Un sanctuaire et son saint au XIXe siècle. Jean-Marie-Baptiste Vianney, curé d Ars - article ; n°2 ; vol.35, pg 353-379
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Un sanctuaire et son saint au XIXe siècle. Jean-Marie-Baptiste Vianney, curé d'Ars - article ; n°2 ; vol.35, pg 353-379

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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1980 - Volume 35 - Numéro 2 - Pages 353-379
A sanctuary and its saint in the XIXth century, Jean-Marie Baptiste Vianney, priest of Ars.
For 41 years, Jean-Marie Baptiste Vianney (1786-1859) was priest in a rural parish in the Dombes. The conversion of the village, which he embarked on in 1818, created a haven of Christianity immune from the contaminations of the age. This conversion rested upon the veneration inspired by the exceptional personality of the holy priest, and upon a pastoral strategy based on the family, the support of the municipality, the sense of locality, and respect for the autonomy and homogeneity of peasant society. It bred a unanimous, fervent, piety, free from the contamination of folklore. But to what extent could this sanctuary or refuge, untouched by its age, act as model for the latter ?
The pilgrimage to Ars, which grew up after 1830, and which had become the most important in France by the time of the saint's death, offers the same ambiguous message. What these catholic crowds flocked to see was a man canonised in his own lifetime ; they thus gradually contributed to the hagiography of a holy priest, a missionary, a confessor, prophet and thaumaturge. The fervour of the crowds that came to Ars obviously reflects the vitality of religion in XIXth century France, but it also reflects the convergence of believers upon a sanctuary of exceptional note.
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Philippe Boutry
Un sanctuaire et son saint au XIXe siècle. Jean-Marie-Baptiste
Vianney, curé d'Ars
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 35e année, N. 2, 1980. pp. 353-379.
Abstract
A sanctuary and its saint in the XIXth century, Jean-Marie Baptiste Vianney, priest of Ars.
For 41 years, Jean-Marie Baptiste Vianney (1786-1859) was priest in a rural parish in the Dombes. The conversion of the village,
which he embarked on in 1818, created a haven of Christianity immune from the contaminations of the "age". This conversion
rested upon the veneration inspired by the exceptional personality of the "holy priest", and upon a pastoral strategy based on the
family, the support of the municipality, the sense of locality, and respect for the autonomy and homogeneity of peasant society. It
bred a unanimous, fervent, piety, free from the contamination of folklore. But to what extent could this sanctuary or refuge,
untouched by its age, act as model for the latter ?
The pilgrimage to Ars, which grew up after 1830, and which had become the most important in France by the time of the saint's
death, offers the same ambiguous message. What these catholic crowds flocked to see was a man canonised in his own lifetime
; they thus gradually contributed to the hagiography of a holy priest, a missionary, a confessor, prophet and thaumaturge. The
fervour of the crowds that came to Ars obviously reflects the vitality of religion in XIXth century France, but it also reflects the
convergence of believers upon a sanctuary of exceptional note.
Citer ce document / Cite this document :
Boutry Philippe. Un sanctuaire et son saint au XIXe siècle. Jean-Marie-Baptiste Vianney, curé d'Ars. In: Annales. Économies,
Sociétés, Civilisations. 35e année, N. 2, 1980. pp. 353-379.
doi : 10.3406/ahess.1980.282636
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1980_num_35_2_282636EN COURS RECHERCHES
UN SANCTUAIRE ET SON SAINT AU XIXe SI CLE
JEAN-MARIE-BAPTISTE VIANNEY CUR ARS
La reconstitution des cadres de la vie religieuse opère au xixe siècle la suite
de la rupture révolutionnaire si consciemment ressentie par glise) dans la
perspective explicite une restructuration autour de la paroisse de église du
curé enfin personnage clef immense majorité des actes de la vie spirituelle
exprime désormais intérieur des cadres de glise ou du moins en référence
elle Ainsi de la confession ce sacrement que les curés mettent au ur de la vie
chrétienne et qui touche si étroitement aux actes et aux pensées des fidèles
leurs secrets désirs et leurs intimes répugnances Jamais plus alors du moins
dans les campagnes piété populaire et culte catholique ont été aussi
confondus Sans doute faut-il chercher dans ce cléricalisme de la vie spirituelle
la cause du relatif désintérêt que suscite histoire religieuse de ce siècle la visée
institutionnelle celle de évêque et du curé du fondateur ordre et de
animateur oeuvres tient une place majeure la vie religieuse apparaît
souvent étroitement conforme la pastorale poursuivie en ce siècle enfin où les
statues des saints guérisseurs disparaissent des chapelles rurales pour venir orner
les bas-côtés des églises néo-gothiques où les pratiques cultuelles anciennes
évanouissent christianisées par des curés soucieux de préserver quitte en
travestir le sens la foi des campagnes chrétiennes ou folklorisées par les
romantiques amateurs de pittoresque rural et les premiers regionalistes la
religion populaire offre guère matière aux imaginations Aussi intérêt se
porte-t-il vers ces curés ruraux qui attribuent la part majeure des initiatives
curés si proches de leurs ouailles socialement et mentalement même si cette
proximité ne saurait gommer les incompréhensions les réticences et les conflits
la marge des folkloristes et des anticléricaux
Jean-Marie-Baptiste Vianney curé Ars 1786-1859) est ce titre un
personnage exemplaire Curé pendant 41 ans une paroisse de la Dombes il la
sanctifie dans la perspective une conversion collective et totalisante qui est celle
du clergé conquérant de la Restauration Curé Vianney est encore un saint et
le sanctuaire il créé tôt fait de devenir lieu de pèlerinage le premier de
France en importance au ur du xixe siècle travers une documentation une
exceptionnelle richesse échelle une paroisse rurale et de son desservant les
353 RECHERCHES EN COURS
cinq volumes du procès de canonisation ou abondant et précieux courrier du
saint2 est la double constitution entre 1818 et 1859 un espace sanctifié et
une sainteté reconnue du vivant du saint que histoire Ars présente aux
interrogations et aux analyses contemporaines
La conversion au village
il arrive Ars le pèlerin se flatte de découvrir en un monde troublé et
hostile un ilôt de chrétienté Loin du siècle de ses révolutions et de ses
locomotives Ars ce petit coin de terre béni cet Eldorado chrétien
renoue avec une chrétienté perdue celle de la pratique unanime des fidèles celle
des pèlerinages et des saints Cette terre de Dieu ce village sanctifié par son curé
semble inscrire dans atemporalité Le spectacle Ars offre au pèlerin résulte
cependant une conversion collective opérée dans les années 1818-1830 par un
pasteur exceptionnel historicité de cette transformation qui échappe au regard
du visiteur mérite attention ne fut-elle pas espoir ou le rêve de tous les curés
de la Restauration
Rien ne prédispose la paroisse Ars pareille aventure trente-cinq
kilomètres au nord de Lyon dix kilomètres est de Villefranche-sur-Saône le
village appartient ancienne principauté des Dombes dont été formé
arrondissement de Trévoux non pas la Dombes étangs proprement dite
mais au revers occidental du plateau dombiste qui domine une centaine de
mètres la riche vallée de la Saône toute proche La vie est orientée vers le fleuve
plutôt que vers intérieur et la création du département de Ain en 1790 la
restauration du diocèse de Belley en 1823 ont pas au début du xixe siècle
modifié sensiblement orientation traditionnelle de la vie économique et sociale
vers la métropole lyonnaise
Le village compte environ 200 habitants la Révolution le préfet Bossi lui en
prête 230 en 1806 Le recensement de 1836 effectué 18 ans après arrivée du
saint constitue le document le plus précoce qui permette avant invasion des
dévotes et des marchands objets de piété examiner la physionomie de la
paroisse originelle5 Ars compte alors 337 habitants belle envolée démogra
phique depuis le début du siècle 45 en trente ans soit un accroissement
décennal de 15 96 Un accroissement naturel fort dynamique en rend largement
compte 60 des familles formées Ars avant 1830 ont eu huit enfants et plus
et les moins de vingt ans constituent en 1836 48 des paroissiens de
Vianney6
Cette flambée démographique conforme accroissement général de la
population rurale de la France cette époque est accompagnée Ars un
apport extérieur non négligeable En 1789 le terroir villageois est marqué par la
prédominance de la propriété ecclésiastique 290 hectares aux chanoines-comtes
de Lyon du chapitre de Saint-Jean hectares au luminaire de église
130 hectares appartiennent encore au comte Ars restent 75 hectares aux
propriétaires paysans La vente des terres de Messieurs de Saint-Jean comme
biens nationaux provoque Ars une véritable révolution de la propriété La
châtelaine acquiert sans remords les biens de la cure mais accapare pas les
terres nouvellement libérées car elle vient arrondir son domaine une
354 LE CUR ARS BOUTRY
importante terre paysanne Les plus riches paysans Ars acquièrent de même un
certain nombre de parcelles Mais essentiel du domaine des chanoines va des
étrangers paysans des villages avoisinants qui constituent une population
nouvelle de fortune médiocre un trois hectares intégrée difficilement la
population ancienne qui confisque pour elle les institutions municipales
En 1836 la population Ars est 85 paysanne Pour le reste quelques
artisans ruraux mais pas de cabaretiers tous conduits la ruine ils étaient quatre
en 1818 en croire Jean Pertinand le curé instituteur et les directrices de la
Providence quelques rentières les châtelains enfin Prosper et Laure-Justine des
rets Ars ainsi que leur prolifique famille immense majorité de la
population active vit ainsi du travail de la terre Le recensement distingue trois
groupes paysans inégale importance les cultivateurs les domestiques les
journaliers Si on esti

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