Zimbabwe : réflexions sur le problème  rhodésien  - article ; n°77 ; vol.20, pg 79-118
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Zimbabwe : réflexions sur le problème rhodésien - article ; n°77 ; vol.20, pg 79-118

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Description

Tiers-Monde - Année 1979 - Volume 20 - Numéro 77 - Pages 79-118
40 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Centre d'Études africaines du
Mozambique
Zimbabwe : réflexions sur le problème rhodésien
In: Tiers-Monde. 1979, tome 20 n°77. pp. 79-118.
Citer ce document / Cite this document :
Centre d'Études africaines du Mozambique. Zimbabwe : réflexions sur le problème rhodésien . In: Tiers-Monde. 1979, tome 20
n°77. pp. 79-118.
doi : 10.3406/tiers.1979.2852
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1979_num_20_77_2852ZIMBABWE :
RÉFLEXIONS SUR LE PROBLÈME RHODÉSIEN
ÉTUDE DU CENTRE D'ÉTUDES AFRICAINES
DU MOZAMBIQUE1
avec la collaboration de :
Aquino de Bragança, Maria Eulalia de Brito, Luis de Brito
Kurt Madorin, Martha Madorin, Barry Munslow
Antonio Pacheco, David Wield et Marc Wuyts
Cette étude a pour thème principal l'analyse des classes dans une
perspective économique, mais nous avons également tenté, dans les
limites de l'information disponible, de définir les positions que les
classes et les fractions de classe sont susceptibles de prendre dans la
phase actuelle de la lutte des classes au Zimbabwe. C'est pour cette raison
qu'après une introduction générale qui esquisse à grands traits les
principales évolutions de l'économie rhodésienne notre analyse se
limitera à cinq points qui, à notre avis, se révéleront probablement
d'une importance cruciale pour l'avenir :
1. L'importance des investissements étrangers en Rhodesie, et la
stratégie suivie par l'impérialisme pour renforcer son emprise.
2. Le problème de la terre, avec une référence spéciale au Land
Tenure Act et à l'exigence de son abrogation par le mouvement
nationaliste.
3 . La taille, la composition et les caractéristiques de la classe ouvrière,
et son rôle probable dans l'hypothèse de la formation d'un gouverne
ment de transition.
4. Le problème de la petite bourgeoisie africaine, actuelle et future,
et de ses diverses composantes.
1. Université Eduardo Mondlane, Maputo, Mozambique.
Rtpue Tiers Monde, t. XX, n° 77, Janvier-Mars 1979 8o centre d'études du Mozambique
5 . Le problème de la population blanche, et les différentes tendances
qui existent en son sein.
Nous espérons que ce travail constituera une contribution, si mince
soit-elle, à la lutte du mouvement de libération au Zimbabwe.
I. — Le développement d'après-guerre
de l'économie coloniale de la Rhodesie2
Par commodité nous utiliserons respectivement les termes « capitaux
étrangers » et « capitaux nationaux » pour parler des investissements des
multinationales et de ceux qui ont une origine purement interne (les
fermes des colons, par exemple). De même nous ferons référence au
capital financier (britannique, américain et sud-africain) et à la bourgeoisie
nationale, non pas que nous considérions l'Etat rhodésien comme un
Etat indépendant plutôt que colonial, mais pour différencier ces formes
de capitaux.
La période allant jusqu'en 1953
La période allant jusqu'en 1953 s'est caractérisée par une expansion
rapide de l'économie centrée sur le développement de l'industrie du
tabac d'une part et sur l'émergence d'une industrie manufacturière
d'autre part, celle-ci étant destinée à satisfaire la demande intérieure des
trois territoires qui formaient la Fédération d'Afrique centrale en 1953.
En fait la Rhodesie (appelée alors la Rhodesie du Sud) et Salisbury ont
joué le même rôle dans cette zone que le Kenya et Nairobi pour l'Afrique
de l'Est : c'était le point focal autour duquel s'est développée la coloni
sation de la zone. L'émergence d'une industrie en Rhodesie pour fournir
la demande intérieure de toute la région a été, dans ce sens, le prélude
à la Fédération qui s'est constituée plus tard pour consolider ce processus
d'intégration.
Le produit intérieur brut (pib) s'est élevé de 16,5 % par an pendant
cette période et le taux d'investissement, en pourcentage du pib, a été
de 41 %. Cette expansion ne pouvait être soutenue que par une entrée
massive de capitaux, et a également exigé une main-d'œuvre qualifiée.
Les capitaux ont été fournis par la puissance colonisatrice et l'Afrique
2. Les données utilisées dans ce chapitre sont tirées du bulletin rhodésien de statistiques;
A. Hawkins, The Rhodesian Economy under Siege, Bulletin de l'Institut africain, Afrique
du Sud, mars 1975; les données publiées par le Fonds international de Défense et d'Aide,
Londres; les problèmes du Financial mail, Rhodesian Herald, African Development. • 8 1 ZIMBABWE
du Sud, et la main-d'œuvre qualifiée grâce à la vague d'immigration qui
a caractérisé cette période.
On retrouve déjà deux caractéristiques permanentes de l'histoire
rhodésienne : la lourde dépendance vis-à-vis des capitaux impérialistes,
et l'immigration d'une population blanche.
Le boom fédéral (1953-1960)
Là encore, une très rapide expansion a caractérisé cette période. La
production agricole s'est élevée de 60 %, la production minière et
industrielle respectivement de 47 % et 60 %. D'importants investi
ssements d'infrastructure ont été effectués (comme la ligne de chemin
de fer Salisbury - Lourenço Marques, le projet d'une centrale hydro
électrique à Kariba, etc.). Le pib s'est élevé de 9,3 % par an, et la part
des investissements dans le pib a atteint 26 %.
L'importation de capitaux a encore eu un rôle important non seul
ement dans les entreprises directement productives (comme la mine,
l'industrie), mais aussi pour les investissements d'infrastructure qui ont
été financés en empruntant beaucoup sur les marchés financiers inte
rnationaux, ou à l'aide des institutions internationales. L'immigration
s'est élevée d'environ 40 % dans la période 195 3-1960. Mais avec le
début des années 60 et l'insécurité croissante quant à l'avenir de la
Fédération, le vent a tourné. Le taux de croissance économique a diminué
et la dissolution de la Fédération (avec l'indépendance de la Zambie et
du Malawi) a conduit à une émigration massive en 1964.
La période précédant PUDP
Un examen des statistiques de la population montre en i960, dernière
année du « boom » fédéral, la répartition suivante :
Africains Européens Autres Total
3610000 218000 16600 3840000
Pour les colons blancs, l'immigration joue un rôle décisif à la fois
dans la composition et la croissance de cette population. Ainsi pendant
dix ans, de 1955 à 1964, la migration totale (émigration et immigration)
a été de 201 722. Ce chiffre est approximativement égal à celui de la
3. Déclaration unilatérale de l'indépendance. 82 centre d'études du Mozambique
population européenne (218 000) du milieu de cette période. Ainsi, sur
dix ans, ce chiffre a été équivalent au nombre des colons, et ce modèle
caractérise toute la période d'après-guerre, y compris celle de I'udi.
Bien qu'il puisse y avoir des chevauchements considérables (des immig
rants qui émigrent ensuite, et vice versa) ces statistiques montrent clair
ement que les racines de la communauté des colons européens en Rhodesie
sont superficielles. Si l'on mesure, en outre, le degré d'urbanisation de
cette communauté, il apparaît qu'en 1969 79,6 % des colons vivaient
dans les villes (contre seulement 13,9 % des Africains). De plus, après
la guerre, les immigrants étaient surtout des membres des professions
libérales, des ouvriers qualifiés ou du personnel administratif et de
direction. Cette communauté se compose donc surtout d'une petite
bourgeoisie urbaine, d'ouvriers qualifiés, et aussi d'une bourgeoisie
agraire d'environ 7 000 fermiers. La majorité de la population africaine
est rurale et localisée dans des zones qui lui sont assignées par le "Land
apportionment A.ct des années 1930. Elle a augmenté à une rapidité
telle que, l'allocation de la terre étant fixe, leur espace moyen par famille
a régulièrement diminué (voir la section 3 pour les données). En outre,
une différenciation très sensible est apparue dans les zones rurales,

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