Climat de la Savoie - article ; n°1 ; vol.15, pg 43-68

Edmond Martin

Description

Les Études rhodaniennes - Année 1939 - Volume 15 - Numéro 1 - Pages 43-68
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: LES_ETUDES_RHODANIENNES
• Publié le: 01 janvier 1939
• Nombre de lectures: 76
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Edmond Martin
Climat de la Savoie
In: Les Études rhodaniennes. Vol. 15 n°1-3, 1939. pp. 43-68.
Citer ce document / Cite this document :
Martin Edmond. Climat de la Savoie. In: Les Études rhodaniennes. Vol. 15 n°1-3, 1939. pp. 43-68.
doi : 10.3406/geoca.1939.6544
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_1164-6268_1939_num_15_1_6544CLIMAT DE LA SAVOIE
Par Ed. MARTIN
Si les hydrologistes et les géographes étudient les climats
pour des raisons économiques ou scientifiques, il n'en est
pas moins vrai que cette question intéresse peu ou prou
tout le monde et, l'amour du particulier et de l'exceptionnel
aidant, les affirmations les plus variées sont émises sur les
climats. On ne s'y reconnaît plus et c'est bien souvent une
légende qui se substitue dans l'opinion courante au fait
moyen tel qu'il peut être à peu près connu.
Il est donc nécessaire, pour préciser ce que l'on peut dire
d'un climat local, de le situer par ses lignes essentielles dans
un plus général pour souligner l'importance toute
relative de ce qui l'en distingue.
Situation Générale
Le climat de la Savoie rentre dans les moyennes les plus
typiques du climat de la France. Cette, remarque suffit à
en caractériser toute l'originalité au milieu de tous les
climats des divers pays du globe.
Il appartient à ceux de la zone tempérée, et à ceux de la
partie fraîche de cette zone.
La position de la France sur la rive orientale d'un grand
océan, y fait nettement dominer les influences maritimes
— puisque les mouvements atmosphériques allant de la
.zone chaude à la zone froide ou vice versa, c'est-à-dire dans 44 ED. MARTIN
le sens Sud-Nord et Nord-Sud, sont déviés par l'inertie, en
raison de la rotation de la terre qui leur donne une compos
ante Ouest-Est. Il en résulte que les vents dominants sont
dans une proportion voisine de 80 % du Sud-Ouest et du
Nord-Ouest — infléchis suivant cette composante, ce qui
revient à leur valoir une origine marine.
Or, ces mers ont une température très radoucie pour
notre latitude par le puissant courant du Gulf Stream. Ce
facteur elimatérique bien connu doit être signalé car on
en a parfois, et tout à fait à tort, contesté l'influence.
Ce radoucissement est particulièrement accusé en hiver
par l'élévation de la température que provoque le Gulf
Stream dans la zone martime entre l'Ecosse et l'Islande. Les
conséquences de ce fait sont considérables, en rendant l'e
nneigement de nos plaines tout à fait exceptionnel dans la
première partie de l'hiver, ce qui réduit, dans ; d'énormes
proportions, les rigueurs de nos hivers.
On peut préciser davantage les éléments du climat de la
Savoie en disant qu'il demeure constamment le reflet de
celui de Paris.
Quelques mots sur ce point :
On sait combien notre climat au total si doux, , si égal
est par contre irrégulier dans ses manifestations saisonnièr
es. Aucune régularité ni en ce qui concerne les pluies, ni
en ce qui concerne la température.
Pour la pluie, les moyennes révèlent bien deux périodes
un peu plus sèches centrées sur février et juillet, et deux
saisons un peu plus humides centrées sur novembre et mai ;
mais, dans la pratique, la saison moyenne un. peu plus sèche-
pourra être soumise à des pluies continues et inversement.
La température est forcément moins fantaisiste, mais,
même dans nos plaines, il arrive d'avoir en juillet des jour
nées presque froides ou, en janvier, des températures de
printemps. Or, toutes ces anomalies, saison très humide ou
très sèche, anormalement chaude ou froide,, épousent en
Savoie, exactement les variations ressenties à Paris. Cette
conformité va même très loin dans le détail ; voici un DE LA SAVOIE 45 CLIMAT
exemple très net, celui de l'hiver 1930-1937. Il a eu à Paris
deux caractères notables : hiver très doux, mais non pas
tel qu'il fasse exception, on en compte en moyenne un
encore plus doux tous les dix ans ; mais par contre, le
minimum absolu a été le plus élevé qui ait été enregistré
depuis que des observations tout à fait comparables sont
faites (00 ans). Or, à Chambéry, ces deux caractéristiques
un peu contradictoires se sont exactement produites : hiver
très doux mais non pas exceptionnel, et température mi
nima tout à fait exceptionnellement élevée.
On multiplierait ces exemples à l'infini ; saison après sai
son, semaine après semaine et même jour par jour ; toutes
les vicissitudes de notre climat et les plus fantaisistes,
apparaissent en Savoie comme à Paris.
D'ailleurs, exception faite de minces zones littorales, de
la presqu'île armoricaine, et d'un triangle (Languedoc-
Provence), au Sud d'une ligne brisée Perpignan- Valence-
Nice, on peut dire que toutes les variations climatériques
de saisons, de semaines, et même de journées (avec, pour
celles-ci un décalage d'heures de l'Ouest à l'Est et parfois
de l'Est à l'Ouest) suivant le vent régnant), sont commun
es à toute la France.
Voici donc ma première conclusion : c'est que le climat
de la Savoie demeure en tous points tout à fait analogue
à celui de toutes les autres régions de France.
Entrons maintenant dans le détail pour en examiner les
particularités.
Vents
D'une manière générale, il faut être très circonspect
pour se prononcer sur la direction du vent dans
nos vallées, girouettes et fumées ne pouvant donner que
la direction du remou local, dont le sens n'a généralement
rien de commun avec celui du vent régnant — il est évident
que l'obstacle créé par les montagnes oblige les flux d'air
à s'écouler dans le sens des vallées, d'amont en aval ou ED. MARTIN 46
d'aval en amont, et qu'il n'y a que rarement coïncidence
avec le mouvement réel de la masse atmosphérique. Si les
vallées s'élargissent un peu, ces directions simples peuvent
se compliquer de remous et tourbillonnement qui'ne permett
ent pas davantage de connaître la direction réelle du vent.
En fait, les crêtes suffisamment dégagées sont baignées
par des courants d'air non déviés et ce n'est qu'à leur niveau
qu'on* pourrait- relever la direction réelle du vent — par
exemple, le Revard, au-dessus d'Aix, offrirait une excel
lente station d'observation du vent.
Il faut pourtant signaler que le relief accusé de nos mont
agnes et leur altitude font qu'on y peut traverser des
nappes d'air poussées par des vents différents. Par exemple
un régime de Nord-Est, peut encore régner dans les basses
vallées, alors qu'à .3.000 mètres et même beaucoup plus
bas, s'est déjà installé un nouveau régime de vents du Sud.
Annecy-Chambéry peuvent encore être sous l'influence de
vents - froids du Nord, alors que les crêtes du Semnoz et
du Revard sont balayées par des vents du Sud. Cette diver
gence est évidemment instable, elle peut, cependant durer
un jour et même plus.
D'une manière générale, on peut dire que, pour les gran
des lignes du climat, rien de spécial ne distingue la Savoie
au point de vue des vents.
Vents généraux et vents locaux. — II faut notamment
faire litière de l'idée assez souvent répandue de l'impor
tance des vents locaux.
Les grands vents y sont les mêmes que dans tout le reste
de la France, des vents de tempêtes dues aux dépressions
hivernales qui circulent dans l'Atlantique ; celles-ci* sont:
dans tout le pays • caractérisées ; par des vents violents < du
Sud-Ouest avec passage de lignes de grain, avec sautes du à l'Ouest et même au Nord-Ouest.
Un ; autre vent important est le vent de Nord-Est appelé
ici souvent bise — il y règne comme dans toute la France
sous l'influence de basses pressions méditerranéennes. DE LA SAVOIE 47 CLIMAT
Que sont, au milieu de cela, les vents . locaux ? Il n'y a,
à vrai dire, de tout à fait locaux, que des vents légers, qui
souillent en période de beau temps et sont des brises de
vallées.
Un seul, mérite cependant une mention spéciale, le «vent
de Maurienne ». La vallée de la Maurienne forme dans
toute sa partie centrale et orientale, une immense coupure