Les facteurs structurels et conjoncturels de la mobilité résidentielle depuis 20 ans - article ; n°1 ; vol.381, pg 125-146
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Economie et statistique - Année 2005 - Volume 381 - Numéro 1 - Pages 125-146
Les cinq dernières enquêtes Logement (1984-2002) confirment le rôle des facteurs qui expliquent habituellement la mobilité résidentielle (âge, revenu, niveau de formation, structure familiale et caractéristiques du logement). Elles permettent également de préciser certaines analyses ou de corriger certaines idées reçues. Parmi les caractéristiques du ménage et du logement, l'importance de l'âge et du statut d'occupation se confirment. Les événements familiaux s'avèrent des facteurs de mobilité résidentielle plus déterminants que ceux liés à l'emploi. Ces derniers ne jouent le rôle principal que dans le cas de la mobilité de longue distance, aux côtés du diplôme, de l'âge, du revenu et de la taille du ménage. La mobilité de courte distance, bien qu'en recul relatif, reste majoritaire. Les facteurs explicatifs de la mobilité ont pour la plupart peu changé en vingt ans. Cependant, toutes choses égales par ailleurs, en 1984, les locataires HLM étaient plus mobiles que ceux du secteur privé, alors qu'en 2002, c'est la situation inverse. Enfin, la conjoncture économique d'ensemble et l'état du marché de l'emploi, en particulier, influencent fortement la mobilité résidentielle, plus particulièrement celle des locataires. En 2002, enfin, les modifications de la composition du ménage et des conditions d'emploi qui influent le plus sur la mobilité sont également les moins fréquentes : formation et séparation des couples, changement d'établissement et, en dernier lieu, naissance.
Los factores estructurales y coyunturales de la movilidad residencial desde hace unos 20 años
Las últimas cinco encuestas Logement (1984-2002) confirman el papel de los factores que suelen explicar la movilidad residencial (edad, renta, nivel de formación, estructura familiar y características de la vivienda). Estas permiten igualmente matizar ciertos análisis o corregir ciertos tópicos. Entre las características del hogar y de la vivienda, la importancia de la edad y del estatuto de ocupación se confirma. Los acontecimientos familiares resultan ser unos factores de movilidad residencial más determinantes que los que se relacionan con el empleo. Estos sólo desempeñan un papel relevante en el caso de la movilidad de larga distancia, junto con el diploma, la edad, la renta y el tamaño del hogar. La movilidad de corta distancia, aunque disminuye, sigue siendo mayoritaria. Los factores explicativos de la movilidad han cambiado poco en unos veinte años. Sin embargo, dentro de lo que cabe, en 1984, los arrendatarios de viviendas de interés social (HLM) eran más móviles que los del sector privado, mientras que en 2002 se invierte la situación. En fin, la coyuntura económica global y el estado del mercado del empleo, en especial, influencian fuertemente la movilidad residencial, más especialmente la de los arrendatarios. En 2002, en fin, las modificaciones de la composición del hogar y de las condiciones de empleo que más influyen en la movilidad, son también las menos frecuentes: formación y separación de las parejas, cambio de establecimiento y en fin nacimiento.
Strukturelle und konjunkturelle Faktoren der Wohnungsmobilität seit 20 Jahren
Die letzten fünf Erhebungen Wohnen (1984-2002) bestätigen die Rolle der Faktoren, die in der Regel zur Erklärung der Wohnungsmobilität herangezogen werden (Alter, Einkommen, Ausbildungsniveau, Familienstruktur und Wohnungsmerkmale). Ferner lassen sich mit ihnen bestimmte Analysen präzisieren oder bestimmte überkommene Vorstellungen korrigieren. Unter den Merkmalen des Haushalts und der Wohnung wird die Bedeutung des Alters und des Status (Mieter oder Eigentümer) bestätigt. Familienereignisse sind als Faktoren der Wohnungsmobilität ausschlaggebender als diejenigen der Beschäftigung. Wie Berufsabschluss, Alter, Einkommen und Größe des Haushalts spielen letztere nur im Falle der Mobilität über eine große Entfernung die entscheidende Rolle. Die Mobilität über eine kurze Entfernung ist zwar vergleichsweise rückläufig, macht aber nach wie vor die Mehrheit aus. Innerhalb von zwanzig Jahren haben sich die explikativen Faktoren der Mobilität großenteils kaum verändert. Bei ansonsten gleichen Verhältnissen waren die Mieter von Sozialwohnungen 1984 mobiler als diejenigen des privaten Wohnungssektors, wohingegen 2002 die umgekehrte Situation herrschte. Einen starken Einfluss auf die Wohnungsmobilität, insbesondere diejenige der Mieter, haben schließlich die gesamte Konjunkturlage und der Arbeitsmarkt. 2002 sind zudem die Änderungen hinsichtlich der Zusammensetzung des Haushalts und der Beschäftigungsbedingungen, die den größten Einfluss auf die Mobilität haben, am geringsten: Ausbildung und Trennung der Ehepaare, Arbeitsplatzwechsel sowie Geburt.
The structural and cyclical factors of residential mobility over the last 20 years
The last five Housing surveys (1984-2002) confirm the role of the factors that usually explain residential mobility (age, income, level of education, family structure and housing characteristics). They can also be used to refine certain analyses and correct certain preconceived ideas. Among the household and housing characteristics, the importance of age and occupational standing are corroborated. Family events prove to be more decisive factors for residential mobility than employment considerations. Employment only plays the lead role in cases of long-distance mobility, alongside qualifications, age, income and household size. Short-distance mobility remains in the majority even though it is posting a relative downturn. The causes of mobility have changed little overall in the last twenty years. However, other things being equal, low rental public housing tenants were more mobile than private sector tenants in 1984 whereas the reverse was true in 2002. Lastly, the overall economic situation and the state of the employment market in particular strongly influence residential mobility, especially tenant mobility. Changes to household composition and employment conditions, factors that affect mobility the most, were also found the least frequently in 2002: formation and separation of couples, change of establishments and, lastly, births.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2005
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Langue Français

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DÉMOGRAPHI
Les facteurs structurels et conjoncturels de la mobilité résidentielle depuis 20 ans Thierry Debrand et Claude Taffin*
Les cinq dernières enquêtes Logement (1984-2002) confirment le rôle des facteurs qui expliquent habituellement la mobilité résidentielle (âge, revenu, niveau de formation, structure familiale et caractéristiques du logement). Elles permettent également de préciser certaines analyses ou de corriger certaines idées reçues. Parmi les caractéristiques du ménage et du logement, l’importance de l’âge et du statut d’occupation se confirment. Les événements familiaux s’avèrent des facteurs de mobilité résidentielle plus déterminants que ceux liés à l’emploi. Ces derniers ne jouent le rôle principal que dans le cas de la mobilité de longue distance, aux côtés du diplôme, de l’âge, du revenu et de la taille du ménage. La mobilité de courte distance, bien qu’en recul relatif, reste majoritaire. Les facteurs explicatifs de la mobilité ont pour la plupart peu changé en vingt ans. En 1984, cependant, toutes choses égales par ailleurs, les locataires HLM étaient plus mobiles que ceux du secteur privé, alors qu’en 2002, c’est la situation inverse. Enfin, la conjoncture économique d’ensemble et notamment l’état du marché de l’emploi influencent fortement la mobilité résidentielle, plus particulièrement celle des locataires. En 2002, enfin, les événements qui influent le plus sur la mobilité sont également les moins fréquents : formation et séparation des couples, changement d’établissement et, en dernier lieu, naissance.
* Thierry Debrand, économiste à l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (Irdes), était chargé d’études à l’Union sociale pour l’habitat au moment de la rédaction de cet article. Claude Taffin est directeur des études économiques et financières de l’Union sociale pour l’habitat. Les noms et dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie en fin d’article.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 381-382, 2005
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L a mobilité résidentielle est un sujet com-plexe et vaste. Il est complexe car il ne con-siste pas à étudier les trajectoires géographiques des individus ou les mutations du parc de loge-ments, mais l’évolution du couple ménage-loge-ment. Ce couple est défini de façon simple (1), mais il est le lieu d’interactions complexes. Le logement n’est pas seulement l’actif dominant du patrimoine des ménages et leur premier poste de consommation, il fait aussi l’objet d’un investissement affectif particulier. De surcroît, il reflète leur position sociale, aussi bien au sein d’un groupe socio-économique restreint ou d’un quartier (2) que dans un environnement plus large. Les possibilités de transformation d’un logement existant sont limitées et coûteuses. L’adéquation des caractéristiques du logement aux besoins et aux souhaits du ménage passe donc, le plus souvent, par un changement de résidence principale. Le sujet est vaste et, lorsque les économistes se penchent sur la question de la mobilité des ménages, ils privilégient des angles de recher-che qui peuvent être très différents. Ils s’intéres-sent essentiellement à trois associations : mobi-lité et travail (taux de chômage, proximité du lieu de travail, etc.) ; mobilité et famille (déco-habitation, nombre d’enfants, etc.) et mobilité et marché du logement (rôle de la construction neuve, des aides publiques au logement, etc.). Les études sur le lien entre marché du travail et mobilité résidentielle sont, sans doute, les plus anciennes puisqu’elles font référence aux débats classiques sur la différenciation de la rente foncière et sur l’aliénation des travailleurs à leur outil de production (Engels, 1897). D’ailleurs, historiquement, en France, la créa-tion du logement social est consécutive à l’essor industriel, sous la double pression, d’un côté des hygiénistes et des moralistes, de l’autre, de grands industriels soucieux de « l’employabi-lité » d’un de leurs facteurs de production. Plus récemment, un certain nombre de modèles qui étudient les migrations de population ont mon-tré l’importance des taux de chômage régionaux dans l’explication de la mobilité. Ils mettent en évidence l’impact simultané des caractéristi-ques individuelles des ménages et des niveaux de chômage (Hughes et McCormick, 1985 ; Pis-sarides et Wadsworth, 1989 ; Henley, 1998). Schématiquement, ces études établissent que les ménages partent des régions où les salaires sont faibles et le taux de chômage élevé vers des régions de caractéristiques opposées ; il en res-sort, de surcroît, que plus les écarts entre les régions sont importants, plus la mobilité est
importante. Dès lors, le niveau d’information et la capacité à l’acquérir deviennent des éléments de la mobilité (Wasmer et Zenou, 2002). Le niveau d’instruction joue donc sur la probabilité de changement. Cette influence revêt deux aspects : premièrement, plus le diplôme est élevé, plus les revenus sont élevés, donc plus l’ensemble des choix possibles en termes de logement est grand. Deuxièmement, plus l’indi-vidu est diplômé, plus son aptitude à la recher-che d’informations est grande et donc accroît sa mobilité spatiale. Les études empiriques mon-trent que plus le niveau de formation est élevé plus la propension à la mobilité est grande, quelle que soit la distance de celle-ci (Böheim et Taylor, 1999 ; Gobillon, 2001). (1) (2) Dès les années 1950, les démographes ont cher-ché à montrer les liens existant entre la mobilité résidentielle et les caractéristiques des ménages (Rossi, 1955). Ces études se concentrent essen-tiellement sur l’âge des membres du ménage, le nombre d’enfants et le statut marital (3). Par exemple, Long (1972) montre que la position des ménages dans le cycle de vie a un fort impact sur la mobilité et que l’insertion dans un groupe social tend à la réduire. Ce que confirme Speare (1970) : selon cet auteur, « la présence d’enfants scolarisés accroît l’un des liens avec un voisinage particulier et par conséquent réduit la mobilité ». Fabre et Taffin (1981) montrent, sur données françaises, que la mobi-lité est fortement liée à l’âge de la personne de référence, au statut marital, et au nombre d’enfants. La situation des deux membres du couple par rapport à l’emploi modifie aussi la mobilité. Le développement de l’emploi fémi-nin dans les couples a pu induire un changement du comportement des ménages par rapport à la mobilité résidentielle dû aux modifications du monde du travail : le comportement rationnel des couples consiste à choisir leur lieu de rési-dence en fonction de la localisation de l’emploi de chacun de ses membres. La perte de l’emploi ou encore le changement d’emploi de l’un d’eux ne sera donc pas forcément accompagné par une mobilité résidentielle. Aujourd’hui enfin, dans les projections démographiques, les deux évolu-tions les plus notables sont le vieillissement et 1. La définition adoptée ici correspond au concept de « ménage-logement ». On appelle ménage l’ensemble des occupants d’une même résidence principale, quels que soient les liens qui les unissent. Il peut se réduire à une seule personne. 2. Par rapport au voisinage immédiat, la position sociale peut être affichée par des attributs du logement tels que : la pelouse, le portail, etc. À une plus large échelle, le prestige du quartier ou du statut d’occupation sont censés exprimer cette appartenance. 3. Voir aussi Mincer (1978) et Graves (1979).
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