Les comportements de transferts intergénérationnels en Europe - article ; n°1 ; vol.403, pg 117-141
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Economie et statistique - Année 2007 - Volume 403 - Numéro 1 - Pages 117-141
Les transferts qui circulent entre les générations à la fois sous forme de temps et d'argent sont très importants dans l'ensemble des pays européens. D'après les données issues de l'enquête Share menée auprès de personnes de 50 ans et plus, près de trois enquêtés sur dix sont concernés par des transferts financiers au cours de l'année et plus de quatre sur dix par des aides en temps. Lorsqu'il s'agit d'argent, les enquêtés déclarent avoir versé un transfert sept fois plus souvent qu'ils ne signalent en avoir reçu, tandis que le taux d'aide donnée n'est guère différent du taux d'aide reçue pour les aides en temps. Les transferts financiers sont dans une très large majorité versés aux enfants et, dans une moindre mesure, aux petits-enfants, tandis que les aides en temps reçues sont majoritairement le fait des enfants. Il existe des différences européennes significatives avec des transferts globalement moins importants dans les pays d'Europe du Sud. Les aides financières versées sont avant tout liées à des dépenses courantes et à des évènements familiaux. Qu'ils soient reçus ou bien versés, les transferts sont fortement liés à la structure familiale, au niveau d'éducation et au revenu. Les aides en argent apportées aux enfants dépendent largement de la situation de ces derniers. Elles sont plus fréquentes pour les enfants au chômage ou les étudiants et elles augmentent avec les contacts familiaux entre parents et enfants. Si les parents viennent certes en aide à leurs enfants lorsque le besoin s'en fait sentir, l'enquête Share suggère l'existence de mécanismes d'échange entre les générations.
Comportamiento de las transferencias intergeneracionales en Europa. Las transferencias que circulan entra las generaciones a la vez en forma de tiempo y dinero son muy importantes en el conjunto de los países europeos. Según los datos de la encuesta Share realizada ante personas de 50 años y más, casi tres encuestados sobre diez están atañidos por transferencias fi nancieras a lo largo del año y más de cuatro sobre diez por ayudas en tiempo. Cuando se trata de dinero, los encuestados declaran haber transferido siete veces más que señalan haber recibido, mientras que la tasa de ayuda proporcionada no se diferencia apenas de la recibida cuando se trata de tiempo. Las transferencias fi nancieras son en una amplia mayoría ingresadas a los hijos y, en menor medida, a los nietos, mientras que las ayudas en tiempo recibidas son mayoritariamente cuestión de los hijos. Existen diferencias europeas signifi cativas con las transferencias, globalmente menos importantes en los países del sur de Europa. Las ayudas fi nancieras están ante todo vinculadas con los gastos corrientes y eventos familiares. Sean recibidas o transmitidas, las transferencias están fuertemente vinculadas a la estructura familiar, al nivel de educación y a los ingresos. Las ayudas económicas a los hijos dependen mucho de la situación de estos últimos. Son mucho más frecuentes para los hijos en paro o los estudiantes y aumentan con los contactos familiares entre padres e hijos. Cierto, los padres acuden en ayuda de los hijos si la necesidad apremia, pero la encuesta Share sugiere la existencia de mecanismos de intercambio entre las generaciones.
Intergenerational Transfer Behaviour in Europe. Transfers between generations in the form of both time and money are very signifi cant in all European countries. According to the data from the Share survey of people aged over 50, nearly three interviewees in ten are involved in fi nancial transfers during the year and more than four in ten are involved in support in terms of time. Where money is concerned, the interviewees are seven times more likely to say that they have given money than received it, while there is barely any difference between the levels of time given and time received. The vast majority of fi nancial transfers are given to children and, to a lesser extent, grandchildren, while the time assistance is mostly given by children. There are signifi cant differences at European level, overall transfers being lower in southern countries. The fi nancial aid given is above all linked to routine expenditure and family events. Whether received or given, the transfers are strongly linked to family structure, in terms of education and income. Financial assistance given to children depends greatly on the children’s situations. Assistance is most frequently given to unemployed children and students, and it increases with family contact between parents and children. While it is true that parents come to their children’s assistance when the need arises, the
Share survey suggests that intergenerational exchange mechanisms exist.
Verhaltensweisen der Transfers zwischen den Generationen in Europa. Die Transfers zwischen den Generationen in Form zeitlicher und fi nanzieller Zuwendungen sind in allen europäischen Ländern erheblich. Nach den Daten der Erhebung
Share, die bei Personen im Alter von 50 Jahren und darüber durchgeführt wurde, erhielten im Jahresverlauf fast drei von zehn Befragten fi nanzielle und mehr als vier von zehn Befragten zeitliche Zuwendungen. Bei fi nanziellen Transfers erklären die Befragten, dass sie siebenmal mehr Geld gegeben als erhalten hätten, während die bei der zeitlichen Zuwendung geleisteten und empfangenen Hilfen sich fast decken. Die fi nanziellen Leistungen sind in der großen Mehrheit für die Kinder und in geringerem Maße für die Enkel bestimmt, wohingegen die Hilfe in Form zeitlicher Zuwendungen mehrheitlich von den Kindern geleistet wird. Innerhalb Europas gibt es erhebliche Unterschiede, da in den südeuropäischen Ländern insgesamt weniger Transfers erfolgen. Finanzielle Hilfen werden hauptsächlich für laufende Ausgaben und bei Familienereignissen gewährt. Ganz gleich ob erhalten oder geleistet, die Transfers hängen stark von der Familienstruktur, dem Bildungsgrad und dem Einkommen ab. Für die fi nanziellen Hilfen zugunsten der Kinder sind weitgehend deren Situation entscheidend. Sie sind häufi ger bei arbeitslosen Kindern oder Studenten und nehmen mit den Familienkontakten zwischen Eltern und Kindern zu. Die Eltern unterstützen zwar ihre hilfsbedürftigen Kinder; die Erhebung Share lässt aber auf das Vorhandensein von Austauschmechanismen zwischen den Generationen schließen.
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2007
Nombre de lectures 25
Langue Français

Extrait

Les comportements de transferts intergénérationnels en Europe François-Charles Wolff* et Claudine Attias-Donfut**
SOCIÉTÉ
Les transferts qui circulent entre les générations à la fois sous forme de temps et d’argent sont très importants dans l’ensemble des pays européens. D’après les données issues de l’enquêteSharede 50 ans et plus, près de trois enquêtés surmenée auprès de personnes dix sont concernés par des transferts fi nanciers au cours de l’année et plus de quatre sur dix par des aides en temps. Lorsqu’il s’agit d’argent, les enquêtés déclarent avoir versé un transfert sept fois plus souvent qu’ils ne signalent en avoir reçu, tandis que le taux d’aide donnée n’est guère différent du taux d’aide reçue pour les aides en temps. Les transferts financiers sont dans une très large majorité versés aux enfants et, dans une moindre mesure, aux petits-enfants, tandis que les aides en temps reçues sont majoritai-rement le fait des enfants. Il existe des différences européennes signifi catives avec des transferts globalement moins importants dans les pays d’Europe du Sud. Les aides fi nan-cières versées sont avant tout liées à des dépenses courantes et à des évènements fami-liaux. Qu’ils soient reçus ou bien versés, les transferts sont fortement liés à la structure familiale, au niveau d’éducation et au revenu. Les aides en argent apportées aux enfants dépendent largement de la situation de ces derniers. Elles sont plus fréquentes pour les enfants au chômage ou les étudiants et elles augmentent avec les contacts familiaux entre parents et enfants. Si les parents viennent certes en aide à leurs enfants lorsque le besoin s’en fait sentir, l’enquêteSharesuggère l’existence de mécanismes d’échange entre les générations.
* François-Charles Wolff appartient à l’université de Nantes (LEN) et est chercheur associé à la Cnav et à l’Ined.Claudine Attias-Donfutà la direction des recherches de la Cnav.appartient ** Nous tenons à remercier Lionel Prouteau et les deux rapporteurs anonymes de la revue pour leurs précieux commentaires et sugges -tions.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 403-404, 2007
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Lsefi-erseonslatiegéentritnoénarmnases tent par une intense circulation de dons et d’échanges, volontaires ou non, directs ou indirects, au sein des familles ou à travers l’intervention publique ou encore le marché. L’ampleur des sommes d’argent en jeu a été maintes fois soulignée par les économistes et par les sociologues depuis le début des années 1990, même si l’existence d’estimations récen-tes fait défaut. Ainsi, pour l’année 1994, les aides financières versées dans le sens descen-dant représentaient environ 350 milliards de francs, somme d’argent qu’il convient de com-parer aux 471 milliards consacrés aux dépen-ses publiques d’éducation ou aux 934 milliards destinés aux retraites et préretraites au cours de cette même année. Au regard du poids des trans-ferts sous forme de temps et de services rendus dans les familles (Attias-Donfut, 1995 et 1996, Prouteau et Wolff, 2003), la vision économique de la famille consacre indéniablement des rela-tions entre les générations caractérisées par des transferts pluriels et soutenus. Si les solidarités familiales assurent une redis-tribution des ressources qui est fondamentale pour les relations intergénérationnelles, ces der-nières sont également infl uencées par les multi-ples interventions de l’État et par les politiques sociales. L’édification de la protection sociale a ainsi véritablement transformé les rapports entre les générations. Le cas de la Guadeloupe en est une excellente illustration (Attias-Donfut et Lapierre, 1997) dans la mesure où il s’agit d’un exemple de société en transition rapide où la famille traditionnelle s’est adaptée à une exten-sion forte du secteur public. Face à cet essor de la redistribution publique, les solidarités au sein de la famille se sont progressivement inversées. La mise en place de prestations sociales pour les personnes âgées a modifi é la circulation des aides privées qui sont désormais tournées vers les enfants et non plus vers les ascendants. Parallèlement, l’amélioration du niveau de vie liée à la diffusion des aides publiques a donné lieu à une extension de l’entraide, à la fois dans le temps et dans l’espace, avec une généralisa-tion des transferts monétaires. En pratique, le lien entre les interventions fami-liales et sociales demeure complexe, comme l’illustre le cas de la perception du revenu mini-mum d’insertion en France (Paugam et Zoyem, 1997). Dans les années à venir, le vieillissement de la population, la modifi cation des équilibres démographiques ainsi que les contraintes fi nan-cières relativement plus fortes qui pèsent sur la dépense publique devraient modifi er sensi-
blement la nature et l’intensité de la redistribu-tion publique. Il est par conséquent important de savoir si le contexte institutionnel affecte ou non la structure des transferts familiaux dans les différents pays d’Europe. Existe-t-il par exemple des différences dans la circulation de la solidarité intergénérationnelle entre les pays d’Europe du Nord caractérisés par un État-providence généreux et ceux d’Eu-rope du Sud où la redistribution publique est de moindre ampleur ? L’enquêteShareeéarséli auprès de dix pays européens en 2004 fournit l’occasion unique d’analyser dans une perspec-tive comparative les solidarités familiales en Europe. Il ne s’agit pas ici de savoir si les fl ux privés et publics sont plutôt complémentaires ou substituables. En l’absence d’une dimension longitudinale dans les données, une telle appro-che demeure délicate. La circulation des aides familiales observée aujourd’hui est en effet le résultat d’un « fait accompli », pour reprendre Cox et Jimenez (1995). De ce fait, l’analyse proposée ici est essentiellement comparative. À partir des réponses à des questions identiques sur les transferts en argent et en temps posées aux ménages de différents pays, il s’agit de savoir s’il existe ou non des différences dans la structure et les comportements de transferts entre les pays. Quelle que soit la réponse, l’in-terprétation n’est guère aisée. S’il n’existe pas d’écarts significatifs entre les pays européens, il est alors vraisemblable qu’il existe des mécanis-mes implicites établis dans le fonctionnement de la redistribution privée, peu sensible au fonc-tionnement de l’État. À l’inverse, s’il existe des différences importantes, celles-ci ne doivent pas pour autant être nécessairement reliées à l’am-pleur de la générosité publique si, par exemple, les ménages sont plus altruistes dans certains pays et donnent davantage à autrui. Compte tenu des formes plurielles des transferts recensés dans l’enquête, la présente étude prend seulement en considération les aides régulières ou ponctuelles, à la fois en temps et en argent. Ceci exclut essentiellement deux types de transferts, à savoir les aides sous forme de corésidence et les transferts patrimoniaux sous forme de donations et d’héritage étudiés par Jürges (2005). Les situa-tions de corésidence et le rôle joué par les revenus des parents et des enfants sur le départ du domi-cile parental en Europe sont analysés en détail par Le Blanc et Wolff (2006) à partir des don-nées longitudinales de l’European Community Household Panel. L’information fournie sur les transferts familiaux dans cette source statistique
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