Verlaine et Mallarmé - article ; n°1 ; vol.43, pg 333-351
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Description

Cahiers de l'Association internationale des études francaises - Année 1991 - Volume 43 - Numéro 1 - Pages 333-351
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Lloyd James Austin
Verlaine et Mallarmé
In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1991, N°43. pp. 333-351.
Citer ce document / Cite this document :
James Austin Lloyd. Verlaine et Mallarmé. In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1991, N°43. pp.
333-351.
doi : 10.3406/caief.1991.1771
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_1991_num_43_1_1771VERLAINE ET MALLARMÉ
Communication de M. Lloyd James AUSTIN
(Cambridge)
au XLIIe Congrès de V Association, le 25 juillet 1990
Dans une conférence sur Villon et Verlaine, prononcée
en 1937, Paul Valéry a dit : «Mallarmé et [Verlaine]
sont deux extrêmes qui ne se sont rapprochés que par le
seul fait d'avoir à peu près les mêmes fidèles et à peu
près les mêmes adversaires» (1). Et, en effet, lorsque les
jeunes poètes du siècle finissant cherchaient à se grouper,
ils choisirent comme drapeau le Symbolisme et comme
maîtres ces Dioscures fort différents qui dominaient le
mouvement poétique d'alors. Verlaine fut élu Prince des
Poètes en 1894, à la mort (symbolique!) de Leconte de
Lisle; Mallarmé, contre son gré (il n'avait que mépris
pour ces manifestations) lui succéda en janvier 1896.
En 1940, Henri Mondor consacra un livre à L'Amitié
de Verlaine et Mallarmé (2). Ce fut le premier d'une
longue suite d'écrits que ce grand chirurgien et grand
lettré consacra à son poète de prédilection. A sa date, ce
livre fut une révélation. Outre une riche documentation,
en grande partie inédite, Mondor apportait à son sujet
(1) Paul Valéry : Œuvre, éd. Jean Hytier (Gallimard, Bibliothèque de la
Pléiade), I (1980), 442. Voir aussi «Passage de Verlaine», ib., 710-14. (Sigle :
OE).
(2) Gallimard, éditeur. (Sigle : AVM). LLOYD JAMES AUSTIN 334
ce que Flaubert appelait le «coup d'œil médical sur la
vie » et, comme Flaubert lui-même, une grande sympathie
humaine. Il en résulte un portrait véridique des deux
poètes et un récit attachant de leur amitié de trente ans
et plus. Mais après un demi-siècle de recherches, de nom
breux points de détail ont pu être rectifiés, et quelques
documents nouveaux versés au dossier. C'est pourquoi
une modeste mise au point peut n'être pas inutile ; c'est
ce qui sera proposé ici, sous la forme d'un bref tableau
des relations personnelles et littéraires de Verlaine et Mal
larmé, telles qu'elles sont actuellement connues. D'autres
trouvailles sont toujours possibles, dans la valse des auto
graphes à la musique des enchères.
Mallarmé a pu dire que toute sa vie était «dénuée
d'anecdotes » (3), en écrivant justement à Verlaine, dont
la vie, au contraire, abonde en épisodes hauts en couleur.
Le pacifique Mallarmé portait bien dans sa poche un
revolver (4) ; sa fille Geneviève, laissée seule une nuit à
Honfleur, avait à côté de son lit «un revolver grand
comme un canon » (5) : ni l'un ni l'autre ne semble s'en
être jamais servi. Mais on sait quel usage Verlaine fit du
sien, et comme ce coup de feu sur Rimbaud lui valut sa
condamnation à deux ans de prison.
Verlaine témoignait à Mallarmé, son aîné de deux ans,
une certaine déférence, due moins à cette légère différence
d'âge qu'à son respect pour la dignité et la tenue de la
vie de Mallarmé. Mondor a résumé la vie de Verlaine :
«tour à tour employé dans une compagnie d'assurances,
commis-rédacteur dans les bureaux [...] de la Ville de
Paris, professeur fugace et hoquetant en Angleterre, pion
à Boulogne-sur-Seine, puis homme de lettres toujours
(3) Œuvres complètes, éd. H. Mondor et G. Jean-Aubry (Gallimard, Biblio
thèque de la Pléiade, 1945), 664 (Sigle . OC).
(4) S. Mallarmé . Correspondance, éd. H. Mondor, J.-P. Richard et L.J.
Austin (Gallimard, 1959-1985, 11 volumes), III, 345. (Sigle : Corr.)
(5) Corr. V, 95, n° 1. VERLAINE ET MALLARMÉ 335
besogneux, conférencier machinal, enfin vedette de cabaret
ou d'hôtel borgne » (6). Il y eut même des tentatives de
retraite à la campagne et des velléités de travaux champ
êtres. Mallarmé resta fidèle au professorat, ce «comp
romis selon de l'amertume» (7), comme il l'appelait,
malgré la déception immédiate que lui apporta ce métier
choisi avec tant d'illusions. Il est poignant d'opposer l'idée
qu'il s'en faisait auparavant («La vie de professeur de
lycée est simple, modeste, calme. Nous y serons tranq
uilles... » (8)) à la réalité découverte d'emblée («le hideux
travail de pédagogue » (9) ; « obligé de couper toutes mes
journées, enchaîné sans répit au plus sot métier et au
plus fatigant» (10)). Pour Verlaine, au contraire, ses an
nées de professorat en Angleterre comptaient parmi les
plus tranquilles de sa vie ; « J'ai été extrêmement sérieux
de 1875 à 1880, ayant des sous», dira-t-il plus tard (11).
Et c'est vrai. Alors que les inspecteurs de Mallarmé le
jugeaient avec une juste sévérité, Verlaine emporta des
écoles de Stickney et de Bournemouth d'excellentes lettres
de recommandation et l'estime durable de ses collègues.
En Angleterre, il enseignait le dessin, le français et le
latin. De retour en France, il songeait à profiter de son
anglais fraîchement acquis pour enseigner cette langue
aux collégiens français. Il s'adressa fort poliment à Mal
larmé pour des conseils : « Cher Monsieur », écrivit-il le
1er juin 1877: «Je serais heureux d'une entrevue avec
vous pour des détails sur l'enseignement de la langue
anglaise, que je me propose d'exercer./ Je suis bachelier
es lettres, j'ai deux ans de pratique continuelle dans l'en-
(6) A VM, 40-41
(7) OC, 405.
(8) Corr. I, 90.
(9) Corr. I, 160.
(10)I, 208.
(11) A. Léon Vanier, 13 janvier 1887; Correspondance de Paul Verlaine,
éd. Ad. Van Bever (Messein), II (1923), 61. 336 LLOYD JAMES AUSTIN
seignement du français à des Anglais, et me sens sûr
d'être un très bon professeur des deux langues./ J'apporte
les meilleures références» (12).
On aurait voulu assister à cet entretien; mais aucun
document ne nous renseigne sur les propos échangés.
Mallarmé avait réfléchi sur la méthode d'enseigner l'an
glais. Dès son installation à Paris fin 1871, il avait com
mencé à préparer des livres scolaires. Cette année 1877
devait voir la publication de l'étude assez excentrique
intitulée Les Mots anglais, où Mallarmé cherchait à établir
la valeur significative et suggestive des consonnes an
glaises. Dans son esprit, ce livre devait être le couronne
ment d'un Cours complet de l'anglais, qui comporterait
un recueil de versions et un recueil de thèmes, avec un
livre général sur la langue anglaise (13).
De tous ces projets, seul a été publié du vivant de
Mallarmé Les Mots anglais. Petite Philologie à l'usage
des Classes et du Monde. L'exemplaire de Verlaine porte
cette dédicace: «A M. Paul Verlaine/ Ce livre en
nuyeux/Avec les Compliments/ et les excuses de l'au
teur/ Stéphane Mallarmé» (14) . En 1937 parut les Thèmes
anglais. Ce que c'est que l'Anglais devait être un livre
plus élémentaire que les Mots anglais. Quant aux versions,
elles existent sous la forme des Beautés de l'anglais, man
uscrit inédit de plus de 1100 pages, dont Mondor a
publié en 1961 la description et des extraits (15). Cari-
Paul Barbier publia en 1964 un Recueil de «Nursery
Rhymes» de Mallarmé, livre scolaire dont l'utilisation
(\2)AVM,4\.
(13) OC, 1058.
(14) Corr.VI, 178n. — Cet exemplaire des Mots anglais est passé de la
collection Robert von Hirsch dans celle du colonel Daniel Sickles (Cat. Hôtel
Drouot, vente du 20-21 avril 1989, n° 134 ; la dédicace est reproduite en fac-
similé).
(15) Dans son livre Autres précisions sur Mallarmé et inédits (Gallimard,
éditeur). VERLAINE ET MALLARMÉ 337
en classe par son auteur attira la dérision des inspecteurs.
Il ne faut pas exagérer l'originalité de ces travaux essen
tiellement

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