Tentatives de mise en valeur agricole de la Corse - article ; n°2 ; vol.36, pg 139-153
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Description

Revue de géographie de Lyon - Année 1961 - Volume 36 - Numéro 2 - Pages 139-153
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Janine Renucci
Tentatives de mise en valeur agricole de la Corse
In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 36 n°2, 1961. pp. 139-153.
Citer ce document / Cite this document :
Renucci Janine. Tentatives de mise en valeur agricole de la Corse. In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 36 n°2, 1961. pp.
139-153.
doi : 10.3406/geoca.1961.1710
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113X_1961_num_36_2_1710TENTATIVES DE MISE
EN VALEUR AGRICOLE EN CORSE
par Janine Renucci
Au voyageur qui, de Nice à Bastia, aborde en Corse après avoir quitté
les rivages humanisés du Golfe de Gênes, l'île apparaît comme une terre
en friche. L'étendue inculte est la note dominante des paysages : roche
nue sur les pentes les plus escarpées, verdure sombre d'un maquis dense
ou clairsemé selon la fréquence des incendies, invasion progressive des
fougères sur les champs délaissés au cours du dernier demi-siècle. Variés
dans leurs aspects mais toujours présents, les espaces abandonnés couvrent
près des deux-tiers du sol. Les cultures, réduites au vingtième de la
superficie totale, n'occupent que des parcelles étriquées, phénomène presque
accidentel rencontré au creux humide d'un vallon, à proximité des villages,
isolé au milieu des plaines littorales, domaines des myrtes et des cistes.
Sous ce ciel méditerranéen, les huertas sont absentes et la nature vierge
subsiste : parce que la Corse est pauvre en hommes, en capitaux, en
ressources, tiers-monde en marge de l'Europe vers lequel commencent à
se porter les sollicitudes continentales.
I. — LE PLAN D ACTION REGIONALE
ET LA PLACE DU DÉVELOPPEMENT AGRICOLE
C'est après cinq années d'études approfondies que fut élaboré, en 1957,
un plan d'aménagement exceptionnellement limité, étant donné l'acuité des
problèmes qui s'y posent et malgré l'appartenance de la Corse à la région
économique de Marseille, au cadre départemental. Il se légitime d'abord
par le dépeuplement progressif de l'île. Repoussant les résultats fallacieux
du recensement de 1954, il évalue approximativement le total des habitants
non pas au chiffre officiel de 244.000, mais à 180.000 environ ; correction
qui révèle une perte supérieure à 100.000 personnes depuis 1901. Or,
pendant la même période, les villes se sont accrues ; si bien que la baisse
affecte exclusivement les campagnes, abandonnées par la moitié de ceux
qui y vivaient. Aussi la densité, proche de 20 au km2, tombe-t-elle à une
dizaine d'habitants lorsqu'il s'agit de déterminer la seule moyenne rurale.
Le pays s'affirme ainsi comme le territoire le moins peuplé de Méditerranée J. RENUCCI 140
Occidentale, aisément distance par les Baléares et la Sardaigne. A l'origine
de cette dépression démographique, il y a l'émigration, plus vieille que la
réunion à la France, et accélérée au point d'entraîner actuellement le
départ de 6.000 à 6.500 individus par an. Réflexe ancien qu'explique le
dénuement économique; le niveau de vie est probablement l'un des plus
bas de la métropole. Mais la fuite des éléments jeunes et dynamiques
favorise l'ankylose des activités, enlisées dans l'archaïsme parce que
concentrées pour la plupart entre les mains des générations les plus âgées.
Exclusion faite des projets ambitieux de redressement formés par les
auteurs du Plan Terrier à la fin du xvine siècle 1, le programme d'action
régionale est le plus vaste qui ait été conçu pour le développement de
l'île 2. Il vient après une série de tentatives décevantes qui se sont succédées
depuis le Directoire; entreprises fragmentaires suivies d'effets négligeables
à cause du caractère limité des buts qu'elles poursuivaient: dégrèvements
fiscaux 3, encouragements à l'arboriculture, ou assainissements des plaines 4.
Afin de freiner l'exode et d'accroître les revenus locaux, c'est l'essor du
département dans son ensemble qui est aujourd'hui envisagé. Il repose
sur celui du tourisme, « levier de la renaissance corse », activité-clef
capable de jouer le rôle de « multiplicateur économique » en attirant les
hommes et les capitaux, en créant des débouchés; mécanisme par consé
quent apte à déclencher l'évolution qui fit la richesse des Alpes-Maritimes
et des Baléares.
A l'épanouissement de cette fonction vitale se joint un corollaire essent
iel : l'utilisation du potentiel agricole dans un milieu où les possibilités
industrielles paraissent faibles. Celui-ci ne réside pas dans les cantons
montagnards, bien qu'ils concentrent la moitié des habitants, répartition
héritée d'un passé encore astreignant où l'insécurité et la malaria avaient
provoqué la désertion des côtes 5. Dans le cadre du développement futur,
la montagne est vouée aux seules ressources rentables en face des
contraintes économiques actuelles: ses forêts et ses brebis. Ce sont les
plaines assainies, et les pentes assez douces pour être cultivées mécanique
ment qui localiseront les cultures riches. Utopie ? Les travaux de boni
fication effectués par l'Italie en Sardaigne, malgré une sécheresse plus
accentuée qu'en Corse, démontrent que l'entreprise peut porter fruit.
On estime que 92.000 ha sont récupérables, dont 54.000 sur terrain
plat. Les trois-quarts de la surface à exploiter s'étendent dans la plaine
orientale, du Fium'Alto à la Solenzara; vastes espaces si longtemps vides
que la configuration présente du découpage communal date seulement du
1. A. Albitreccia, Le Plan Terrier de la Corse au XVIIIe siècle. Thèse complémentaire,
Paris, 1942.
2. Journal Officiel, 19 avril 1957.
3. Arrêtés Miot sous le Directoire; Décret impérial de 1811, surtout, exemptant la
Corse de contributions indirectes.
4. Loi de 1911 relative à l'assainissement de la côte orientale.
5. Maurice Le Lannou, Géographie humaine de la Corse (Annales du Centre Univers
itaire Méditerranéen, 2e volume, 1947-1948). EN VALEUR AGRICOLE EN CORSE 141 MISE
siècle dernier. Jusque-là, les habitants des hauteurs n'y descendaient qu'au
moment des semailles et de la récolte des céréales, formant quelques rares
groupements isolés. Depuis, de chétives agglomérations permanentes sont
apparues, telle Ghisonaccia, encore séparées par de monotones solitudes
inoccupées. La côte occidentale, au contraire, d'Ajaccio à Saint-Florent,
n'offre que des conques sans ampleur.
Pour avoir quelque chance de réussite, la mise en valeur doit s'appuyer
sur la constitution d'exploitations agricoles entièrement équipées, réalisa
tions qui excèdent les capacités techniques et financières des collectivités
corses. De nouveau inspiré par l'exemple sarde, un organisme moteur a été
créé, sous forme de société d'économie mixte, en février 1957: la Société
pour la Mise en Valeur Agricole de la Corse (SOMIVAC), alimentée par
des prêts et des subventions d'Etat ou de sociétés spécialisées.
Sa tâche a été établie pour cinq ans par le Service du Génie rural.
D'abord maître d'études, à elle revient la charge d'entreprendre les enquêtes
nécessaires à la connaissance du milieu où s'élargiront les futurs périmètres
cultivés. Du milieu physique indispensable à l'agronomie; si les ingénieurs,
pour la plupart arrivés du Maroc, pouvaient amorcer empiriquement leur
action grâce à l'expérience de conditions comparables, ils exigeaient des
observations précises pour la poursuivre avec sûreté. Un laboratoire de
pédologie a donc été installé à Bastia; on y évalue la proportion d'argile
contenue dans les sols, le degré de filtration, la capacité de rétention, él
éments qui joueront lorsque le temps sera venu de déterminer les besoins
en eau des plantes. Autre création : un véritable réseau de stations météorol
ogiques qui s'ajoutent aux aérodromes de Bastia et Ajaccio, seuls obser
vatoires valables jusqu'à 1957. S'il n'est pas encore possible de tirer des
conclusions solides des quantités de p

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