Trois Pascal dans la pensée de Diderot - article ; n°1 ; vol.7, pg 23-41
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Description

Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie - Année 1989 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 23-41
Hisayasu Nakagawa : The Three Pascals in Diderot's Thought.
Pascal is a frequent référence for Diderot ; an analysis of the role he plays in Diderot's thought reveals three different Pascals. Diderot's earliest reaction is, on the one hand, hostility to the Jansenist Pascal and, on the other, admiration for the scientist and the polemicist. Gradually, however, there appears more sympathy for Pascal as a thinker, which can be linked to Diderot's concern for posterity. The debate with Falconet is also a dialogue with Pascal in which faith in the judgement of posterity, based on a wager similar to Pascal's, replaces Christian faith.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Hisayasu Nakagawa
Trois Pascal dans la pensée de Diderot
In: Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, numéro 7, 1989. pp. 23-41.
Abstract
Hisayasu Nakagawa : The Three Pascals in Diderot's Thought.
Pascal is a frequent référence for Diderot ; an analysis of the role he plays in Diderot's thought reveals three different Pascals.
Diderot's earliest reaction is, on the one hand, hostility to the Jansenist Pascal and, on the other, admiration for the scientist and
the polemicist. Gradually, however, there appears more sympathy for Pascal as a thinker, which can be linked to Diderot's
concern for posterity. The debate with Falconet is also a dialogue with Pascal in which faith in the judgement of posterity, based
on a wager similar to Pascal's, replaces Christian faith.
Citer ce document / Cite this document :
Nakagawa Hisayasu. Trois Pascal dans la pensée de Diderot. In: Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, numéro 7,
1989. pp. 23-41.
doi : 10.3406/rde.1989.1031
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rde_0769-0886_1989_num_7_1_1031Hisayasu NAKAGAWA
Trois Pascal
dans la pensée de Diderot
tome Sénèque 1971) Dans XII contenant le des un philosophe, Œuvres article Jacques intitulé complètes Jean le fataliste « Grenier Diderot de Diderot et écrit son » qui maître de (Le tient façon Club et lieu imagée V Français Essai d'introduction sur ce du qui la Livre, vie suit au de :
Sa manière est originale. Quand une idée lui vient en tête, il la rumine
nuit et jour, en se promenant et en causant, chez lui et dehors, sans un
instant de relâche, et il jette les pensées qui lui viennent sur le papier,
sans ordre, comme faisait Pascal {seul lien de parenté qu'il ait avec lui)
[mes italiques] (p. xi).
Mais le problème des rapports entre Diderot et Pascal n'est pas
aussi simple que semble l'affirmer J. Grenier. On n'a qu'à se rappeler la
parole du neveu de Rameau prononcée devant le philosophe :
C'est qu'il n'y a rien là [dans les œuvres de Quinault, de La Motte et de
Fontenelle] qui puisse servir de modèle au chant. J'aimerais autant avoir
à musiquer les Maximes de La Rochefoucauld, ou les Pensées de Pascal
(Lew., X, 387).
Étant donné la très haute estime qu'a Diderot pour La Rochefouc
auld l , le titre du livre de Pascal figurant à côté des Maximes : deux
morceaux dignes d'être musiques en dit déjà beaucoup. Il existe de fait
une parenté de pensée entre Diderot et Pascal, voire un véritable dialo
gue entre eux. On rencontre donc le nom de Pascal d'un bout à l'autre
de l'œuvre de Diderot : aussi bien dans ses ouvrages personnels et dans
ses articles de Y Encyclopédie que ses notes de lecture et dans sa
correspondance. La problématique diderotienne vis-à-vis de Pascal peut
1. Citons un exemple : « et l'on me lira, je ne dis pas avec autant de plaisir, comme on lit
les Maximes de La Rochefoucauld, et un chapitre de La Bruyère». {Essai sur les règnes de
Claude et de Néron, DPV, XXV, 36).
Recherches sur Diderot et sur Y Encyclopédie , 7, octobre 1989 24 HISAYASU NAKAGAWA
se résumer à ceci : sans que ce soit jamais explicite, Diderot se sert de la
pensée de Pascal pour la réinterpréter et ainsi s'expliquer lui-même
avec sa propre conviction. Le débat de Diderot avec Pascal ne pouvait
être un débat de surface, car Diderot était lui-même si l'on peut dire
théologien.
Venant de Langres pour s'installer à Paris en automne 1728 (ou au
printemps 1729) Diderot obtient le titre de « maître ès-arts » de l'Uni
versité de Paris. Ensuite, comme Blake T. Hanna l'a montré d'une
manière irréfutable dans son article de 1978 «Diderot théologien», le
jeune Langrois a effectué ses études de théologie de 1732 à 1735, et s'est
vu décerner le 6 août 1735 une attestation officielle de l'Université de
Paris : le quinquennium2. Plus tard rédacteur en chef de ï Encyclopédie,
Diderot se charge lui-même de la rédaction des articles sur l'histoire de
la philosophie et de la religion après la dissolution, consécutive à
l'affaire de Prades, du petit groupe d'ecclésiastiques : Yvon, Pestré,
Prades et Mallet, responsables du domaine de la philosophie et de la
théologie. Diderot se mit alors lui-même à rédiger Bible, canon, cas de
CONSCIENCE, CASUISTE, CÉLIBAT, CHAOS, CHARITÉ, CHASTETÉ, CHRONI
QUE, CHRONOLOGIE SACRÉE, CROISADES, DAMNATION, JANSÉNISME. JÉSUS-
Christ, juifs, mosaïque, etc. tous des articles importants sur la Bible,
l'Église et le clergé catholiques ainsi que capuchon, girovague,
jésuite, etc., articles sur les ordres religieux3.
Toutefois le vrai débat de Diderot, polémiste bien compétent en
matière de théologie, avec Pascal ne commençant que plus tard, exami
nons tout d'abord la critique que le jeune philosophe adresse à l'écrivain
chrétien. Le nom de Pascal apparaît pour la première fois dans les Pen
sées philosophiques (1746) que Diderot rédigea à l'âge de trente-trois
ans. Le titre déjà fait allusion aux Pensées. C'est à partir de la pensée
XIV que Diderot dévoile son opinion à double face vis-à-vis de Pascal :
Pascal avait de la droiture ; mais il était peureux et crédule. Élégant écri
vain et raisonneur profond, il eût sans doute éclairé l'univers ; si la Provi
dence ne l'eût abandonné à des gens qui sacrifièrent ses talents à leurs
haines (DPV, II, 22).
Le ton est désormais donné ; Pascal va apparaître alternativement
selon la facette « élégant écrivain et raisonneur profond » ou bien « cr
édule» et «superstitieux».
2. Blake T. Hanna, «Diderot théologien», RHLF, janvier-février 1978, p. 24, p. 30.
3. John Lough et Jacques Proust, « Introduction », DPV, V, 11 et Le siècle des Lumières
et la Bible, sous la direction de Yvon Belaval et Dominique Bourel, Beauchesne, 1986,
pp. 800-803. PASCAL DANS LA PENSÉE DE DIDEROT 25 TROIS
Dans la pensée XIII, parlant du Dieu du «superstitieux», Diderot
écrit sans ambages :
Son Dieu n'est qu'un être d'imagination. Outre les difficultés de la
matière, il est exposé à toutes celles qui résultent de la fausseté de ses
notions. Un C[udworth], un Sfhaftesburyl auraient été mille fois plus
embarrassants pour un Vanini, que tous les Nicoles et les Pascals [jansé
nistes célèbres (Notes de Diderot)] du monde (DPV, II, 21-22).
D'après Diderot si, pour éluder une difficulté, on en présuppose
une autre, on est immanquablement amené à une situation de pure
absurdité. Encore une fois le jeune philosophe explicite cette même cr
itique dans la pensée XV : (« Je vous dis [. . .] que, parce que je ne conçois
pas comment le mouvement a pu engendrer cet univers qu'il a si bien la
vertu de conserver, il est ridicule de lever cette difficulté par l'existence
supposée d'un être que je ne conçois pas davantage») (DPV, II, 22).
La même critique de Diderot se rencontre dans une scène de la Lett
re sur les aveugles (1749) : scène où le philosophe-mathématicien
anglais Saunderson sur le point de mourir déclare devant le ministre de
Dieu Holmes :
Demandez à un Indien, pourquoi le monde reste suspendu dans les airs,
il vous répondra qu'il est porté sur le dos d'un éléphant ; et l'éléphant sur
quoi l'appuiera-t-il ? sur une tortue4 et la tortue qui la soutiendra? [...]
Cet Indien vous fait pitié ; et l'on pourait vous dire comme à lui :
M. Holmes mon ami, confessez d'abord votre ignorance, et faites-moi
grâce de l'éléphant et de la tortue (DPV, IV, 49).
L'absurdité du raisonnement du ministre de Dieu attaquée par
Saunderson est rendue d'une façon vivante et acerbe dans la pensée 7 de
Y Addition aux Pensées philosophiques : livre que Diderot a rédigé en
élaguant et en réécrivant le texte du manuscrit clandestin intitulé Object
ions diverses contre les écrits de différents théologiens et signé S.L.P.
Pascal, Nicole et autres ont dit : " Qu'un Dieu punisse de peines éternell
es la faute d'un père coupable sur tous ses enfants innocents, c'est une
proposition supérieure et non contraire à la raison ". Mais qu'est-ce donc
qu'une proposition contraire à la

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