Th. Ribot Psychologie des sentiments - compte-rendu ; n°1 ; vol.3, pg 552-577
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Description

L'année psychologique - Année 1896 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 552-577
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1896
Nombre de lectures 19
Langue Français
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Extrait

Alfred Binet
Th. Ribot Psychologie des sentiments
In: L'année psychologique. 1896 vol. 3. pp. 552-577.
Citer ce document / Cite this document :
Binet Alfred. Th. Ribot Psychologie des sentiments. In: L'année psychologique. 1896 vol. 3. pp. 552-577.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1896_num_3_1_19215S2 ANALYSES
pas par des arguments intellectuels qu'on a entendus ou qu'on a
trouvés soi-même qu'on arrive à accepter telle idée religieuse ;
on ne pense nullement à raisonner; la conversion vient d'un
acte intérieur, affectif, on est converti parce qu'on sent autre
ment qu'on ne sentait avant d'être converti, et les arguments
des sceptiques ne font rien sur le croyant, parce qu'ils ne le
touchent pas. L'auteur a bien raison de dire que, comme phé
nomène psychologique, la foi est bien distincte de la croyance
ou de la conviction ; la foi est un état émotionnel, qui n'a pas
pour point de départ des raisonnements, et qui ne peut être ni
ébranlé ni consolidé par des raisonnements.
En terminant notre analyse de ce beau travail, nous expr
imerons le désir que des recherches analogues soient tentées,
dans des milieux religieux différents et aussi dans des milieux
spirites, qui, par tant de côtés, se rapprochent des milieux rel
igieux.
A. Bineï.
Th. RIBOT. — Psychologie des sentiments. — Un vol. in-8°,
de 444 pages. Paris, Alcan, 1896.
L'auteur a cherché à remettre à sa vraie place, qui est la
première, l'étude des sentiments et des émotions ; il a cherché
aussi à combattre l'intellectualisme et à montrer que le sent
iment est un fait primitif qui ne se ramène à aucun autre. Outre
ces deux thèses et quelques autres, on trouvera dans ce livre
un nombre immense de documents, présentés avec un sens cri
tique toujours éveillé, coordonnés ensemble, et permettant à
l'auteur de tracer avec beaucoup de vraisemblance la physiolog
ie, le contenu psychologique, l'évolution et la pathologie des
émotions simples et composées. Vu l'importance de cet ouvrage,
nous en ferons une longue analyse, avec de nombreuses citations.
Première partie. — Elle est consacrée aux manifestations
les plus générales: le plaisir et la douleur, puis la nature de
l'émotion, la mémoire affective, l'influence des association»
d'idées.
Chapitre i : La douleur physique. — Les conditions de la
transmission des sensations douloureuses sont obscures.
Existe-t-il des nerfs spéciaux pour la douleur ? Goldscheider,
après avoir soutenu cette opinion (Arch, für Anal, und Phy- ÉMOTIONS 553
siol., 1885) l'a rejetée (Ueber den Schmerz, Berlin, 1894) ; les
expériences de Frey pour en démontrer l'existence [Beiträge
zur Physiol. des Schmerzsinns, Leipzig, 1894) ont été reconnues
inexactes. On a fait des hypothèses sur la transmission dans la
moelle. Schiff pense que l'excitation douloureuse passe parla
substance grise, et les impressions tactiles par la substance
blanche. C'est à peu près la théorie de Wundt qui admet que
les impressions du toucher et de la température ont une voie
primaire dans la substance blanche, quand les excitations sont
modérées, et une voie secondaire par la substance grise qui
servirait de dérivatif, quand les excitations sont violentes. De
la moelle épinière, passons au bulbe, qui pour Sergi (Dolore e
Piacere, Milan, 1894) est le siège des phénomènes affectifs.
Quant aux circonvolutions cérébrales, rappelons que Ferrier
plaçait dans les lobes occipitaux le siège des émotions, parce
que, d'après lui, cette région de l'écorce recueillait les sensa
tions viscérales, parce qu'elle tenait sous sa dépendance l'ins
tinct sexuel, enfin que ces lobes seraient plus développés
chez la femme que chez l'homme. Aujourd'hui l'hypothèse d'un
' centre cortical des émotions est abandonnée.
La douleur est liée à la diminution et à la désorganisation
des fonctions vitales : 1° Elle ralentit le cœur, parfois jusqu'à
la syncope : le ralentissement a lieu même chez des animaux
privés d'encéphale. Chez l'homme, il peut y avoir augmentat
ion de fréquence du pouls, mais il y a alors une modification du
rythme ; 2° La respiration est troublée, tantôt précipitée, tantôt
ralentie; 3° La température s'abaisse parfois de 2° C, et cet
abaissement peut durer 1 heure et demie (Maistegazza, Fisio-
logia del dolore, ch. m) ; 4° Troubles digestifs, décoloration
stable de la peau, des cheveux (Hack Tuke, l'Esprit et le Corps,
p. 243); 5° Au point de vue des mouvements, il y a dépression,
suppression totale des mouvements, et excitation, cris, con
torsions, etc. Cette excitation violente n'est pas en contradic
tion avec la formule générale qui lie la douleur, à une diminut
ion d'activité : car elle ne découle pas, comme dans la joie,
d'un surplus d'activité; elle est débilitante, irrégulière et spas-
modique.
Ribot développe cette thèse que les effets énumérés plus
haut ne sont pas des effets de la douleur en tant que phéno
mène de conscience ; ce sont les effets du trouble de l'org
anisme produit par une excitation spéciale du dedans ou du
dehors ; la douleur sentie n'est qu'un signe de ce désordre 554 ANALYSES
organique. Ce qui le prouve, c'est que, dans le cas où la dou
leur consciente manque, les modifications circulatoires, respi
ratoires et autres peuvent subsister. Chez des animaux privés
d'encéphale, on note (Fr. Franck), après des excitations fortes,
les mêmes troubles cardiaques que chez les animaux à cerveau
intact. Il y a plus, chez beaucoup d'individus, la conscience de
la douleur peut être supprimée dans les cas où une excitation
très forte se produit, alors même que l'intelligence reste intacte.
Par exemple, c'est ce qui se passe dans l'analgésie des hysté
riques, dans l'idée fixe des fakirs, des martyrs, et chez beau
coup d'aliénés qui broient du verre ou plongent par mégarde
un bras dans l'eau bouillante; la peau tombe en lambeau sans
qu'ils paraissent s'en inquiéter (Morel, Traité des Maladies
mentales, p. 324 et suiv. — Weir Mitchell a cité un exemple
curieux que nous avons reproduit dans Y Année Psycholog., II,
p. 707). De même, il arrive souvent que, pendant l'anesthésie
chirurgicale, l'homme affectif disparaît, et l'homme intellectuel
reste. Un opéré, par exemple, entend sonner l'heure et ne
souffre pas pendant qu'on lui lie le cordon spermatique (Ri-
chet, Recherches eccp. et clin, sur la sensibilité, p. 258-259).
Ces faits prouvent jusqu'à quel point la douleur comme état
de conscience est separable, comment elle peut être ajoutée et
retranchée, à quel point elle offre les caractères d'un épiphéno-
mène.
Rappel des deux théories psychologiques en présence : l'une
qui considère la douleur comme une sensation, l'autre qui en
fait une qualité de sensation. Ayant exposé cette question déjà
(Année Psychol., II, p. 701), nous n'y revenons pas.
Ribot penche pour la théorie de la qualité.
Chapitre n : La douleur morale, le chagrin, la tristesse. —
Entre la douleur physique et la douleur morale, il y a une ident
ité foncière ; elles ne diffèrent que par leur point de départ, la
première étant liée à une sensation, la seconde à une forme
quelconque de représentation, image ou idée. Voici les princi
pales formes de transition : 1° douleur morale qui n'est qu'un
souvenir de douleur physique ; 2° douleur morale supposant
des représentations complexes et de l'imagination constructive;
•exemple, la nouvelle d'une mort. Ce second genre de douleur
morale est positif ou négatif, suivant qu'il conduit à des mou
vements ou à un arrêt ; il peut prendre une forme égoïste ou
une forme altruiste et sympathique ; 3° chagrin lié à de purs ÉMOTIONS b55
concepts ; telle est la douleur de l'homme religieux qui ne se
sent pas assez fervent.
Les effets de la douleur morale sur la circulation, le cœur,
la respiration, la nutrition sont les mêmes que ceux de la dou
leur physique (la preuve fait ici défaut, nous remarquons que
l'auteur n'indique pas de références) ; les douleurs morales
peu

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