans le Tiers Monde et en Occident.
D'abord l'accroissement naturel général de la population contribue à l'accroi
ssement des populations urbaines dans une proportion plus importante que
ce ne fut le cas dans les pays occidentaux, car les progrès de la médecine
préventive ont abaissé les taux de mortalité et particulièrement celui de la
mortalité infantile. Parallèlement la migration rurale continue à un taux aussi
élevé qu'autrefois en Occident et, dans le cas de pays à forte population rurale,
comme l'Inde, l'ampleur de la migration est bien sûr considérable. Davis
l'exprimait ainsi :
« Aujourd'hui dans les nations sous-développées déjà surpeuplées, trag
iquement appauvries et ne disposant que de perspectives économiques sombres,
la population augmente du seul fait de la croissance biologique, et ce, à un
taux sans précédent. C'est le boom démographique qui a l'écrasante responsab
ilité de la rapide inflation des populations urbaines. Contrairement à l'opinion
généralement répandue, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de ces pays, le
facteur principal n'est pas la migration rurale » (2).
Bien que la portée générale de cette affirmation en ce qui concerne certains
pays d'Asie (particulièrement la Malaisie) puisse prêter à critique, son impor
tance analytique ne peut être niée car elle pose avec netteté la question de
savoir si la redistribution de la population entre les zones rurales et urbaines,
telle qu'on a pu l'observer en Occident, évoluera dans tous les pays du Tiers
Monde au même rythme que dans la pl

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