Typologie des crises et changements de structures aux Pays-Bas (XVe-XVIe siècle) - article ; n°2 ; vol.18, pg 209-225
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1963 - Volume 18 - Numéro 2 - Pages 209-225
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Hermann Van Wee
Typologie des crises et changements de structures aux Pays-
Bas (XVe-XVIe siècle)
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 18e année, N. 2, 1963. pp. 209-225.
Citer ce document / Cite this document :
Wee Hermann Van. Typologie des crises et changements de structures aux Pays-Bas (XVe-XVIe siècle). In: Annales.
Économies, Sociétés, Civilisations. 18e année, N. 2, 1963. pp. 209-225.
doi : 10.3406/ahess.1963.420972
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1963_num_18_2_420972ÉTUDES
Typologie des crises
et changements de structures
* aux Pays-Bas (XVe-XVIe siècles)
Dans l'Europe occidentale l'étude des crises peut, pour la période
qui précède la Révolution Industrielle, être approfondie à l'aide de
matériaux statistiques. Ernest Labrousse a fait ед cette matière œuvre
de novateur dans le cadre large de la France du xvme siècle 2. Il a notam
ment mis en lumière l'existence de la crise dite de « type ancien » qui, à
la différence des crises de la fin du xixe ou du xxe siècle, est caractérisée
par une corrélation négative entre les plus fortes hausses des prix des
céréales et les dépressions qu'elles entraînent dans les autres secteurs.
Le but du présent article, en remontant jusqu'aux xve et xvie siècles,
est de fournir un exemple d'extension de cette sorte d'enquête. Nous
serons, par là même, amenés à une étude typologique assortie de nuances
particulières. En effet, dans cette région à part de l'Europe occidentale
qu'étaient les anciens Pays-Bas, on ne perdra pas de vue leur précocité
commerciale et industrielle. D'autre part, l'élaboration statistique des
données met au jour une division assez nette ед trois périodes : l'ère
bourguignonne 3, la phase de haute expansion anversoise 4, enfin les
années des Troubles 5. Les circonstances économiques et politiques qui,
1. Nous remercions vivement MM. les Professeurs F. Braudel, J. Meuvret et J. A.
Van Iloutte pour les remarques et critiques suggestives qu'ils ont bien voulu nous faire.
2. E. Labrousse, Esquisse du mouvement des prix et des revenus en France au
XJ'IIIe siècle, Paris, 1933 ; et La crise de Г économie française à la fin de V Ancien Régime
et au début de la Révolution, Paris, 1944.
Pour simplifier notre exposé, nous avons adopté la terminologie de E. Labrousse.
Mais nous tenons à avertir le lecteur que les crises du xve et xvie siècles se sont mont
rées plutôt comme des ups and downs fortuits et fréquents, mais discontinus, que
comme des cycles d'une régularité mathématique ou d'un déterminisme circulaire.
3. Nous avons examiné toutes les crises importantes de famine entre 1403 et 1486.
Nous n'avons pas tenu compte de la crise de 1489 parce qu'elle était entièrement
dominée par la panique monétaire du moment.
4. Toutes les crises entre 1495 et 1564.
5.les 1565 et 1599.
209
Annales (18s année, mars-avril 1963, n° 2) 1 ■
ANNALES
successivement, dominèrent ces phases, sont, en effet, fort différentes :
dans le cadre d'une unité fondamentale, des divergences certaines et
caractéristiques apparaissent donc nettement.
Quelques remarques statistiques préliminaires *. — Jusqu'à pré
sent les historiens des crises d'Ancien Régime ont étudié chacune d'elles
séparément, c'est-à-dire sous leur aspect spécifique, disons événementiel.
Afin d'obtenir des caractéristiques et conclusions plus générales — au
moins dans les limites que nous venons d'indiquer — , nous avons essayé
de réduire l'évolution quantitative des crises des Pays-Bas aux xve et
xvie siècles à une évolution type.
Des informations, tant qualitatives que quantitatives, ont fait
apparaître tout de suite qu'aux xve et xvie siècles, comme au cours des
deux siècles suivants, la famine est le moteur de la crise. Ceci nous a
servi de point de départ et du coup nous avons opté pour l'année-récolte
(du 1er août au 31 juillet) : elle sera l'unité chronologique de toutes nos
séries.
En outre, le point de vue des contemporains reste un critère impor
tant de l'élaboration statistique. C'est pourquoi nous avons maintenu,
lors de nos calculs, les prix et salaires à leur valeur monétaire nominale,
c'est-à-dire qu'ils n'ont pas été convertis en équivalents or ou argent 2.
Pour la même raison, l'évolution cyclique a été calculée en pourcentages,
les chiffres annuels étant rapportés aux médianes de la même série durant
les cinq années précédentes 3. Ce procédé donne une image de la réalité
brutale et violente des crises, telle que le contemporain lui-même pou
vait la ressentir.
La famine étant considérée comme l'élément déterminant de la crise,
il n'était pas difficile de retrouver, du point de vue chronologique, l'an
née névralgique et le cadre complet de chaque crise. Pour toutes les
séries de prix et de salaires, on a adopté, comme cadre chronologique
de la crise, l'année de hausse céréalière maxima et son entourage. Nous
avons pu ainsi calculer des moyennes arithmétiques non pondérées des
mouvements cycliques de chaque série de prix de divers produits ou
1. Pour une analyse plus approfondie nous renvoyons aux chapitres méthodolo
giques de notre étude The growth of the Antwerp market and the european Economy
(fourteenth — sixteenth centuries), qui paraîtra d'ici peu.
2. Voir également R. Baehrel, Une croissance : la Basse-Provence rurale (fin du
XVIe siècle — 1789), Paris, 1961, pp. 2-20.
3. Voir J. Meuvret, « Les crises de subsistances et la démographie de
la France d'Ancien Régime », Population, 1946, n° 4, pp. 643-699.
210 TYPOLOGIE DES CRISES
revenus durant une période déterminée x. Le choix des données statis
tiques restait naturellement assez limité. On a pu disposer de prix et
salaires relativement abondants. Ce sont toujours des prix pratiqués sur
les marchés de la zone urbaine du Brabant occidental (Anvers, Bruxelles,
Malines, Lierre). Les salaires se rapportent à la même zone. Nous dispo
sions aussi, quoique plus sporadiques, de quelques bonnes statistiques
commerciales, de données de production et de séries financières. Nous
nous sommes évidemment basés uniquement sur des séries suff
isamment continues et dignes de foi, capables de traduire le développe
ment représentatif des marchés.
II
L'ère bourguignonne : misère ou bien-être ? — La violence de
l'amplitude cyclique des prix des céréales, en opposition avec l'amplitude
cyclique des autres séries de prix, salaires et revenus, illustre nettement
le leading character des prix des céréales dans les crises brabançonnes.
D'où la nécessité d'examiner tout d'abord ce secteur. Première question :
les oscillations cycliques provoquent-elles, ou non, des déplacements
dans la demande de certaines espèces de céréales ? La comparaison
entre les graphiques du froment, du seigle, de l'orge et de l'avoine, nous
a fourni à cet égard quelques éclaircissements. Le seigle était sans con
teste le leading product durant tous les xve et xvie siècles, l'intensité
de sa variation cyclique étant la plus forte (graphique n° 1). Notons
qu'un renforcement de cette intensité, au fur et à mesure qu'on descend
d'une céréale plus riche à une plus pauvre, ne suit pas exactement l'ordre
noté par Ernest Labrousse pour la France du xvine siècle 2. D'autre
part, l'intensité cyclique très faible des prix de l'avoine fait supposer que,
durant les crises de famine, la demande de ce produit restait plutôt
stationnaire. Durant l'ère bourguignonne, l'intensité cyclique des prix
de l'orge était très élevée, comparée à celle des prix du froment. Donc,
le froment semble n'avoir fait partie de l'alimentation que dans un
milieu riche fort limité, qui, même aux moments de famine, n'abandonn
ait guère ou très peu ses habitudes de consommation de céréales supér
ieures. D'autre part, le recours à l'orge, à ces moments-là, par la masse
de consommateurs traditionnels de seigle semble avoir été très impor-
1. Voir

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