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Israël exporte son savoir-faire en Afrique

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ECLAIRAGES 16Vendredi 21 - Samedi 22Janvier 2011 SECURITY BUSINESS Israël exporte son savoir-faire en Afrique Par Marc Brenner Vente d’armes, soutien logistique, formation... L’intérêt de l’Etat hébreu pour les pays au sud du Sahara ne se dément pas. Les entreprises israéliennes ont vendu, entre autres, des drones Hunter à plusieurs pays africains. anvier 2009. La scène se déroule dans un somptueux restaurant du bord de mer à fcoeistsJheures,quelques.eDnasnoéuqpiraissreaiffademmohelibahnléei Tel-Aviv. Assis nerveusement au coin d’une table, Samuel Sternfeld avise une dernière reconverti en marchand d’armes doit accueillir une délégation officielle de Cen-trafrique. Bien que l’État hébreu n’entre-années 1970. » Au lendemain de la guerreà une rébellion dans le Delta et desopté pour une stratégie d’infiltration en tienne aucun lien diplomatique avec Ban-de Kippour (1973), lorsque la plupart desconflits communautaires dans l’État deAfrique. Ainsi, l’aide militaire proposée gui, tout est organisé comme une visite pays africains rompent leurs liens avecPlateau, les ventes d’armes ont rapportépar des entrepreneurs privés ou publics d’État?: accueil des ministres à l’aéroport l’État hébreu, le Mossad décide de se500 millions de dollars à Israël ces derniè-ne constitue souvent qu’un premier pas. Ben-Gourion, transport avec chauffeur, substituer aux diplomates en servant d’in-res années. Au Kenya, cible par le passéEn septembre 2002, cette logique est à rencontre avec des officiers de l’état-major terlocuteur auprès des dirigeants africainsde plusieurs attentats, la coopération anti-l’?uvre lorsque le président ivoirien, Lau-de Tsahal et inspection des principaux et des mouvements d’opposition. Isolé surterroriste a été longuement évoquée.rent Gbagbo, fait face à une offensive sites d’armements israéliens. Chaque la scène internationale, Israël chercheEnfin, l’Éthiopie, partenaire stratégique derebelle. étape du voyage est minutieusement pla-avant tout à bénéficier d’appuis au sein del’État hébreu, est positionnée sur la CorneDéçu des Français et à la recherche nifiée. Soudain, le téléphone de Sternfeld l’ONU. « C’est à ce moment-là que lesafricaine, au carrefour de la mer Rouge, àd’un appui militaire, le chef d’État ivoi-retentit. Des rebelles viennent d’attaquer hommes d’affaires et les marchands d’ar-proximité du Soudan et de l’Égypte, unrien se tourne vers son fidèle avocat un détachement des forces centrafricaines mes israéliens ont fait irruption en Afriqueaxe où l’Iran fait régulièrement transiterparisien Sylvain Maier, qui le met en dans la région de Ndélé, frontalière du », raconte l’ancienne députée Naomises cargaisons d’armes à destination ducontact avec plusieurs spécialistes Soudan. Il y a des morts, la visite est Hazan. Hamaset du Hezbollah.israéliens. En quelques semaines, Lau-annulée. Coup dur pour cet homme d’af-Au Liberia, au Zaïre, au Togo ou encorerent Gbagbo obtient la livraison d’héli-faires mandaté par le ministère israélien au Cameroun, des centaines d’instruc-coptères, de drones tactiques et de Activités illégales en Guinée de la Défense et qui avait financé de sa teurs israéliens commencent à assurer lamatériel d’écoute. Éditorialiste au quotidien Haaretz, poche le déplacement de la délégation formation de gardes présidentielles etUne cinquantaine d’experts israéliens Yossi Melman refuse néanmoins de pen-envoyée par le président François Bozizé. d’unités d’élite. À la fin des années 1970,du renseignement opèrent alors à Abid-ser qu’Israël a signé son retour sur le Pour parfaire son « opération séduction », plus d’un tiers des ventes d’armes israé-jan pour espionner les communications continent noir. Il prône une doctrine plus Samuel Sternfeld avait même sollicité le liennes se réalise sur le continent noir.des rebelles. pragmatique?: « En Afrique, là où il y a de général Amos Gilad, alors négociateur Mais dans certains pays, l’ingérence estLe 6 novembre 2004, cette implica-l’argent, il y a des armes israéliennes », israélien dans les pourparlers avec le parfois lourde d’implications. En Afrique dution éclate au grand jour lorsque l’avia-clame-t-il. Ce spécialiste des questions de Hamas. Gilad était chargé de transmettre Sud, l’État hébreu est accusé ouvertementtion progouvernementale bombarde une défense a récemment révélé les activités l’assentiment officiel de son gouvernement de fermer les yeux sur l’apartheid et d’ai-de la société de sécurité privée Globalposition française à Bouaké, tuant neuf et de mettre en confiance la délégation der Pretoria a se doter d’armes nucléaires. CST en Guinée.soldats de l’opération « Licorne ». Paris centrafricaine. Tandis que, face à la rébellion érythréenne En décembre 2008, lorsque le capi-découvre que des avions sans pilote en Éthiopie, il conditionne son soutien mili-taine Moussa Dadis Camara s’autopro-israéliens ont survolé le secteur peu de taire à Addis-Abeba à l’émigration vers Fini l’eldorado subsaharien ?clame successeur du défunt présidenttemps avant l’attaque. Complexe à réaliser sans l’aval de laIsraël des Falashas, les juifs éthiopiens. «Lansana Conté, il connaît la méfianceLa France demande alors des comp-France, qui a toujours soutenu militaire-L’effondrement de l’URSS a changé laqu’éprouve à son égard une partie de lates à l’État hébreu et exige qu’il cesse ment les troupes de François Bozizé, l’ac-donne, estime Naomi Hazan. D’autrespopulation. N’accordant guère plus deson assistance militaire à Laurent marchés se sont ouverts aux États-Unis, cord avec Israël ne verra finalementconfiance à l’armée guinéenne, dont il estGbagbo. Entre-temps, l’homme d’affai-en Inde et en Chine. Ils rapportent chaque jamais le jour. L’enjeu était pourtant depourtant issu, le chef de la junte décide deres Moshe Rothschild, principal acteur année des milliards de dollars à l’industrie taille pour le président centrafricain.s’attacher les services d’un expert endes ventes d’armes à la Côte d’Ivoire, a militaire israélienne. L’Afrique n’est plus Confronté à diverses rébellions aux fron-sécurité qui assurera l’encadrement de sadéjà monté sur place plusieurs entrepri-une priorité. » tières nord et est, le général s’était laisségarde prétorienne, les Bérets rouges. Viases et décroche des projets liés au convaincre par Samuel Sternfeld de lale diamantaire israélien Beny Steinmetz,développement d’infrastructures civiles. Nigeria, kenya, Ethiopie… nécessité de bâtir une armée plus impo-qui possède une mine d’exploitation enÀ la fin du mois de juillet dernier, c’est sante que sa garde présidentielle compo-Guinée, Dadis Camara reçoit Israel Ziv,Ehoud Olmert en personne qui s’est Et pourtant, en septembre 2009, sée d’un petit millier d’hommes. Bozizé ypatron de la société privée Global CST.rendu à Yamoussoukro, pour une visite Avig?dor Lieberman est venu démentir voyait aussi l’occasion de se détacher deAncien commandant des forces spéciales,restée plus que discrète. Organisé par cette allégation en effectuant une tournée la pesante tutelle fran?çaise. Pour ce faire,Ziv possède un profil impressionnant.l’ancien ambassadeur israélien en Côte africaine. Officiellement, la visite du chef l’industrie militaire israélienne était prête àConnu pour avoir encadré l’armée colom-de la diplomatie israélienne visait à renfor-d’Ivoire, Daniel Kedem, le déplacement tourner à plein régime?: drones, blindés,bienne lors de la libération d’Ingrid Betan-cer la coopération sur le plan agricole etde l’ex-Premier ministre était lié à des court, il a également servi de conseilleraffaires sécuritaires, telles que la mise armes légères et vedettes de la marine ontproposer des solutions liées à la purifica-militaire en Géorgie en 2008, juste avanten place d’un Shin Bet ivoirien pour ren-été proposés au régime de Bangui, detion des eaux. « Il ne fait aucun doute que que n’éclate la guerre en Ossétie du Sud.forcer la sécurité autour de Gbagbo et même que du matériel d’écoute et de ren-le plus important pour l’Afrique, c’est la Dadis et Israel Ziv concluent un accord qui seignement. Sans grandes ressourceslutte contre la pauvreté et la sécheresse,surveiller certains éléments hostiles de s’élève à 10 millions de dollars. Mais la financières, le gouvernement centrafricainpas les armes », déclarait Haim Dibon, l’unl’armée ivoirienne. Les Israéliens, en transaction est illégale?: « Ziv a vraisem-envisageait en contrepartie de régler l’Étatdes proches de Lieberman. Ce déplace-effet, via la société privée Omega, blablement agi sans le feu vert du minis-hébreu en bois et en diamants.ment officiel cachait néanmoins d’autresappuient et forment les services ivoi-tère israélien de la Défense et a enfreint Inconnu jusqu’ici, cet épisode illustre laambitions moins avouables. Au sein de lariens, ainsi que la garde présidentielle. les règles d’exportation d’armes », expli-nature actuelle des relations entre Israël etdélégation israélienne figurent une équipe« Les Israéliens sont derrière tous les que Yossi Melman. Si le gouvernement les pays d’Afrique subsaharienne, dudu Mossad, des représentants du Sibat,conflits en Afrique », s’écriait en août israélien a décidé d’ouvrir une enquête, moins sur le plan sécuritaire. Officieuses,l’organisme en charge des exportations2009 le colonel Kaddafi, en marge d’un l’affaire est d’autant plus embarrassante aléatoires, elles obéissent en priorité àd’armes israéliennes, de même que plu-sommet de l’Union africaine, à Tripoli. que Global CST n’a pas remis en question une logique d’intérêts politiques et écono-sieurs responsables d’industries deLa réalité est autrement plus subtile. sa coopération avec Dadis Camara après miques. Comme dans beaucoup d’autresdéfense, comme les sociétés Elbit, Sol-Très réactives, habituées aux situations la répression sanglante de l’opposition, le zones géographiques instables, les Israé-tam, Silver Shadow et l’Israel Aerospacede crise, les entreprises israéliennes 28 septembre 2009. « La société Global liens ont su faire valoir leur expérienceIndustries (IAI).sont souvent les premières à proposer emploie toujours en Guinée des experts militaire. « Aujourd’hui, des dizaines deLe ministre israélien des Affaires étran-leurs services à des pays en guerre?: militaires, agricoles, des conseillers politi-sociétés de sécurité travaillent sur cegères Avigdor Lieberman (à g.), et sonconseil militaire, soutien logistique et ques et toutes sortes d’ingénieurs civils », continent, toutes dirigées par d’ancienshomologue kényan, Moses Wetangulaarmement. affirme Yossi Melman. officiers de Tsahal, explique le journaliste(à dr.), à Nairobi, le 4 septembre 2009Avec seulement neuf ambassades en d’investigation Ronen Bergman (éditoria-(AFP) Lespays visités par Avigdor Lieber-Afrique, l’État hébreu est contraint de liste au Yediot Aharonot). La présenceman représentent quant à eux un intérêtStratégie d’infiltrationrecourir au secteur privé pour exister sur israélienne y est exclusivement privée,sécuritaire majeur. Au Nigeria, principalÀ défaut d’y avoir déterminé une politi-ce continent. c’est un phénomène qui remonte auxproducteur de pétrole en Afrique, en proieque claire, les Israéliens ont, semble-t-il,M. B.
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