Un programme de recherches et d expériences en vue du relèvement de la production agricole et des niveaux de vie dans les régions tropicales - article ; n°3 ; vol.1, pg 373-385
14 pages
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Un programme de recherches et d'expériences en vue du relèvement de la production agricole et des niveaux de vie dans les régions tropicales - article ; n°3 ; vol.1, pg 373-385

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Description

Tiers-Monde - Année 1960 - Volume 1 - Numéro 3 - Pages 373-385
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Gourou
Un programme de recherches et d'expériences en vue du
relèvement de la production agricole et des niveaux de vie dans
les régions tropicales
In: Tiers-Monde. 1960, tome 1 n°3. pp. 373-385.
Citer ce document / Cite this document :
Gourou Pierre. Un programme de recherches et d'expériences en vue du relèvement de la production agricole et des niveaux
de vie dans les régions tropicales. In: Tiers-Monde. 1960, tome 1 n°3. pp. 373-385.
doi : 10.3406/tiers.1960.1215
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1960_num_1_3_1215DOCUMENTS
UN PROGRAMME DE RECHERCHES ET D'EXPÉRIENCES
EN VUE DU RELÈVEMENT DE LA PRODUCTION AGRICOLE
ET DES NIVEAUX DE VIE
DANS LES RÉGIONS TROPICALES
par Pierre Gourou
Professeur au Collège de France
En 1946, sur une initiative française, le Conseil économique et social invita le Secrétaire
général des Nations Unies à présenter un rapport sur Г action internationale en matière de recherche
scientifique, en particulier sur la possibilité de créer, sur des sujets particuliers, des laboratoires
des Nattons Unies.
Le rapport présenté par le Secrétariat rassemble un nombre considérable de sujets de recherches
certes très hétérogènes, mais, à des degrés divers, tous valables, et méritant considération. Parmi
les témoignages et documents apportés, il nous a semblé, étant donné Г importance du développement
des ressources alimentaires agricoles dans le temps présent, que l'exposé de M. Pierre GOUROU
(professeur au Collège de France) avait conservé toute son actualité : nous sommes heureux d'en
reproduire ici, avec l'accord de M. Pierre GO URO U, pour nos lecteurs, de très larges extraits,
qui nous paraissent devoir être utiles à la campagne qui se poursuit dans l'univers contre la Faim
du Monde.
N.D.L.R.
I. — GÉNÉRALITÉS SUR L'ÉCONOMIE DES PAYS CHAUDS ET PLUVIEUX
La « zone tropicale » dont il sera question dans cette note est l'ensemble
des régions chaudes et pluvieuses, qui ne couvrent pas, à la surface du globe,
une « zone » bien caractérisée, puisque la répartition en latitude des régions
chaudes et pluvieuses est fort inégale si on considère les rivages orientaux et
occidentaux des continents. Pour nous, les régions chaudes et pluvieuses sont
celles où la température moyenne du mois le plus froid ne descend pas
au-dessous de 1 8 à 200 C, et où les pluies annuelles sont suffisantes pour que
l'agriculture soit possible sans irrigation ; ce minimum correspond à 700-
800 mm de pluie par an. Bien entendu, ce minimum varie largement selon les
conditions locales, selon la chaleur, selon la durée de la saison des pluies.
373 PIERRE GOUROU
L'irrigation n'est pas inutile dans les pays chauds et pluvieux, particulièrement
dans ceux qui ne reçoivent que 700 mm environ de pluie, mais elle n'est pas
rigoureusement nécessaire ; des récoltes peuvent être obtenues en saison des
pluies, sans recours à des procédés d'irrigation.
En somme, la définition très lâche que nous adoptons enveloppe les
régions qui ont un régime thermique equatorial, ou un régime thermique
tropical, et qui sont en même temps doués soit d'un régime pluviométrique avec
saison sèche et saison pluvieuse (celle-ci étant assez riche en précipitations
pour permettre l'agriculture sans irrigation) ; cette dernière catégorie corre
spond aussi bien aux régimes pluviométriques « tropicaux » non désertiques,
qu'aux régimes pluviométriques de moussons dans les pays chauds.
Ces caractères climatiques ont de grandes conséquences pour les sols et
pour le milieu biologique. En pays chaud et pluvieux, les sols sont pauvres
parce qu'ils s'épuisent vite ; sous l'action de la chaleur et des pluies abondantes,
les éléments solubles sont rapidement emportés par les eaux d'infiltration;
par conséquent, la potasse, la chaux, la magnésie, les sels azotés, les phosphates,
ne subsistent pas longtemps dans les sols tropicaux. D'autre part, à la faveur
de la chaleur humide, les insectes et surtout les bactéries détruisent très
rapidement les matières organiques et l'humus. Privé d'humus, le sol devient
moins apte encore à retenir les éléments solubles nécessaires à sa fertilité.
D'autre part, les sols tropicaux ajoutent à leur fâcheuse propension à s'épuiser
chimiquement une tendance à prendre une structure hostile à l'exploitation
agricole; la latérite, absolument stérile, est en outre dure comme un roc et
rebute la charrue.
Le milieu biologique tropical fait, d'autre part, à l'homme, des conditions
médiocrement favorables. Grâce à la chaleur, à l'humidité, à l'abondance
des collections d'eau, une grande variété de maladies menacent l'homme ; elles
sont liées à des microorganismes ou à des insectes parasites, et sont contractées
par l'homme soit par contact direct avec le milieu ambiant, soit à la suite de
piqûres d'insectes.
Les effets de ces conditions pédologiques et biologiques pèsent lourdement
sur les activités de l'homme dans les régions chaudes et pluvieuses. Dans leur
ensemble, celles-ci sont peu peuplées et de civilisation arriérée. Sur 30 millions
de kilomètres carrés, dans les parties chaudes et pluvieuses de l'Amérique,
de l'Afrique, de l'Australie et de la Nouvelle-Guinée, la densité de la popula
tion est très faible, ne dépassant pas 3 ou 4 habitants par kilomètre carré.
Les habitants sont affaiblis par les maladies tropicales ; ils pratiquent une
agriculture extensive, défrichant par le feu, et abandonnant leurs champs
après une ou deux récoltes. En de vastes régions, une exploitation plus
insistante ou de maladroites activités pastorales ont provoqué la ruine des
sols, gangrenés par la latérite ou emportés par l'érosion.
374 UN PROGRAMME DE RECHERCHES ET D'EXPÉRIENCES
Une tâche immense s'offre donc aux Nations Unies. Il s'agit :
1. De renforcer considérablement la valeur économique des régions
chaudes et pluvieuses, en les amenant à déverser sur le reste du monde une
masse plus abondante de produits et à accroître, de ce fait, leurs importations;
2. De relever le niveau de vie des populations des régions chaudes et
pluvieuses, aussi bien en améliorant leur état sanitaire qu'en renforçant leur
activité économique.
Je voudrais ci-dessous présenter un certain nombre de suggestions en vue
de la solution de ces problèmes, et dire quelles recherches me paraissent utiles
pour obtenir les améliorations économiques et sociales que les Nations Unies
mettent au premier rang de leur programme.
II. — L'Asie chaude et pluvieuse
Mais, avant d'entrer dans le vif du sujet, je voudrais faire une série
d'observations qui apportent quelques clartés utiles. A la différence des autres
régions chaudes et pluvieuses, l'Asie tropicale (Inde, Indochine, Insulinde)
porte, sur ses 8 millions de kilomètres carrés, une population nombreuse.
Les densités de la plaine indogangétique, du delta du Bengale, des plaines de
l'Orissa et du Coromandel, des plaines du Cochin et du Travancore, du delta
du Tonkin, de Java et Madoura, sont très élevées, dépassant souvent 5 00 habi
tants au kilomètre carré et atteignant 1 000 et même 1 500 dans certains
cantons. Les maxima mondiaux de la densité de la population rurale sont
atteints dans les régions de Munshigani (environs de Dacca, Bengale), de
Cochin et du Travancore, de Cheribon (Java) où le canton d'Adiwerno
dépasse 1 500 habitants au kilomètre carré, de Tra-lu (Tonkin), qui n'est pas
inférieur au précédent.
Ces territoires sont pourtant de climat chaud et pluvieux. Comment
s'expliquer que leur géographie humaine soit si différente de celle des pays
tropicaux dans leur ensemble ? Nous ne recherchons pas ici les causes profondes
de cette situation, et nous nous contenterons des causes immédiates. Un rapide
examen de ces contrées de l'Asie chaude et pluvieuse, conduit aux constatations
suivantes :
1. Elles présentent de vastes territoires peu peuplés, dont la population
vit dans des conditions semblables à celles que nous avons observées dans les
régions tropicales caractéristiques : insalubrité, cultures itinéran

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