Destin d une île à sucre : l économie et le peuplement de Maurice - article ; n°338 ; vol.63, pg 255-273
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Destin d'une île à sucre : l'économie et le peuplement de Maurice - article ; n°338 ; vol.63, pg 255-273

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Description

Annales de Géographie - Année 1954 - Volume 63 - Numéro 338 - Pages 255-273
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1954
Nombre de lectures 70
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Charles Robequain
Destin d'une île à sucre : l'économie et le peuplement de
Maurice
In: Annales de Géographie. 1954, t. 63, n°338. pp. 255-273.
Citer ce document / Cite this document :
Robequain Charles. Destin d'une île à sucre : l'économie et le peuplement de Maurice. In: Annales de Géographie. 1954, t. 63,
n°338. pp. 255-273.
doi : 10.3406/geo.1954.15509
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1954_num_63_338_15509255
DESTIN D'UNE ILE A SUCRE :
L'ÉCONOMIE ET LE PEUPLEMENT DE MAURICE
(Pl. X-XI.)
A 150 kilomètres de la Réunion, d'où elle est parfois visible, entièrement
volcanique comme elle, comme elle aussi terre de colonisation française ,et
de canne à sucre, Maurice ne lui ressemble pas en tous points, quels que
soient les liens de parenté et de culture qui unissent les deux îles, souvent
encore appelées sœurs. La nature et l'histoire rendent compte de leur origi
nalité1.
I. — Les conditions naturelles
II y a longtemps qu'a été reconnue la constitution volcanique de Maur
ice. C'est depuis 1950 seulement que deux études2, conduites indépe
ndamment l'une de l'autre, en ont précisé les traits. Il semble que, sur cette
longue ride des Mascareignes, l'activité volcanique se soit déplacée, au cours
d'une période à la chronologie encore incertaine, du Nord vers le Sud. En
effet, elle ne persiste plus que dans le Sud-Est de la Réunion, où le massif de
la Fournaise continue à dégager des fumerolles et à vomir des laves : des
coulées sont encore descendues vers la mer de mars à juin 1953. Dans le
Nord de cette île, le massif du Piton des Neiges n'est déjà plus que la ruine
d'un grand édifice volcanique aujourd'hui éteint : ruine imposante,, magnif
ique quand son sommet plane sur les strates nuageuses de l'alizé, à plus de
3 000 m. ; mais il est déjà profondément évidé par trois cirques (Salazie,
Cilaos, Mafatte) dans l'élaboration desquels l'érosion semble avoir eu plus
de part que les effondrements d'explosion ou les affaissements magmatiques.
Maurice présente les^ témoignages d'au moins trois phases éruptives,
dont les dernières sont peut-être contemporaines des plus anciennes du
Piton des Neiges, dont la première remonte peut-être au Crétacé. Celle-ci
ne se traduit plus dans le relief actuel que par des montagnes-chicots au
profil parfois fantastique ; leurs parois souvent nues ou maigrement boisées
offrent un empilement de couches parallèles et peu inclinées, généralement
vers la mer : surtout basalte à olivine, compact et résistant, parfois traversé
de dômes intrusifs de trachyte. Rarement absentes de l'horizon, où qu'on se
trouve dans l'île, elles se dressent surtout à sa périphérie, formant des massifs
plus ou moins étendus. Les principaux (fig. 2) sont : dans le Nord, celui du
Pouce et du Pieterboth (813 m.), donnant un amer commode au navigateur
qui cherche la rade de Port-Louis ; dans l'Est, les échines des montagnes
Blanche, Lagrave et Bourbon ; au Sud-Ouest, la montagne de la Rivière
1. Voir P. de Sornay, Isle de France-Ile Maurice, Port-Louis, 1950.
2. E. S. W. Simpson, The Geology and Mineral Resources of Mauritius (Colonial Geology
and Mineral Resources, Londres, vol. I, n° 3, 1950, p. 217-238 ; carte et coupes sommaires). —
M. de Chazal et J. de Baissac, Étude sur la géologie de l'Ile Maurice (Proceedings of the Royal
Society of Arts and Sciences of Mauritius, vol. I, part. 1, 1950, p. 53-72, carte h. t.). 256 ANNALES DE GÉOGRAPHIE
Noire qui porte le point culminant de l'île (824 m.). Ailleurs surgissent encore
des rochers isolés au profil tourmenté, comme ceux du Corps-de-Garde et
des Mamelles, entre la grande route de Port-Louis à Curepipe et la côte Ouest
(pi. X, A).
Ces montagnes-témoins, façonnées par une longue érosion, ont leurs basses
pentes plus ou moins enfouies sous l'épaisseur des coulées ultérieures. Les
géologues cités plus haut s'accordent à reconnaître dans ces dernières les
émissions de deux phases au moins, mais relativement rapprochées, l'une
moyenne, l'autre récente, se plaçant entre la fin du Tertiaire et la fin du
Pleistocene. Les coulées de la phase récente couvriraient plus du tiers de
l'île. L'ensemble des nappes moyennes et récentes trahit un volcanisme
de type nettement hawaïen : il s'agit de basaltes doléritiques bleuâtres, très
vésicules souvent ; ils recèlent des cavernes résultant de l'éclatement de
poches gazeuses (steamholes), des galeries dont l'une, à Petite- Rivière, a les
dimensions d'un tunnel de chemin de fer, son cours sinueux s'étendant sur
800 m. environ, à faible profondeur ; la structure cordée des laves est encore
parfois bien visible.
Ces amas de laves forment une lourde intumescence qui atteint environ
650 m. dans le centre de l'île, sculptée en larges ondulations, la pente s'accen-
tuant aux approches des côtes, surtout au Sud et à l'Ouest. La perméabilité
explique la bonne conservation relative du relief originel : en particulier de
petits puys, dont certains recèlent encore des lacs, tel le Trou-aux-Cerfs qui
domine Curepipe ; ils s'alignent du NNE au SSO, jalonnant dans l'île la
principale ligne de partage des eaux. L'hydrographie reste typiquement
rayonnante. Reaucoup de cours d'eau, refoulés par les coulées les plus récentes,
s'y incrustent à la base des massifs anciens : ainsi, sur le versant Sud du massif
du Pouce, la grande Rivière du Nord-Ouest a été visiblement repoussée par
les laves issues du volcan Bar-le-Duc ; de même que, dans le Sud-Est, la
Rivière des Créoles a reculé devant celles émises par le cratère de Curepipe
Point jusqu'au pied de la montagne Lagrave. Les fissures de rétractation de
la lave et l'intercalation assez fréquente de tufs parmi les basaltes expliquent
le profil irrégulier des rivières de l'île, le grand nombre de petites chutes et
de cascades, comme celle de Chamarel dans le massif de la Montagne Noire
(pi. X, B).
Il y a beaucoup de longues pentes à faible inclinaison, mais peu de véri
tables plaines dans Maurice, même aux approches de la mer. Sans doute les
plages de sable corallien, d'une splendide blancheur, abondent, alors qu'elles
sont si rares à la Réunion dont les torrents charrient jusqu'à l'Océan des
masses de galets mêlés à d'énormes blocs. Mais la frange alluviale reste
presque toujours très étroite : elle s'élargit quelque peu dans le Sud-Ouest,
au débouché de la rivière Tamarin et de la rivière Noire. C'est à l'Est que la
côte est le plus accidentée ; mais partout elle offre les témoignages d'une
submersion récente. Les rias abondent, la plus caractéristique étant sans
doute la baie du Cap dans le Sud-Ouest, profondément encaissée dans les
laves et que la route périphérique doit remonter en un long détour. Le 1
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ANN. DE GÉOG. LXIIIe ANNÉE.
1 6 ANNALES DE GÉOGRAPHIE 258
ressac souligne la présence d'un récif -barrière à une distance plus ou moins
grande de la côte : parfois à 700 ou 800 m. seulement, le chenal intermédiaire
étant alors presque à sec à marée basse. Il s'éloigne à plus de 5 km. devant la
baie de Grand-Port, au Sud-Est. Il s'interrompt au débouché des principales
rivières et, sur la côte méridionale, assez longuement à l'Est de Souillac.
Le plateau continental, de profondeur inférieure à 100 m., a lui-même
une largeur très variable : il s'étend surtout dans le Nord, englobant cinq
îlots inhabités, dont l'île Ronde et l'île aux Serpents, provenant sans doute
d'éruptions sous-marines ou très proches du niveau marin.
Le relief de Maurice, beaucoup moins vigoureux que celui de la Réunion,
est cependant assez marqué pour introduire dans cette île une trè

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