Les enfants pauvres en France
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Description

Partant du constat selon lequel la pauvreté des enfants n'a pas vraiment fait l'objet, en France jusqu'à présent, de travaux approfondis, le CERC s'attache à définir la spécificité de la pauvreté chez les enfants, leur situation par rapport à leur famille et leur environnement, le seuil et les mesures de leur pauvreté. L'étude du CERC montre que la pauvreté monétaire touche, en France métropolitaine, une proportion importante d'enfants (jeunes de moins de 18 ans) : environ 8 %, soit un million d'enfants si l'on retient une définition assez stricte du seuil de pauvreté monétaire, près de 16 % (2 millions d'enfants) avec le seuil de référence des travaux européens. Ces situations de pauvreté, souvent persistantes, créent plus de risques de conséquences défavorables sur les personnes une fois atteint l'âge adulte. Les enfants pauvres connaissent en outre des difficultés scolaires nettement plus fortes que le reste de la population scolarisée. Il apparaît également que la faiblesse des revenus d'activité représente la principale source de pauvreté des ménages ayant des enfants. Pour le CERC, améliorer les conditions de vie des enfants pauvres passe notamment par l'amélioration de la politique du logement et de la santé. Le CERC compare enfin la situation française à celle des pays de l'Union européenne et analyse les politiques poursuivies par certains d'entre eux.

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Publié par
Publié le 01 février 2004
Nombre de lectures 29
Licence : En savoir +
Paternité, pas d'utilisation commerciale, partage des conditions initiales à l'identique
Langue Français

Extrait

CONSEIL DE L’EMPLOI, DES REVENUS ET DE LA COHÉSION SOCIALE
LES ENFANTS
PAUVRES
EN FRANCE
RAPPORT N° 4Le Conseil de l’emploi, des revenus et de la cohésion sociale est composé de :
Président
Jacques DELORS
Membres :
Paul CHAMPSAUR
Président de l’Autorité de Régulation des Télécommunications
Xavier EMMANUELLI
Président du Samu Social International
Jean-Marc ESPALIOUX
Président du Directoire du Groupe Accor
Marie-Thérèse JOIN-LAMBERT
Inspectrice générale honoraire des Affaires sociales
Jean LAPEYRE
Conseiller social auprès de l’ambassade de France en Italie
Jeanne-Marie PARLY
Conseillère d’Etat
Le conseil est assisté par :
Rapporteur général
Michel Dollé
Rapporteurs
Olivier Bontout, Cécile Brousse, Christine Bruniaux, Denis Clerc, Véronique Delarue,
Bénédicte Galtier et Laurence Rioux
Documentalistes
Patricia Routier et Marie-Christine Thomas
Secrétaires
Michèle Fataccioli et Françoise Leveleux
La documentation Française. Paris 2004
ISBN : 2-11-005551-0
En application de la loi du 11 mars 1957 (art. 41) et du code de la propriété intellectuelle du
er1 juillet 1992, toute reproduction partielle ou totale à usage collectif de la présente publication
est strictement interdite sans autorisation expresse de l’éditeur. Il est rappelé à cet égard que
l’usage abusif et collectif de la photocopie met en danger l’équilibre économique des circuits du
livre.
Conseil de l’emploi, des revenus et de la cohésion sociale
113, rue de Grenelle 75007 Paris
Tél. : 01 53 85 15 00
E-mail : cerc@cerc.gouv.fr
www.cerc.gouv.fr
?SOMMAIRE
Synthèse - Lutter contre la pauvreté des enfants 5
Chapitre I - La pauvreté des enfants : un champ peu exploré 23
Chapitre II - Pauvreté, structures familiales et transferts 39
Chapitre III - Pauvreté des enfants et emploi des parents 61
Chapitre IV - Conditions de vie des enfants pauvres 79
Chapitre V - Pauvreté, école, devenir scolaire 93
Chapitre VI - La pauvreté monétaire :
les enseignements d’une comparaison européenne 117
Bibliographie 145
Glossaire 151
3Pour élaborer ce rapport, le Cerc s’est appuyé sur un groupe de travail
réunissant des membres de l’Insee, de l’Ined, du Cgp, de la Drees, de la Dep, de
la Cnaf et des universitaires qui a organisé, en mars 2003, un colloque sur « Les
enfants pauvres en France ». Les services de l’Insee, de la Drees, de la Cnaf ont,
par ailleurs, réalisé des travaux statistiques complémentaires aux
communications présentées à ce colloque.
Le Cerc a bénéficié des remarques et commentaires de Mmes M.T. Espinasse
(Observatoire national de la pauvreté), N. Legendre (Insee), F. Maurel (Insee),
F. Oeuvrard (Dep), S. Ponthieux (Insee), F. Rosenwald (Dep), N. Roth (Drees)
et de MM. C. Afsa (Insee), M. Castellan (CR Ile-de-France), J. Damon (Cnaf),
Ph. Laffon (Dp), A. Jacquot (Insee), J.M. Hourriez (Insee), M. Glaude (Insee),
P. Ralle (Insee), C. Rizk (Insee).
*
**
Le Conseil a approuvé le présent rapport le 21 janvier 2004
4LUTTER CONTRE LA PAUVRETÉ DES ENFANTS
Jusqu’à présent en France, la pauvreté des enfants n’a pas fait l’objet d’un
examen attentif. L’observation, au travers de la statistique publique, est loin
d’être systématique et les résultats sont très dispersés. L’analyse des causes ou
des conséquences des situations de pauvreté des enfants est encore plus
lacunaire. Enfin, l’objectif de réduction de la pauvreté des enfants n’est guère
présent à l’agenda politique.
Serait-ce que la pauvreté touche très peu les enfants dans notre pays ? À
1l’évidence non, puisque le taux de pauvreté des enfants est, en France, plus
élevé que le taux de pauvreté de l’ensemble de la population. Il est, par ailleurs,
dans la moyenne communautaire. Mais on est loin de la situation des pays
scandinaves qui concilient un faible taux de pauvreté dans l’ensemble de la
population et un taux de pauvreté des enfants encore plus faible.
Or, la question de la pauvreté des enfants devrait être considérée comme
particulièrement importante pour deux ensembles de raisons.
La plupart des courants de philosophie politique s’accordent pour dire qu’en
matière de justice sociale, il est du devoir de la société de compenser ou de
corriger les inégalités subies, à tout le moins, par les personnes qui ne portent
aucune responsabilité dans la situation qu’elles connaissent. Ceci s’applique aux
enfants plus qu’à toute autre personne.
La seconde raison tient aux conséquences de la pauvreté éprouvée dans
l’enfance sur les devenirs à l’âge adulte. Si le thème est encore peu étudié en
France, un nombre impressionnant de travaux étrangers souligne que la
pauvreté éprouvée dans l’enfance accroît les risques de la connaître à l’âge
adulte. Il s’agit bien d’une augmentation des risques et non, heureusement, d’un
déterminisme absolu, mais elle est suffisamment significative pour justifier sa
prise en considération dans les politiques publiques.
Un exemple : sortir de l’école à 17 ans, sans diplôme, est, nul n’en disconvient,
un lourd handicap pour trouver une insertion professionnelle durable et de
qualité. Dans l’ensemble du pays, chaque année, 4 % d’une classe d’âge sont
dans ce cas. Mais près d’un tiers de ces jeunes, 30 %, se trouvent dans le
dixième des ménages ayant le plus faible niveau de vie. Ce qui signifie que,
dans ce dixième, la probabilité de sortir de l’école à 17 ans sans diplôme est
trois fois plus forte que dans l’ensemble de la population. La moitié des jeunes
sortis de l’école à 17 ans sans diplôme vit dans le cinquième des ménages les
plus pauvres. L’objectif républicain de l’égalité des chances n’est
manifestement pas atteint. De plus, l’incapacité à résoudre l’échec scolaire va
d’autant plus peser, à terme, sur l’efficacité économique de l’ensemble de la
société, que celle-ci s’oriente vers une « économie de la connaissance ».
Le Conseil, dans ses précédents rapports, a déjà souligné le double risque que
génère l’échec scolaire : facteur d’inégalité des revenus et facteur d’inefficacité
économique globale. En soulignant ici qu’il se concentre sur les enfants
pauvres, le Conseil met l’accent sur la dynamique de reproduction des
inégalités, d’une génération à l’autre.

(1) Proportion des enfants qui vivent dans des familles où le niveau de vie est inférieur
au seuil de pauvreté.
5LUTTER CONTRE LA PAUVRETÉ DES ENFANTS
Ainsi, l’objectif de justice sociale rejoint l’objectif d’efficacité pour souligner
l’importance de la lutte contre la pauvreté des enfants dans ses conséquences
sur leur devenir.
Si les pouvoirs publics, comme la société dans son ensemble, décidaient de
mettre à leur agenda la réduction de la pauvreté des enfants, il faudrait
répondre à trois questions :
Que savons-nous des situations d’enfance pauvre dans la société
française contemporaine et de leurs conséquences sur le devenir de ces
enfants ?
Quelles orientations donner aux politiques publiques ?
Quelles sont les améliorations de l’observation et de l’analyse à engager
rapidement ?
C’est à partir de ces trois questions que s’organise la synthèse de ce rapport
dont les chapitres suivants détaillent les éléments.
LE CONSTAT
« Des personnes vivent dans des situations de pauvreté si leur revenu et leurs
ressources (matérielles, culturelles et sociales) sont à ce point insuffisantes
qu’elles les empêchent d’avoir des conditions de vie considérées comme
acceptables dans le pays membre où ils vivent. » Cette définition, donnée par le
Conseil européen en 1984, souligne tout d’abord que la pauvreté est un
phénomène relatif : on est pauvre au sein d’une société donnée. Elle met en
évidence aussi que la pauvreté est un phénomène ayant à voir avec l’exclusion :
la pauvreté peut couper ceux qui en souffren

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