Première contribution du Conseil national du Développement durable
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Description

Ce rapport représente la contribution des collectivités territoriales et de la société civile à l'élaboration de la stratégie nationale de développement durable qui doit être adoptée le 3 juin 2003 lors d'un comité interministériel. Il contient notamment un plan d'action qui envisage le rôle des différents acteurs (citoyens, entreprises, collectivités territoriales, Etat, experts et chercheurs...) mais aussi les méthodes et les outils à utiliser.

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Publié par
Publié le 01 mai 2003
Nombre de lectures 7
Licence : En savoir +
Paternité, pas d'utilisation commerciale, partage des conditions initiales à l'identique
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

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Ce qui s’élabore au CNDD se réalise collectivement et je tiens à remercier l’ensemble des acteurs réunis, membres et acteurs ass ociés, pour la qualité de leur parole et de leur écoute mutuelle, pour la disponibilité et l’expérience qu’ils partagent, pour leur indu lgence comme pour leur exigence, pour leurs idées et leur conviction à les soutenir, pour leur désir d’avancer hors des clivages attendu s, avec l’esprit ouvert.
300 personnes qui en représentent de nombreuses autres se sont révélées prêtes à explorer très vite le processus créé et le dia logue proposé par les pouvoirs publics, en restant attentives aux signes émis et à la prise en compte de ce travail.
Je tiens à dire ma reconnaissance aux coordinateurs car animer requiert une écoute, déplacements et réunions, patience et précision, connaissances et expérience et j’ajoute une part d’abnégation pour favoriser l’expression des convictions des autres.
L’élaboration de ce premier document a suscité l’examen en séance d’amendements, reflets du désir d’offrir équitablement à chacun des membres la possibilité d’améliorer le texte initial, avec l’accord nécessaire des autres membres. Ce travail a été conduit sous le regard vigilant et efficace d’assesseurs doublement mobilisés pour leur suivi des travaux des groupes en question et pou r la séance. Je les en remercie chaleureusement, de même que les personnes qui nous ont très aimablement fait part de conseils avisés.
Enfin, ce travail a été effectué dans des délais impartis très difficiles qui pour être tenus ont mobilisé toute l’énergie vive et une grande disponibilité de personnes que je remercie particulièrement, chacune à la mesure de sa compréhension personnelle de ce que nécessite un travail d’équipe : Aurélie Marchand, Gilles Pennequin et Dominique Bidou, comme nos deux stagiaires Julie Voldoir e et Emmanuel Georgeais qui ont partagé cette première étape.
Cette mobilisation positive n’est pas ordinaire, elle mérite d’être vraiment soulignée aux lecteurs au bénéfice des différents a cteurs eux-mêmes.
Elle fournit une première production commune et traduit les adaptations de chacun. Nous avons fait du chemin, il en reste encore. Un acteur du développement durable confiait à un autre acteur : " on entend au CNDD une petite musique inhabituelle. " Qu’il soit anonymement remercié pour l’analogie choisie, car la musique contient en elle un tempo partagé, elle traduit moins intellectuellement les grandes questions de la vie et raffine généralement l’âme. De plus son expression est souvent façonnée : collectivement.
Je préfère de beaucoup présenter ce document pour ce qu’il est : un travail commun, mais je signe délibérément les remerciements pour chacun, car ils n’ont aucun caractère obligé, ni complaisant, et sont totalement authentiques.
Anne Marie DUCROUX Présidente du Conseil National du Développement Durable
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Sommaire
Partie 1 : Le cap
Les trois portes
Changer de cap, changer de références, changer de comportements
page
7
Mise en perspective des changements à initier……………………………………… page 11
Un processus nouveau……………………………………………………………………… page 13
Partie 2 : Le plan d’action
Des acteurs – des liens des méthodes – des outils 21……………………………… page Les citoyens acteurs …………………………………………………………………… page 23
Les acteurs économiques ……………………………………………………………… page 35
Les acteurs du territoire………………………………………………………………… page 61
L’Etat acteur …………………………………………………………………………… page 85
Les acteurs de l’expertise et de la recherche ………………………………………… page 107
Les acteurs de la vie internationale …………………………………………………… page 119
Partie 3 : Annexes
Liste des directives européennes non transposées …………………………………… page 145
Liste des membres du CNDD ………………………………………………………… page 148
Liste des participants …………………………………………………………………… page 152
Listes des contributeurs ………………………………………………………………… page 159
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Les membres du CNDD souhaitent expressément préciser que ce document est présenté comme un premier travail effectué par les groupes réunis du 14 janvier au 24 mars. Il constitue donc une étape d’un processus itératif et traduit la première expression des 90 membres de cette assemblée, élargie pendant les travaux à de nombreux  acteurs associés ". Cette contribution est proposée à " l’attention du Gouvernement, avec la richesse et la diversité des expériences des acteurs, comme parfois leurs divergences de vue.
Ce travail ne constitue pas la stratégie du Gouvernement mais récapitule et finalise des idées et aspirations de représentants de la société civile et de collectivités territo-riales, traduites aux fonctionnaires par étapes successives. Les membres du CNDD ont confirmé que les plans d'action ici proposés après examen des observations transmises, reflètent l'équilibre et la nature des travaux menés ensemble. Les textes introductifs du document et des thèmes ont été rédigés par les coordinateurs et l'équipe d'animation du CNDD.
Beaucoup des propositions exprimées supposent une décision de l’Etat, mais beaucoup d’acteurs, auxquels l’Etat ne peut se substituer, sont également fortement incités à se mobiliser pour faire converger les efforts.
Les délais impartis n’ont pas permis de traiter également tous les sujets et ont contraint à laisser pour un examen ultérieur des thèmes extrêmement importants. Ils n’ont pas non plus permis de traiter de manière aussi aboutie chacune des propositions qui pour certaines sont encore formulées comme des pistes qui pourraient être précisées ensuite. Certains sujets déterminants pour le développement durable comme l’agriculture et la pêche, l’énergie, les instruments économiques ou les transports, clairement identifiés au cours des travaux, ont fait l’objet d’une première analyse, mais il n’a pas semblé convenable de prétendre les traiter en quelques semaines. Ils requièrent un travail approfondi à lancer dans la durée. Le CNDD choisira plusieurs nouveaux " chantiers " en mai et juin 2003, à partir des vœux des acteurs eux-mêmes et ajustés à la stratégie nationale de développement durable telle
qu’elle leur sera présentée prochainement. Les résultats des travaux à venir du CNDD seront proposés pour enrichir les mises à jour successives de la stratégie nationale du développement durable. Les membres après avoir accepté de faire partie du Conseil ainsi créé, retiennent très positivement la volonté du Gouvernement d’associer les acteurs. Le développement durable n’apparaît pas cependant aux yeux de nombre d’entre eux comme un sujet " à traiter comme un autre. " Il nécessite un partenariat avec la société civile et les collectivités territoriales, tenant pleinement compte de la disponibilité des membres et des moyens particuliers de chacun à participer, dans des délais plus adaptés à la spécificité du sujet et de ce débat multi-acteurs. La concertation et la consultation des acteurs supposent enfin que ceux-ci puissent reconnaître les liens instaurés avec les décisions. Ce travail a reçu nombre d’encouragements, signes forts d’une mobilisation et de l’intérêt de la société civile et des collectivités territoriales pour un tel processus. Il comporte certainement les limites exprimées mais aussi bien des directions et idées qui méritent un examen attentif.
C’est l’attente des membres du Conseil National du Développement Durable.
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PARTIE 1 LE CAP
Les trois portes Changer de cap, changer de références, changer de comportements
Mise en perspective des changements à initier
Un processus nouveau
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1 A P CL E/ go r i e n t a t i o n é n é r a l e
Aucun problème ne peut être résolu sans changer l’état d’esprit qui l’a engendré
Les trois portes
Notre maison brûle, nous ne pouvons plus regarderincontournable "2. Le XIXeet même le XXesiècles découvraient ailleurs. encore des " terra incognita ". Au XXIesiècle, il ne reste guère de frontière terrestre à franchir, au-delà de laquelle, Il n’est plus possible d’esquiver, déléguer à d’autres, des espaces vierges ou inconnus s’ouvrent. Il n’y a pas, remettre à demain… au-delà de la Terre, d’ailleurs vivable connu à ce jour. Ce Il s’agit bien d’identifier maintenant les urgences, de faire désir si humain d’explorer doit changer pour une part l’effort d’imaginer ce que sera le futur si nous n’initions d’orientation : il s’agit moins d’explorer de nouveaux pas de changements majeurs dès aujourd’hui. Il s’agit bien espaces géographiques que pour l’homme désormais de constater que nos problèmes actuels et à venir ne d’explorer son temps et son avenir, la nature de ses progrès sont pas nés des " éboulements du hasard ". Il faut changer et d’examiner sa propre capacité de destruction, les limites sereinement de regard pour résoudre les problèmes que et les finalités de ses activités. Nous avons cru notre notre précédente compréhension du monde a engendrés. monde maîtrisable, inépuisable et prévisible, il se révèle Des décisions sont à prendre pour maintenant et pour complexe, fini et incertain. Le développement durable plus tard. est l’histoire à écrire de notre adaptation aux changements de données communes et l’avancée dans cette nouvelle Les nombreux constats accumulés sur le développement perspective. Aujourd’hui l’humanité doit se forger une des cinquante dernières années attestent de son caractère conscience universelle de son pouvoir immense, des non viable, ni soutenable. Nous ne sommes plus face à risques d’abus, des responsabilités. quelques crises épisodiques à résoudre, mais face à une profonde mutation à comprendre et à entreprendre. Dire La finitude est une ligne d’avenir difficile à fixer. Changer que nous sommes" la première génération qui se rendde cap, c’est adopter une étoile sur l’horizon, trouver une compte que tout est entre ses mains, la première qui a ladirection soutenable pour avancer. possibilité de tout détruire"1ou alors que"nous sommes probablement la dernière génération en mesure d’empêcher l’irréversible "2,c’est exprimer qu’" il serait tout à fait illusoi-Changer de références re de croire que l’Homme pourrait survivre s’il rompait la chaîne de vie dont il fait partie ; ce qui est en jeu c’est laDe plus en plus, les qualités du tissu social et des milieux capacité de l’humanité, qui se menace elle-même, d’inventernaturels apparaissent aussi indispensables à la vie que le l’humanisme qui la changera ".3sont nos performances économiques. Pourtant certaines des références de notre action collective sont tronquées. Changer… Il nous appartient encore de changer de cap, Elles sont principalement quantitatives et surtout monétaires. changer les références communes à l’action, changer les Ce que l’on compte, prend en compte, évalue, se résume comportements individuels et collectifs. souvent à la mesure des flux financiers qui mettent sur le même plan l’essentiel et l’insignifiant au regard de la vie. Notre responsabilité civile et politique c’est l’ouverture Les flux physiques ou biologiques sont mal appréciés. progressive de ces trois portes. Patrimoines, biens communs, solidarités, ne sont pas pris en compte. Ces références et leurs outils étaient adaptés aux nécessités de la reconstruction, de la conquête, mais Changer de capne traduisent qu’imparfaitement les nécessités de nouvelles efficacités intégrant mieux le respect des hommes et de " Nos modèles actuels nous ont menés, il faut bien le dire,la planète, valorisant mieux la sobriété, la mesure, l’attention dans une large mesure, dans l’impasse… c’est inévitable etportée à nos impacts lointains et différés, sociaux et on ne lutte pas longtemps contre les évidences… leenvironnementaux. Ainsi, les systèmes de comptabilisation développement durable ce n’est pas un outil, c’est un objectifet nombre de nos critères d’appréciation, d’évaluation ou
1 2.. Maurice Strong 3. Jacques Chirac Jean-Pierre Raffarin
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1L E A P C/ é n é r a l e go r i e n t a t i o n
bien les normes auxquelles nous avons recours, cons-ciemment ou non, semblent pour une part inadaptés. Ce que nous croyions être notre modernité est à réviser. Une autre est à inventer.
Changer de comportements
Miser sur le fait que le monde continuera à tourner comme nous l’avons toujours connu rend difficiles nos confrontations soudaines avec des problèmes qui semblent d’abord lointains puis deviennent un jour les nôtres : conflits ou tensions, ailleurs, deviennent nos réfugiés, ici, un jour, pollutions d’ici ou d’ailleurs deviennent un jour nos inondations ou leurs sécheresses, etc. Il n’y a pas d’enjeux économiques, politiques, énergétiques, environne-mentaux, sociaux qui ne soient pas les nôtres. Dès lors chacun doit prendre conscience des conséquences de ses choix et actes quotidiens. Car tout est lié, les uns sont reliés aux autres. Et le développement durable est la compréhension profonde de ces interrelations. " Nous serons d’autant mieux préparés au monde de demain que nous aurons su intégrer à nos comportements les exigences d’un développement durable "3.Pourtant, il n’est pas aisé" l’effort qui nous oblige à rompre avec bien des habitudes et surtout à créer le mouvement"2.En effet, que de dichotomies encore dans les comportements, entre les actes et les discours, les choix personnels et les préférences sociales exprimées, l’acceptation d’écarts inter-nationaux qui ressemblent à " la dérive des continents "… Changer de comportements, c’est pour chacun passer de la recherche du toujours plus et du toujours moins, à celle du mieux. La recherche systématique du moins disant sans connaissance de ses conséquences, le découplage de l’exigence de droits sans exigence de responsabilités ne sera plus possible. Nous avons acquis des pouvoirs, nous avons accumulé des savoirs. Nos responsabilités sont à leur mesure." Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas "2 Agirpour ne rien faire. ne dépend pas du voisin, des entreprises, des politiques, etc, tous ces " autres " que l’on somme généralement d’agir ou de commencer d’abord. C’est de chacun que dépend le niveau de conscience et le passage. Nul dans sa vie ne change tout en un jour, mais si 60 millions de personnes commencent à changer 10 % de leur comportement, cela compte. Passer de 10 à 20, 25 ou 30 % … est accessible. Un niveau, un équilibre qui varie, cela se mesure, se perçoit et peut ouvrir d autres voies. Cet avenir n’est pas un saut dans le vide. Concevoir les évolutions nécessaires par des effets successifs d’entraînements est un ressort possible.
Un discours politique qui concentre le regard de ses électeurs sur les efforts n’est pourtant pas aisé, long -temps.
La responsabilité de la société civileest donc de rendre publique, elle-même, cette conscience des situations et des évolutions nécessaires. Et puis soulever l’indifférence, parler ensemble des défis essentiels sans passer trop de temps à mettre en scène des différences secondaires, dépasser la recherche d’intérêts catégoriels, admettre la progressivité nécessaire une fois les changements initiés pour préserver la cohésion sociale, approfondir la conscience d’ ne communauté de destin pour y puise  u r ce qui peut agrandir des désirs communs. La responsabilité politiqueréside dans la pensée et l’écoute d’une société qui évolue. Elle s’exprime par le courage, la détermination à l’initiation puis à l’accompa-gnement solide des changements. Notamment en créant les forces qui sécrètent des solutions collectives et en affirmant la valeur des liens entre elles. Il ne s'agit pas de se substituer en tout aux acteurs mais de leur donner le projet qui progressivement soulève inerties, résistances, obstacles et crée une espérance, de restaurer la conf iance pour créer une énergie sociale, des engagements, le désir, et enfin, renforcer fondamentalement les liens et la cohé-sion qui permettent à des communautés de traverser ensemble les transformations indispensables.
Une voie universelle - une voie française La convergence des sociétés est une forte réalité depuis le milieu duXXesiècle cependant notre manière de répondre aux problèmes est le produit d’histoires nationales complexes et d’héritages culturels. Une société en mouvement et confrontée aux changements a besoin de puiser constamment dans la confiance en son identité culturelle et dans ce qui fonde son unité. Relations sociales développées et partage d’une même identité en sont deux éléments. La France n’est ni sans imagination ni sans forces pour traverser le présent et l’avenir. Elle peut puiser dans l’humanisme et l’universalisme qui l’animent depuis longtemps. Plus que d’autres, ses contours sont ouverts sur les mers et l’océan. Ses frontières sur l’Europe à laquelle elle appartient, également. Elle dispose d’une diversité biologique exceptionnelle. Elle a encore le sens du goût, de la qualité. Elle a une tradition d’ouverture à de
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