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UMP, faculté de lettres Master : Littérature Générale et Comparée La traduction Définition, types, difficultés Traduction et littérature de voyage Rédigé par : Tarik LABRAHMI Direction de : Mlle El HADDAR 2012 1 La traduction : Définition, types, difficultés Et relation avec la littérature de voyage Introduction Parler de la traduction, c’est parler avant tout de la langue ; mais qui dit langue dit en même temps vision du monde, imaginaire, culture. Tout un système de notions très complexes entre en jeu. D’où, la traduction était et l’est encore le sujet d’incessantes discussions théoriques, éternellement renouvelées. Traduire c’est faire comprendre, ce qui suppose que le traducteur ait dû avoir compris le texte à traduire, mais toute lecture à présent ne constitue qu’une possibilité d’une infinité qu’offre tout texte, surtout littéraire ; est-ce que cela fait-il de la traduction une simple image de l’origine, et par conséquent l’impossibilité d’accéder à l’autre, à l’étranger ? Ainsi peut-on parler de traduction, ou simplement de réécriture créatrice ? Que vaut-il mieux : être infidèle avec élégance ou maladroitement fidèle ? Que dirait-on à propos de la traduction pragmatique où la quantité l’emporte sur la qualité ? Un domaine qui échappe à toute règle fixe telle la traduction pose plus de questions que de réponses, ainsi si on suit les questions qui relèvent de ce champ inépuisable, on ne finirait jamais.

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Publié le 13 juillet 2012
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Langue Français

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UMP, faculté de lettres
Master : Littérature Générale et Comparée
La traduction Définition, types, difficultés
Traduction et littérature de voyage
Rédigé par : Tarik LABRAHMI Direction de : Mlle El HADDAR 2012
1
Introduction
La traduction :
Définition, types, difficultés
Et relation avec la littérature de voyage
Parler de la traduction, c’est parler avant tout de la langue; mais qui dit langue dit en même temps vision du monde, imaginaire, culture. Tout un système de notions très complexes entre en jeu. D’où, la traduction était et l’est encore le sujet d’incessantes discussions théoriques, éternellement renouvelées.
Traduire c’est faire comprendre, ce qui suppose que le traducteurait dû avoir compris le texte à traduire, mais toute lecture à présent ne constitue qu’une possibilité d’une infinité qu’offre tout texte, surtout littéraire ; est-ce que cela fait-il de la traduction une simple image de l’origine, et par conséquent l’impossibilité d’accéder à l’autre, à l’étranger? Ainsi peut-on parler de traduction, ou simplement de réécriture créatrice ? Que vaut-il mieux : être infidèle avec élégance ou maladroitement fidèle ? Que dirait-on à propos de la traduction pragmatique où la quantité l’emporte sur la qualité? Un domaine qui échappe à toute règle fixe telle la traduction pose plus de questions que de réponses, ainsi si on suit les questions qui relèvent de ce champ inépuisable, on ne finirait jamais.
La littérature de voyage est la manifestation la plus explicite des contacts entre les différentes cultures, c’est pourquoi on dit souvent de l’écrivain-voyageur qu’il est dans un processus de traduction continu. Mais traduire une culture autre que la sienne, c’est toujours la traduire, la mesurer, la juger à partir de la sienne. Ainsi, on peut se demander sur les enjeux qui entrent dans cette traduction souvent trop subjective.
Définition de la traduction
Pour savoir la définition de n’importe quel terme, la première, et je dirais même la seule, chose à quoi on fait recourt, ce sont les dictionnaires; c’estpourquoi dans notre définition du terme « traduction », nous avons consulté les plus célèbres dictionnaires de la langue française, à savoir : Le Trésor de la langue française, Le Petit Robert, Larousse de la langue française, Le Littré.
Le trésor de la langue française :
TRADUCTION, subst. fém.
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Action de traduire; résultat de cette action. A. [Corresp. à traduire A 2] Rare. Fait de citer, d'appeler à comparaître. Le ministre, cinq jours avant la fin de l'instruction qui devait conclure à la traduction de Dreyfus devant un conseil de guerre, y affirme la culpabilité de l'accusé (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p. 419). B. [Corresp. à traduire B] 1. a) ) Fait de transposer un texte d'une langue dans une autre. La traduction est, à notre époque, une branche importante de l'activité intellectuelle (Arts et litt., 1936, p. 56 -12). [Avec déterm. désignant ou indiquant] [la lang. source] Je donne deux cents francs pour une traduction de l'anglais (BALZAC, Illus. perdues, 1839, p. 223). [l'aut. dont le texte est traduit] Après le breakfast, il écrivait ou travaillait à une traduction de Buffon qu'il avait entreprise (MAUROIS, Ariel, 1923, p. 79). [le type de trad.] La traduction littérale, ou mot à mot, est la solution idéale, celle où les structures des deux énoncés sont parallèles (MOUNIN ds Lar. Lang. fr., p. 6169, col. 1). [la nature du canal] Traduction de vive voix. Mrs X... a demandé à notre ami V... de lui faire une traduction écrite de cette lettre (GREEN, Journal, 1941, p. 180). [En position de déterm.] Bureau de traduction. Quant à mon prix tu le connais, c'est 250 000 francs comptant (...). Je me réserve le droit de traduction (HUGO, Corresp., 1861, p. 359). Il parlait l'allemand, le français, le russe, et l'anglais qu'il avait appris au collège. Il (...) dirigea (...) le service des traductions d'une société (MALRAUX , Conquér., 1928, p. 47). ) En partic. raduction automatique (T.A.), traduction assistée par ordinateur (T.A.O.). ,,Opération visant à assurer la traduction de textes par des moyens informatiques`` (GDEL). Un premier congrès international sur la traduction automatique eut lieu dès 1952 (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 116). raduction instantanée ou simultanée. [Dans une conférence internationale] Traduction immédiate (et orale) du discours ou de la communication prononcé(e) par l'orateur (d'apr. BAUDHUIN 1968). La traduction simultanée des conférences est assurée ainsi que l'intervention de traducteurs dans les petits groupes (Lettres des départements sc. du CNRS, Sc. de l'homme et de la société, oct. -nov. 1989, no 20, p. 33, col. 2). b) Texte, œuvre traduit(e). Synon. arg. étudiant tradal (ESN. 1966), traduc (ibid.). Traduction ancienne, exacte, élégante, fantaisiste, fidèle, intégrale, littérale, poétique; traduction interlinéaire, juxtalinéaire; traduction avec texte en regard; traduction en prose, en vers; traduction qui rend bien/mal l'original; corriger, revoir, publier une traduction; consulter une traduction; lire un ouvrage dans la/en traduction. On ne connut d'abord Aristote que par une traduction faite d'après l'arabe (CONDORCET, Esq. tabl. hist., 1794, p. 110). Je n'ai point gardé copie de la traduction de ce document que j'ai envoyé aux Affaires étrangères (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 519). V. prose A 1 ex. de RENARD, Journal, 1906, p. 1091. [Avec déterm. désignant] [la lang. source] Les quelques livres qui ont été imprimés en grec moderne sont des traductions du français: c'est Télémaque, Paul et Virginie, Atala, Picciola, etc. (ABOUT, Grèce, 1854, p. 251). [la lang. cible] Bossuet était favorable en général aux traductions en langue vulgaire (SAINTE -BEUVE, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 358). M. Niel, ayant lu le Neveu de Rameau, dans la traduction française faite d'après celle que Goethe avait faite en allemand, le préférait à l'original (DELACROIX, Journal, 1847, p. 182). Ce qui m'a incité à reprendre l'étude de l'hébreu, c'est la divergence des traductions anglaise, française, et allemande, pour ne rien dire de la Vulgate qui offre un problème
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particulier (GREEN, Journal, 1936, p. 63). [l'aut. de la trad.] Suivent quelques titres de Kant notés par Vigny, traduction Tissot (VIGNY, Journal poète, 1847, p. 1252). Relu Under Western eyes, da ns l'excellente traduction de Neel (GIDE, Journal, 1930, p. 970). P. métaph. Il semblait que sa personne même fût une traduction angélique de ce sombre poème vivant qui s'appelait Marchenoir (BLOY, Désesp., 1886, p. 96). Deux êtres qui semblaient la tradu ction l'un de l'autre, bien que chacun d'eux fût un original (PROUST, Chron., 1922, p. 71). 2. P. anal. a) Transposition d'un système dans un autre. On appelle cette opération traduction de la carte, puisqu'elle traduit les perforations en signes imprimés (BERKELEY, Cerveaux géants, 1957, p. 55). Les noms des termes peuvent être des mots de la langue courante ou des chiffres qui n'ont un sens que pour qui connaît le code, les règles de traduction des mots codés en langage ordinaire (JOLLEY, Trait. inform., 1968, p. 88). b) Transposition d'un art dans un autre. Traduction cinématographique/traduction en film d'une œuvre littéraire. La gravure est une véritable traduction, c'est-à-dire l'art de transporter une idée d'un art dans un autre, comme le traducteur le fait à l'égard d'un livre écrit dans une langue et qu'il transporte dans la sienne (DELACROIX, Journal, 1857, p. 30). V. poésie I B 2 ex. de Bourgat. c) ) Transposition, représentation de la réalité ransposition, représentation de la réalité par les arts plastiques. [Manet] devait nous donner dans chacune de ses toiles une traduction de la nature en cette langue originale qu'il venait de découvrir au fond de lui (ZOLA, Mes haines, 1866, p. 253):
ous leur pinceau, qui se veut « intellectuellement » neutre, un paysage ou un visage acquièrent pourtant une intensité (...). Or cette intensité vient d'eux; elle est la force qu'ils infusent dans les choses et dans la traduction picturale qu'ils en proposent. HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 87.
Transposition, représentation de la réalité sur la scène. Porel, en cet Odéon, est vraiment admirable, pour la traduction des intentions de l'auteur, par des intonations, des mouvements (...) qu'il imagine (GONCOURT, Journal, 1885, p. 421). ) Représentation graphique. La traduction des chiffres relevés en figures de courbe (...) permet d'apprécier d'un coup d'œil la marche d'une transformation (VALÉRY, Variété V, 1944, p. 224).d) Transposition d'un domaine dans un autre. Nous avons pu (...) exposer nettement l e mécanisme de la formation successive de toutes nos idées, et celui de leur traduction dans le langage (DESTUTT DE TR., Idéol. 3, 1805, p. 138). Toute impossibilité de traduction en formules doit être interprétée comme une présomption défavorable à l'égard de telle ou telle idée (Gds cour. pensée math., 1948, p. 252). Traduction + adj. faisant référence au domaine cible + de + nom désignant un échantillon du domaine source. Traduction algébrique d'une méthode; traduction industrielle des résultats d'une recherche; traduction mélodique d'un poème; traduction scénique d'un texte; traduction spatiale d'une intensité; traduction optique, physiologique, statistique d'un phénomène. Ce qui est senti par nous de la vie, ne l'étant pas sous forme d'idées, sa traduction littéraire, c'est-à-dire intellectuelle, en rend compte, l'explique, l'analyse, mais ne le recompose pas comme la musique (PROUST, Prisonn., 1922, p. 374). Les données [de la critique historique] (...) demeurent le plus souvent rebelles à toute traduction mathématique (M. BLOCH, Apol. pour hist., 1944, p. 62). V. image ex. 18. Traduction en acte. Transposition dans la réalité, concrétisation. Les mesures pratiques proposées
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seront la traduction en actes des doctrines (BIOT, Pol. santé publ., 1933, p. 40). 3. P. ext. a) Expression, manifestation d'un phénomène. Traduction clinique d'une maladie. Dans le zona, l'éruption n'est que la traduction cutanée du trouble nerveux dont elle dépend (RAVAUT ds Nouv. Traité Méd. fasc. 2 1928, p. 398). b) Conséquence. Tous les détails de l'action municipale ont (...) une traduction financière dans le budget de la commune (FONTENEAU, Cons. munic., 1965, p. 129). 4. BIOL., GÉNÉT. Traduction génétique. ,,Processus par lequel le message génétique porté par l'acide ribonucléique messager est traduit en une séquence spécifique d'acides aminés lors de la synthèse d'une protéine déterminée`` (Méd. Biol. Suppl. 1982).
On voit bien comme il est très polysémique ce terme, mais seule nous intéresse la partie concernant la traduction proprement dite, et qui est la suivante, dans la définition ci-dessus : « Fait de transposer un texte d'une langue dans une autre.» La définition qu’on trouve répétée presque dans tous les dictionnaires qui suivront.
Le Petit Robert :
Traduction [tRadyksjõ] nom féminin : Action, manière de traduire. Pour le verbe traduire, voici la définition qu’il en donne: « (1520) Faire que ce qui était énoncé dans une langue naturelle le soit dans une autre, en tendant à l'équivalence sémantique et expressive des deux énoncés. »
Larousse de la langue française :
Traduction : Action de traduire, de transposer dans une autre langue : La traduction d'un livre.
Pour le verbe traduire, il donne la définition suivante : « Transposer un discours, un texte, l'exprimer dans une langue différente : Traduire du français en allemand. »
Le Littré :
Traduction [tra-du-ksion ; en vers, de quatre syllabes] s. f.
Action de traduire, pour qui il donne pour définition : « Faire passer un ouvrage d'une langue dans une autre. »
Ainsi, il se remarque que tous les dictionnaires définissent la traduction comme l’opération qui permet de transposer un texte écrit en une langue dans une autre. Seul Le Petit Robert qui insiste sur le critère de la fidélité : sens et forme. Pour les autres, ce principe de fidélité va de soi. Sans aucune autre indication sur la nature de ce transfert : est-ce qu’il est total ou partiel, objectif ou subjectif, et tous les problèmes qui en relèvent.
Les types de la traduction
Chacun donne une classification propre à lui quant aux types de la traduction, et la plupart de temps on parle de traduction tout simplement sans souci da classer ses différentes formes. Comme une
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sorte de synthèse des classifications qui ont étédéjà faites par d’autres, on présente le classement suivant en se basant sur quatre critères: l’objet de la traduction, la manière de la traduction, le sujet qui fait l’acte de traduire, et les conditions de l’acte de traduire.On distingue généralement cinq types de traduction :
La traduction littéraire: on parle de type quant à la traduction des textes littéraires, car c’est ici où on trouve presque tous les problèmes de la traduction dus à la nature plurielle, du point de vue sens, des textes littéraires; et qui constituent le carrefour de tous les domaines d’une culture donnée.
La traduction technique: comme sonépithète le montre, ce type se définit aussi par l’objet traduit, et qui est cette fois-ci des textes techniques, c'est-à-dire scientifiques, qui nécessitent une connaissance professionnelle de la terminologie propre au domaine en question (médecine par exemple); et par conséquent une équivalence parfaite entre les deux textes, ce qui n’est pas le cas pour la traduction littéraire.
La traduction automatique: ce type se définit par l’agent qui fait l’acte de traduire qui, n’est pas un être humain, mais une machine, souvent un ordinateur à l’aide de logiciels de traduction. Ce type de traduction reste dans sa grande partie une traduction mot à mot, d’où tous les écarts du sens. C’est à ce type où il se manifeste la nature ouverte de la traduction qui échappe à toute règle rigoureuse.
La traduction simultanée: on l’appelle aussi interprétation, ce type se définit par les conditions où se fait l’acte de traduire; le traducteur n’a pas les moyens dont se sert un traducteur dans un état normal, mais il est contraint par plusieurs contraintes: temporelle, parce qu’il doit traduire sur le champ, technique, il ne peut pas se servir des dictionnaires ou d’autres moyens. Mais il a quand même un avantage qu’est la situation communicative qui l’aide beaucoup à cerner le sens de ce que dit son interlocuteur.
La traduction littérale:c’est la traduction mot à mot. Ce type se définit par la manière dont se fait la traduction. Au lieu de s’intéresser au sens, au contenu, le traducteur se suffit de changer les mots d’une langue par les mots d’une autre langue, d’où un grand écart entre les deux textes au niveau du sens. C’est pourquoi on dit que l’unité minimale dans la traduction n’est pas le mot mais la phrase.
Les difficultés auxquelles se heurte la traduction
Les grands problèmes de la traduction, on les trouve dans le premier type, la traduction littéraire. Pourquoi surtout la traduction littéraire qui fait émerger plus de problèmes, c’est parce que les mots y sont employés au niveau connotatif. Ainsi quandon passe d’une langue à une autre les mots n’ont pas les mêmes connotations symboliques, et par conséquent le texte perd le plus souvent ses sens profonds; cependant c’est le sens premier, seul, qui est traduit. C’est pourquoi le mot ne peut pas être l’unité minimale de la traduction; l’unité minimale de la traduction doit être d’un niveau plus supérieur; il y a ceux qui la reconnaissent dans la phrase, d’autres dans le texte, et d’autres dans le texte dans son contexte global.
Ce qui accentue également la difficulté de la traduction littéraire, comme on l’a signalé plus haut, c’est la nature plurielle du texte littéraire. Ainsi, Edmond Cary écrit à propos de cette pluralité du texte littéraire :
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« La fidélité purement sémantique peut présenter des exigences contradictoires selon qu’on s’attache à la fidélité au sens des mots ou au sens des phrases. Plus loin encore, on n’oubliera pas la fidélité aux sens seconds, aux sens cachés, aux allusions, qui contiennent souvent l’essentiel du texte.» (L’indispensable débat)
En l’interprétant, Jaques Flamand conclut qu’on ne peut plus parler de fidélité dans la traduction, mais des fidélités. Il ajoute que quand un texte qui se veut, pour des raisons politiques, idéologiques ou simplement esthétiques, flou, la traduction doit adopter elle aussi une fidélité de l’imprécis.
Certes qui dit traduction dit langue, et qui dit langue dit culture. Et une foi s la culture entre en jeu, tout un système complexe de valeurs abstraites qui se met en place, et qui échappe à toute formation rigoureuse. Au début, avec la thèse référentielle, on disait que parce que les choses sont partout, donc il suffit de trouver les mots qui les désignent dans l es différentes langues. Mais avec l’avènement de la sémiotique, on a découvert que les choses ne sont pas connues de la même façon dans toutes les langues; mais l’idée qu’on a des choses est déterminée par la vision du monde que véhicule chaque langue. Ainsi le signe ne désigne pas la chose mais une idée de la chose. Et quand on passe d’une langue à une autre, on change la vision du monde par laquelle on envisage la réalité, ou tout objet quelconque. C’est ce qu’on appelle en fait la culture. Cette visiondu monde propre à chaque langue constitue un autre écueil pour la traduction.
De même, pour le structuralisme, « avant Saussure, la traduction ne posait pas de problèmes théoriques. Tout le monde croyait à l’unité de l’esprit humain (c’est la thèse référentielle, donc inutile d’en répéter l’explication). La linguistique structurale a changé tout cela: la notion de système, l’idée qu’un signe se définit par sa place relativement aux autres signes de la langue. Tout cela rendait théoriquement la traduction, c'est-à-dire le passage d’un système à un autre, impossible. » (George Mounin, Les problèmes théoriques de la traduction) De là, on voit l’irréductibilité des langues entre elles, c’est pourquoi on parle souvent de l’individualité ou de la singularité des langues. Cette individualité ou singularité rend la tâche du traducteur encore plus difficile.
Toujours dans le champ de la linguistique, avant, le lexique se définissait comme un répertoire ou un sac à mots, avec les linguistes, le lexique a changé de définition pour désigner un ensemble de champs sémantiques. Ainsi toute langue a ses champs conceptuels. Il y a là un point central pour la traduction. On ne traduit donc plus des mots par des mots, mais des champs par des champs ; et c’est dans cette notionde champs sémantiques où se manifeste la difficulté à transporter ce qui est écrit dans une langue en une autre. Car, il y a certains termes qu’on trouve dans un champ sémantique d’une langue (prenant pour exemple celui de la neige chez les eskimos), mais qu’on ne trouve pas dans le même champ sémantique d’une autre langue (restant dans le même exemple, le champ sémantique de la neige dans la langue française).Cela est dû à l’expérience qu’aun peuple parlant une langue donnée avec le domaine qui constitue un champ sémantique. Et parce que les peuples n’ont pas les mêmes expériences dans le monde, il reste difficile de traduire ce qui est propre à un peuple dans la langue d’un autre.
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Dans cet ordre d’idée, on définit la langue d’être historique, elle évoluefonction de la en participation des individus à son inscription dans le monde. Ainsi, sous la plume de Friedrich Schleiermacher :
«Tout concept tient son histoire puisqu’il dépend des jugements qui l’ont formé progressivement; de même, tout mot a son histoire, relative aux intuitions rattachées aux mots. » (Des différentes méthodes du traduire)
Cela veut dire que les mots ont une histoire, une histoire qu’on ne peut pas réduire à un seul signifié, pour pouvoir traduire un mot par un autre. Dans toute langue, dès qu’on prononce un mot, ce mot peut créer dans l’imagination d’un natif toute une histoire, soit religieuse, superstitieuse, historique, etc. mais quand on traduit ce même mot par un autre, ce second mot ne suscite pas la même histoire que le premier, et par conséquent il ne crée aucune histoire chez celui qui l’entend. Ainsi, la traduction appauvrit la langue d’origine, ce qui fait que le mot traduction ne signifie pas, comme disent les dictionnaires, transposer un texte d’une langue dans une autre, mais seulement donner une idée d’un texte écrit dans une langue à quelqu’un parlant une autre langue. On ne peut jamais transposer un texte tel qu’il est, mais seulement d’en donner une idée.
On finira avec ce dernier obstacle auquel se heurtent les traducteurs professionnels- mais cela ne veut pas dire que les problèmes de la traduction se réduisent à cesquelques cas qu’on asoulevés. C’est la traduction pragmatique où la quantité parfois l’emporte sur la qualité.Jaques Flamand, le traducteur, affirme :
« Cette jauge quantitative dont nous sommes esclaves, est-elle compatible avec l’œuvre même de traduction? Car on ne traduit pas des mots, mais des phrases, et des phrases dans des textes. Une telle comptabilité est fondamentalement non-sens. » (« Qu’est-ce qu’une bonne traduction? »)
Ce qui remet en question toute la pratique de la traduction actuelle, qui se base dans sa grande partie sur la quantité des mots traduits au détriment du sens. De même, il ajoute, un peu plus loin :
«L’impératif de la quantité, de la productivité, vient constamment en conflit avec celui de la qualité, car la recherche de la quantité d’abord, pour que son travail soit « rentable », pousse le traducteur à traduire des mots, à traduire des segments de sens minimaux, en leur faisant la violence de les arracher à leur texte et à leur contexte. » (Ibid.)
Ainsi, il se montre très clairement comment le principe à partir duquel se fait la traduction actuellement est tout à fait contre la nature même de la traduction. Car comme tout le monde le sait, c’est le sens qu’on traduit et non l’expression; alors que la traduction par la quantité des mots s’intéresse plus à l’expression, ce qui fait négliger le sens. On est quelque part dans la traduction littérale. D’où, ce n’est pas seulement la traduction littéraire qui connait des problèmes, mais aussi celle dite technique.
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C’était là quelques problèmes principaux qui traversaient et traversent encore l’histoire de la traduction, mais ce n’est pas tout, il y en a, chaque fois, d’autres qui émergent. Pour être plus pratique, nous proposons d’être plus précis en examinant le cas de la traduction quant à la littérature de voyage.
Traduction et littérature de voyage
Sans doute, le lien entre traduction et littérature de voyage est évident. Tout écrivain-voyageur est impliqué dans un processus de traduction continu, du fait que le voyage est la manifestation la plus directe entre deux cultures et par conséquent entre deux ou plusieurs langues. Ainsi, tout récit de voyage est une traductiond’une culture donnée, reste à savoir comment s’effectue cette traduction; quels sont les problèmes qui en relèvent. Certes, la subjectivité de l’écrivain-voyageur joue un rôle très important dans ce type de traduction ; cette subjectivité peut être utile dans la mesure où elle aide à comprendre comment s’établissent les rapports interculturels à une époque donnée.Mais ce qui nous intéresse de plus c’est la traduction de ces récits où le propre l’emporte sur le commun.
La première chose à la présence de laquelle on se trouve quand on veut traduire un récit de voyage ce sont les noms propres. La question que se posent la plupart des traducteurs : est-ce qu’il faut traduire les noms propres selon le sens qu’ils véhiculent ou seulement les transcrire dans leslettres de la langue cible.Si on les traduit selon la signification qu’ils portent, on risque de ne pas les connaître, surtout quand il s’agit de noms de lieux; si on les laisse comme ils se prononcent dans leur langue d’origine, cela anéantit leur charge symbolique, surtout les noms de personnes. Il serait donc préférable de les transcrire tels qu’ils se prononcent dans la langue d’origine en ajoutant ce qu’ils signifient entre deux parenthèses. L’abondance de noms propres dans un récit de voyage peut jouer le rôle d’un pont entre deux cultures. C’est ce qu’on traduit par un désir d’union avec les autres.
Autre chose à ajouter quant à la traduction des récits de voyage, c’est qu’un traducteur peut juger et contester la véracité des faits rapportés par l’écrivain-voyageur. C’est le cas de la traduction du récit d’Ibn Batouta par l’historien allemand Ralf Elger qui, dans sa récente traduction, s’est servi de toutes les preuves pour justifier la fausseté du récit d’Ibn Batouta.
Il y a d’autres théoriciens qui votent pour la traduction philologique pour traduire des récits du voyage. Cette traduction dite philologique tient compte des sources, de la critique textuelle et des commentaires des textes. Pour eux, la traduction pure et simple est insuffisante pour traduire un récit de voyage ; car pourcomprendre, étape indispensable pour passer à l’acte de traduire,celui-ci, il faut toujours recourir au contexte d’origine.Ce qui fait du récit de voyage un document historique plus qu’un texte littéraire.
Ce qui caractérise de plus la littérature de voyage,c’est qu’elle est souvent porteuse d’une ou de plusieurs idéologies,c’est pourquoielle est souventqualifiée d’écriture idéologique. Cette caractéristique aboutit à plusieurs transformations quant à la version traduite. Deux exemples peuvent mieux éclaircir cette relation entre la traduction et l’idéologie de la littérature de voyage. On a par exemple la traduction d’Alberto Insua d’un récit de Maurice Barrès. La traduction d’Alberto Insua à la langue espagnole consiste à atténuer une image négative de l’Espagne qui se trouve dans le texte orignal. Un autre exemple, c’est le récit La Havane de La Comtesse de Merlin. Le récit avait
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un but très politique : diffuser des idées révolutionnaires et promouvoir un mouvement nationaliste me cubain au XIX siècle. Par contre, dans la version traduite, ce voyage idéologique a été transformé en un voyage documentaire où toutes les opinions et les critiques sur le régime colonial espagnol ont été supprimées. A partir de ces deux exemples, on voit combien est complexe la traduction de ce genre de littérature due à son caractère idéologique ; où deux cultures entrent en conflit. On peut dire ainsi que la traduction du récit de voyage est souvent une sorte de correction de l’image que l’écrivain-voyageur essaie de donner du pays visité. La traduction d’un récit de voyage est dans ce sens une traduction d’une traduction. Ni l’une ni l’autre, l’on ne peut juger ni qualifier d’objectives, car toutes les deux relèvent d’un regard et d’une position subjective, jamais neutre.
Ajoutons que l’hétérogénéité de la littérature de voyage exige du traducteur une connaissance diverse et la maîtrise des divers styles d’écritures. Car un récit de voyage ne se suffit pas seulement de la forme narrative, mais il peut adopter également d’autre techniques, voire l’essai, le vers, etc. au point qu’il y a des récits des voyages qui se transforment à des véritables enquêtes scientifiques. Là, on entre dans un autre type de traduction, on n’est plus dans la traduction littéraire, mais dans la traduction technique qui exige, comme on l’a déjà dit, une connaissance professionnelle du domaine étudié. Dans ce cas c’est le jargon des sciences humaines (sociologie, psychologie, anthropologie, ethnologie, etc.) qui entre en jeu, surtout quand l’écrivain-voyageur est un érudit. Ainsi, la traduction des récits de voyage exige un savoir encyclopédique.
D’où le caractère ambivalent des récits de voyage: ils sont à la fois la manifestation d’une expérience intérieure, subjective, et d’une expérience intellectuelle plus ou moins objective. C’est le cas par me exemple des récits de voyage du XVIII siècle, où la ligne de démarcation entre ces deux pôles de savoir reste floue. Ce qui exige au traducteur de ne pas négliger ni l’un ni l’autre: il doit transposer lesémotions du voyageur sans altérer l’information de l’écrivain.
Ce sont là quelques problèmes et remarques qui relèvent de la traduction de la littérature de voyage. Après tout, il reste à conclure que ce genre de texte exige un savoir encyclopédique pour pouvoir le traduire. En plus, il serait préférable qu’un récit de voyage, pour que la version traduite soit plus ou moins fidèle à l’origine, soit traduit par un traducteur qui n’appartient pas au pays qui constitue l’objet du récit; car, commel’on a vu à partir des exemples, quand le traducteur fait parti du pays visité, il ne cesse de transformer le récit original dans le but d’embellir l’image de son pays, surtout quand cette image est décrite négativement.
Conclusion
C’est vrai que la traduction veutdire, comme les dictionnaires le disent, transposer un texte d’une langue dans une autre, mais ce transfert, ce que les dictionnaires ne disent pas, pose beaucoup de problèmes au niveau de fidélité par rapport à l’original. A partir des grands problèmes qui traversent l’histoire de la traduction, on a vu combien il difficile de parler d’une transposition parfaite. Après tous les écueils qu’on a relevés, et auxquels se heurte la traduction, le texte traduit reste une idée de l’original, mais jamais sa copieLes problèmes se montrent plus aigus quand on passe au exacte. champ de la pratique. C’était le cas de la traduction de la littérature de voyage, qui fait émerger beaucoup de problèmes ; soit son aspect idéologique qui aboutit à des transformations radicales, ou aussi son caractère encyclopédique qui exige du traducteur un champ de savoir illimité.
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Mais, il ne faut pas être trop pessimiste, malgré tout, et comme l’affirme A. Berman:
«Les originaux se perdent, nous n’avons plus que des images d’images. Mais même si ces images ne sont pas l’original, elles ont, selon Schleiermacher, et quelque soit leur valeur, pour mérite «d’éveiller et d’affirmer le goût pour l’étranger». » (Les différentes méthodes du traduire)
Rédigé par : Tarik LABRAHMI
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