Transferts de plus-value et échange inégal - article ; n°70 ; vol.18, pg 231-270
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Description

Tiers-Monde - Année 1977 - Volume 18 - Numéro 70 - Pages 231-270
40 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Serge Latouche
Transferts de plus-value et échange inégal
In: Tiers-Monde. 1977, tome 18 n°70. pp. 231-270.
Citer ce document / Cite this document :
Latouche Serge. Transferts de plus-value et échange inégal. In: Tiers-Monde. 1977, tome 18 n°70. pp. 231-270.
doi : 10.3406/tiers.1977.2709
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1977_num_18_70_2709DE PLUS-VALUE TRANSFERTS
ET ÉCHANGE INÉGAL
par Serge Latouche*
En fait, Emmanuel semble vouloir suggérer qu'en
définitive l'échange inégal (et le transfert de valeur qui
l'accompagne) est le nœud central du sous-développement.
(Eugenio Somaini, Les disparités des
niveaux de salaires entre pays, Un débat
sur l'échange inégal, p. 14.)
Non sans une certaine prétention, Samir Amin a cru pouvoir mettre
fin, en 1973, au débat sur l'échange inégal (i). Ce débat est celui qui a été
ouvert par la publication, en 1969, de la première édition de l'ouvrage
d'Arghiri Emmanuel, U échange inégal. Sans doute faut-il même, dans une
certaine mesure, faire remonter les commencements de la controverse à la
parution de la brochure n° 2 du Centre d'Etudes de Planification social
iste reprenant l'exposé d'Emmanuel du 18 décembre 1962 au séminaire
de Charles Bettelheim à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes. Si les
remarques de qui accompagnent la publication de 1962 n'ou
vrirent pas, à proprement parler, un débat, celles de 1969 (2) qui marquent
une opposition radicale de point de vue entre Pauteur-disciple et le maître-
directeur de la coUection, ne constituent qu'un des éléments de ce débat.
Ramenées à leurs éléments les plus simples, les questions litigieuses
sont les suivantes : « U exploitation (ou son expression le taux de plus-value)
est-elle plus forte ou plus faible au centre qu'à la périphérie ? »
On connaît ou l'on devine les implications politiques de cette ques-
* Professeur à I'ibdes.
(1) Samir Amin, L'échange inégal et la loi de la valeur, La fin d'un débat, Anthropos, 1975.
(2) Charles Bettelheim, Présentation et remarques théoriques, Echange inégal, Maspero,
1969.
Bévue Tiers-Monde, t. XVIII, n° 70, avril-juin 7? 23I SERGE LATOUCHE
tion : les ouvriers du centre sont-ils plus ou moins exploités que les
ouvriers et les paysans de la périphérie ? Partant, sont-ils plus ou moins
révolutionnaires ? Le réformisme au centre et les tendances révolution
naires de la périphérie ne sont-Hs pas la conséquence du fait que les
ouvriers du centre seraient aussi des exploiteurs du prolétariat de la
périphérie ?
L'une des raisons du succès de la thèse d'Emmanuel tient certain
ement au fait qu'elle a fourni une infrastructure théorique au tiers-mondisme.
La controverse a porté tantôt sur les postulats d'Emmanuel (mobilité
du capital, immobilité du travail), tantôt sur le statut des catégories
marxistes dans son analyse (a-t-on le droit de parler d'exploitation ? etc.),
tantôt sur la construction des schémas, tantôt sur leur portée économique,
tantôt, enfin, sur les conséquences politiques de son analyse. Le nombre
de contributions de valeurs très inégales a été important. La deuxième
édition de l'ouvrage, en 1972, a marqué le moment le plus fort du débat.
Si 1973 a correspondu effectivement à la fin du débat, ce n'était pas parce
que celui-ci était arrivé à son terme logique et que la question ou les
questions en litige avaient été résolues définitivement.
Pour des raisons contingentes on s'est intéressé à autre chose et on
a pratiquement arrêté de se passionner pour cette question. Sans doute,
les événements internationaux et, en particulier, la hausse du prix du
pétrole, conforme d'ailleurs aux implications de politique économique de
développement tirées par Emmanuel de son analyse théorique, ont
contribué à faire passer au second plan le phénomène de la détérioration
des termes de l'échange et ont démodé les réflexions sur l'échange inégal
comme explications théoriques possibles et l'idéologie tiers-mondiste conséquence politique.
Le présent papier n'entend pas être un survey de cette question
démodée. Toutefois, les mécanismes analysés par la théorie de l'échange
inégal constituent un élément de l'analyse théorique de l'impérialisme.
De ce point de vue, la question de leur pertinence est toujours d'actualité.
Le point qui nous semble le plus problématique dans cette optique est
celui du statut des transferts de plus-value ou de valeurs de la périphérie
vers le centre qui sont impliqués par les schémas d'Emmanuel. Ces
transferts sont-ils possibles ? Sont-ils repérables ? Sont-Us importants ?
Quel impact réel ont-ils sur les pays développés bénéficiaires et sur les
pays sous-développés victimes ?
Il est clair que le regard que l'on porte sur la relation entre le centre
Z32 TRANSFERTS DE PLUS-VALUE ET ÉCHANGE INÉGAL
et la périphérie est global, et que les différents éléments du débat signalés
(statut des concepts, lecture de Marx, construction des schémas, consé
quences économiques et politiques) sont largement interdépendants. Il
serait illusoire de notre part de penser pouvoir en faire totalement abstrac
tion. Toutefois, nous limiterons au maximum les développements sur
tous ces points pour nous concentrer sur ce qui nous semble Penjeu le
plus important : le problème des transferts de plus-value. Cette façon
d'aborder la question de l'échange inégal nous semble éviter le caractère
un peu a priori de dogmatisme et d'empirisme des positions prises dans le
débat respectivement par Bettelheim et par Emmanuel. Il sera fait crédit
ici à Emmanuel des principales observations et des hypothèses fondament
ales sur lesquelles repose sa construction. C'est à travers l'analyse des
mécanismes que se posent pour nous les principales questions. Cette appro
che un peu particulière tient peut-être aussi au fait que les tendances
personnelles de l'auteur le pousseraient assez volontiers à admettre les
principales conclusions d'Emmanuel (soit l'idéologie tiers-mondiste). Il
en résulte que si l'analyse est critiquée, cette critiqua ne
vise pas des objectifs partisans et politiques comme cela a été trop souvent
le cas dans cette controverse.
Cette critique de l'échange inégal revêt un double aspect : un aspect
technique et un aspect théorique. Sur le plan technique, la question est de
cerner concrètement le transfert de plus-value, d'évaluer son volume,
de saisir son impact quantitatif pour le capitalisme du centre et pour la
périphérie.
Sur le plan théorique, la question est de voir la pertinence des méca
nismes impliqués et le sens que les modifications des grandeurs peuvent
revêtir pour les participants.
Cet examen démystificateur n'a pas vraiment eu Heu lors du débat
sur l'échange inégal. Cela tient, selon nous, à ce que les différents partici
pants fêtichisent véritablement les transferts de plus-value (indispensables
à la transformation des valeurs en prix de production) et conservent
pieusement l'arsenal du Capital de Marx pour une analyse de la réalité
contemporaine.
Il devient alors difficile de s'attaquer de façon convaincante à l'ana
lyse d'Emmanuel. Celle-ci étant construite par la mise en rapport Cl obser
vations réelles pertinentes et d'un mécanisme abstrait emprunté à Marx, si on
ne s'attaque pas au réalisme de ce mécanisme, il ne reste qu'à mettre en
doute les observations ou à s'enfermer dans un dogmatisme cassant.
233 SERGE LATOUCHE
Section i. — Le statut théorique des transferts de plus-value
L'examen critique de l'analyse de l'échange inégal suppose que l'on
précise d'abord le statut exact de cette analyse et que l'on définisse ce qui
constitue le transfert qui fait problème.
§ i. La problématique de l'échange inégal est-elle marxiste
ou néo-ricardienne ?
Il ne s'agit nullement ici d'épiloguer sur les mérites ou limites respect
ifs des deux types d'analyse. Il nous faut simplement cerner de laquelle
ressort ceUe d'

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