Un peu plus d'un an après l'entrée en vigueur de la loi n°2003-1200 du 18 décembre 2003 portant décentralisation en matière de revenu minimum d'insertion (RMI) et créant un revenu minimum d'activité (RMA), le rapport de Michel Mercier propose un premier bilan. Ce rapport s'attache à examiner les conditions, notamment financières, de ce transfert. L'Observatoire de la décentralisation émet des propositions de nature à permettre un financement pérenne, qui suive l'évolution des besoins, tout en encourageant les conseils généraux à gérer le RMI avec sérieux. Il analyse les difficultés non financières et propose à cet égard que les départements puissent obtenir le pilotage de l'ensemble des actions de gestion relatives au RMI. Enfin, l'Observatoire plaide pour que l'Etat et les départements passent d'une logique de décentralisation de guichet à une véritable décentralisation de la responsabilité.
Paternité, pas d'utilisation commerciale, partage des conditions initiales à l'identique
Langue
Français
Extrait
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N° 316
S É N A T SESSION ORDINAIRE DE 2004-2005
Annexe au procès-verbal de la séance du 3 mai 2005
RAPPORT DINFORMATION FAIT nom de lObservatoire de la décentralisation (1) sur latnarédectionlisaau durevenuminimum dinsertion(RMI), Par M. Michel MERCIER,
Sénateur.
Cet observatoire est composé de :M. Jean Puech,Président; MM. Philippe Darniche, Gérard Delfau, Roger Karoutchi, Michel Mercier,Vice-Présidents; MM. Jean Arthuis, Joël Bourdin, François-Noël Buffet, Jean-Patrick Courtois, Philippe Dallier, Eric Doligé, Jean François-Poncet, Pierre Hérisson, Dominique Mortemousque, Henri de Raincourt, Bernard Saugey. Décentralisation.
I. LA DÉCENTRALISATION DU RMI A AFFECTÉ LES FINANCES DE PRESQUE TOUS LES DÉPARTEMENTS EN 2004............................................................. 7
A. DES DÉFICITS GÉNÉRALISÉS DÈS LA PREMIÈRE ANNÉE POUR LE VERSEMENTDELALLOCATION........................................................................................71. Une cohérence imparfaite des données obtenues..................................................................... 72. Des déficits très élevés8............................................................................................................
B. UNE DÉPENSE PLUS DYNAMIQUE QUE LA RESSOURCE ................................................. 91. La forte augmentation du nombre de bénéficiaires du RMI en 2004........................................ 9a)Limpactdelaconjoncture.................................................................................................9b) Limpact de lenvironnement réglementaire ....................................................................... 102. Une ressource peu dynamique, dépourvue de lien avec la charge à financer.......................... 113. Les indus non pris en compte..................................................................................................314. La compensation incomplète des charges de personnel........................................................... 14
II. LES DIFFICULTÉS DORGANISATION RENCONTRÉES PAR LES DÉPARTEMENTS...................................................................................................................16
A.UNUNIVERSJURIDIQUEINSTABLE...................................................................................161. Les contrats aidés.................................................................................................................1..6a)Unproblèmefinancier........................................................................................................17b)Unproblèmedorganisation...............................................................................................172. Les mesures annexes ayant des conséquences pour le RMI..................................................... 17
B. LES RELATIONS AVEC LES AUTRES ADMINISTRATIONS ............................................... 181. Les CAF...............................................18...................................................................................2. LANPE....................................................................19...............................................................
III. PROPOSITIONS : PASSER DUNE DÉCENTRALISATION DE GUICHET À UNE POLITIQUE PUBLIQUE DÉCENTRALISÉE............................................................. 21
A.RÉFORMERLEFINANCEMENTDURMI..............................................................................211. Les principes à respecter1............................2............................................................................2. Les solutions envisageables................................................................32....................................a) Combler le déficit 2004 par une nouvelle fraction de TIPP ................................................. 23b) Envisager le transfert dune nouvelle part de la taxe spéciale sur les conventions dassurance.........................................................................................................................24c) Envisager la création dune dotation différentielle .............................................................. 243. Davantage dexhaustivité dans les transferts de personnel..................................................... 25
B. RÉFORMER LA PRISE EN COMPTE DU RMI DANS LA DOTATION GLOBALE DEFONCTIONNEMENT.........................................................................................................251. Etendre le critère RMI à lensemble de la péréquation départementale.................................. 262. Une péréquation pondérée par un encouragement à une gestion rigoureuse du RMI.............. 30
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C. AMÉLIORER LES RELATIONS ENTRE LES DÉPARTEMENTS ET LES AUTRES ADMINISTRATIONS...............................................................................................................311. Améliorer la réactivité des CAF..............................31................................................................2. Une réelle implication de lANPE2....3.......................................................................................a)Destarifsplusmodérés.......................................................................................................32b)Encouragerlesinitiativeslocales........................................................................................33c)Adopteruneculturedurésultat...........................................................................................33
D. VERS UNE DÉCENTRALISATION DE LA RESPONSABILITÉ............................................. 331. Associer les départements aux mesures nationales qui affectent le RMI.................................. 342. Envisager délargir les compétences des départements aux contrats davenir........................ 353. Responsabiliser les départements.53...........................................................................................
EXAMEN DU RAPPORT..........................................................................................................37...
INTRODUCTION Mesdames, Messieurs, Un peu plus dun an après lentrée en vigueur de la loi n°2003-1200 du 18 décembre 2003 portant décentralisation en matière de revenu minimum dinsertion (RMI) et créant un revenu minimum dactivité (RMA), il est temps den faire un premier bilan. Tel est lobjet du présent rapport, qui sattache à examiner les conditions, notamment financières, de ce transfert. Cette loi revêt une importance particulière, soulignée au moment de sa discussion devant le Parlement, car elle fut le premier texte relatif aux compétences des collectivités territoriales voté après ladoption de la loi constitutionnelle n°2003-276 du 28 mars 2003 relative à lorganisation décentralisée de la République. Elle sinscrit donc dans le cadre des dispositions du deuxième alinéa de larticle 72 de la Constitution, selon lequel «les collectivités territoriales ont vocation à prendre les décisions pour lensemble des compétences qui peuvent être mises en uvre à leur échelon» et du quatrième alinéa de larticle 72-2 de la Constitution, selon lequel «tout transfert de compétences entre lÉtat et les collectivités territoriales saccompagne de lattribution de ressources équivalentes à celles qui étaient consacrées à leur exercice. Toute création ou extension de compétences ayant pour conséquence daugmenter les dépenses des collectivités territoriales est accompagnée de ressources déterminées par la loi». Il est donc naturel que cette loi soit également le premier texte auquel lObservatoire de la Décentralisation du Sénat consacre un rapport. La loi n°2003-1200 décentralise au niveau des départements lensemble de la gestion de lallocation du revenu minimum dinsertion et du revenu minimum dactivité, alors que prévalait jusqualors un système de co-pilotage Etat - départements. Ainsi, toutes les attributions auparavant dévolues aux préfets ou partagés entre les préfets et les départements incombent désormais aux seuls présidents de conseils généraux. La loi a également transféré la charge financière de ces allocations aux départements. Afin de respecter larticle 72-2 de la Constitution, son article 4 précise que «les charges résultant, pour les départements, des transfert et création de compétences réalisés par la présente loi sont compensées par l'attribution de ressources constituées d'une partie du produit d'un impôt perçu par l'État dans les conditions fixées par la loi de finances». La loi de finances pour 2004 a ainsi octroyé aux départements une fraction de la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP), fraction modifiée par la loi