L'urbanisation au Parana - article ; n°1 ; vol.51, pg 73-86

Jean Labasse

Description

Revue de géographie de Lyon - Année 1976 - Volume 51 - Numéro 1 - Pages 73-86
La croissance urbaine de l'Etat brésilien du Parana est originale : elle ne doit rien ou presque à l'industrialisation et repose sur l'accompagnement de l'avance des fronts pionniers et le support en services des progrès de l'agriculture. Le réseau urbain s'appuie essentiellement pour l'instant sur deux « corridors d'exportation », mais une mise en ordre planifiée semble s'esquisser. Curitiba, la capitale de l'Etat, ajoute à des traits originaux le mérite d'un effort important pour discipliner la circulation.
The urban growth of the Brazilian state of Parana follows an original course : it owes nothing or almost nothing to industrialisation and it is based upon and goes together with the advance of pioneer fronts and the services necessary to the developing agriculture. At the moment, the urban network essentially relies upon two « corridors » of exportation but there seem to be signs of a planned organization. Curitiba, the state capital adds to some original features, the merit of an important effort to improve the regulation of the traffic.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: REVUE_DE_GEOGRAPHIE_DE_LYON
• Publié le: 01 janvier 1976
• Nombre de lectures: 18
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Extrait

Jean Labasse
L'urbanisation au Parana
In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 51 n°1, 1976. pp. 73-86.
Résumé
La croissance urbaine de l'Etat brésilien du Parana est originale : elle ne doit rien ou presque à l'industrialisation et repose sur
l'accompagnement de l'avance des fronts pionniers et le support en services des progrès de l'agriculture. Le réseau urbain
s'appuie essentiellement pour l'instant sur deux « corridors d'exportation », mais une mise en ordre planifiée semble s'esquisser.
Curitiba, la capitale de l'Etat, ajoute à des traits originaux le mérite d'un effort important pour discipliner la circulation.
Abstract
The urban growth of the Brazilian state of Parana follows an original course : it owes nothing or almost nothing to industrialisation
and it is based upon and goes together with the advance of pioneer fronts and the services necessary to the developing
agriculture. At the moment, the urban network essentially relies upon two « corridors » of exportation but there seem to be signs
of a planned organization. Curitiba, the state capital adds to some original features, the merit of an important effort to improve the
regulation of the traffic.
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Labasse Jean. L'urbanisation au Parana. In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 51 n°1, 1976. pp. 73-86.
doi : 10.3406/geoca.1976.1176
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113X_1976_num_51_1_1176AU PARANA L'URBANISATION
par Jean Labasse
La croissance urbaine du Brésil ne laisse pas d'être frappante. En trente
ans à peine, la population des villes de cet immense pays a progressé de 31 %
(1940) à 56 % (1970) de la population totale, à coups notamment de puis
santes migrations internes ; la proportion devrait être de l'ordre de 63 % —
soit 75 millions de personnes — en 1979. Les distorsions dans la distribution
géographique des villes au sein des régions, l'inégalité des niveaux d'activité
et d'équipement, l'acuité des problèmes de surpeuplement et de congestion-
netnent des métropoles sont en conséquence choses courantes.
Dans ce contexte si accusé, l'urbanisation du Parana mérite, à notre
sens, un examen particulier.
I. — LES TRAITS GENERAUX
On ne saurait certes traiter le Parana comme un espace homogène. Entre
les plateaux centraux, marqués par l'exploitation forestière et l'élevage
extensif, le Nord — où la polyculture le dispute au café — , les régions pion
nières de l'Ouest et la zone littorale, les contrastes sont vigoureux, dans les
paysages comme dans les conditions techniques et humaines du développement
économique. Quelques éléments fondamentaux permettent cependant d'em
brasser d'un seul regard cet ensemble apparemment disparate : le caractère
récent de la mise en valeur, l'ouverture de la gamme des cultures concevables,
l'ascension brutale d'un «Etat-champignon»1 passé en un siècle de 125 000
habitants à près de 7 millions.
Hormis les premiers noyaux de colonisation portugaise aux xvil* et xvnť
(fondation de Paranagua en 1632), ce sont les mouvements d'occupation
progressive du sol d'Est en Ouest qui expliquent l'actuel semis des établi
ssements humains de caractère urbain. Au Nord, la conquête du « vieux
Parana» (Parana Velho) bat son plein à partir de 1865 ; elle s'appuie sur les
1. Yves Leloup, L'Amérique latine, tome II, Bordas édit, Paris, 1973, p. 197. 74 JEAN LABASSE
Fig. 1. — La division du Parana en municipes :
en noir, municipes en 1940 ; en gris, en 1970
Source : P.D.U., Politica de Desenvolvimento Urbano páro o Estado do Parana,
Governo do Estado do Parana, Coordenaçao de Planejamento Estadual, Sudesul, Serfhau,
Universidade Federal de p. 59.
Liste des principaux municipes
AC Assis Chateaubriand Mai Mallet
Mandaguari And Andira Man
Me Medianeira Ant Antonina
Apucarana M.luz Mariluz Ар
Arapongas Mo Morretes Ass Агар Marialva Assai M.va
Ast Astorga NE Nova Esperança Araucaria Arau NL Londrina
Bandeirantes Ba Par Paranavai
BVdP Bela Vista do Paraiso PB Pato Branco
BdS Bocaiuva do Sul PdM Primero de Maio
Piraj do Sul PdS CA Cerro Azul Pi Pirraquara Car Carlopolis P.mas Palmas Case Cascavel Po Porecatu Cast Castro Pr Prudentopolis Cbe Cambe P.ra Palmeira CdO Cruzeiro do Oeste
CdS Centenario do Sul RA Rio Azul
RBdS Branco do Sul Ci Cianorte
Campo Largo RC Ribeirao Claro CL
RdP Cl Clevelandia do Pinhal
CM Campo Mourao Reb Rebouças
Res Reserva CP Cornelio Procopio
RN Rio Negro FB Francisco Beltrao Ro Rolandia Fdl Foz do Iguaçu
SAdP Santo Antonio da Platina Fe Feabiru
SC Siqueira Campos G.ba Guaratuba Sen Senges GE Goio Ere Ser Sertanopolis G.ra Guaira SJdP Sao Jose dos Pinhais
G.va Guarapuava SJdT Joao do Triunfo
SM Santa Mariana Iba Ibaiti
SMdS Sao Mateus do Sul Ibi Ibipora
Im Imbituva ТВ Telemaco Borba
Ipi Ipiranga Ti Tibagi
Ipo Ipora Toi Toledo
Ir Irati Tom Tomazina
Iv Ivaipora TS Texeira Soares
UdV Uniao da Vitoria Jac Jacarezinho
JdS Jandaia do Sul Um Umuarama
Ur Urai JT Joaquim Tavora
Ventania Ve La Lapa
Lo Loanda WB Wenceslau Braz
Fig. 2. — Les communications du Parana Fig. 1
675 250 100 50 25 10 -.
ASPHALTES
(REVETEMENT EN COURS)
CONSTRUCTION
Fia. 2 76 JEAN IABASSE
progrès de la voie ferrée, la « Estrada de Ferro Sorocabana », qui guide la
pénétration des Paulistes à travers l'immense tache de Terra Roxa sur laquelle
ils plantent le café. Ailleurs et durant la première moitié de ce siècle, en
particulier au « Parana nouveau » (Parana Novo), les Companhias de Terra,
d'abord privées puis officielles 2, suscitent parallèlement le lotissement des
terres et la fondation des noyaux de ville. Partout les propriétaires fonciers
jouent un rôle essentiel dans la naissance de la fonction résidentielle. Ce ne
sont là bien entendu que les traits grossiers d'une histoire complexe, sur
laquelle il n'y a pas lieu de s'étendre ici 3.
En regard d'une population totale de 6 936 000 âmes4 en 1970, que l'on
prévoit être de 9 970 000 en 1980 (soit une augmentation de 43,7 % contre
61,4 % dans la décennie précédente), la population urbaine du Parana5, qui
était de 2 501000 habitants en 1970, devrait atteindre 4 270 000 en 1980
(soit une progression de 70,5 % contre 88,1 % entre 1960 et 1970). La
proportion de citadins s'élèverait en conséquence de 36,5 à 42,8 %.
L'originalité du phénomène de croissance tient à ce qu'il ne doit que très
peu à l'industrialisation, à quelques exceptions près dont les plus notables
sont celles de Telémaco Borba (cellulose) et, pour l'avenir, de Foz de Iguaçu,
où l'édification d'un barrage géant doit attirer une concentration d'industries
grosses consommatrices d'énergie électrique. Les villes du Parana naissent
et grandissent parce qu'elles sont le support de l'économie agricole, accom
pagnant ses progrès dans les secteurs déjà bien reconnus et soutenant à
l'Ouest le mouvement des franges pionnières. Le commerce de gros (semences,
matériel de culture et pièces mécaniques, conditionnement, entrepôts, etc.) et
de détail et les services sont à la base de leur essor. Quelques chiffres en
apportent la preuve. Les activités primaires et tertiaires se partagent à égalité
90 % du produit intérieur brut de l'Etat, ne laissant que 10 % au secteur
secondaire ; parallèlement l'emploi de la population adulte accuse 62,5 °/o
dans l'agriculture et l'élevage et 27 % dans les services, contre 10,5 %
seulement dans l'industrie — ce qui souligne en passant la part des actifs
agricoles la population des plus faibles unités « urbaines ». Par ailleurs,
alors que le pourcentage de population urbaine augmentait sensiblement entre
deux recensements (1960 et 1970), celui du secteur secondaire restait éto
nnamment stable aux alentours des 10 % mentionnés.
L'urbanisation du Parana (fig. I ) est donc « le résultat d'une occupation
intensive du territoire, liée au dynamisme rural» (Vicente de Castro). En
combinaison avec les flux migratoires d'origine extérieure qui parcourent
l'Etat en direction de l'Ouest et du Sud-Ouest, elle résulte essentiellement de
l'intégration dans les services d'une fraction de la population rurale. De façon
2. Contrôlées par le Departementů de Geograf ia, Terras e Colonisacao (D.G.T.C.).
3. Cette histoire est clairement contée dans Maria- Adelia de Souza, Le Parana : le
cadre historique, géographique et &#