Remarques sur les quilles des navires romains - article ; n°1 ; vol.9, pg 155-175
22 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Remarques sur les quilles des navires romains - article ; n°1 ; vol.9, pg 155-175

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
22 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue archéologique de Narbonnaise - Année 1976 - Volume 9 - Numéro 1 - Pages 155-175
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 50
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Christian Dubois
Remarques sur les quilles des navires romains
In: Revue archéologique de Narbonnaise, Tome 9, 1976. pp. 155-175.
Citer ce document / Cite this document :
Dubois Christian. Remarques sur les quilles des navires romains. In: Revue archéologique de Narbonnaise, Tome 9, 1976. pp.
155-175.
doi : 10.3406/ran.1976.993
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ran_0557-7705_1976_num_9_1_993REMARQUES
SUR LES QUILLES DES NAVIRES ROMAINS
On peut s'interroger sur l'opportunité du présent article. Le risque d'une synthèse
trop rapidement établie, portant sur un nombre de témoins encore restreint, malgré les
progrès considérables de l'archéologie sous-marine, peut inciter à une réserve prudente
que les erreurs des pionniers en la matière suffiraient à justifier.
Pourtant, depuis la fouille du Grand Congloué et les hypothèses de Fernand
Benoit (1), la connaissance de la construction navale antique a fait de grands progrès.
Les données se sont accumulées et continuent quotidiennement ou presque à
l'enrichir (2). Avec L. Gasson (3) et la mise en évidence de l'emploi de la technique
shell first dans l'Antiquité, un grand pas a été franchi, et L. Basch a remarquablement
analysé et nuancé les conclusions de cet auteur (4). Le besoin de travailler sur des
données organisées se fait néanmoins sentir, car on se heurte à la dispersion et à
l'imprécision des renseignements dès que l'on aborde un problème de construction
navale.
C'est donc dans le sens d'un regroupement d'informations plutôt que d'un essai
de synthèse qu'a été entreprise cette étude sur les quilles des navires romains (5).
(1) F. Benoit, L'épave du Grand Congloué à Marseille, XIVe suppl. à Gallia, 1961.
(2) Alors que je terminais cette étude (fin 1974;, une nouvelle épave de grande dimension était mise au
jour sur le chantier archéologique de la Bourse, à Marseille. Mon ami J.-M. Gassend, de l'Institut d'Archéologie
Méditerranéenne d'Aix-en-Provence, qui en dirigea la fouille, a bien voulu accepter que je fasse mention ici
des premières constatations sur la quille de ce navire. Qu'il en soit aussi vivement qu'amicalement remercié.
Depuis la rédaction de cet article, J.-P. Joncheray a publié ses relevés de la coque de L'épave C de la
Chrétienne, Ier suppl. aux Cahiers d'archéologie subaquatique, 1975 (cf. notamment les sections de la quille,
p. 46, fig. 14) et de celle de l'épave Dramont F, dans Cahiers d'archéologie subaquatique, IV, 1975, p. 91-140.
P. Pomey, A. Tchernia et J.-M. Gassend ont pu, pour la première fois, au cours de la campagne 1975, examiner
une portion de la quille de l'épave de la Madrague de Giens.
(3) L. Casson, Ships and Seamanship in the Ancient World, 1971, p. 201-223; Ancient Shipbuilding:
New light on an old source, Transactions and Proceedings of the American Philological Association, 94, 1963,
p. 28-33.
(4) L. Basch, Archéologie navale et archéologie sous-marine, extrait des communications de l'Académie
de Marine, tome XX, 1968, p. 37-53.
(5) Les navires du bassin méditerranéen occupent une place prépondérante dans cet article parce qu'ils
nous sont le mieux connus, mais aussi parce que le mare nostrum fut le plus fréquenté dans l'Antiquité. 156 C. DUBOIS
Deux raisons ont guidé notre choix de la quille. La première tient à la permanence
de la quille dans la construction d'un navire, la deuxième à sa présence sur de nomb
reuses épaves où, par la similitude des processus de destruction, elle se trouve bien
conservée.
Étudier une quille sans tenir compte du navire auquel elle appartient n'aurait,
bien sûr, ni guère de sens, ni guère d'intérêt. Par sa fonction, elle est directement
associée à une technique de construction; par sa forme, c'est-à-dire celle des éléments
qui la constituent et la complètent, elle peut apporter des indications sur la carène.
Son étude est donc révélatrice à la fois des procédés techniques de la construction
navale et des conceptions mêmes de l'architecture navale.
Nous avons cherché à établir des relations dans ce sens, en dégageant l'idée de
« fonction-quille », à partir de laquelle les techniques de construction ont pu évoluer.
Il nous faut toutefois souligner que, sur le plan chronologique, notre documentation
souffre d'une très grave lacune, à l'époque précisément que l'on considère en général
comme celle du plus grand essor du commerce maritime romain : le Haut Empire,
et notamment le 11e siècle (1). Le catalogue des épaves étudiées qui présentent des
vestiges de coque fait apparaître en effet deux grandes séries : de navires naufragés
aux 11e et ier siècles avant J.-C. et, d'autre part, d'épaves du Bas Empire (2). Cinq
siècles séparent ces navires. Même si l'on tient compte de l'aspect traditionnaliste
de la construction navale, de la similitude d'utilisation — un bateau sert à trans
porter — , de la permanence du milieu — la mer du ne s. av. J.-C. est la même qu'au
jourd'hui — , on ne peut rien comparer sans tenir compte d'une évolution possible
des formes et des techniques.
Regroupées sur une même planche à la même échelle (fig. 5), les sections de
quilles nous semblent éloquentes sur ce point. Certaines sont bien connues et ont pu
servir déjà à des comparaisons; d'autres sont inédites : je tiens à remercier les fouilleurs
qui m'ont autorisé à les publier ici (3).
Le choix des bois.
La construction d'un navire ne commence pas, en fait, par l'établissement de la
quille, mais par le choix des bois, dans la forêt. Cette phase préliminaire oriente toute
la suite des opérations (4). C'est là que prend forme le projet et que l'art du charpentier
(1) M. Rostovtzeff, The Social and Economie History of the Roman Empire, 2e éd., 1957, p. 6-7.
(2) Les dates que nous mentionnerons sont celles qui sont proposées par les auteurs des ouvrages ou
articles cités en référence. Elles sont dans certains cas, flottantes, selon la connaissance plus ou moins précise
que l'on a du mobilier des épaves. La date du naufrage, par ailleurs, peut différer sensiblement de celle de la
construction, si le navire a coulé au terme d'une longue carrière : une trentaine d'années ? ou davantage ?
(3) J.-Cl. Négrel a mis à ma disposition ses rapports de 1972 et 1973 sur l'épave B de la Pointe de
la Luque. Cf. les articles d'Archeologia, 55, février 1973, p. 53-65 et des Cah. Arch, subaquatique, II, 1973,
p. 61-71 et 189-206. Cl. Santamaria m'a autorisé à publier la coupe tant attendue sur la quille de l'épave du
Dramont A ; je remercie également mes associés dans les travaux de relevés et d'étude de la coque de Port-
Vendres découverte par Y. Chevalier et Cl. Santamaria, et de celle de l'épave de Cavalière, découverte par
G. Charlin et fouillée en 1974 sous la direction de R. Lequément ; enfin et surtout B. Liou, codirecteur scien
tifique des Recherches archéologiques sous-marines, qui m'a apporté son précieux et amical concours.
(4) Selon les régions, on pourrait même presque dire que ce sont les matériaux dont on dispose qui
conditionnent la forme des navires, par exemple, les sampans en Asie, les barques nilotiques ou les pirogues. :
REMARQUES SUR LES QUILLES DES NAVIRES ROMAINS 157
se manifeste dans le choix des essences, des bois « de droit » et des bois « tors » qui vont
intervenir dans la réalisation du navire (1). La technique du ployage à la chaleur
connue depuis le Ier siècle de notre ère (2) ne peut convenir au cintrage des pièces
épaisses comme les membrures et a fortiori les parties courbes de la quille, brion
d'étrave (3), poupe. Les bois naturellement « tors » seront utilisés à cet usage. Ainsi
voit-on aux xvne et xvnr8 siècles, grande époque de la marine à voile, les charpentiers
choisir dans les forêts royales les troncs et branches qui, une fois débités et rectifiés,
s'inscriront, par la coïncidence de leur forme naturelle avec celles recherchées pour
la carène, dans l'ossature du futur navire. On aurait des raisons de penser que cette
recherche existait aussi à l'époque antique si l'on n'avait la preuve manifeste sur
de nombreuses épaves de l'utilisation des formes naturelles dans la membrure :
navires de

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents