Comment se sont équilibrés les marchés régionaux du travail depuis 10 ans ? - article ; n°1 ; vol.253, pg 15-27

Alain Jacquot, Laurence Descours

Description

Economie et statistique - Année 1992 - Volume 253 - Numéro 1 - Pages 15-27
Comment se sont équilibrés les marchés régionaux du travail depuis 10 ans ?
En matière d'emploi, les régions du Sud, l'Ile-de-France et Rhône-Alpes se sont montrées les plus dynamiques entre 1982 et 1990. Elles ont aussi bénéficié de l'arrivée de nouveaux actifs, venus d'autres régions. A l'inverse, les régions du Nord et de l'Est, ont subi de plein fouet les restructurations de l'industrie, à l'exception notable de l'Alsace. La Lorraine et la Franche-Comté ont pu contenir l'extension du chômage par le développement du travail frontalier.
La relation entre l'emploi et le chômage n'est pas mécanique : les régions méridionales, les plus créatrices d'emplois, sont aussi celles où le chômage a le plus progressé. Ce paradoxe apparent tient, pour l'essentiel, aux mouvements des taux d'activité. Soutenue par le dynamisme de l'emploi, l'activité des jeunes a beaucoup moins fléchi que dans le Nord. Et les taux d'activité des femmes ont sensiblement augmenté dans le Sud, se rapprochant ainsi de la moyenne nationale.
How the Local Labour Markets Established an Equilibrium Over the Last Ten Years
In terms of employment, the southern regions, Ile-de- France and Rhône-Alpes were the most dynamic between 1982 and 1990. They also benefited by the arrival of new workers coming from other regions. On the contrary, the northern and eastern regions have been directly hit by industrial restructuring, with the noticeable exception of Alsace. Lorraine and Franche-Comté were able to check the growth of unemployment thanks to the increasing number of people who commute accross the border.
The link between employment and unemployment is not a mechanical one : the southern regions, which create the highest number of jobs are also the regions where unemployment has risen most. This apparent paradox is due, mostly, to changes in labourforce participation rates. Supported by the dynamism of employment, young people's participation rates have receded less than in the north. And the percentage of working women has noticeably risen in the south, thus becoming closer to the national average.
l Cômo se equilibraron los mercados régionales laborales en los ûltimos diez anos ?
En materia de empleo, las regiones del Sud, Ile de France y Rhône-Alpes resultaron ser las mes dinamicas entre 1 982 y 1 990. Beneficiaron también de la Ilegada de activos provenientes de otras regiones. Inversamente, los regiones del Norte y del Este padecieron fuertemente las consecuencias de las reestructuraciones de la industria, con la excepciôn notable de Alsacia. Las regiones de Lorraine y Franche-Comté pudieron contener la expansion del desempleo mediante el desarrollo del trabajo fronterizo.
La relaciôn entre empleo y desocupaciôn no es mecânica : las regiones méridionales, creadoras de mayores puestos de trabajo fueron también aquéllas en las que se extend iô mâs el desempleo. Esta paradoja aparente es debida, esencialmente, a los movimientos de las tasas de actividad. La actividad de los jôvenes, sostenida por el dinamismo del empleo, ha disminuido menos que en el Norte. Las tasas de actividad de las mujeres aumentaron sensiblemente en el Sud aproximândose asi a la media nacional.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: ECONOMIE_ET_STATISTIQUE0
• Publié le: 01 janvier 1992
• Nombre de lectures: 48
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Laurence Descours
Monsieur Alain Jacquot
Comment se sont équilibrés les marchés régionaux du travail
depuis 10 ans ?
In: Economie et statistique, N°253, Avril 1992. pp. 15-27.
Citer ce document / Cite this document :
Descours Laurence, Jacquot Alain. Comment se sont équilibrés les marchés régionaux du travail depuis 10 ans ?. In: Economie
et statistique, N°253, Avril 1992. pp. 15-27.
doi : 10.3406/estat.1992.5647
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1992_num_253_1_5647Résumé
Comment se sont équilibrés les marchés régionaux du travail depuis 10 ans ?
En matière d'emploi, les régions du Sud, l'Ile-de-France et Rhône-Alpes se sont montrées les plus
dynamiques entre 1982 et 1990. Elles ont aussi bénéficié de l'arrivée de nouveaux actifs, venus
d'autres régions. A l'inverse, les régions du Nord et de l'Est, ont subi de plein fouet les restructurations
de l'industrie, à l'exception notable de l'Alsace. La Lorraine et la Franche-Comté ont pu contenir
l'extension du chômage par le développement du travail frontalier.
La relation entre l'emploi et le chômage n'est pas mécanique : les régions méridionales, les plus
créatrices d'emplois, sont aussi celles où le chômage a le plus progressé. Ce paradoxe apparent tient,
pour l'essentiel, aux mouvements des taux d'activité. Soutenue par le dynamisme de l'emploi, l'activité
des jeunes a beaucoup moins fléchi que dans le Nord. Et les taux d'activité des femmes ont
sensiblement augmenté dans le Sud, se rapprochant ainsi de la moyenne nationale.
Abstract
How the Local Labour Markets Established an Equilibrium Over the Last Ten Years
In terms of employment, the southern regions, Ile-de- France and Rhône-Alpes were the most dynamic
between 1982 and 1990. They also benefited by the arrival of new workers coming from other regions.
On the contrary, the northern and eastern regions have been directly hit by industrial restructuring, with
the noticeable exception of Alsace. Lorraine and Franche-Comté were able to check the growth of
unemployment thanks to the increasing number of people who commute accross the border.
The link between employment and unemployment is not a mechanical one : the southern regions, which
create the highest number of jobs are also the regions where unemployment has risen most. This
apparent paradox is due, mostly, to changes in labourforce participation rates. Supported by the
dynamism of employment, young people's participation rates have receded less than in the north. And
the percentage of working women has noticeably risen in the south, thus becoming closer to the
national average.
Resumen
l Cômo se equilibraron los mercados régionales laborales en los ûltimos diez anos ?
En materia de empleo, las regiones del Sud, "Ile de France" y "Rhône-Alpes" resultaron ser las mes
dinamicas entre 1 982 y 1 990. Beneficiaron también de la Ilegada de activos provenientes de otras
regiones. Inversamente, los regiones del Norte y del Este padecieron fuertemente las consecuencias
de las reestructuraciones de la industria, con la excepciôn notable de Alsacia. Las regiones de Lorraine
y Franche-Comté pudieron contener la expansion del desempleo mediante el desarrollo del trabajo
fronterizo.
La relaciôn entre empleo y desocupaciôn no es mecânica : las regiones méridionales, creadoras de
mayores puestos de trabajo fueron también aquéllas en las que se extend iô mâs el desempleo. Esta
paradoja aparente es debida, esencialmente, a los movimientos de las tasas de actividad. La actividad
de los jôvenes, sostenida por el dinamismo del empleo, ha disminuido menos que en el Norte. Las
tasas de actividad de las mujeres aumentaron sensiblemente en el Sud aproximândose asi a la media
nacional.REGIONS
Comment se sont équilibrés
les marchés régionaux du travail
depuis 10 ans ?
En matière d'emploi, les régions du Sud, l'Ile-de-France et Rhône-Alpes se sont montrées les
plus dynamiques entre 1982 et 1990. Elles ont aussi bénéficié de l'arrivée de nouveaux actifs, Alain Jacquot* Laurence Descours et venus d'autres régions. A l'inverse, les régions du Nord et de l'Est ont subi de plein fouet les
restructurations de l'industrie, à l'exception notable de l'Alsace. La Lorraine et la
Franche-Comté ont pu contenir l'extension du chômage par le développement du travail
frontalier.
La relation entre l'emploi et le chômage n 'est pas mécanique : les régions méridionales, les
plus créatrices d'emplois, sont aussi celles où le chômage a le plus progressé. Ce paradoxe
apparent tient, pour l'essentiel, aux mouvements des taux d'activité. Soutenue par le
dynamisme de l'emploi, l'activité des jeunes a beaucoup moins fléchi que dans le Nord. Et les
taux d'activité des femmes ont sensiblement augmenté dans le Sud, se rapprochant ainsi de la
moyenne nationale.
*Laurence Descours La population active d'une zone se compose des per chômage (600 000) (2). Dans le même temps le
et Alain Jacquot sonnes qui résident dans la zone et qui ont un emploi nombre de travailleurs frontaliers est passé de font partie de la (population active ayant un emploi) ou en recherchent 104 000 à 198 000 (tableau 1) [3](3). Division Statistiques un (chômeurs). Pour ceux qui travaillent hors de leur et Etudes Régionales zone de résidence, les déplacements domicile-travail Au-delà de cette égalité comptable, la population active del'INSEE
qui en résultent sont appelés "migrations alternantes sor évolue sous l'effet de trois facteurs : les variations des
tantes" (ou "navettes sortantes"). En sens inverse, on taux d'activité (AT), les effets de générations (AG) et les
Les nombres entre parle de "migrations alternantes (ou "navettes") migrations d'actifs (AM). Il est possible d'évaluer la
crochets renvoient à entrantes". Pour déterminer l'emploi d'une zone, il faut contribution de chacun de ces trois facteurs à l'évolution la bibliographie en donc ajouter à la population active ayant un emploi les de la population active (voir encadré). On pose alors : fin d'article. navettes entrantes et retrancher les sortantes. Entre la
variation de lapopulation active (AA), celle du chômage AA=AT + AG + AM (El)
(AC), celle de l'emploi (AE) et celle du solde (entrées -
sorties) des navettes, la relation est ainsi :
AA=AE + AC-AS (El)
2. Les chiffres de cet article sont tirés des recensements de 1982 et
1990 (exploitation exhaustive). Les résultats qui en sont issus
peuventêtredifférentsdeceuxquiseraientobtenusàpartir d'autres Au niveau national, hausse de l'emploi,
sources, les estimations annuelles d 'emploi ou les enquêtes emploi du chômage et de l'activité féminine par exemple (voir encadré).
3. Dans le cas particulier où la zone géographique est la France Entre 1982 et 1990, la population active en métropolitaine, on ne connaît par le recensement que le nombre de 1. Ne sont pas inclus France a augmenté de 1 283 000 personnes (1) : frontaliers (ou "navettes sortantes"), résidents français travaillant les militaires du
à l'étranger. contingent. la hausse de l'emploi (589 000) s'est doublée de celle du
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 253, AVRIL 1992 15 DÉFINITIONS ET MÉTHODES EMPLOYÉES
Les données utilisées sont celles obtenues à partir de 3. la méthode qui vient d'être exposée repose sur
l'exploitation exhaustive légère des recensements de l'hypothèse selon laquelle le taux d'activité des
1982 et 1990. Les chiffres obtenus peuvent de ce fait migrants est égal au taux d'activité du département
différer quelque peu de ceux qui auraient été obtenus d'arrivée. Cette hypothèse a été retenue par souci de
à partir des exploitations lourdes, ou encore de ceux simplification, bien qu'elle ne corresponde pas rigo
qui auraient été obtenus à l'aide des estimations ureusement à la réalité observée dans le passé. Si
annuelles depopulation et d'emploi (1). elle constitue une approximation acceptable à la plu
part des âges, elle ne convient plus cependant
Pour évaluer l'impact sur la population active des au-delà de 55 ans, car à ces âges la migration d'un
migrations d'actifs, des variations des taux d'activité, et individu actif est en général liée à son départ en
des effets de génération, nous avons procédé de la retraite. Pour les plus de 55 ans, il vaut mieux consi
dérer que to