Célibat paysan et pauvreté - article ; n°1 ; vol.58, pg 3-13
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Economie et statistique - Année 1974 - Volume 58 - Numéro 1 - Pages 3-13
Célibat pa/san et pauvreté par G. JEGOUZO et J.-L BRANGEON Faisant suite à une étude qui avait souligné l'ampleur du célibat forcé dans les campagnes françaises, cet article a pour objet de vérifier si les exploitants et aides familiaux qui ne se marient pas font partie des paysans les plus pauvres. Selon des données du recensement de population de 1968, le surdéveloppement du célibat atteint essentiellement la petite et moyenne paysannerie. La faible dimension des exploitations est le plus souvent la cause et non pas la conséquence du célibat. En agriculture, comme dans l'ensemble de la société, la probabilité de se marier se hiérarchise en fonction du rang économique et social. Nombre de filles d'origine agricole en sont venues à préférer épouser un OS ou un manœuvre plutôt qu'un petit ou moyen paysan.
Comme les chances de se marier baissent partout en France quand la surface diminue, les variations régionales dans l'importance relative des petites exploitations rendent compte en grande partie des inégalités géographiques des taux de célibat paysan. Mais à situation économique égale, les chances matrimoniales ne sont pas les mêmes partout pour les travailleurs de la terre : les taux d'exode féminin sont restés plus faibles là où les modèles urbains ont moins pénétré dans les campagnes.
La relation entre célibat et pauvreté est telle qu'ayant constaté que les chances de mariage ont diminué depuis une trentaine d'années en milieu agricole, on est en droit de conclure qu'il y a eu, au cours de cette période, paupérisation paysanne et/ou perception de cette paupérisation.
Peasant celibacy and poverty by G. JEGOUZO and J.-L BRANGEON
As the continuation of a study which had emphasized the extent of involuntary celibacy among country people, the object of the present study consists in verifying whether unmarried farmers and family helpers are among the poorest country people. According to data of the Census of Population of 1968, the strong development of celibacy affects mainly small and medium peasantry. The small size of farms is more often the reason and not the consequence of single life. Within agriculture, as well as in the whole of society, expectation of marriage is fixed according to social and economic status. A certain number of country maidens come to prefer marrying a semi-skilled worker or an unskilled worker rather than a small or medium peasant.
As possibilities of marriage are slackening all over France as area decreases, regional fluctuations within the relative importance of small farms account mainly for geographical disparities between peasant celibacy rate. Still, economic position being equal, opportunities of marrying are not equal everywhere for agricultural workers : the rate of women's exodus has remained low where urban models have scarcely penetrated.
The relation between single-life and poverty reaches such an extent that after having stated that opportunities of marrying have slackened for some thirty years within agricultural classes it is liable to come to the conclusion that during the above-mentioned period, agricultural immisera- tion and/or perceptibility of this immiseration has been effective.
Celibato campesino y pobreza por G. JEGOUZO y J.-L BRANGEON
Siguiendo a un estudio que habfa puesto de manifiesto la magnitud del celibato involuntario en el campo francés, presentamos un artlculo que tiene por objeto verificar si los empresarios agrícolas y los trabajadores familiares que permanecen solteros forman parte de los campesinos más humildes. Según datos del censo de la población de 1968, el intenso desarrollo del celibato se verifica mayormente entre el pequeno y el mediano campesinado. La escasa dimension de las explotaciones es, en la mayoría de los casos, la causa y no la consecuencia del celibato. En la agricultura, asi como en el conjunto de la sociedad, las probabilidades de contraer matrimonio se jerarquizan en función de la posición económica y social. Un buen número de muchachas de origen campesino prefieren contraer matrimonio con un obrero especializado o con un péon mâs bien que con un pequeno o mediano campesino. Ya que las ocasiones de casarse ván decreciendo en toda Francia conforme va disminuyendo la superficie de tierras, las variaciones régionales en la importancia relativa de las pequenas explotaciones resenan la mayor parte de las desemejanzas geográficas de los coeficientes de celibato rural. Mas, con una posición económica parecida, las ocasiones de contraer matrimonio no son idénticas en todas partes para los campesinos : el coeficiente de exodo femenino permaneció más bajo en los campos en los cuales los modelos urbanos fueron mâs escasos. La relación entre celibato y pobreza Ilega hasta tal punto que tras la constatación de que las ocasiones de contraer matrimonio mermaron de unos treinta anos acá en el campo, pudo Ilegarse a la conclusion de que a lo largo de dicho perfodo hubo pauperismo y/o que hubo perceptibilidad de tal pauperismo.
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Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Guenhaël Jégouzo
Monsieur Jean-Louis Brangeon
Célibat paysan et pauvreté
In: Economie et statistique, N°58, Juillet-Août 1974. pp. 3-13.
Citer ce document / Cite this document :
Jégouzo Guenhaël, Brangeon Jean-Louis. Célibat paysan et pauvreté. In: Economie et statistique, N°58, Juillet-Août 1974. pp.
3-13.
doi : 10.3406/estat.1974.1646
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1974_num_58_1_1646Résumé
Célibat pa/san et pauvreté par G. JEGOUZO et J.-L BRANGEON Faisant suite à une étude qui avait
souligné l'ampleur du célibat forcé dans les campagnes françaises, cet article a pour objet de vérifier si
les exploitants et aides familiaux qui ne se marient pas font partie des paysans les plus pauvres. Selon
des données du recensement de population de 1968, le surdéveloppement du célibat atteint
essentiellement la petite et moyenne paysannerie. La faible dimension des exploitations est le plus
souvent la cause et non pas la conséquence du célibat. En agriculture, comme dans l'ensemble de la
société, la probabilité de se marier se hiérarchise en fonction du rang économique et social. Nombre de
filles d'origine agricole en sont venues à préférer épouser un OS ou un manœuvre plutôt qu'un petit ou
moyen paysan.
Comme les chances de se marier baissent partout en France quand la surface diminue, les variations
régionales dans l'importance relative des petites exploitations rendent compte en grande partie des
inégalités géographiques des taux de célibat paysan. Mais à situation économique égale, les chances
matrimoniales ne sont pas les mêmes partout pour les travailleurs de la terre : les taux d'exode féminin
sont restés plus faibles là où les modèles urbains ont moins pénétré dans les campagnes.
La relation entre célibat et pauvreté est telle qu'ayant constaté que les chances de mariage ont diminué
depuis une trentaine d'années en milieu agricole, on est en droit de conclure qu'il y a eu, au cours de
cette période, paupérisation paysanne et/ou perception de cette paupérisation.
Abstract
Peasant celibacy and poverty by G. JEGOUZO and J.-L BRANGEON
As the continuation of a study which had emphasized the extent of involuntary celibacy among country
people, the object of the present study consists in verifying whether unmarried farmers and family
helpers are among the poorest country people. According to data of the Census of Population of 1968,
the strong development of celibacy affects mainly small and medium peasantry. The small size of farms
is more often the reason and not the consequence of single life. Within agriculture, as well as in the
whole of society, expectation of marriage is fixed according to social and economic status. A certain
number of country maidens come to prefer marrying a semi-skilled worker or an unskilled worker rather
than a small or medium peasant.
As possibilities of marriage are slackening all over France as area decreases, regional fluctuations
within the relative importance of small farms account mainly for geographical disparities between
peasant celibacy rate. Still, economic position being equal, opportunities of marrying are not equal
everywhere for agricultural workers : the rate of women's exodus has remained low where urban models
have scarcely penetrated.
The relation between single-life and poverty reaches such an extent that after having stated that
opportunities of marrying have slackened for some thirty years within agricultural classes it is liable to
come to the conclusion that during the above-mentioned period, immisera- tion and/or
perceptibility of this immiseration has been effective.
Resumen
Celibato campesino y pobreza por G. JEGOUZO y J.-L BRANGEON
Siguiendo a un estudio que habfa puesto de manifiesto la magnitud del celibato involuntario en el
campo francés, presentamos un artlculo que tiene por objeto verificar si los empresarios agrícolas y los
trabajadores familiares que permanecen solteros forman parte de los campesinos más humildes.
Según datos del censo de la población de 1968, el intenso desarrollo del celibato se verifica
mayormente entre el pequeno y el mediano campesinado. La escasa dimension de las explotaciones
es, en la mayoría de los casos, la causa y no la consecuencia del celibato. En la agricultura, asi como
en el conjunto de la sociedad, las probabilidades de contraer matrimonio se jerarquizan en función de la
posición económica y social. Un buen número de muchachas de origen campesino prefieren contraer
matrimonio con un obrero especializado o con un péon mâs bien que con un pequeno o mediano
campesino. Ya que las ocasiones de casarse ván decreciendo en toda Francia conforme va
disminuyendo la superficie de tierras, las variaciones régionales en la importancia relativa de las
pequenas explotaciones resenan la mayor parte de las desemejanzas geográficas de los coeficientes
de celibato rural. Mas, con una posición económica parecida, las ocasiones de contraer matrimonio noson idénticas en todas partes para los campesinos : el coeficiente de exodo femenino permaneció más
bajo en los campos en los cuales los modelos urbanos fueron mâs escasos. La relación entre celibato y
pobreza Ilega hasta tal punto que tras la constatación de que las ocasiones de contraer matrimonio
mermaron de unos treinta anos acá en el campo, pudo Ilegarse a la conclusion de que a lo largo de
dicho perfodo hubo pauperismo y/o que hubo perceptibilidad de tal pauperismo.Célibat paysan et pauvreté
par Guenhaël JEGOUZO et Jean-Louis BRANGEON
Le célibat masculin est devenu très fréquent dans les campagnes : il atteint non seulement les ouvriers
agricoles mais les chefs d'exploitation et les aides familiaux. N'est-ce pas la conséquence de la précarité
de leurs conditions matérielles d'existence? Selon des résultats du recensement de la population de 1968,
les taux de célibat paysan sont d'autant plus élevés que la surface de l'exploitation est petite. Si au-delà
de 50 hectares les exploitants agricoles se marient aussi souvent que les cadres moyens et supérieurs,
au-dessous de 10 hectares, les taux de célibat paysan sont plus élevés que ceux des OS et manœuvres
mais restent inférieurs à ceux des salariés agricoles.
Dans l'ensemble de la société, le célibat est plus fréquent dans les catégories défavorisées; son extension
dans les campagnes signifie que de nouvelles couches de travailleurs de la terre sont passées dans les
groupes défavorisés.
Si le célibat était déjà développé en milieu agricole au L'analyse de l'évolution, après 1950, des niveaux de
XIX* siècle, il ne concernait à cette époque que des zones revenus et de consommation chez les agriculteurs conduit
limitées. C'est lors du recensement démographique de bien à conclure à l'existence d'un processus d'appauvrisse
1954 que la proportion de célibataires, prolongés ou défi ment d'un grand nombre de familles agricoles s. Un moyen
nitifs, est apparue importante, dans la France entière, de dépasser ce constat général et trop global est d'examiner
non seulement chez les ouvriers de l'agriculture comme si les chances de se marier sont plus faibles chez les plus
déjà avant 1940, mais aussi chez les exploitants et les aides pauvres parmi les pauvres. Cet examen n'est pas totalement
familiaux. Les premières générations atteintes, dans leur possible, à défaut d'une statistique croisant l'état matri
monial avec, à la fois, le niveau de revenu, Ja stabilité du ensemble, étant celles nées entre 1910 et 1919, la détériora
tion générale de la condition paysanne s'est amorcée dès revenu, la sécurité de l'emploi, les conditions de travail
la période 1930-1940. et les divers autres éléments qui définissent objectivement
En 1968, il y avait à peu près trois fois plus de célibataires, une situation matérielle, son état à un moment donné et
son évolution dans le temps. Pour pouvoir, néanmoins, à 40-49 ans, dans la population des ménages agricoles (toutes
comparer les caractéristiques des agriculteurs exploitants catégories de statuts confondues) que dans le reste de la
population1. Cette extension du célibat forcé2, qui s'est qui restent célibataires, et de ceux qui se marient, nous
produite depuis une trentaine d'années dans les campagnes, avons demandé à l'INSEE d'extraire du recensement de
1968 un tableau croisant, pour les actifs agricoles non est la conséquence directe de l'inégalité selon les sexes du
taux d'exode agricole 3. salariés, le sexe, l'âge, l&

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