Peuplement et vie rurale sur le plateau d Entre-Sambre-et-Meuse (Belgique) - article ; n°240 ; vol.42, pg 610-622
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Peuplement et vie rurale sur le plateau d'Entre-Sambre-et-Meuse (Belgique) - article ; n°240 ; vol.42, pg 610-622

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Description

Annales de Géographie - Année 1933 - Volume 42 - Numéro 240 - Pages 610-622
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1933
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Paul Droulers
Peuplement et vie rurale sur le plateau d'Entre-Sambre-et-
Meuse (Belgique)
In: Annales de Géographie. 1933, t. 42, n°240. pp. 610-622.
Citer ce document / Cite this document :
Droulers Paul. Peuplement et vie rurale sur le plateau d'Entre-Sambre-et-Meuse (Belgique). In: Annales de Géographie. 1933, t.
42, n°240. pp. 610-622.
doi : 10.3406/geo.1933.10328
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1933_num_42_240_10328Г, 10
PEUPLEMENT ET VIE RURALE
SUR LE PLATEAU D'ENTRE-SAMBRE-ET-MEUSE
(BELGIQUE)
On peut donner le nom de « plateau d'Kntre-Sambre-et-Meuse » an
pays compris entre la dépression de la Sambre et la Fagne. 11 s'élève à
150-200 m. au-dessus des grandes vallées voisines, culmine par 213 m.
à l'Ouest de Philippeville ; des vallées jeunes y pénètrent, comme dans
tonte la H aute- Belgique. Mais sa surface n'est point un plateau uni
forme : elle est sillonnée d'E en О par des lignes de croupes surbaissées,
accidents de relief appalacbien, dus à l'alternance des bandes de cal
caires, de psammites, de schistes, de grès de l'anticlinal silurien du
('-••ndroz et des bassins dévoniens-carbonifères de jNamur et de Dinant .
tëntre les quartzo-phyllad.es éodévoniennes de I'Ardenne Condru-
sienne au N et la ligne faîtière de Philippeville au S, les cours de la
Meuse et de l'Heure à ГЕ et à ГО. on rencontre une succession régul
ière de bandes psammitiques saillantes du Famennien supérieur et
de zones déprimées de calcaires carbonifères (racines d'anticlinaux et
fonds de synclinaux hercyniens) ; quelques minimes restes rappellent
seuls l'invasion marine tertiaire ; le sol ne forme qu'une mince couche
éluviale, due en majeure partie à la décomposition superficielle de la
roche primaire. C'est ce canton qu'on a choisi plus particulièrement,
sans prétendre tracer les limites d'une région naturelle, pour y étudier
dans un cadre physique bien individualisé le développement de l'ha
bitat et des genres de vie : on verra comment il a été régi par ce cadre,
et par une histoire qui fut elle-même soumise à cette influence1.
I. - La répartition de l'habitat
Le paysage, assez boisé, puisque les bois occupent 24 p. 1.00 de la
superficie cadastrale totale, n'est point du tout celui d'un bocage ; les
fractions cultivées évoquent au contraire la « campagne ». et Ton
remarque qu'elles correspondent surtout aux bandes calcaires où la
1. Voir : Carte Luh-dogique du toussai <k la Belgique, par P. L. Mk:iiotte, dans
Livre Jubilaire de la Société Géologique île Belgique, Liège, Vaillant-Carmaime, 1У26,
p. 167-171 , — A. Dkman(.eon, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg (t. II de la Géogra
phie universelle), Paris, Librairie Armand Colin, 1927, p. 61-66 ; — Croquis hypsome-
inque de la Belgique, à 1 : 1 000 000 ; feuilles de la Carre topo graphique militaire de
Belgique, à 1 : 40 000, surtout n0i 53 (Dînant) et 52 (Thuin) ; Carte Géologique de Bel
gique, à 1 : 160 000, f. VII (Institut Cartographique Militaire, La Cambre, Bruxelles).
- Je tiens a remercier, puur leurs indications précieuses, MM" Allard et Pectob,
de Florermes, et MMr< les Curés de plusieurs villages, qui m'ont libéralement ouvert
Jes notes recueillies par eux d'après les anciens Cahiers de euros et leurs propres LE PLATEAU D'EiNTRE-SAMBRE-ET-MEUSE 611
couche de sol est plus fertile, tandis que les croupes psammitiques
sont entièrement vêtues de bois, ou au moins coiffées encore de
quelques bosquets. Dans <;e paysage, l'habitat est réparti selon des
modes variés, qui racontent les étapes de son établissement et de sa
progression.
Le mode fondamental est le village concentré, assis au voisinage du
contact des deux types de terrains — tantôt à la surface, tantôt au ver
sant d'un vallon, selon le degré d'évolution de la topographie récente
locale — et muni d'un réseau étoile de chemins x : ces villages, à l'horizon
cerclé de bois, donnent l'impression de centres de peuplement nés en
clairière, dont le domaine se serait étendu aux dépens de la forêt. Effec
tivement, sur ce pays la forêt régna d'abord en maîtresse, forêt de
chênes surtout avec taillis de coudrier, telle qu'on la voit dans les bois
subsistants. C'était une portion de la Forêt charbonnière primitive,
qui couvrait la Belgique limoneuse de l'Escaut à la Dyle, touchait à
la Thiérache et, par la Fagne, à l'Ardenne. Ici sa densité ne devait pas
être uniforme, car le sol assez léger, plus sec, des calcaires lui était
moins propice que la terre argilo-siliceuse des psammites : des zones
de pénétration plus faciles s'offraient par où l'homme put amorcer sa
conquête et le défrichement. Des traces de villas romaines2 s'y ren
contrent sur le site de beaucoup de villages actuels ; et les Romains
avaient été précédés par les Celtes menant dans les clairières de la
Charbonnière la vie mi-agricole mi-pastorale 3. Dès le début du moyen
âge, la plupart de nos villages sont cités, dans le polyptique de l'Ab
baye de Lobbes (868) ou la charte de confirmation de celle de Saint-
Gérard (932), par exemple. A partir de ces premiers centres, le pro
grès de la mise en valeur et de la colonisation au moyen âge fut con
tinu depuis le xe siècle, aidé par les nombreuses abbayes établies au
pourtour, puis au cœur du pays : Lobbe et Aulne, Fosses, puis Waul-
sort et Hastières, Brogne-Saint-Gérard, Florennes (vers 1010) 4, etc.
La méthode de culture et le régime de la propriété, plus encore
que la nature du sol, favorisaient la concentration de l'habitat. L'essar-
tage se pratiqua jusqu'à la fin de l'Ancien Régime sur les mauvaises
terres et pour la conquête des bois ; mais les bonnes terres furent, de
temps immémorial et jusqu'à la même époque, le domaine de l'assol
ement triennal, auquel on incorporait d'ailleurs les noelles, ou nouvelles
1. Les grandes routes rectilignes datent généralement de la première moitié du
xix" siècle.
2. Description dans les Annales de la Soc. Archéol. de Namur.
3. Voir : Des Marez, Le problème de la Colonisation franque et du régime agraire
dans la Basse Belgique, Bruxelles, Hayez, 1926. — M. A. Lefèyre, Les Sites d'Habit
at {Rev. des Questions Scientifiques, juillet 1928, p. 39-63). — Vax der Linden, Les
principales phases de V exploitation forestière en Belgique (Compte rendu du Ie Congrès
International des Sciences Historiques, Bruxelles, 1923, p. 282-283).
i. Dom V. Beri.ièriî, Afanasticon beige, t. I, Maredsous, 1890-1897. ANNALES DE GÉOGRAPHIE (Ш
conquêtes de sol riche. Les inventaires de douaires se détaillent par
rayes. Encore en 1782 on note à Eairoul que «la culture se fait en
trois saisons. Tune de blancs grains, l'autre de marsages, la troisième
se laissant en jachère ». « II n'y a aucun usage de déroyer. la mauv
aise qualité du sol ne le permettant pas », ajoute-t-on pourtant ; car
Г habitude de supprimer la jachère se répandit à la fin du xvine siècle
et fut généralisée vers le milieu du xixe. Or l'assolement triennal
était lié à l'exploitation communautaire, qui allait de pair avec le grou
pement des habitations, -— que celui-ci en fût le résultat obligé ou
qu'il fût le fruit d'une habitude ethnique. — La grande propriété, qui
régna longtemps à peu près exclusivement, n'était pas pour favo
riser une dispersion du peuplement : et ce ne furent pas les aliéna
tions de domaines royaux et les accessions à la terre de bourgeois
maîtres de forges, importantes surtout à partir du xvie siècle, ni,
plus tard, les ventes de biens ecclésiastiques, qui modifièrent cette
situation.
Parmi les annexes des villages, certaines rappellent les expansions
de cette période : des hameaux de type concentré, établis dans les plus
vastes terres de culture pour être à meilleure distance des champs,
d'autres semblables, assis sur les psammites et marquant une con
quête sur la forêt, tels les hameaux du Sud de IJiesme, ou Chau-
mont. Juzaine, près de Florennes, ou bien Somtet au Sud de Met tet,
ou Morville, devenu un gros village de bûcherons, et détaché d'An-
thée en 10O4 seulement. Les uns et les autres sont cités dès le moyen
âge.
Si

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