Une richesse démographique en friche : les registres paroissiaux - article ; n°2 ; vol.8, pg 281-290
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Population - Année 1953 - Volume 8 - Numéro 2 - Pages 281-290
Les registres paroissiaux constituent un document de premier ordre pour l'étude de la démographie du passé. Ils restent peu exploités, ou le sont sans bénéfice pour l'histoire et la démographie. Leur exploitation pour être fructueuse exige une collaboration des historiens et des démographes. L'auteur montre, à propos de deux articles récents, l'intérêt qu'elle aurait. Evoquant quelques problèmes de la démographie du passé, il indique dans quel sens pourrait être cherchée la solution.
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1953
Nombre de lectures 10
Langue Français

Extrait

Louis Henry
Une richesse démographique en friche : les registres
paroissiaux
In: Population, 8e année, n°2, 1953 pp. 281-290.
Résumé
Les registres paroissiaux constituent un document de premier ordre pour l'étude de la démographie du passé. Ils restent peu
exploités, ou le sont sans bénéfice pour l'histoire et la démographie. Leur exploitation pour être fructueuse exige une
collaboration des historiens et des démographes. L'auteur montre, à propos de deux articles récents, l'intérêt qu'elle aurait.
Evoquant quelques problèmes de la démographie du passé, il indique dans quel sens pourrait être cherchée la solution.
Citer ce document / Cite this document :
Henry Louis. Une richesse démographique en friche : les registres paroissiaux. In: Population, 8e année, n°2, 1953 pp. 281-
290.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1953_num_8_2_2985UNE RICHESSE
DÉMOGRAPHIQUE EN FRICHE :
LES REGISTRES PAROISSIAUX
Les registres paroissiaux constituent un document de pre
mier ordre pour l'étude de la démographie du passé. Ils res
tent peu exploités, ou le sont sans bénéfice pour l'histoire et
la démographie.
Leur exploitation pour être fructueuse exige une collabo
ration des historiens et des démographes. L'auteur montre,
à propos de deux articles récents, l'intérêt qu'elle aurait.
Evoquant quelques problèmes de la démographie du passé,
il indique dans quel sens pourrait être cherchée la solution.
algré de nombreux travaux, l'histoire de la population fran
çaise reste à écrire. Depuis l'ouvrage de Levasseur. paru
de 1889 à 1892, nous n'avons enrichi notre patrimoine que
de données fragmentaires. Et pour monumental qu'il soit, cet
ouvrage présentait, pour son temps, de nombreuses lacunes.
L'ère statistique. Il faut évidemment distinguer l'ère préstatistique
qui, jusqu'ici, s'étendait à peu près jusqu'au
Premier Empire, et l'ère statistique, pendant laquelle sont connues
au moins les données essentielles : natalité, mortalité, etc..
Les travaux de M. Bourgeois-Pichat ont permis de reporter la
ligne de démarcation un peu en arrière (1). Désormais, nous con
naissons les principaux mouvements à partir de 1770. C'est, du
reste, à cette époque que se placent les premiers ouvrages de sta
tistique démographique : le Dictionnaire d'ExpiLLY (1762-1770), les
« Recherches > (1766) de Messance et les fameuses « Recherches et
considérations sur la population de la France » de Moheau (1778).
(1) Population n° 4, oct.-déc. 1951. Evolution générale de la population française
depuis le xvm* siècle. Des tableaux complémentaires ont paru dans le numéro 2, avril-
juin 1952 282 UNE RICHESSE DEMOGRAPHIQUE EN FRICHE :
Messance et Expilly avaient, par leurs recherches positives,
découvert que, contrairement à une opinion fort accréditée, la popul
ation française était en voie d'accroissement. Nous pensons aujour
d'hui que le dépeuplement dû à la révocation de l'Edit de Nantes,
aux misères de la fin du règne de Louis XIV et aux famines de
1693-1694 et 1709-1710, avait persisté dans les esprits beaucoup
plus longtemps que dans les faits. On peut même se laisser aller
à imaginer ce que serait devenu le cours des événements si à la
place de cette frayeur panique du vide avait régné une connaissance
plus juste des faits et de la pression démographique d'alors. Peut-
être l'émigration au Canada et en Louisiane aurait-elle reçu plus
d'encouragements.
Néanmoins, sur cette reprise même du xviii* siècle, nous sommes
mal renseignés; ni le recensement des intendants au début du siècle,
ni celui d'ORRY découvert récemment par le P. de Dainville (1)
ne nous renseignent exactement, même sur le total de la population.
Ce sont des données plus sûres qu'il nous faut.
Les registres paroissiaux. Par l'ordonnance de Villers-Cotterets( 1539)
François 1er prescrit l'enregistrement par
les curés des baptêmes, mariages et enterrements. Ces prescriptions
sont renouvelées sous Henri III, par l'ordonnance de Blois (1579).
Dans les deux cas, il n'était pas question de faire ce que nous
appelons aujourd'hui des statistiques. C'est un contrôle individuel
qui était en vue, inspiré par des considérations morales et rel
igieuses. Tel est le cas de l'ordonnance d'HENRi II (1556) prescrivant
aux femmes enceintes non mariées de déclarer leur grossesse.
Mais, bien souvent, nous voyons la statistique être le sous-
produit de quelque contrôle. C'est à la douane que nous devons la
statistique du commerce extérieur, aux règlements policiers d'im
matriculation, le nombre des ventes de voitures, aux permis de
construire une estimation de la construction, etc.. Tôt ou tard, les
registres paroissiaux devaient servir à mesurer la natalité, la mort
alité, etc..
Ce n'est cependant qu'au xvn* siècle que J. Graunt, dans un
volume publié en 1662, aborde l'étude statistique de la population
en se fondant sur les relevés de naissances et de décès à Londres.
En 1692, Halley publie une table de mortalité d'après les décès
enregistrés à Breslau dans les cinq années précédentes. Plus tard
encore se situent, en Europe, les premiers essais de dénombrement.
Au xviii* siècle, apparaît le besoin de compter, en dehors même
de préoccupations fiscales. La notion de taux de natalité et de mort
alité devient de plus en plus familière. Les registres sont mieux
tenus. De nombreux édits et ordonnances veillent en ce sens.
Et cependant, la très grande majorité des documents de base
(les registres paroissiaux) reste inutilisée, s'accumule et parfois se
détruit.
Pourtant de nombreux visiteurs manient ces archives poussié-
(1) Un dénombrement inédit au xvnr» siècle : l'enquête du contrôleur général Orbt,
1745. Population n° 1, janvier-mars 1952. LES REGISTRES PAROISSIAUX 285
mortalité (1649-1652) frappe une population surabondante rendue
vulnérable par une suite d'années paisibles > et que « règle d'ail
leurs quasi-absolue, une mortalité est d'autant plus forte que la
précédente est plus lointaine >.
Ces phrases suggèrent inévitablement que, si la disette est la
cause profonde de la mortalité, c'est l'épidémie qui en est la cause
immédiate. Ce qui explique qu'elle puisse commencer peu de temps
après la récolte, avant même, sans doute, que les réserves ne soient
épuisées (nous regrettons, à ce propos, que le mois de début de la
« mortalité » de 1693-1694 ne soit mentionné que pour Beau vais)
et qu'elle frappe relativement plus les adolescents et les enfants
ayant déjà quelques années que les tout petits alors que ces der
niers seraient les premières victimes d'une famine « pure ». Reste
alors à savoir pourquoi, après 1750, les chertés n'ont plus été
doublées d'épidémies.
M. Goubert reconnaît d'ailleurs dans son article la nécessité
de recherches moins localisées. Grâce à M. F. Braudel il poursuit
dans l'Eure et la Seine-et-Marne un travail analogue à celui qu'il
a effectué dans le Beauvaisis.
Les remarques précédentes font simplement état de difficultés où
la démographie pure n'a guère de part. Elles sont indépendantes des
critiques qui suivent et qui nous paraissent devoir illustrer ce que
nous disions au début de la collaboration indispensable des histo
riens et des démographes.
Pour situer la mortalité de l'époque, M. P. Goubert nous donne,
dans le début de son article, l'âge moyen des décédés, en 1657-1676, quelques paroisses. Il tourne autour de 20 ans. Mais il appar
aît au lecteur averti que l'auteur interprète ce chiffre comme une
espérance de vie à la naissance. Or, une telle assimilation n'est
valable que pour une population fermée stationnaire. Sans doute
la population du Beauvaisis n'augmente guère, si même elle ne
décline pas, dans cette période; mais soumise à des mortalités
catastrophiques supprimant en quelques mois l'excédent des nais
sances accumulé dans les ann

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