Education et croissance
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Description

Le rapport rappelle que l'éducation influe de diverses manières sur la croissance économique ; il met en valeur l'impact du niveau de développement économique et remarque que la France a un système éducatif moins adapté à l'innovation et aux nouvelles technologies que les Etats-Unis. Il apparaît que ses performances dans le secondaire sont dans la moyenne des partenaires de l'OCDE, que la massification et la démocratisation des universités donnent nombre d'échecs en DEUG et que les universités pâtissent d'une faible sélection. Le rapport présente par ailleurs les spécificités et l'évolution du modèle universitaire français et propose trois scenarii pour réformer l'université : évolution au fil de l'eau, rupture ou réforme incrémentale. En conclusion sont présentés les commentaires de Jean-Hervé Lorenzi et Michel Mougeot ainsi qu'un résumé en français et en anglais.

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Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 94
Licence : En savoir +
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Langue Français

Extrait

Éducation et croissance
Rapport Philippe Aghion et Élie Cohen
Avec la collaboration de Éric Dubois et Jérôme Vandenbussche
Commentaires Jean-Hervé Lorenzi Michel Mougeot
Réalisé en PAO au Conseil d’Analyse Économique par Christine Carl
© La Documentation française. Paris, 2004 - ISBN : 2-11-05533-2 « En application de la loi du 11 mars 1957 (article 41) et du Code de la propriété intellectuelle du 1er juillet 1992, toute reproduction partielle ou totale à usage collectif de la présente publication est strictement interdite sans l’autorisation expresse de l’éditeur. Il est rappelé à cet égard que l’usage abusif de la photocopie met en danger l’équilibre économique des circuits du livre. »
Sommaire
Introduction............................................................................................ 7 Christian de Boissieu
RAPPORT Éducation et croissance..................................................................... 9 Philippe Aghion et Élie Cohen
Introduction.............................................................................................. 9
Chapitre 1. Un système éducatif moins adapté à l’innovation et aux nouvelles vagues technologiques.............................................14 1. Mesurer l’efficacité de l’éducation : des rendements microéconomiques aux effets de croissance.................................. 15 1.1. Les rendements microéconomiques de l’éducation ................... 15 1.2. L’approche néo-classique : seule compte l’accumulation  de capital humain ........................................................................ 16 1.3. Le lien entre éducation et croissance passe aussi  par le progrès technologique ....................................................... 17 2. Ce que nous enseignent les nouvelles théories de la croissance................................................................................ 19 3. Une approche théorique enrichie................................................... 23 3.1. L’importance d’institutions appropriées ..................................... 23 3.2. Application à la politique éducative ............................................ 27 4. Analyse empirique............................................................................ 30 5. Le rôle du système éducatif face à l’émergence des NTIC........... 31 6. Les handicaps de notre système éducatif face à la nouvelle vague technologique se lisent d’abord dans l’insuffisance des moyens affectés à l’enseignement supérieur.......................... 33 7. Conclusions....................................................................................... 34
Chapitre 2. Une performance densemble du système éducatif aujourd’hui moins satisfaisante...........................................................35 1. Une croissance de la productivité déclinante................................ 35 2. Une détérioration lente et inégale en termes d’innovation.......... 38 2.1. Nombre de brevets ..................................................................... 38 2.2. Publications scientifiques : nombre et impact ............................. 39
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2.3. Un rattrapage en dépenses et personnels qualifiés pour la recherche ....................................................................... 42 2.4. Les réveils douloureux : l’étrange défaite de la recherche française .......................................................... 45 3. Une performance de notre système éducatif secondaire juste dans la moyenne de nos partenaires..................................... 50 4. Des inégalités persistantes face à l’éducation, plus fortes que chez nos partenaires de l’OCDE.......................... 52 5. Massification et démocratisation des universités : quels résultats ?................................................................................. 56 5.1. Quel type de démocratisation ? .................................................. 56 5.2. La sélection par l’échec : le DEUG ........................................... 58 5.3. Le piège de la faible sélection .................................................... 60
Chapitre 3. Une université adaptée dans un système en crise......... 63 1. Université française : crise ou adaptation.................................... 63 2. Spécificités et évolution du modèle français................................. 67 2.1. L’université « impossible » : 1896-1995 ..................................... 67 2.2. Le modèle d’Humbolt ................................................................. 67 2.3. Le péché originel du système d’enseignement supérieur français ...................................................................... 68 2.4. La République des facultés ........................................................ 69 2.5. L’université, univers de la non-décision ..................................... 70 3. La vraie « naissance » de l’université française.......................... 71 3.1. La diversification des filières ...................................................... 71 3.2. La diversification des ressources des universités ...................... 74 3.3. La révolution silencieuse de la contractualisation ...................... 76 3.4. Les facteurs de réussite de cette réforme ................................. 76 3.5. Autres évolutions liées à la contractualisation ............................ 78 3.6. Les universités enfin possibles ................................................... 78 4. Autonomie et contractualisation : une politique au milieu du gué........................................................ 80 4.1. Les limites de la contractualisation ............................................ 80 4.2. Les enseignants chercheurs et la recherche .............................. 81 4.3. Ressources humaines ................................................................. 82 4.4. Financement ............................................................................... 85 4.5. La question de la gratuité des études universitaires ................... 86 4.6. Activités commerciales .............................................................. 88
Chapitre 4. Réformer l’université : l’apport de la théorie des incitations................................................... 94 1. La théorie des incitations et la réforme du système d’enseignement supérieur................................................................ 94 2. Les trois scénarios d’évolution 103............ .......... ................................ 2.1. Scénario 1 : l’évolution au fil de l’eau ...................................... 103 2.2. Scénario 2 : la rupture .............................................................. 105 2.3. Scénario 3 : la réforme incrémentale ....................................... 109
CONSEIL D’ANALYSE ÉCONOMIQUE
3. Quels peuvent être les principaux leviers de la réforme ?......... 113 3.1. Différenciation : le levier européen .......................................... 113 3.2. Formation tout au long de la vie ............................................... 114 3.3. Inégalités et affirmative action ................................................. 114 3.4. Autonomie des établissements, incitations et expérimentation 115 3.5. L’impératif de l’évaluation ........................................................ 116
COMMENTAIRES
Jean-Hervé Lorenzi............................................................................ 125
Michel Mougeot................................................................................... 131
RÉSUMÉ............................................................................................. 135
SUMMARY.......................................................................................... 139
ÉDUCATION ET CROISSANCE
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Introduction
Les voies par lesquelles l’éducation, au sens le plus large, influe sur la croissance économique sont multiples et assez bien identifiées. Le rapport qui suit ne se contente pas de le rappeler. Il met en valeur l’impact essentiel du niveau de développement technologique.
Pour les pays les plus avancés, c’est-à-dire proches de la « frontière technologique » (déterminée en l’espèce par les États-Unis), il s’agit de mettre l’accent sur l’innovation, la créativité et la R&D, seule stratégie per-mettant de rester dans le peloton de tête et d’affronter les contraintes de concurrence et de compétitivité. Des conséquences éducatives en décou-lent directement : pour ces pays-là, il convient de privilégier l’enseignement supérieur, les passerelles entre celui-ci et la recherche, etc.
Les pays loin de la frontière technologique doivent quant à eux préférer l’imitation et le rattrapage, concentrant alors les efforts et les moyens finan-ciers sur l’enseignement primaire et secondaire.
Après une phase de rattrapage, la France est désormais proche de la frontière technologique. Mais elle n’a pas adapté en conséquence son sys-tème éducatif. Comment s’y prendre ? Après avoir passé en revue les grands traits du système français, ses performances et ses handicaps dans le con-texte de la globalisation et de l’intégration européenne, les tentatives plus ou moins réussies pour le faire évoluer, le rapport dégage trois scénarios envisageables : le « fil de l’eau » (la poursuite des évolutions spontanées sans grand volontarisme…), la rupture (c’est-à-dire le chamboulement très volontariste), la réforme graduelle (« incrémentale »). C’est cette troisième voie qui est privilégiée par les auteurs, et qui conduit à un certain nombre de recommandations : création d’une Agence comparable à la NSF américaine ou à l’ESRC anglais ; encouragement à la constitution de pôles d’excel-lence d’enseignement supérieur et de recherche s’appuyant en particulier sur le levier européen ; participation active des universités à l’effort de for-mation professionnelle en voie de renouvellement ; mise en place dosée et
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ciblée de mesures relevant de la « discrimination positive » afin de corriger certaines inégalités ; etc. D’après ce rapport, mieux vaut s’en tenir au gradualisme plutôt que de continuer à rêver à l’improbable et quasiment impossible « thérapie de choc » du système français d’enseignement et de recherche.
Ce rapport a été discuté en séance plénière du Conseil le 19 juin 2003, puis le 10 juillet 2003 en présence du Premier ministre.
Christian de Boissieu Président délégué du Conseil d’analyse économique
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Éducation et croissance
Philippe Aghion Professeur à l’Université d’Harvard (États-Unis) Élie Cohen Directeur de Recherche au CNRS, FNSP
Avec la collaboration de Éric Dubois et Jérôme Vandenbussche
Introduction Le CAE poursuit à travers de multiples rapports son diagnostic sur la compétitivité de la France. Dans un rapport sur les politiques industrielles européennes, le CAE a mis à jour le fossé qui s’était creusé entre l’Europe et les États-Unis en matière de R&D et d’investissement dans les nouvelles technologies (Cohen et Lorenzi, 2000). Dans un récent rapport sur la com-pétitivité, le CAE a pu conclure à la fois sur la bonne performance de fond de la France – résultats commerciaux satisfaisants, bonne qualité des pro-duits, bonne attractivité du site France – sur un positionnement faible dans la haute technologie et sur un décrochage européen et donc français par rap-port aux États-Unis en termes de croissance (Debonneuil et Fontagné, 2003). Comment réconcilier ces images ? L’hypothèse avancée dans ce rapport est que les ressorts économiques et institutionnels de la croissance ne sont pas les mêmes pour une économie en phase de rattrapage ou qui veut se situer à la frontière technologique. Dit autrement, les institutions adaptées au rattrapage ne le sont pas nécessaire-ment à la croissance par l’innovation, elles peuvent même devenir un handi-cap. Le premier objectif de ce rapport est de formaliser puis de tester cette hypothèse en concentrant l’analyse sur la relation entre éducation et crois-sance à différents stades de développement économique et technologique. Le CAE a déjà avancé dans de précédents rapports des solutions qu’il conviendrait de promouvoir pour permettre à la France de revenir dans la
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course technologique, le processus de Lisbonne est ainsi régulièrement évo-qué de même que la nécessité d’accroître sensiblement l’effort de recher-che, de rapprocher l’université et la recherche, ou de favoriser l’innovation. Ces rapports et les recommandations qu’ils contiennent n’ont eu qu’un im-pact limité, et ce pour deux types de raisons. D’une part, aucune étude a ce jour n’a réussi à montrer dans quelle mesure le manque de ressources al-louées à l’éducation supérieure et à la recherche pouvait constituer une entrave à la croissance d’une économie en transition vers la frontière tech-nologique, fondée en grande partie sur l’innovation. D’autre part, les straté-gies de réformes proposées jusqu’à présent n’ont jamais reposé sur une analyse rigoureuse et détaillée des problèmes incitatifs que pose l’organisa-tion d’un système d’enseignement supérieur adapté aux exigences d’une économie frontière. De même, les mesures proposées n’ont pas pris pleine-ment en compte le fait qu’il est difficile de réformer des systèmes nationaux d’enseignement et de recherche qui plongent loin leurs racines et qui long-temps ont paru performants. De ce point de vue, les recommandations qui visent à simplement transposer sous nos latitudes le modèle Silicon Valley-Venture Capital-Nasdaq sont d’une mince utilité lorsque l’on sait comment s’est structuré dans le temps notre système d’enseignement supérieur et de recherche. La croissance a été malgré tout au rendez-vous de 1997 à 2001, ce qui a conduit à privilégier les politiques macroéconomiques au détriment des poli-tiques structurelles. Depuis que le ralentissement économique se confirme, l’effort de recherche s’est réduit, signe que les recommandations de Lis-bonne demeurent jusqu’à présent lettre morte et que la contrainte budgé-taire de court terme prime, surtout lorsque les groupes de pression sectoriels sont faibles (ce qui est le cas de la recherche). Ce rapport s’inscrit pourtant dans la perspective tracée par les précé-dents rapports du CAE en y apportant un élément nouveau : la contribution de l’éducation à la croissance. L’éducation absorbe chaque année 7 % de la richesse produite en France et près de 9 % aux États-Unis. C’est dire l’importance qu’y attachent les sociétés modernes et l’enjeu que représente une bonne utilisation des res-sources ainsi mobilisées. De plus, le développement des technologies de l’information et de la communication, des biotechnologies et des nouveaux matériaux a mis l’ « économie de la connaissance » au cœur de la nouvelle croissance. La qualité du système enseignement supérieur – recherche – innovation est devenue cruciale pour asseoir la compétitivité des économies développées. Dans ce contexte, la modicité de la dépense d’éducation pour le supérieur en France (16,6 milliards d’euros en 2001 contre près de 224 milliards de dollars aux États-Unis) ne manque pas d’étonner. Appré-cier les rendements privés et sociaux de l’effort éducatif après la vague de massification universitaire n’est pas sans importance pour l’évolution des budgets publics. La tradition de quasi-gratuité de l’accès à l’université en France peut poser problème s’il s’agit de redresser significativement les
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