La culture de la vigne dans la Fruška Gora - article ; n°363 ; vol.67, pg 404-429
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Description

Annales de Géographie - Année 1958 - Volume 67 - Numéro 363 - Pages 404-429
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1958
Nombre de lectures 0
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Hildebert Isnard
La culture de la vigne dans la Fruška Gora
In: Annales de Géographie. 1958, t. 67, n°363. pp. 404-429.
Citer ce document / Cite this document :
Isnard Hildebert. La culture de la vigne dans la Fruška Gora. In: Annales de Géographie. 1958, t. 67, n°363. pp. 404-429.
doi : 10.3406/geo.1958.16984
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1958_num_67_363_16984404
LA CULTURE DE LA VIGNE DANS LA FRUŠKA GORA1
(SYRMIE)
(Pl. XI-XII.)
I. — L'originalité de la Fruška Gora
Isolée au milieu du bassin pannonien, la Fruška Gora fait figure de mont
agne, bien que son point culminant ne dépasse pas 539 m (fig. 1) : les hommes
y ont élaboré un genre de vie différent de celui qui règne sur les plaines
environnantes.
Les plaines pannoniennes. — Celles-ci forment un ensemble où l'histoire
plus que la géographie distingue le Srem, le Banat, la Bačka, la Baranja.
Délimitant ces régions, le Danube et ses affluents, la Save, la Tisa, la Drave,
encombrés d'îles alluviales, coulent entre des rives marécageuses ourlées de
rideaux de peupliers ; leurs grandes crues envahissent un lit majeur sillonné
de méandres abandonnés : le rit. En arrière de berges escarpées de quelques
mètres, mais souvent émoussées par le ruissellement, commencent les plaines
proprement dites2.
Les accumulations superficielles masquant les sédiments lacustres du
Pliocène leur confèrent une indiscutable uniformité. Elles s'étendent à perte
de vue sans autres accidents que ceux qui résultent de la nature des sols :
les sables du Banat et de la Bačka dessinent des dunes et des dépressions
sous la poussée des vents dominants ; le lœss du Srem ondule ou se creuse
en dépressions fermées semblables à des dolines.
Champ de bataille entre la Turquie d'une part, l'Autriche et la Hongrie
d'autre part, les plaines pannoniennes, « déserts sans hommes » à la fin du
xvne siècle, doivent leur peuplement à une politique systématique qui, de
la deuxième moitié du xvine siècle à nos jours, y installa des colons venus
des quatre coins de l'horizon. La topographie se prêtait à la création de
villages régulièrement espacés, disposés en carrés ou en rectangles et divisés
en îlots par de larges rues perpendiculaires. Chaque îlot compte plusieurs
maisons paysannes groupant leurs bâtiments d'habitation et d'exploitation
autour d'une vaste cour herbeuse plantée d'arbres fruitiers ; au centre, le
puits à balancier dresse ses bras inégaux ; dans un coin, le šardak, sorte de
1. Au début de cet article, il nous est agréable de dire toute notre affectueuse gratitude au
professeur B. Ž. Milojevič, de l'Université de Belgrade, sans qui notre enquête sur le terrain
au cours de l'été 1957 n'aurait pas pu être menée à bien.
Indications bibliographiques : Simeonovič, Karlovacko vino, Karlovci, 1930 god. — К. Petro-
vič, Temperatura и Sremskim Karlovcima, Belgrade, 1937 god. — Id., Vinogradarstvo i vocarstvo
и karlovcima pocetkom XIX veka (Glasnik istoriskog drustva и Novom Sadu, knj. 13, Sveska 3-4),
Novi Sad, 1940 god. — Dragoslav Milisavljevič, Vinogradarstvo Vojvodine, Vojvodina, 1944-
1954, Izd. Matica srpska Novi Sad.
2. B. Z. Milojevič, Les plateaux de lœss et les régions de sable de Yougoslavie {Mémoires de la
Société serbe de Géographie, vol. 6), Belgrade, 1950. LA CULTURE DE LA VIGNE DANS LA FRUŠKA GORA 405
grenier à claire-voie monté sur pilotis, abrite les chapelets d'épis de maïs.
La maison donne sur la rue par une porte cochère à deux battants d'où
s'échappent, le matin, à l'appel du berger communal, vaches, cochons, oies.
Les bêtes vont pâturer, en été, dans les rit ou dans les chaumes ; elles rentre
ront le soir dans un nuage d'impalpable poussière de lœss.
Toute l'économie rurale repose sur la culture des céréales et l'élevage.
Hormis quelques jardins maraîchers de choux, de paprika, de pommes de
terre, et de petits vignobles souffreteux sur les pentes exposées au Sud, le
terroir est consacré au blé et au maïs : ils alternent sur des parcelles rectan
gulaires qui s'allongent à partir des routes. La paille et le grain permettent
Fig. 1. — Carte de la Fruška Gora. — Échelle, 1 : 1 000 000 environ.
Altitudes : 1, au-dessous de 200 m ; 2, de 200 à 300 m ; 3, de 300 à 500 m ; 4, au-dessus de
500 m. — 5, Voies ferrées. — 6, Routes.
l'entretien des bœufs, des porcs et des animaux de basse-cour. Grâce à
d'abondantes fumures, les sols de lœss conservent leur fertilité originelle.
Ici aussi, le progrès vient de l'introduction d'une plante fourragère, la luzerne,
dans le système de cultures : l'assolement triennal gagne de plus en plus de
terrain.
La géométrie des villages, des champs et des routes, sur la monotonie des
plaines nues, compose un paysage sévère. Entièrement conçu par l'homme,
il évoquerait la « campagne » des plaines limoneuses de l'Europe occidentale,
n'était l'existence d'une poussière de petites maisons disséminées entre les
grosses agglomérations : les salaš où les bœufs sont nourris de paille pendant
la mauvaise saison ; la famille vient y séjourner en été pour la durée des
travaux.
La Fraška Gora. — Tout autre est la Fruška Gora. Elle oppose son relief
plissé à l'horizontalité des plaines. De cette longue échine E-W descendent
vers le Nord et vers le Sud des rivières qui ont creusé des vallées profondes. ANNALES DE GÉOGRAPHIE 406
Primitivement, la forêt de feuillus couvrait ses flancs. Ces traits définissent
la montagne. Malgré la modestie des altitudes, les hommes ne s'y trompent
pas : pour les Srematz, habitants des plaines syrmiennes, ceux de la Fruška
Gora sont déjà des planinatz, des montagnards.
Mais, sous ce climat, la petite montagne est un bon pays. La Fruška Gora
a vu naître dans ses vallées abritées un genre de vie original basé sur un
système de cultures dont l'arbre fruitier et la vigne sont les pièces maîtresses.
La vigne surtout, qui a trouvé sur les pentes sablonneuses ensoleillées ses
sites d'élection. Tirant parti des possibilités offertes par le milieu, elle a,
à son tour, fortement marqué les paysages et les hommes. Il y a peut-être
entre le vigneron de la Fruška Gora et le vigneron de Bourgogne, « créations
des coteaux », plus d'affinité qu'avec le paysan pannonien. Si on laissait aux
géographes le soin de définir l'Europe occidentale, nul doute qu'ils y inclu
raient la viticole Fruška Gora.
Quoi qu'il en soit, cette montagne est une région attractive où tout villa
geois des plaines rêve de posséder sa vigne.
II. — Les conditions naturelles
Le relief. — Géologiquement1, la Fruška Gora appartient au massif
rhodopique : elle en a été séparée, au milieu du Tertiaire, par l'affaissement
compensateur de la surrection des Alpes, qui engendra le bassin pannonien.
C'est un horst formé d'un noyau de phyllites, de micaschistes et de calcaires
cristallins anciennement plissés, sur lequel reposent au Nord et au Sud, en
discordance de stratification, des couches du Crétacé supérieur, des calcaires
du Leitha, des marnes pontiennes, des argiles et des sables lacustres du
Pliocène. Butant contre cet obstacle, les vents déposèrent au Pleistocene
d'épaisses accumulations de lœss qui ensevelirent les pentes du massif
jusqu'à l'altitude moyenne de 280 m.
La Fruška Gora dessine aujourd'hui un bourrelet long d'environ 80 km
d'E en W et dissymétrique2 : son flanc Nord, sans doute flexuré, tombe
rapidement sur le Danube dont la ligne de faîte n'est séparée que par une
dizaine de kilomètres ; les couches du flanc Sud s'inclinent plus lentement vers
la Save. D'où des différences dans les conditions de l'érosion. L'altitude et
les pentes favorisent le ruissellement des pluies en une multitude de rivières.
Celles du versant septentrional, courtes et rapides, surexcitées par la proxi
mité du niveau de base local, ont ouvert dans les formations tendres de lœss
et de sable des vallées parallèles, profondes, qui, en s' élargissant, ont souvent
réduit à d'étroites lanières la surface des interfluves. La dissection du versant
méridional est moins avancée : entre les vallées évasées subsistent de vastes
étendues de plateaux fa&#

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