Un rituel de fin d année chez les Nzema de Grand-Bassam - article ; n°38 ; vol.10, pg 189-202
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Un rituel de fin d'année chez les Nzema de Grand-Bassam - article ; n°38 ; vol.10, pg 189-202

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Description

Cahiers d'études africaines - Année 1970 - Volume 10 - Numéro 38 - Pages 189-202
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 75
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Madame Denise Paulme
Un rituel de fin d'année chez les Nzema de Grand-Bassam
In: Cahiers d'études africaines. Vol. 10 N°38. 1970. pp. 189-202.
Citer ce document / Cite this document :
Paulme Denise. Un rituel de fin d'année chez les Nzema de Grand-Bassam. In: Cahiers d'études africaines. Vol. 10 N°38. 1970.
pp. 189-202.
doi : 10.3406/cea.1970.2836
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1970_num_10_38_2836ETUDES ET ESSAIS
DENISE PAULME
Un rituel de fin année
che les Nzema de Grand-Bassam
Les Nzema occupent les rivages de la Côte Ivoire et du Ghana
depuis Assini la rivière Ankobra Ils sont une branche du
rameau akan Le nom Apolloniens sous lequel ils sont aussi connus
vient des Portugais qui baptisèrent Apollonie la terre sur laquelle ils
débarquèrent le our de la fête de Sainte-Apolline février)
ensemble des Nzema se divise en deux moitiés Ouest et Est dont
les capitales Atuabo et Beyin voisinent Vers 1860 après la capture
par les Anglais du fameux Kakou Aka une migration partie de Beyin
conduit un certain nombre de Nzema sous le commandement un
chef nommé Adou occuper la rive nord de la lagune Tendo alors
inhabitée leurs descendants les Aduvule peuplent actuel canton
apollonien de la sous-préfecture Adiaké qui groupe vingt-sept
villages et environ ooo habitants Un quartier entier de Grand-
Bassam la Petite France est encore occupé par des Nzema qui ont
gardé des liens étroits avec leurs parents demeurés au Ghana ainsi
beaucoup envoient leurs enfants faire leurs études en Angleterre
pour revenir ensuite Abidjan ou dans un centre ivoirien On rencontre
des Nzema Grand-Lahou Enfin les Essouma Assini parlent
le nzema et sont une branche du même tronc émigrée plus ancien
nement
Jadis pêcheurs les Nzema sont hui planteurs commer
ants fonctionnaires banquiers ajoute-t-on parfois est-à-dire
prêteurs argent titre privé et des taux ils fixent leur conve
nance Leur niveau instruction est élevé et leur adaptation éco
nomie moderne remonte plus une génération
Une mission du CNRS 1967-1968 permis de recueillir des rensei
gnements sur les Nzema Grand-Bassam au cours de ce séjour ai avec
Claude-Hélène Perrot bénéficié durant une semaine Tiapoum de hospita
lité généreuse de Nana Kroutchi II chef du canton apollonien il trouve ici
expression de ma reconnaissance DENISE PA LME äî
bisa est le nom une fête que les Nzema célèbrent chaque année
en octobre ou novembre Grand-Bassam durant la première quinzaine en milieu traditionnel plus tard semble-t-il dans le courant
de novembre La cérémonie marquait jadis la de année sa date
aurait autrefois coïncidé avec la maturité des graines de palme la
chute du premier fruit donnant le signal ouverture de la fête
Selon des informateurs de Grand-Bassam le mot abisa viendrait
à-embisa demander on demande santé et prospérité pour tous durant
année venir Au village de Tiapoum des vieillards faisant allusion
au mythe origine rapprochent abisa de busa épier Les uns et les
autres soulignent que la fête bien ayant lieu la même époque est
autre chose répond un autre but que la fête des ignames de leurs
voisins Agni avec qui les Nzema entendent garder leurs distances2
La cérémonie dure toute une semaine Sa date exacte est fixée au
cours une réunion des anciens hommes et femmes il faut entendre
avec les villages voisins dont intervention est prévue et fixée pour
un jour précis et prévoir un autre jour où on rendra la politesse
Grand-Bassam échange se faisait ces dernières années avec
les pêcheurs Azureti mais ceux-ci ont depuis peu renoncé célébrer
le rite
La fête débute toujours un dimanche elle est précédée une
semaine austérité Le dimanche précédent vers 17 heures une pro
cession porte hors du village en une clairière dite siedu les tambours
abisa qui sont des tambours membrane La suite du récit laisse
entendre que le plus grand edumbele été couvert une nouvelle
peau durant les jours qui précèdent le transport ancienne ayant été
enlevée année précédente la fin du rituel Il est vraisemblable
une première invocation peut-être accompagnée une offrande
aura marqué le geste Hors la période abisa les tambours sont
conservés chez le chef du clan Nvavile qui est pas le clan royal Ce
notable mène le cortège et officiera tout au long de la semaine puisque
est un homme de son clan que les Nzema sont redevables du rituel
Les autres tambours abisa de même forme mais plus petits que le
premier appellent lezine Dans la clairière le vieillard procède des
libations de gin il offre successivement au Ciel la Terre aux morts
Poursuivi en forêt un homme du clan Nvavile ou peut-être le clan tout
entier aurait entendu soutenus par un tambour des chants qui rapportaient
ses malheurs et ajoutaient ayez pas peur il ne vous arrivera rien Les
chanteurs demeurèrent invisibles Après une semaine les ennemis avaient
disparu et homme put sortir de la forêt Lorsque aventure fut connue tous
les Nzema furent accord on répéterait la danse chaque année pour chasser
le malheur Tout au long de la semaine abisa les Nvavile répètent les paroles
entendues en forêt ayez pas peur il ne vous arrivera rien
Les rapports entre Nzema et Agni ont toujours été orageux Le Père
MOUEZY en donne un aper dans son étude consacrée Assinie et le royaume
de Krinjabo Paris 1942 RITUEL DE FIN ANN CHEZ LES NZEMA ICI
Durant toute la semaine qui suit le village demeure anormalement
silencieux aucun éclat de voix ne serait toléré pas de musique ni de
danses nocturnes pas de rites funéraires une mort survienne on
enterrera le cadavre en silence Chaque soir les hommes se rendent
la clairière pour répéter les rythmes particuliers et les chants
abisa on entendra durant toute la fête et où se perpétue la légende
de chacun des sept clans matrilinéaires abusua entre lesquels se
répartissent tous les Nzema est nous qui avons découvert igname
chanteront les Azanwule on nous doit le riz rappellent les Ezohile
et nous le maïs ajoutent les Nvavile accès de la clairière demeure
interdit aux femmes
La fête véritable commence le dimanche suivant vers 16 heures un
cortège groupant toute la population va chercher les tambours qui
sont rapportés au village pour être dressés sur la place centrale
Hommes et femmes tous sont en haillons le visage et le buste bar
bouillés de terre certains couronnés de feuilles beaucoup hommes
déguisés en femmes tandis que bon nombre de femmes ont revêtu des
habits masculins orchestre outre les tambours abisa est composé
de cloches de sifflets de bambous entrechoqués Les danseurs est-à-
dire tous les hommes que âge pas trop alourdis ou que ne retient
pas le souci de leur dignité portent aux jambes des sonnailles asolo
Les réjouissances se prolongent jusque vers 21 heures Tout au long
de cette journée comme de celle du lendemain hommes et femmes
insultent librement sinon gratuitement chacun rappelle ses décep
tions donne libre cours aux ressentiments il contenus tout au long
de année il faut vider son ur Nul ne doit offenser des
reproches dont il est alors objet ce serait exposer mourir dans
année abisa ne te trouverait plus On peut aussi ajoute infor
mateur scrupuleux louer les bonnes actions mais la clause paraît
de style1
Le mardi est une journée importante où le chef amené solennel
lement la place en hamac ou sur les épaules de quelques solides
jeunes gens est installé sur une estrade entouré de ses notables Il
Selon Claude-Hélène Perrot qui bien voulu compléter notre enquête
et assisté la fête abisa Grand-Bassam en novembre 1968 les insultes
abisa ne adressent pas nommément un individu mais atteignent par
intermédiaire de son abusua on attaque en rappelant tous les méfaits
qui ont pu être dans un passé proche ou lointain commis par tel ou tel de ses
membres Ces insultes peuvent donc avoir un contenu important pour histo
rien Kakou Aka roi nzema cruel et redouté était lui-même lors abisa
insulté travers sa famille maternelle et devait supporter sans sourciller les
plus lourdes injures La rupture un puissant interdit social au moment de
cette fête se marque par le fait enfant peut insulter son propre père
toujours en en prenant abusua de celui-ci Or insulter son père est exposer
sa malédiction et la malédiction paternelle est la plus dangereuse un
enfant que s

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