Théorie économique et environnement - article ; n°130 ; vol.33, pg 417-428
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Description

Tiers-Monde - Année 1992 - Volume 33 - Numéro 130 - Pages 417-428
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 20
Langue Français

Extrait

Fayçal Yachir
Théorie économique et environnement
In: Tiers-Monde. 1992, tome 33 n°130. pp. 417-428.
Citer ce document / Cite this document :
Yachir Fayçal. Théorie économique et environnement. In: Tiers-Monde. 1992, tome 33 n°130. pp. 417-428.
doi : 10.3406/tiers.1992.4697
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1992_num_33_130_4697THÉORIE ÉCONOMI
ET ENVIRONNEMENT
par Fayçal Yachir*
Depuis quelques années, l'environnement est devenu un thème
majeur de la réflexion et de l'action. Dans les pays de vieille tradition
industrielle, les nuisances engendrées par l'activité économique ont
atteint un seuil de gravité tel que la préservation de l'environnement est
désormais une préoccupation dominante pour de larges secteurs de
l'opinion. Les catastrophes écologiques, pollution des rivières, pluies
acides, nuages toxiques, accidents nucléaires, remplacent peu à peu dans
la mémoire collective le déchaînement des éléments incontrôlés de la
nature. Dans les pays du Tiers Monde, où l'on a longtemps considéré
que la protection de l'environnement était un luxe de pays riche, les opi
nions autant que les gouvernements commencent à réaliser l'ampleur
des dégâts causés par une industrialisation mal maîtrisée et une urbani
sation anarchique. Plus récemment, s'est manifestée un peu partout la
prise de conscience des effets désastreux de l'activité économique sur
l'atmosphère de la planète, comme l'effet de serre et la détérioration de
la couche d'ozone.
I L'ÉCOLOGIE, UN THÈME NOUVEAU POUR L'ÉCONOMIE
S'il a souvent précédé la pression des opinions publiques, les prati
ques des entreprises et les politiques des gouvernements, l'intérêt des
communautés scientifiques pour l'environnement a été conforté et st
imulé par l'émergence du thème de l'écologie, et pas seulement dans les
pays développés, en tant que thème majeur en cette fin de XXe siècle.
* Professeur agrégé d'économie à l'Université d'Alger.
Revue Tiers Monde, t. XXXIII, n° 130, Avril- Juin 1992 418 Fayçal Yachir
Avec le recul, il peut paraître extraordinaire que les économistes, inté
ressés au premier chef par les conditions globales de la croissance, aient
pu faire aussi longtemps l'impasse sur les effets à long terme de l'activité
économique sur le j milieu naturel. Pour l'essentiel en effet, les écono
mistes - se . sont cantonnés dans l'analyse des conditions techniques et
sociales ^de la crois'sânce, ou plus modestement encore, dans l'étude des
conditions de l'allocation « optimale » des facteurs de production.
L'interaction complexe entre économie et environnement a été réduite
ainsi à un processus linéaire de transformation de ressources en pro
duits. Si on a parfois envisagé la possibilité de nuisances ou de pénuries
particulières, on n'a jamais par contre considéré l'éventualité d'une
dégradation irréversible du milieu naturel, ni celle d'un épuisement de
ressources non renouvelables.
Si la théorie économique, tous courants de pensée confondus, a
ignoré l'environnement, c'est parce qu'elle a toujours regardé la nature
à la fois comme un espace illimité d'expansion et comme un réservoir
inépuisable de ressources. Si elle n'a tenu compte ni de la capacité de
nuisance de l'activité économique, ni du caractère épuisable des pro
duits du sous-sol, c'est parce qu'elle a implicitement postulé l'existence à
tout moment d'une offre illimitée de ressources naturelles.
Parmi ces ressources naturelles, les économistes ont toujours distin
gué entre les biens dont l'offre ne doit rien au travail de l'homme et dont
la propriété est commune, tels l'air et l'eau, et les biens dont la disponib
ilité effective dépend du travail et dont l'appropriation peut être privat
ive, comme les produits du sol et du sous-sol.
П — BIENS ÉCONOMIQUES ET RESSOURCES DE LA NATURE
Dans les définitions posées par les « pères fondateurs » un bien quel
conque n'est un bien économique que dans la mesure où d'une part, il
résulte de l'application du travail à la nature, et où d'autre il
appartient formellement à un individu ou à un groupe. De cette
manière, une gamme étendue de biens pourtant indispensables à toute
activité humaine se trouvent d'emblée exclus du champ de l'analyse,
puisqu'ils ne sont pas le produit du travail et ne peuvent être appropriés.
Donnés et communs plutôt que produits et privés, ces biens sont gra
tuits et ne sont donc pas des biens économiques.
Or, il est de plus en plus clair que si de tels biens ne résultent pas
du travail, l'activité économique peut, passé un certain seuil, réduire Théorie économique et environnement 419
leur disponibilité effective, par la pollution de l'air et de l'eau, par
exemple, par la dégradation des équilibres écologiques ou la destruc
tion des espèces animales et végétales. La restriction de l'offre de ces
biens réputés non économiques n'entraîne-t-elle pas dès lors un chan
gement de leur statut ? La restauration de niveaux d'offre adéquats
pour des biens tels que l'eau, l'air, la lumière, le silence, ou encore les
forêts, les lacs, les paysages, telle ou telle espèce animale ou végétale,
eu égard aux besoins de l'activité économique, exige en effet une
dépense de travail et représente un coût pour les entreprises et les col
lectivités nationales.
D'un autre côté, la raréfaction relative de ces biens communs induit
subrepticement leur privatisation, puisque leur disponibilité pour les
divers agents économiques sera largement fonction de la puissance res
pective des uns et des autres. Dans un pays donné, les différences d'accès
aux biens communs qui peuvent résulter de l'inégalité entre les agents
économiques sont dans une certaine mesure corrigées par le droit,
réputé le même pour tous, mais entre nations, il n'en va pas de même, et
la tendance à la privatisation de fait des ressources communes opère
donc avec plus de force. Ce n'est pas par hasard que les chapitres de la
convention internationale sur le droit de la mer qui posent le principe de
la propriété commune des fonds marins (et de leurs nodules métalliques)
n'ont pas été encore acceptés par les grands pays industriels.
Quant aux produits du sous-sol, ils ont certes été considérés comme
des biens économiques, puisqu'ils exigent une dépense de travail pour
être rendus disponibles pour l'industrie et qu'ils appartiennent au moins
formellement au propriétaire du gisement. Mais à y regarder de plus
près, leur statut n'était pas tellement différent de celui des biens
communs. Pour les économistes, en effet, la rareté des produits miniers
renvoie à une rareté économique, celle des facteurs reproductibles néces
saires à leur production, ou à une rareté sociale, engendrée par les règles
de la propriété privée. C'est le cas par exemple dans les théories de la
rente foncière. Elle ne renvoie donc nullement à la pénurie physique
qu'implique le caractère épuisable des gisements. Le postulat de base est
donc là aussi que l'offre de minerais est illimitée, et il a fallu attendre le
premier « choc pétrolier » de 1973-1974 et la constitution d'associations
de pays producteurs pour qu'il soit remis en question et que l'on prenne
conscience du caractère fini des ressources minérales de la planète. Jus
qu'alors, pour peu que soient réunies les conditions techniques et
sociales adéquates, la production matérielle était censée croître à l'infini,
indépendamment de toute contrainte d'offre de métaux ou d'énergie.
Il est vrai que si la notion de marchandise est au cœur des théories 420 Fayçal Yachir
classique et marxienne, la théorie néo-classique insiste moins sur le
caractère reproductible des biens, puisqu'elle définit un bien économi
que par son utilité et sa rare

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