Baisser les salaires réels, réduire les sureffectifs industriels : deux aspects de la flexibilité de l'emploi - article ; n°1 ; vol.191, pg 3-20

Jean-Pierrre Puig, Laurence Bloch

Description

Economie et statistique - Année 1986 - Volume 191 - Numéro 1 - Pages 3-20
On invoque souvent la « rigidité » du marché du travail comme source de chômage. Un modèle économétrique, comme DMS, ne permet pas de traiter de toutes les formes de rigidité. On peut, par contre, l'utiliser pour mieux comprendre les effets macroéconomiques d'une plus grande flexibilité de l'emploi s' exerçant par deux voies distinctes : baisse du salaire moyen et résorption des sureffectifs industriels.
L'une et l'autre voie allègent ex-ante le coût salarial supporté par les entreprises. Mais, sans autre modification de comportement, la première est préférable à la seconde selon DMS : à moyen terme, le chômage baisse lorsque le salaire moyen diminue, alors qu'il s'accroît si les sureffectifs se réduisent. En tout état de cause, les effets sur l'emploi resteraient limités.
Pour que ces effets soient positifs à terme, il est essentiel que les entreprises accroissent leurs capacités de production en développant l'investissement, en ralentissant les mises au rebut d'équipements anciens, ou en allongeant la durée d'utilisation des équipements. Les entreprises industrielles augmenteraient alors leurs parts de marché vis-à-vis des concurrents étrangers.
Lower real salaries and reduce excess industrial employees : two examples of employment flexibility - The rigidity of the work market is often invoked as the source of unemployment. An econometric model, like DMS, does not allow all forms of rigidity to be treated. On the other hand, it can be employed to better understand the macroeconomic effects of greater employment flexibility as it is exercized in two distinct ways : a drop in average salary and résorption of excess industrial employees.
Both ways lighten ex-ante the salary cost supported by firms. According to DMS, however, without any other behavioral modification, the first is preferable to the second : middle-term, unemployment drops when the average salary decreases, while it increases if excess employees are reduced. In any event, the effects, on employment remain limited.
In order for these effects to be positive in the end, it is essential that firms increase their production capacity by developing investment and slowing equipment obsolescence.
Baja de los sueldos y reducción de la fuerza laboral industrial : dos aspectos de la flexibilidad del empleo - Con frecuencia se suele invocar la rigidez del mercado laboral como fuente del desempleo. Un modelo econometrico tal como DMS no permite tratar de todas las formas de rigidez. Es factible, en cambio, utilizarlo para comprender mejor sus efectos macro- económicos de una mayor flexibilidad del empleo ejercido por dos vias distintas : baja del sueldo medio y reabsorber el exceso de fuerza laboral industrial. La una y la otra via aligeran « ex-ante » el costo salarial soportado por las empresas. Mes otra modificaciôn de comportamiento, la primera es preferible a la segunda según DMS : a medio plazo el paro baja cuando el salario medio decrece. Cuando se incrementa, los excesos de fuerza laboral se van reduciendo. De todas formas, las efectos sobre el empleo siguen limitadas.
A fin de que estos efectos sean positivos, a plazo, es esencial que las empresas incrementen sus capacidades de producciôn desarrollando la inversion, ralentizando el desecho de sus equipas.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: ECONOMIE_ET_STATISTIQUE0
• Publié le: 01 janvier 1986
• Nombre de lectures: 33
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Madame Laurence Bloch
Monsieur Jean-Pierre Puig
Baisser les salaires réels, réduire les sureffectifs industriels :
deux aspects de la flexibilité de l'emploi
In: Economie et statistique, N°191, Septembre 1986. pp. 3-20.
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Bloch Laurence, Puig Jean-Pierre. Baisser les salaires réels, réduire les sureffectifs industriels : deux aspects de la flexibilité de
l'emploi. In: Economie et statistique, N°191, Septembre 1986. pp. 3-20.
doi : 10.3406/estat.1986.2487
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1986_num_191_1_2487Résumé
On invoque souvent la « rigidité » du marché du travail comme source de chômage. Un modèle
économétrique, comme DMS, ne permet pas de traiter de toutes les formes de rigidité. On peut, par
contre, l'utiliser pour mieux comprendre les effets macroéconomiques d'une plus grande flexibilité de
l'emploi s' exerçant par deux voies distinctes : baisse du salaire moyen et résorption des sureffectifs
industriels.
L'une et l'autre voie allègent ex-ante le coût salarial supporté par les entreprises. Mais, sans autre
modification de comportement, la première est préférable à la seconde selon DMS : à moyen terme, le
chômage baisse lorsque le salaire moyen diminue, alors qu'il s'accroît si les sureffectifs se réduisent. En
tout état de cause, les effets sur l'emploi resteraient limités.
Pour que ces effets soient positifs à terme, il est essentiel que les entreprises accroissent leurs
capacités de production en développant l'investissement, en ralentissant les mises au rebut
d'équipements anciens, ou en allongeant la durée d'utilisation des équipements. Les entreprises
industrielles augmenteraient alors leurs parts de marché vis-à-vis des concurrents étrangers.
Abstract
Lower real salaries and reduce excess industrial employees : two examples of employment flexibility -
The rigidity of the work market is often invoked as the source of unemployment. An econometric model,
like DMS, does not allow all forms of rigidity to be treated. On the other hand, it can be employed to
better understand the macroeconomic effects of greater employment flexibility as it is exercized in two
distinct ways : a drop in average salary and résorption of excess industrial employees.
Both ways lighten ex-ante the salary cost supported by firms. According to DMS, however, without any
other behavioral modification, the first is preferable to the second : middle-term, unemployment drops
when the average salary decreases, while it increases if excess employees are reduced. In any event,
the effects, on employment remain limited.
In order for these effects to be positive in the end, it is essential that firms increase their production
capacity by developing investment and slowing equipment obsolescence.
Resumen
Baja de los sueldos y reducción de la fuerza laboral industrial : dos aspectos de la flexibilidad del
empleo - Con frecuencia se suele invocar la rigidez del mercado laboral como fuente del desempleo.
Un modelo econometrico tal como DMS no permite tratar de todas las formas de rigidez. Es factible, en
cambio, utilizarlo para comprender mejor sus efectos macro- económicos de una mayor flexibilidad del
empleo ejercido por dos vias distintas : baja del sueldo medio y reabsorber el exceso de fuerza laboral
industrial. La una y la otra via aligeran « ex-ante » el costo salarial soportado por las empresas. Mes
otra modificaciôn de comportamiento, la primera es preferible a la segunda según DMS : a medio plazo
el paro baja cuando el salario medio decrece. Cuando se incrementa, los excesos de fuerza laboral se
van reduciendo. De todas formas, las efectos sobre el empleo siguen limitadas.
A fin de que estos efectos sean positivos, a plazo, es esencial que las empresas incrementen sus
capacidades de producciôn desarrollando la inversion, ralentizando el desecho de sus equipas.PRODUCTION
Baisser les salaires réels,
réduire les sureffectifs
industriels : deux aspects
de la flexibilité de l'emploi
par Laurence Bloch et Jean-Piérre Puig
On invoque souvent la « rigidité » du marché du travail comme source de chômage. Un modèle
économétrique, comme DMS, ne permet pas de traiter de toutes les formes de rigidité. On peut, par
contre, l'utiliser pour mieux comprendre les effets macro-économiques d'une plus grande flexibilité de
l'emploi s'exerçant par deux voies distinctes : baisse du salaire moyen et résorption des sureffectifs
industriels.
L'une et l'autre voie allègent ex ante le coût salarial supporté par les entreprises. Mais, sans autre
modification de comportement, la première est préférable à la seconde selon DMS : à moyen terme, le
chômage baisse lorsque le salaire moyen diminue, alors qu'il s'accroît si les sureffectifs se réduisent.
En tout état de cause, les effets sur l'emploi resteraient limités.
Pour que ces effets soient positifs à terme, il est essentiel que les entreprises accroissent leurs
capacités de production en développant l'investissement, en ralentissant les mises au rebut d'équipe
ments anciens, ou en allongeant la durée d'utilisation des équipements. Les entreprises industrielles
augmenteraient alors leurs parts de marché vis-à-vis des concurrents étrangers.
Le chômage ne cesse d'augmenter depuis 1974. En croissance régulière et soutenue allant de la fin de la
moyenne annuelle, et selon la définition du Bureau seconde guerre mondiale jusqu'en 1973. Avec l'entrée
international du travail, il est passé de 629 000 en dans une période de mouvements conjoncturels heur-
1974 à 2 410 000 en 1985, soit un quadruplement en tés depuis 1974. notamment avec les amples fluctua-
onze ans. Face à l'insuffisance des politiques écono- tions du cours du dollar, du prix du pétrole, et des
miques traditionnelles, l'idée tend à prévaloir qu'une
plus grande « flexibilité », ou encore une moindre * Laurence Bloch et Jean-Pierre >Puig appartiennent au service , des «rigidité», dans le fonctionnement du marché du. . Programmes de la direction des Syntheses économiques de I INSEE.
travail constitue une condition essentielle de reSOrp- Les nombres entre crochets renvoient à la bibliographie en fin d'article.
tion du chômage à terme. La première version de cet article a été rédigée en avril 1986 sur la
, r ^ , . ...A, . . base de simulations effectuées par l'INSEE au début de l'année dans le Les facteurs de rigidité seraient nés de comporte- cadre du groupe «Perspectives macro-économiques à moyen terme»
ments et de pratiques apparus pendant la période de du Commissariat général du Pian. tanément. Il faut d'une part que le taux de change du taux d'intérêt, l'existence de rigidités constituerait un
franc soit fixe. Il faut d'autre part que les entreprises frein à l'adaptation de l'économie et un handicap à
aient un comportement de déclassement, c'est-à-dire l'égard de certains concurrents commerciaux dont le
fonctionnement économique est jugé plus flexible que de mise au rebut des équipements anciens, sensible
celui de la France. au salaire réel. Seuls sont conservés les équipements
sur lesquels la productivité du travail est supérieure
Si le débat économique et social tend à se focaliser ou égale au taux du salaire réel (encadré p. 10). Cette
sur certains aspects de la flexibilité du marché du hypothèse sur les déclassements est justifiée par la
travail, les sources de rigidité sont nombreuses et théorie mais ne peut être testée économétriquement
touchent l'ensemble des marchés. Pour le seul marché par manque d'informations statistiques.
du travail les différents facteurs de rigidité peuvent
avoir des effets très différents sur le chômage selon
la nature de ce dernier : chômage keynésien par
manque de débouchés pour les entreprises, chômage
La baisse transite par trois canaux classique par insuffisance de rentabilité des opéra
tions productives, chômage frictionnel par inadéquat
ion entre catégories d'offre et de demande de travail
(encadré p. 6). Sous ces deux conditions, la baisse du salaire réel
induira des effets positifs sur l'emploi grâce à un
Un modèle économétrique comme DMS ne permet ralentissement des déclassements, à une amélioration
pas de traiter de toutes les formes de rigidité du des profits et à une baisse des prix (graphique I).
marché du travail. Il peut, par contre, aider