Problèmes d aménagement de la Plaine orientale en Corse - article ; n°4 ; vol.39, pg 273-288
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Description

Revue de géographie de Lyon - Année 1964 - Volume 39 - Numéro 4 - Pages 273-288
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Janine Renucci
Problèmes d'aménagement de la Plaine orientale en Corse
In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 39 n°4, 1964. pp. 273-288.
Citer ce document / Cite this document :
Renucci Janine. Problèmes d'aménagement de la Plaine orientale en Corse. In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 39 n°4,
1964. pp. 273-288.
doi : 10.3406/geoca.1964.1771
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113X_1964_num_39_4_1771D'AMÉNAGEMENT PROBLÈMES
DE LA PLAINE ORIENTALE EN CORSE
par Janine Renucci
« Les plus riches friches de France sont en plaine orientale (de
Gorse) », écrivait René Dumont en 1952 x ; et il ajoutait «... (elles) cons
tituent un des rares coins de France que l'on peut encore conseiller à des
jeunes que l'effort nécessaire à la mise en valeur ne rebute pas à
l'avance ».
Ce qui n'était alors qu'une hypothétique entreprise de colonisation
est devenu, sous le double effet des progrès de l'aménagement régional
et de l'afflux des rapatriés, une réalité créatrice de paysages nouveaux,
de types d'exploitations et de genres de vie importés. Réalité en perpét
uelle et rapide mutation, dont on ne peut fixer qu'un aspect instantané
et dont le souvenir reste flou. En entraînant une évolution continue dans
l'espace et dans le temps, elle engendre une révolution pour le milieu
traditionnel, enlisé dans son archaïsme et violenté dans ses habitudes.
Cette métamorphose profonde et souvent difficile n'est pas l'apanage
de la Corse seule ; elle existe, accompagnée de problèmes comparables,
dans les périmètres mis en valeur en Italie, en Espagne, et en Afrique
du Nord. L'originalité réside plutôt dans le fait que la Corse, jusqu'ici
terre oubliée, est désormais incluse l'aire intéressée par l'effort
général accompli depuis la fin de la seconde guerre mondiale pour
vaincre le sous-développement dans les pays du bassin méditerranéen.
A la différence des exemples étrangers, les transformations qu'elle subit
ne sont pas suscitées par l'intention de résoudre les problèmes sociaux
nés de la surpopulation, mais au contraire d'insérer une greffe vivi
fiante dans une île improductive, en voie de dépeuplement accéléré.
Et le fondement de toute vie dans les plaines méditerranéennes est
d'abord la maîtrise de l'eau.
I. — L'IRRIGATION
Le sous-développement insulaire s'exprime par le rôle insignifiant
de l'irrigation jusqu'à nos jours. La Monographie Agricole de 1960
chiffre à 1 % la proportion des terres irriguées par rapport à la surface
1. R. Dumont, Une agriculture méditerranéenne traditionnelle : la Corse (Revue du
Ministère de l'Agriculture, décembre 1952). 274 J. RENUCCI
cultivée, ce qui représente une part infime de la superficie totale.
L'Inventaire de 1949, établi pour servir de base au plan de mise en
valeur, signale l'existence de 54,4 km de canaux départementaux, arro
sant 204 ha dont 107 au Nord et au Sud de l'embouchure du Golo,
en Marana et en Casinca (fig. 1). S'y ajoutent 120 km de canaux com
munaux, petits tronçons réduits à quelques centaines de mètres, al
imentés par des torrents intermittents ou des sources de débit limité.
Fréquemment en mauvais état, insuffisants en nombre puisque le chiffre
des ouvrages à construire dépasse celui des ouvrages en service, ils
sont localisés en totalité dans l'intérieur, c'est-à-dire dans la région la
plus accidentée et la moins sèche.
Cette répartition aberrante correspond à celle des densités de popul
ation, encore groupées dans les villages montagnards où l'ancienne
agriculture s'est aujourd'hui rétractée dans le maintien exclusif des
jardins potagers, indispensables à la vie familiale et exigeant des arro
sages estivaux quotidiens. Vides humains, les plaines abandonnées par
cette imparfaite occupation du sol, offrent maintenant, surtout le long
de la façade tyrrhéntenne, les lieux les plus favorables à la valorisation
par l'eau.
Celle-ci représente en Corse une conquête totale à effectuer, n'ayant
pratiquement jamais été tentée, sauf sur le plan du drainage avec
l'intention d'assainir. Les canaux départementaux de Marana et de
Casinca ont été creusés après l'application du programme de 1858
relatif à l'assèchement des marais ; mal entretenus parce que confiés
aux soins de communes pauvres et négligentes, ils ont recommencé à
fonctionner après le vote de la loi de 1911 qui rendait obligatoire
l'assainissement de la plaine orientale. Les travaux, financés en majeure
partie par l'Etat, se succédèrent de l'étang de Biguglia au golfe de
Porto-Vecchio, mais furent arrêtés en 1935.
Le développement de l'irrigation destinée à introduire une agriculture
spéculative apparaît donc comme une innovation, préconisée pour la
première fois par le programme d'action régionale de 1957. Compte
tenu des conditions naturelles, sa réalisation ne semble pas une entre
prise utopique : le relief heurté de l'île lui vaut une pluviométrie moyenne
annuelle estimée à 1 m, supérieure à celle de bien des régions françaises
et exceptionnelle sous des latitudes méditerranéennes. Le pourcentage
de précipitations tombées sur le bassin-versant et retrouvées dans le
lit des rivières, au débouché des montagnes, atteint 60 %. Au total,
des études récentes ont abouti à cette conclusion que le débit global
des fleuves était plus de dix fois supérieur aux besoins en eau des
cultures irriguées 2. Ils ont été évalués à 1 00 millions de m3 pour les
30.000 ha à équiper sur la côte orientale, dans le dossier de demande
de concession présenté par la Société pour la Mise en Valeur Agricole
de la Corse (SOMIVAC), chargée de l'exécution des travaux depuis
1961.
2. F. Blaizot, Les problèmes d'irrigation et de drainage dans les plaines corses (Demain
la Corse, décembre 1963). DE LA PLAINE CORSE 275 AMENAGEMENT
• ouvrages existants en service
о ouvrages à remettre en état
о ouvrages à construire
Fig. 1. — L'irrigation en Corse (d'après l'Inventaire de 1949). 276 J. RENUCCI
Les dérivations au fil de l'eau, seules suggérées par René Dumont
dans le cadre d'une modernisation limitée de l'agriculture tradition
nelle, se révèlent insuffisantes pour étayer les objectifs actuels. Elles
ne fourniraient les volumes nécessaires que jusqu'en juin, à cause de la
maigreur des étiages d'été qui créent un déficit marqué de juillet à
mi-septembre, car les pluies d'automne ne débutent en général qu'après
le 20 septembre.
Et les nappes souterraines ne contiennent pas les réserves indi
spensables pour pallier l'aridité saisonnière : il n'en existe pas d'abon
dantes dans les montagnes, ni dans la majeure partie du piedmont
tyrrhénien, où les alluvions anciennes forment des terrasses étroites,
de forte teneur argileuse, étagées au-dessus du lit actuel des fleuves
côtiers. En contrebas, les alluvions modernes sont mieux pourvues,
imbibées par les crues ou des infiltrations si massives qu'elles provoquent
parfois l'assèchement complet du lit des rivières. Mais cette zone
géologique ne couvre que le dixième des régions cultivables, réduite
souvent à une mince bande littorale ; si bien que les nappes phréatiques
ne revêtent une importance réelle qu'en de rares secteurs : auprès de
l'étang de Biguglia, où des puits alimentent la ville de Bastia, et dans
les basses vallées du Fium'orbo et de l'Abatesco, où 650 ha sont irrigués
par pompage (fig. 1).
Ces déficiences imposent la solution du stockage par barrages-réserv
oirs. Deux types de retenues ont été choisis : les premières à réaliser,
parce que plus faciles et moins coûteuses, sont de petites réserves, en
forme de lacs collinaires dans les sites topographiques favorables de la
plaine. Ils existent dans la région d'Aléria-Ghisonaccia, où l'enfoncement
du réseau hydrographique, laissant en relief des eminences en roche
dure et des terrasses caillouteuses, a donné

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