Ecrire l histoire des évêques de Metz au Moyen Age : les Gesta episcorum de la fin du VIIIe à la fin du XIVe siècle, Wrting the Metz bishops story in the middle ages : the Metz s Gesta Episcoporum, VIIIe-XIVe centuries
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Ecrire l'histoire des évêques de Metz au Moyen Age : les Gesta episcorum de la fin du VIIIe à la fin du XIVe siècle, Wrting the Metz bishops story in the middle ages : the Metz's Gesta Episcoporum, VIIIe-XIVe centuries

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Description

Sous la direction de Mireille Chazan
Thèse soutenue le 16 octobre 2010: Metz
L’histoire des évêques de Metz est un thème qui a été abondamment traité durant tout le Moyen Âge, avec trois temps forts. Le premier se situe à la fin du VIIIe siècle, lorsque Paul Diacre, le grand lettré lombard, rédige, pendant son séjour à la cour de Charlemagne, un Liber de episcopis Mettensibus. Ce texte mêle plus ou moins habilement plusieurs thèmes, comme la sainteté du siège messin, rehaussé pas ses origines apostoliques, et la glorification de la dynastie royale, à travers l’évocation de saint Arnoul, l’ancêtre des Carolingiens. Le second temps fort intervient dans la première partie du XIIe s., quand un clerc gravitant dans l’entourage de l’évêque Etienne de Bar, peut-être maître Otton, compose des Gesta Episcoporum Mettensium, entre 1132 et 1136. Ce texte exalte la lignée épiscopale messine en la replaçant dans le cadre de l’histoire universelle, par la mention systématique des papes et des empereurs. Une inflexion majeure se produit à partir de la fin du XIIe siècle, lorsque des continuations viennent s’ajouter au noyau primitif des Gesta. Ces ajouts présentent les évêques sous un jour différent. Ils dressent le portrait de véritables princes territoriaux, toujours prêts à défendre leur temporel manu militari. Ce changement dans la façon de représenter la puissance épiscopale tient au fait que l’évêché de Metz est sous la pression constante de deux autres princes : le duc de Lorraine et le comte de Bar.
-Historiographie
-Principauté
The Metz bishop’s story was a well-worked theme throughout the Middle Ages, enlightening with three high points. The first one takes place at the end of the eighth century when Paul the Deacon - the Great Lombard man of letters- writes a Liber de episcopis Mettensibus during his stay at Charlemagne’s court. This text mixes several themes more or less skillfully such as the Church of Metz holiness, enhanced by its apostolic origins and the royal dynasty glorification, with the evocation of saint Arnoul, the ancestor of Charlemagne’s family. The second high point occurs in the twelfth century when a cleric who is a part of Etienne de Bar bishop’s familia writes some Gesta Episcoporum Mettensium between 1132 and 1136. Putting it into the context of universal history, this text constantly mentions popes and emperors, thereby emphasizing the Metz Episcopal lineage. A major event happens at the end the twelfth century when extensions are added to the original core of the Gesta. These additions introduce bishops differently. They portray them as true territorial princes always ready to fight for their temporal. This change emphasizes the Episcopal power, as is explained by the constant pressure applied to the Metz principality by the two other princes named the Duc of Lorraine and the Earl of Bar.
Source: http://www.theses.fr/2010METZ007L/document

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Nombre de lectures 199
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

École doctorale Perspectives interculturelles :
écrits, médias, espaces, sociétés


ÉCRIRE L’HISTOIRE DES ÉVÊQUES DE
METZ AU MOYEN ÂGE :
LES GESTA EPISCOPORUM MESSINS DE
e e
LA FIN DU VIII SIECLE A LA FIN DU XIV
SIECLE

Thèse de l’université Paul Verlaine – Metz
soutenue par Arnaud HARI
sous la direction de Mireille Chazan, professeur d’histoire médiévale
Centre Régional Universitaire Lorrain d’Histoire
Année universitaire 2009-2010
I













« Touttes flours sormonte la rose :
Chescuns sceit bien c’est veriteit ;
Pour ceu vous ai dit ceste chose
Qu’ensi fait Mets toutes citeis… »
La Guerre de Mets, éd. E de Bouteiller, Paris, 1875.






2


INTRODUCTION



e 1
En plein XVII siècle, lorsqu’est publiée son Histoire des évêques de Metz , le
suffragant du diocèse, Martin Meurisse, entend prouver que l’Eglise de cette ville est
recommandable pour cinq raisons :
« pour son antiquité, pour la succession non interrompue de ses pasteurs, pour leur sainteté,
pour la splendeur de leur sang et la grandeur de leur naissance, pour avoir été toujours très
2
constamment orthodoxes parmi les schismes et les divisions des autres églises circonvoisines. »
Pour réaliser ce vaste programme, Martin Meurisse a choisi de présenter son ouvrage
sous la forme de notices consacrées aux pontifes messins, classées chronologiquement depuis
Clément, le fondateur du siège jusqu’à Henri de Bourbon-Verneuil, demi-frère de Louis XIII
3et titulaire de la dignité épiscopale au moment de la rédaction . Le suffragant messin est certes
féru d’histoire mais d’autres considérations l’ont poussées à entreprendre la rédaction d’une
telle œuvre. L’histoire des évêques de Metz est en effet dans les années 1630 un sujet brûlant
qui oppose les partisans de l’intégration définitive de Metz à la France et les défenseurs des
4libertés communales . Louis XIII, à la suite d’un séjour à Metz à la fin de l’année 1631 décide
l’installation d’un parlement, geste fort dont la signification n’échappa pas aux
contemporains : Metz, ville d’Empire, qui vivait depuis 1552 sous la protection des rois de
France, allait devenir une cité du royaume soumise à la haute justice du roi. Quelques gestes
importants accompagnèrent cette mesure et suivirent l’entrée des nouveaux parlementaires
dans la ville lors de l’été 1634. Les plus spectaculaires furent assurément la suppression du

1
Martin Meurisse, Histoire des évêques de Metz, 1634, Metz, 2 vol.
2 Ibidem., t.I, p.24.
3 Henri III de Bourbon-Verneuil, évêque de Metz de 1612 à 1652, était le fils illégitime d’Henri IV et de
Henriette d’Entraigues.
4
Gaston Zeller, le rattachement de Metz à la France, 1926, Paris, t.2, p.280-283 ; A. Hari, «Reprise et
continuations modernes des Gesta episcoporum médiévaux à Metz », dans Sot, M., et Bougard, F., Liber, Gesta,
e
Histoire. Ecrire l’histoire des évêques et des papes de l’Antiquité au XXI siècle,2009, Turnhout, p.347-365 ; le
pasteur Paul Ferry a tenté de réfuter les arguments de Martin Meurisse, voir Julien Léonard, « Paul Ferry,
historien engagé du Moyen Âge messin », dans Mireille Chazan et Gérard Nauroy (dir.), Ecrire l’histoire à Metz
au Moyen Âge, à paraitre.
3

sceau de la cité qui portait l’aigle impérial et l’occupation (provisoire) du palais des Treize, où
siégeaient les principaux magistrats de la cité. Tous les habitants de la ville n’étaient
cependant pas mécontents de cette intégration au royaume et Martin Meurisse fut un des fers-
de-lance du parti français.
Le suffragant messin, pour défendre ses convictions, décida de mettre sa plume au
service du roi de France en présentant sa propre vision du passé de la lignée épiscopale
messine. Pour donner forme à des préoccupations politiques très enracinées dans son époque,
eil choisit de se conformer, en plein XVII siècle, aux caractéristiques d’un genre littéraire
1
médiéval, les gesta episcoporum .

Les gesta episcoporum

Comme le montre cet exemple, ce genre historiographique a connu un grand succès à
Metz durant le Moyen Âge et une partie de l’époque moderne. Il s’inspire d’un prestigieux
emodèle, le Liber Pontificalis, dont la première version remonte au VI siècle, et qui présente
l’histoire de la papauté sous la forme d’une suite de notices consacrées aux souverains
2pontifes depuis saint Pierre . « Dans ces écrits que l’on nomme « gestes épiscopales », relatant
les hauts faits des évêques qui se succédèrent à la tête d’un diocèse, la suite des prélats est
décrite, selon Georges Duby, comme une lignée charnelle, et la mater ecclesia, l’église
cathédrale, comme véritablement mère, sorte de ventre fécond engendrant l’un après l’autre,
3les détenteurs du pouvoir spirituel » .
e
La première rédaction du Liber Pontificalis remonte au début du VI siècle et
e
l’ouvrage connut des continuations jusqu’à la fin du IX siècle. Il n’est pas question de
retracer ici les péripéties qui sont à l’origine de la composition de cette œuvre, en pleine

1
Ce genre littéraire a été étudié de façon synthétique par Michel Sot, Gesta abbatum, gesta episcoporum, coll.
Typologie des sources du Moyen Age, Turnhout, 1981 ; R. Kaiser, «Die Gesta episcoporum als Genus der
Geschichtsschreibung », dans Scharer, A., Historiographie im frühen Mittelalter, Oldenburg, Vienne, Munich,
1994, p. 459-480 ; Dirk Schlochtermeyer, Bistumschroniken des Hochmittelalters. Die politische
Instrumentalisierung von Geschichtsschreibung, Paderborn, 1998.
2
Sur le Liber Pontificalis, voir les travaux toujours fondamentaux de Louis Duchesne, Etude sur le Liber
Pontificalis, Paris, 1877; voir également l’article de F. Monfrin, « Liber Pontificalis », dans le Dictionnaire
historique de la Papauté, sous la direction de P. Levillain, Paris, 1994 ; voir les actes du colloque M. Sot et F.
eBougard, (dir.), Liber, Gesta, Histoire. Ecrire l’histoire des évêques et des papes de l’Antiquité au XXI siècle,
2009, Turnhout.
3
G. Duby, Le Moyen Age, 987-1460, p.12, Paris, 1987.
4

1période de domination ostrogothique sur Rome et l’Italie . Il faut cependant s’arrêter quelques
instants sur la structure interne de ce livre qui a servi de modèle au rédacteur de gesta
episcoporum. Le Liber Pontificalis se présente comme une suite de notices classées dans
l’ordre chronologique ; chaque pape depuis saint Pierre a droit à une notice, qui fournit
généralement le même type d’informations : le nom et le rang du pontife, son lieu de
naissance et son ascendance, la durée de son règne, les décrets qu’il a pris, les constructions
mises en chantier, les ordinations qu’il a célébrées, et enfin sa date de décès ainsi que le lieu
2où repose son corps .
Cette trame ainsi définie appelle plusieurs remarques. Premièrement, l’histoire de
Rome et dans une certaine mesure celle de la Chrétienté s’identifient complètement à la lignée
des papes. Les auteurs de gesta episcoporum n’ont pas eu de mal à transposer ce schéma dans
le cadre de leur cité au moyen de quelques adaptations. L’évêque est représenté comme le
père de la communauté chrétienne, son protecteur et son intercesseur auprès des puissances
célestes. Michel Sot a attiré l’attention sur le vocabulaire utilisé par les rédacteurs de gesta
3pour désigner leurs pontifes, qui renvoie souvent au champ lexical de la famille . D’autre part,
ces auteurs insistent plus sur la sainteté de la lignée épiscopale, qui se doit d’être
ininterrompue et orthodoxe, que sur un prélat en particulier. Même les mauvais évêques ont
leur place dans les gesta, dans la mesure où ils constituent des preuves a contrario de la
sainteté de la lignée. De plus, la recension des lieux autour desquels s’enracine la mémoire
des évêques aboutit à la présentation d’une véritable géographie du sacré à l’intérieur de la
4cité . Pour résumer, les gesta episcoporum ne s

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