Vietnam : la crise économique et l intégration régionale sonnent-elles la fin de l économie socialiste de marché ? - article ; n°162 ; vol.41, pg 453-471
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Vietnam : la crise économique et l'intégration régionale sonnent-elles la fin de l'économie socialiste de marché ? - article ; n°162 ; vol.41, pg 453-471

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Tiers-Monde - Année 2000 - Volume 41 - Numéro 162 - Pages 453-471
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pascal Bergeret
Vietnam : la crise économique et l'intégration régionale sonnent-
elles la fin de l'économie socialiste de marché ?
In: Tiers-Monde. 2000, tome 41 n°162. pp. 453-471.
Citer ce document / Cite this document :
Bergeret Pascal. Vietnam : la crise économique et l'intégration régionale sonnent-elles la fin de l'économie socialiste de marché
?. In: Tiers-Monde. 2000, tome 41 n°162. pp. 453-471.
doi : 10.3406/tiers.2000.1399
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_2000_num_41_162_1399LA CRISE ÉCONOMIQUE VIETNAM:
ET L'INTÉGRATION RÉGIONALE
SONNENT-ELLES LA FIN
DE L'ÉCONOMIE SOCIALISTE
DE MARCHÉ?
par Pascal Bergeret*
Au Vietnam, il semble que le modèle de développement fondé sur le
concept d'Économie socialiste de marché, modèle mis en place par le
Parti et l'État depuis les réformes de 1986, soit en voie d'altération.
L'effet conjugué de facteurs internes, ou externes, comme les émeutes
rurales de 1997, le ralentissement de la croissance, la crise asiatique et la
chute des investissements étrangers, ont conduit le pouvoir à remettre en
question ses priorités de développement. Il semble qu'à l'avenir,
l'agriculture, le monde rural et le marché intérieur constitueront pour
l'Etat des secteurs économiques de premier plan, alors que jusqu'alors,
l'industrialisation pour V export figurait en priorité incontestée de la poli
tique économique. En particulier, de nouvelles stratégies de développe
ment rural semblent se dessiner, parfois en contradiction apparente avec
les idéaux du régime. Mais une telle évolution révèle un comportement
surtout réactif de la part de l'État. Aucune stratégie de long terme ne
semble émerger, et cela au moment même où l'insatisfaction intérieure
croît et alors qu'une nouvelle vague de réformes apparaît nécessaire pour
répondre aux attentes de la majorité des Vietnamiens.
Alors que les pays asiatiques semblent se remettre des aspects les
plus aigus de la crise, on serait tenté de croire en un retour aux modes
de pensée et aux pratiques économiques de la période antérieure à la
♦ Agro-économiste Groupe de recherche et d'échange technologique. Cet article est l'adaptation
d'une communication faite en anglais à l'occasion du symposium euroviet iv, tenu à l'Université de Pas-
sau (Allemagne) en septembre 1999.
Revue Tiers Monde, t. XLI, n° 162, avril-juin 2000 454 Pascal Bergeret
crise. Une vitalité nouvelle vite réapparue au sein des marchés finan
ciers de la région a permis en 1999 de rattraper les pertes enregistrées
depuis l'été 1997. La plupart des pays d'Asie du Sud-Est affichent une
croissance positive, et parfois vigoureuse pour 1999, alors qu'en 1998
nombre d'entre eux étaient au bord de la faillite1.
Toutefois, dans l'ensemble de la région, les décideurs et les simples
citoyens tentent de tirer les leçons des trois dernières années qui laisse
ront une trace durable dans les esprits.
Des paradigmes sous-tendant les modèles de développement mis en
œuvre aux cours des deux dernières décennies, et qui ont abouti à ce
que la Banque mondiale a qualifié de miracle économique en Asie de
l'Est et du Sud-Est, sont maintenant revisités et remis en question. La
sphère politique s'en trouve aussi profondément affectée comme le
montrent les événements en Indonésie, en Thaïlande et en Corée du
Sud où les gouvernements en place sont tombés du fait de la crise. Ail
leurs, comme en Malaisie, aux Philippines, et, dans une moindre
mesure, au Vietnam, les manifestations de mécontentement se multi
plient, et semblent remettre en cause les fondements même des polit
iques de développement suivies par ces pays. Une nouvelle donne
semble un peu partout se mettre en place, avec des modalités diffé
rentes d'un pays à l'autre.
Au Vietnam, où les pires effets de la crise ont pu être évités en rai
son de la faible extraversion de l'économie2, le gouvernement semble
être sur le point de reconsidérer un certain nombre de priorités de déve
loppement et de modifier le modèle de développement en vigueur jus
qu'à présent, connu sous l'appellation d'Économie socialiste de marché.
Dans cet article, nous résumons les principales caractéristiques du
Modèle d'économie socialiste de marché (mesm) tel qu'il existe au
Vietnam et nous évoquons ses origines. Nous montrons ensuite com
ment ce modèle est à l'heure actuelle, reconsidéré par le gouvernement
et par le Parti communiste au pouvoir, et les importantes consé
quences pouvant en découler. Enfin nous identifions un ensemble de
facteurs - internes ou externes - pouvant expliquer ce retournement,
avant d'émettre quelques hypothèses pour l'avenir.
1. Si l'on prend pour exemples la Malaisie, la Thaïlande et les Philippines, la croissance de leur PIB
en 1998 fut respectivement de - 7,5 %, - 10 % et - 0,5 % ; les estimations de croissance pour 1999 donnent
les chiffres suivants : + 5,2 %, + 3,7 % et + 3,2 %. Seule l'Indonésie prévoit une négative
pour 1999 (-0,4%), ce qui en soi représente une amélioration notable par rapport aux performances
de 1998 (- 13,4 %). En Asie de l'Est, la Corée du Sud est sans doute le pays pour lequel le retournement
de conjoncture aura été le plus spectaculaire : d'une croissance de - 5,8 % en 1998, ce pays est passé à une
croissance estimée de +10,2% en 1999. Sources: The Review (Far Eastern Economie Review),
16 décembre 1999, et The Financial Times du 28 décembre 1999.
2. Sous-développement des marchés financiers, absence de bourse des valeurs, non convertibilité de
la monnaie, poids de l'agriculture dans l'emploi, etc. Vietnam 455
LES COMPOSANTES DU MODÈLE D'ÉCONOMIE SOCIALISTE
DE MARCHÉ
Avant d'aborder l'analyse des composantes du mesm, progressive
ment mis en place au cours des années 1980, il importe d'en évoquer
brièvement les origines qui remontent au modèle antérieur, le Modèle
d'économie planifiée.
Les origines : le Modèle d'économie planifiée
Au Vietnam, le mesm s'inscrit dans la ligne historique du Modèle
d'économie planifiée (мер) mis en place au Nord- Vietnam par le Parti
communiste après la révolution et la défaite française de Diên Bien
Phû, en 1954. Dans le cadre du мер, la planification réglait toutes les
composantes de l'économie en allouant les facteurs de production aux
différentes unités de production, en fixant les niveaux de production
pour chaque unité de en les prix relatifs et en déci
dant de l'utilisation des richesses (consommation, investissement,
épargne). L'économie nationale comprenait deux secteurs principaux,
le secteur d'État, et le secteur collectif. Le secteur collectif,
d'importance majeure en agriculture, était considéré comme un pré
lude nécessaire mais transitoire à la généralisation de la Grande Pro
duction socialiste, au sein de laquelle, le secteur d'État devait tout
englober. Les difficultés considérables, tant techniques qu'humaines,
rencontrées par l'État et le Parti communiste pour imposer le мер
ainsi que la résistance précoce des citoyens ordinaires à sa mise en
place sont maintenant mieux connues, grâce à des travaux de
recherche récents1. Mais la guerre contre les États-Unis et le régime
nationaliste du Sud- Vietnam eut pour effet de justifier les rigueurs
imposées par le мер et d'en favoriser l'acceptation par une population
totalement mobilisée dans l'effort de guerre.
Après la réunification du pays en 1975, des facteurs d'ordre princ
ipalement politiques poussèrent à l'accélération de la mise en place du
мер, notamment à la campagne, où les coopératives agricoles furent
fusionnées pour former des unités de production de grande taille, plus
conformes à l'idéal de la Grande Production socialiste. Le sud du pays
1. Voir par exemple : F. Yvon-Tran (1994), ou encore B. J. T. Kerkvliet (1999). 456 Pascal Bergeret
était censé suivre le même chemin. Mais la tentative d'imposer le мер
au sud du Vietnam, et notamment le mouvement de collectivisation
des campagnes furent un échec. Par ailleurs, les résult

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