Traditions populaires ou traditions élitistes ? Rites d initiation et rites de distinction dans les Ecoles d Arts et métiers - article ; n°1 ; vol.60, pg 57-67
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Traditions populaires ou traditions élitistes ? Rites d'initiation et rites de distinction dans les Ecoles d'Arts et métiers - article ; n°1 ; vol.60, pg 57-67

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Actes de la recherche en sciences sociales - Année 1985 - Volume 60 - Numéro 1 - Pages 57-67
Populäre oder elitäre Traditionen ? Die Ecoles d'Art et métiers stellen einen Sonderfall dar im französischen System der Grandes Ecoles. Ehemalige Schulen für Facharbeiter, deren Entstehung auf das Jahr 1780 zurückgeht, haben sie sich allmählich zu Ingenieurschulen entwickelt, wobei auch die soziale Rekrutierungsbasis sich erhöhte. Noch im letzten Jahrhundert kamen ihre Schüler aus eher bescheidenen Verhältnissen, teilweise aus Volksschichten. Diese Schüler erkannten sich in «Traditionen» wieder, die anfangs als eine Art Gegenkultur entstanden waren, eine Form populärer Reaktion gegen die Herrschaft der «gelehrten» Kultur der bürgerlichen Angestellten-schaft. Wie ist unter diesen Umständen das Uberleben dieser Traditionen zu erklären ? Handelt es sich um einen letzten Versuch des kulturellen Widerstands der Absolventen dieser Schulen vor ihrer Assimilierung in die bürgerliche Welt der bürgerlichen Angestellten, oder eher um den Ausdruck eines «Korpsgeistes», der ideologischen Waffe einer Berufsgruppe, die durch Entstellung des Sinns einer ursprünglich populären Tradition ihre Stellung innerhalb der Industrieeliten Frankreichs zu verteidigen sucht ?
Popular Traditions or Elitist Traditions ? The Ecoles d'Arts et Métiers are a special case in the System of the Grandes Ecoles in France. They were created as early as 1780, as schools for skilled workers, but have gradually turned into schools for ingenieurs (highly qualified executive engineers) and their social recruitment has changed. In the 19th century, the students were drawn from very modest, often even working-classbackgrounds. They expressed their identity in «traditions» which were initially created as a kind of counter-culture, a form of popular cultural reaction to the dominant high culture of bourgeois management. So how is one to explain the survival of these traditions ? Should they be seen as the present-day students' last attempt at cultural resistance before being assimilated into the bourgeois world of senior management, or are they the manifestation of an «esprit de corps», an ideological weapon used by an occupational group which, by taking over a once popular tradition and giving it a new meaning, endeavours to defend its position within the French industrial elites ?
Traditions populaires ou traditions élitistes ? Les Ecoles d'Arts et métiers constituent un cas à part dans le système des Grandes Ecoles en France. Anciennes écoles d'ouvriers qualifiés dont la fondation remonte à 1780, elles se sont transformées progressivement en écoles d'ingénieurs et ont vu leur recrutement social évoluer. Au siècle dernier, l'origine sociale des élèves était très modeste, souvent même «populaire». Ces élèves se reconnaissaient dans des «traditions» qui, au départ, s'étaient constituées comme une sorte de contre-culture, forme de réaction culturelle populaire à la domination culturelle savante de l'encadrement bourgeois. Comment comprendre alors la survivance des traditions ? S'agit-il d'une dernière tentative de résistance culturelle des élèves avant l'assimilation dans l'univers bourgeois des cadres supérieurs, ou plutôt de la manifestation d'un «esprit de corps», arme idéologique utilisée par un groupe professionnel qui, en détournant le sens d'une tradition autrefois populaire, tente de défendre sa place au sein des élites industrielles françaises ?
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 377
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Denys Cuche
Traditions populaires ou traditions élitistes ? Rites d'initiation et
rites de distinction dans les Ecoles d'Arts et métiers
In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 60, novembre 1985. pp. 57-67.
Citer ce document / Cite this document :
Cuche Denys. Traditions populaires ou traditions élitistes ? Rites d'initiation et rites de distinction dans les Ecoles d'Arts et
métiers. In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 60, novembre 1985. pp. 57-67.
doi : 10.3406/arss.1985.2288
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1985_num_60_1_2288Zusammenfassung
Populäre oder elitäre Traditionen ?
Die Ecoles d'Art et métiers stellen einen Sonderfall dar im französischen System der Grandes Ecoles.
Ehemalige Schulen für Facharbeiter, deren Entstehung auf das Jahr 1780 zurückgeht, haben sie sich
allmählich zu Ingenieurschulen entwickelt, wobei auch die soziale Rekrutierungsbasis sich erhöhte.
Noch im letzten Jahrhundert kamen ihre Schüler aus eher bescheidenen Verhältnissen, teilweise aus
Volksschichten. Diese Schüler erkannten sich in «Traditionen» wieder, die anfangs als eine Art
Gegenkultur entstanden waren, eine Form populärer Reaktion gegen die Herrschaft der «gelehrten»
Kultur der bürgerlichen Angestellten-schaft. Wie ist unter diesen Umständen das Uberleben dieser
Traditionen zu erklären ? Handelt es sich um einen letzten Versuch des kulturellen Widerstands der
Absolventen dieser Schulen vor ihrer Assimilierung in die bürgerliche Welt der bürgerlichen
Angestellten, oder eher um den Ausdruck eines «Korpsgeistes», der ideologischen Waffe einer
Berufsgruppe, die durch Entstellung des Sinns einer ursprünglich populären Tradition ihre Stellung
innerhalb der Industrieeliten Frankreichs zu verteidigen sucht ?
Abstract
Popular Traditions or Elitist Traditions ?
The Ecoles d'Arts et Métiers are a special case in the System of the Grandes Ecoles in France. They
were created as early as 1780, as schools for skilled workers, but have gradually turned into schools for
ingenieurs (highly qualified executive engineers) and their social recruitment has changed. In the 19th
century, the students were drawn from very modest, often even working-classbackgrounds. They
expressed their identity in «traditions» which were initially created as a kind of counter-culture, a form of
popular cultural reaction to the dominant high culture of bourgeois management. So how is one to
explain the survival of these traditions ? Should they be seen as the present-day students' last attempt
at cultural resistance before being assimilated into the bourgeois world of senior management, or are
they the manifestation of an «esprit de corps», an ideological weapon used by an occupational group
which, by taking over a once popular tradition and giving it a new meaning, endeavours to defend its
position within the French industrial elites ?
Résumé
Traditions populaires ou traditions élitistes ?
Les Ecoles d'Arts et métiers constituent un cas à part dans le système des Grandes Ecoles en France.
Anciennes écoles d'ouvriers qualifiés dont la fondation remonte à 1780, elles se sont transformées
progressivement en écoles d'ingénieurs et ont vu leur recrutement social évoluer. Au siècle dernier,
l'origine sociale des élèves était très modeste, souvent même «populaire». Ces élèves se
reconnaissaient dans des «traditions» qui, au départ, s'étaient constituées comme une sorte de contre-
culture, forme de réaction culturelle populaire à la domination culturelle savante de l'encadrement
bourgeois. Comment comprendre alors la survivance des traditions ? S'agit-il d'une dernière tentative
de résistance culturelle des élèves avant l'assimilation dans l'univers bourgeois des cadres supérieurs,
ou plutôt de la manifestation d'un «esprit de corps», arme idéologique utilisée par un groupe
professionnel qui, en détournant le sens d'une tradition autrefois populaire, tente de défendre sa place
au sein des élites industrielles françaises ?:
:
:
DENYS CUCHE
(1900), Cluny (1901) et Bordeaux
(1963), plus le centre de Paris (1912)
devenu centre national (1947).
L'ENSAM représente numériquement la TRADITIONS
plus importante école d'ingénieurs de
France avec plus de 700 diplômés par an.
L'Association des anciens élèves, avec
environ 25 000 adhérents, constitue un POPULAIRES groupe de pression extrêmement actif
dans les milieux industriels français.
A l'origine, les Écoles d'Arts et
métiers sont créées pour former une OU «élite ouvrière» et des contremaîtres.
C'est Napoléon qui les crée en 1803
sur le modèle de l'école professionn
elle qu'avait fondée le duc de La
Rochefoucault en 1780. Pour Napoléon,
ces écoles devaient permettre à des
jeunes de condition modeste de devenir,
selon ses propres termes, les «sous-
officiers de l'armée industrielle». ET RITES DANS ELITISTES? RITES LES D'INITIATION DE ECOLES DISTINCTION D'ARTS ET METIERS* Effectivement, le recrutement
social des Écoles d'Arts et métiers était
au 19e siècle à dominante populaire : si
les ouvriers hésitèrent, au moins au
début, à y envoyer leurs fils, sans doute
par méfiance politique, par contre
nombreux furent les fils de soldats et de
petits employés du secteur public, ainsi
que de petits propriétaires : petits
*Cet article présente un ensemble
d'analyses et d'hypothèses sur l'évolution
de la signification sociologique des
traditions dans les Écoles d'Arts et Illustration non autorisée à la diffusion métiers issues d'une étude en cours sur
l'École d'Arts et métiers. Cette étude
s'appuie, pour la partie contemporaine,
sur un travail d'observation d'une durée
de six années (1977-1983) à l'École
d'Arts et métiers d'Angers et sur la
collecte d'une importante document
ation produite par l'École et par la
Société des anciens élèves, ainsi que sur
de nombreux entretiens avec des élèves,
des anciens élèves, des professeurs et des
membres du personnel non enseignant
de l'École. Toute enquête au sein de
l'École d'Arts et métiers est rendue très
Traditions Cour de l'École «Sal's d'Angers, à La Mecque» dans les (Salut années à 60. La Mecque). difficile par la règle, non formulée mais
très efficace, du secret. L'École se livre
peu volontiers à l'analyse extérieure
(comme du reste à intérieure).
Des enseignants qui avaient rendu Prétendre trouver la trace de traditions trialisation de la France (1). Elles publiques à travers la presse un certain populaires dans une école d'ingénieurs appartiennent au groupe des plus
nombre de pratiques liées aux traditions formant des cadres supérieurs de l'indust vieilles écoles françaises de technologie, ont été accusés par le journal de l'Union rie peut sembler une gageure. Certains, puisqu'elles ont fêté leur bicentenaire en des élèves de «cracher dans la soupe». d'ailleurs, pourraient s'interroger sur 1980. Aujourd'hui, elles sont réunies Cependant, il n'est pas impossible de l'intérêt d'une telle recherche. Pourtant, dans une structure unique, l'École trouver des informateurs mais tous les Écoles d'Arts et métiers méritent Nationale Supérieure d'Arts et Métiers exigent l'anonymat. Un élève soupçonné l'attention des chercheurs, historiens ou (ENSAM) qui comporte six centres de «trahir» l'École en divulguant des sociologues, à plus d'un titre. Car elles régionaux, à savoir par ordre d'ancien informations court le risque d'être mis constituent un cas à part, exceptionnel neté : Châlons-sur-Marne (1803), Angers en quarantaine parles «traditionalistes», même, dans le système des Grandes (1806), Aix-en-Provence (1843), Lille qui représentent la grande majorité des écoles en France ; anciennes écoles
élèves. Les enseignants, quant à eux, professionnelles d'ouvriers quajifjés, elles
se sont en effet transformées progressiv craignent pour leur carrière. Pour les 1-Cf. C. R. Day, The Making of
Mechanical Engineers in France The mêmes raisons, il est très difficile de ement en écoles d'ingénieurs.
prendre soi-même ou de se procurer des L'histoire de la mise en place des Écol

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