Masques javanais - article ; n°1 ; vol.20, pg 185-208
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Description

Arts asiatiques - Année 1969 - Volume 20 - Numéro 1 - Pages 185-208
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Tjan Tjoe Siem
Masques javanais
In: Arts asiatiques. Tome 20, 1969. pp. 185-208.
Citer ce document / Cite this document :
Siem Tjan Tjoe. Masques javanais. In: Arts asiatiques. Tome 20, 1969. pp. 185-208.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_1969_num_20_1_1013MASQUES JAVANAIS
par TJAN Tjoe Siem
Ceci est une version française du lexle qui doit servir d'introduction à une série
de cinquante-huit planches en couleurs, à paraître à Djakarta, sous le litre « Javanese
masks », aux éditions Bhratara. Nous remercions ici bien vivement MM. Achmad
Djajusman el Sie Ing Djiang, qui ont bien voulu nous autoriser à présenter, avec le
texte, un choix de dix photographies. Les clichés sont dus à M. F. Dodmer. M. Tjan
Tjoe Siem, qui compte à l'heure actuelle parmi les meilleurs spécialistes de la culture
javanaise, est actuellement professeur à V Université Nan ijang de Singapour. D. Lombard.
Nous n'essaierons pas ici de nous interroger sur l'origine du masque en général,
ni sur ses fonctions premières, et ne ferons que regrouper quelques précisions concer
nant les masques d'une région d'Indonésie bien définie, celle que l'on désigne du nom
de « pays javanais ». Nous excluons par là-même de notre champ d'étude, d'une part
le pays soundanais (Pasundan) et, d'autre part, l'île de Madura, que l'on inclut
généralement aussi dans l'aire javanaise ; il va toutefois sans dire que des siècles
d'influences réciproques rendent illusoire le tracé de toute limite bien précise.
Nous entendons donc par « pays javanais », la région de Java central, avec ses
deux centres culturels : Surakarta et Jogjakarta, ainsi que les régions contiguës qui
s'étendent, à l'est, jusqu'à Besuki et, à l'ouest, jusqu'à Tjirebon (bien qu'administra-
tivement cette dernière ville appartienne à la province de Java ouest). Appartiennent
aussi au pays javanais, d'une part, Banten, dans l'ouest de l'île, où l'on parle toujours
un dialecte d'autre part, la région dite du Pasisir, qui s'étend le long de la
côte nord avec les villes de Pekalongan, Semarang, Rembang et Surabaja. Il faut
y inclure également les résidences de Banjumas, Madiun, Kediri, Pasuruan et Besuki,
qui, en dépit de certains « régionalismes », et quoique culturellement moins développées
que les régions plus septentrionales du Pasisir, peuvent être considérées comme
faisant partie de la même unité.
Il fut un temps où la plupart de ces régions reconnaissaient l'autorité d'un seul
et même suzerain, celle du Sultan de Mataram. Fondé par Senapati (m. en 1601),
ce royaume atteignit son apogée sous Sultan Agung (m. en 1645). Lors de la révolte 186 TJAN TJOE SIEM
de Trunajaya (1), le palais, ou kralon, fut détruit et la capitale fut déplacée, d'abord
à Kartasura (en 1681), puis à Surakarta (en 1744). En 1755, lors du traité de Giyanti,
Jogjakarta fut établi comme principauté indépendante ; il y eut dès lors deux princes
régnant, chacun possédant son propre domaine : Paku Buwana à Surakarta et
Hamengku Buwana à Jogjakarta. Peu après (1757), un prince de Surakarta parvint à
se soustraire à l'autorité centrale et fonda la principauté autonome de Mangkunegaran.
En 1812, un prince de Jogjakarta se déclarait pareillement indépendant et prenait
le titre de Paku Alam (2).
Point n'est utile ici de nous étendre sur le rôle joué dans ces événements par les
étrangers, Hollandais d'abord, Britanniques ensuite ; ce simple schéma chronologique
suffira à faire comprendre, comment avec ces quatre principautés javanaises (en
néerlandais : de Vorslenlanden), apparurent centres culturels, disposant
chacun d'une sphère d'influence propre et forgeant chacun sa propre tradition.
En ce qui concerne le wayang wong par exemple (théâtre d'acteurs), ce fut la tradition
du Mangkunegaran qui s'étendit à tout Java. Il faut remarquer, inversement, que
jusqu'à ces toutes dernières années, l'influence des cours de Jogjakarta ne se fit
sentir que dans des cercles assez restreints.
Pour ce qui est de la technique des masques, de l'histoire des danses masquées
et de celle de leurs répertoires, il nous est malheureusement difficile de retracer,
avec précision, quelle fut la tradition dans chacune de ces cours. Le lecteur intéressé
pourra se reporter à la grande étude du Dr. Pigeaud sur les « Théâtres populaires
javanais « (3), où il trouvera d'amples développements sur les rapports qui existent
entre les jeux masqués et les autres formes de théâtre populaire. Nous ne traiterons
ici que de la fabriacation des masques et du déroulement des danses masquées, en nous
fondant sur un texte javanais, le Sejarah Telingalan Topéng Surakaria (« Histoire
des danses masquées de Surakarta »), dont le contenu est assez voisin de celui du
Kawruh Topéng, dont s'est servi le Dr. Pigeaud dans son livre. Nous dirons ensuite
quelques mots sur la signification de la danse masquée en général.
(1) Pour la transcription des anthroponymes et termes proprement javanais, nous avons adopté ici le
système suivant :
javanais équivalents français
c « tch » (ch de l'anglais)
/ « dj » (j de
?/ « y »
g est toujours dur. Le point sous t et d indique qu'il s'agit de rétroflexes. Le a désigne en finale, et parlois au
cours du mot, un son intermédiaire entre notre a et notre o. Pour les toponymes indonésiens ou indonésianisés
nous avons conservé l'orthographe officielle d'usage.
(2) Bien qu'autonomes, ces princes continuèrent d'avoir respectivement leurs cours à Surakarta et à
Jogjakarta.
(3) Dr. Th. Pigeaud, Javaanse Volksvertoningen, Batavia, 1938. MASQUES JAVANAIS 187
Le mot javanais usuel pour « masque » est lopéng ; on dit aussi parfois lapuk,
kedok ou tapel. Selon notre texte, le premier masque fut inventé par Sunan Kali
Jaga, le plus célèbre des « Neufs Saints » ou Wali Sanga, qui, selon la tradition,
auraient introduit l'Islam à Java, vers le début du xve s. On peut, bien sûr, disputer
de l'exactitude de cette attribution et certaines sources plus anciennes, le Pararaton
par exemple (1) permettent d'établir que l'usage du masque était antérieur, mais
nous verrons plus loin ce que cette tradition, bien que controuvée, peut avoir d'éclai
rant.
Les masques sont, le plus souvent, faits en bois de menlans (Wrightia Brown,
de la famille des Apocynaceae), mais on emploie aussi les bois de kwéni (Magnifera
odorata), de gayam (Enocarpus edulis), de pelem (Magnifera indica, ou manguier),
de sentul (Sandoricum kuchapi), et de kemiri (Aleuriies molucana). Tous ces bois
sont également légers, mais on préfère le mentaos, en raison de la finesse de son grain
et de la solidité de sa texture ; il rend le travail du sculpteur plus aisé, surtout lorsqu'on
a pris soin de le laisser bien sécher, et même de le dessécher à la fumée. On détache
un morceau qui a à peu près les proportions d'un visage et on le modèle à la gouge,
ce qui permet de creuser aisément la partie interne du masque. On ébauche ensuite
la bouche, puis le nez et on incise les yeux. Lorsque les proportions ont été vérifiées,
on se met à sculpter ; si l'on veut faire un masque de Klana, ou quelque autre exigeant
des moustaches et des cheveux, on veille à les réserver. On fignole le visage, en lui
donnant les caractéristiques d'une figurine de wayang purwa (2). Puis on incise le
diadème, les cheveux, les moustaches et l'on évide le plus possible la partie interne.
C'est alors que l'on creuse les ouvertures pour la bouche, les narines et les yeux,
que l'on indique les dents et que l'on arrondit les commissures des lèvres. On polit
le masque avec du bambu wuluh (Bambusa excelsa Fil) et des feuilles de rempelas
(famille des Urlicaceae), afin que la surface en soit bien lisse ; puis on le peint et on
le dore. Si besoin est, on ajoute des moustaches en peau de chèvre noire. On peut
dire alors que le masque est babar, qu'il est ' fini ' (3).
Il arrive aussi que l'on fabrique des masques avec du papier, papier fin de cerf-
volant ou même papier de journal. On utilise à cette fin, un masque en bois comme
forme, et l'on y adapte l'une après l'autre, plusieurs feuilles de papier préalablem

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