Le developpement du langage oral
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Comment fonctionne le langage, comment se développe t-il ? Eléments pour comprendre l'acquisition du langage oral.

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Publié le 05 mars 2012
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Langue Français

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LE DEVELOPPEMENT DU LANGAGE  *ORAL   **JEAN A. RONDAL         CONTENUS    1.  INTRODUCTION :  SYSTEME  LANGAGIER ,  MODALITES ,  ET  FONCTION  2.  L’ONTOGENESE LANGAGIERE : ELEMENTS DE DESCRIPTION  2.1.  DEVELOPPEMENT  PHONETIQUE ,  INFRAPHONOLOGIQUE,  ET  PHONOLOGIQUE  2.2.  DEVELOPPEMENT LEXICAL  2.3.  RELATIONS SEMANTIQUES ET DEVELOPPEMENT GRAMMATICAL  2.4.  ASPECTS PRAGMATIQUES ET DISCURSIFS  3. L’ONTOGENESE LANGAGIERE : ELEMENTS D’EXPLICATION  3.1.  GENES, CERVEAU, ET LANGAGE  3.2.   ASSISES COGNITIVES  3.3.  MEMOIRE DE TRAVAIL ET LANGAGE  3.4.  LA PROBLEMATIQUE INTERPERSONNELLE DE L’ONTOGENESE     LANGAGIERE  4.  LISTE DE REFERENCES                                                    *Laboratoire de Psycholinguistique, Université de Liège, B32, SART TILMAN, 4000 LIEGE, BELGIQUE .        2 1.  INTRODUCTION :  SYSTEME  LANGAGIER,  MODALITIES,  ET  FONCTIONS  Le langage est le produit de l’intégration de plusieurs composantes ou sous‐ systèmes :  (1)  Le  niveau  phonologique  regroupe  les  sons  propres  à  une  langue  (appelés  phonèmes) ;  (2)  Le  niveau  morpho‐lexicologique  reprend  les  éléments  lexicaux ou mots de la langue lesquels constituent le lexique ou vocabulaire. C’est le  « dictionnaire mental »; (3) Le niveau morpho‐syntaxique (ou grammatical, au sens  étroit)  concerne  la  réalisation  des  structures  complexes  de  sens  sous  forme  de  séquences organisées de lexèmes; (4) Le niveau pragmatique regroupe une série de  sous‐fonctions visant à agir sur ou à influencer l’interlocuteur; (5) Reste le niveau du  discours au sens d’énoncé supérieur en taille à la phrase et considéré du point de vue  de son organisation informationnelle.   Chaque sous‐système dispose d’une certaine autonomie par rapport aux autres  sous‐systèmes, comme le montrent les considérations actuelles sur la modularité  neurofonctionnelle du langage et comme en attestent les dissociations observées dans  les  pathologies  du  langage,  particulièrement  dans  les  syndromes  génétiques  du  retard mental (cf. Rondal & Edwards, 1997). Le calendrier de développement varie  également de manière substantielle selon le sous‐système langagier envisagé. On  peut,  cependant,  tracer  une  sorte  de  ligne  de  démarcation  entre  certains  sous‐ systèmes langagiers et d’autres. Les aspects sémantiques (lexicaux et structuraux) du  langage sont davantage dépendants des systèmes conceptuels de l’esprit que les  aspects phonologiques et morpho‐syntaxiques. Pour cette raison et pour marquer  une différence de nature entre les deux séries de composantes, Chomsky (1981) a  suggéré d’appeler conceptuels les premiers aspects et computationnels les seconds. Il  serait sans doute plus approprié encore d’effectuer une répartition correspondante  mais  selon  trois  catégories,  à  savoir:  les  aspects  computationnels,  les  aspects  conceptuels  (sémantiques),  et  les  aspects  socio‐informationnels  du  langage;  ces  derniers regroupant les régulations pragmatiques et l’organisation informationnelle  du langage au niveau des macrostructures discursives.    3 Les langages humains existent en plusieurs modalités. Les principales sont la  modalité auditive et de parole, la modalité visuelle et graphique, et la modalité  visuelle et gestuelle. En principe toute modalité sensorielle et motrice peut servir de  base à une forme de langage. Les modalités de langage mettent en jeu le même  dispositif  central,  qu’on  appelle  parfois  la  « faculté »  de  langage.  Cette  faculté  s’organise autour d’une double capacité fondamentale: une capacité lexicale (établir,  retenir en mémoire, et utiliser réceptivement et productivement un stock important  d’associations  signifiés—signifiants—référents)  et  une  capacité  grammaticale,  correspondant  à  l’organisation  de  la  langue  au  niveau  des  séquences  et  des  dépendances  structurales  entre  mots  (énoncés—phrases)  et  des  séquences  de  séquences (paragraphes et discours). A cette double capacité, vient s’ajouter une  dimension instrumentale et sociale qu’on désigne par « pragmatique du langage ».   Les centres cérébraux qui régissent les aspects grammaticaux du langage sont  essentiellement les mêmes indépendamment de la modalité envisagée. Ce fait mérite  d’être souligné. Il n’a été établi que récemment. L’hémisphère cérébral gauche est un  analyseur principalement séquentiel. En cette qualité, il fournit, chez la très grande  majorité  des  personnes,  le  substrat  anatomique  et  physiologique  de  la  fonction  langagière.  L’hémisphère  droit  est  principalement  un  analyseur  spatial.  On  a  longtemps pensé que la grammaire des langages gestuels, un langage de l’espace par  définition,  devait  être  localisée  dans  ce  dernier  hémisphère.  Divers  travaux  (cf.  Poizner, Klima, & Bellugi, 1987 ; Hickok, Bellugi, & Klima, 1998) ont montré qu’il  n’en était rien et que cette grammaire, comme les autres grammaires, était contrôlée  au niveau de l’hémisphère gauche.  Par fonctions langagières, nous entendons non les usages généraux du langage  appelés  parfois  fonctions  (par  exemple,  la  fonction  représentative,  la  fonction  communicative, la fonction descriptive, la fonction instrumentale — consistant à se  servir  du  langage  comme  d’un  instrument  pour  agir  sur  autrui  —,  la  fonction  autorégulatrice — consistant à se servir du langage, le plus souvent en modalité de  parole à voix basse ou intérieure, pour organiser ses propres pensées ou ses activités    4 —,  etc.),  mais  bien  les  deux  grands  volets  de  l’activité  langagière  que  sont  la  production et la compréhension des énoncés.  Dans un sens général, la production d’un message linguistique consiste à aller  de  l’idée  à  la  réalisation  vocale  d’une  séquence  canonique  de  lexèmes.  La  compréhension est la série d’opérations qui à partir d’un énoncé permet de retrouver  l’idée  de  départ.  Contrairement  à  ce  qui  peut  paraître  à  première  vue,  la  compréhension  du  langage  n’est  pas  simplement  l’opération  inverse  de  la  production. Les deux fonctions sont asymétriques bien que partageant de nombreux  éléments d’une même trame. De façon à concrétiser notre propos, nous nous référons  à un schéma simplifié des opérations impliquées dans la production du langage oral  (Figure  1),  schéma  inspiré  de  Levelt  (1989)  mais  avec  plusieurs  modifications  importantes qu’il n’est pas indispensable de discuter ici.      Insérer la Figure 1 ici      Le  point  de  départ  d’un  message  langagier  réside  dans  une  intention  de  communication,  la  sélection  d’une  ou  plusieurs  informations  à  communiquer,  l’ordonnancement de ces informations à fin d’expression, leur mise en rapport avec  ce qui a été dit précédemment et, éventuellement, avec la situation d’échange, les  interlocuteurs présents et certaines de leurs caractéristiques. On peut appeler ce  premier  niveau  conceptuel‐sémantique.  Les  informations  à  communiquer  font  également l’objet d’une élaboration sémantique. C’est là que se situe le passage du  conceptuel au linguistique. En effet, les structures sémantiques encodent un certain  nombre de relations, dimensions, et propriétés de la réalité qui sont retenues par une  langue  déterminée.  Par  exemple,  on  reconnaît  l’existence  d’agents  (entités  responsables d’actions), de patients (entités réceptrices ou « victimes » d’actions),  d’actions, d’états, de processus, d’instruments, et d’autres catégories sémantiques  comme  les  indications  de  temps  et  de  localisation  dans  l’espace.  Le  produit  du  fonctionnement  conceptuel‐sémantique  est  un  message  préverbal  constitué  de    5 structures  sémantiques  mises  en  rapport  les  unes  avec  les  autres  (mais  non  séquentialisé linéairement).  Un  deuxième  niveau  d’élaboration  productive  est  lexico‐grammatical.  Des  éléments  lexicaux  non‐articulés  ou  lemmes  sont  sélectionnés  à  même  le  lexique  mental de façon à réaliser un message verbal. Les lemmes sont ensuite disposés et  marqués selon les règles morpho‐syntaxiques du langage, avant d’être réalisés sous  forme de mouvements articulatoires au niveau phonologique (message articulé). Ils  deviennent alors des lexèmes. D’autres réorganisations des lemmes, ou plus tard des  lexèmes, peuvent intervenir selon les caractéristiques pragmatiques et discursives  des messages. De même, parallèlement à l’élaboration du message, du préverbal au  verbal articulé, prennent place plusieurs contrôles par des instances incluant des  analyseurs, des dispositifs de vérification de compréhension, des comparateurs du  produit de ces analyses avec les intentions de communication et les informations de  départ,  ainsi  que  l’intégration  du  message  dans  le  contexte  pragmatique  et,  éventuellement, discursif de la communication. Nous n’avons pas élaboré ces aspects  dans le schéma de la Figure 1 de façon à lui conserver un caractère de simplicité.   On ne peut donc séparer trop nettement les fonctions de production et d’auto‐ compréhension du langage. La production d’un message requiert un monitoring  basé sur la capacité de comprendre son propre message à mesure qu’il prend forme  et de le comparer avec ce qui était projeté et ce qui convient selon la situation.   En se référant aux étapes de la production d’un message linguistique présentées  à  la  Figure  1,  on  peut  situer  et  définir  différents  « types »  de  compréhension  langagière.  Une  première  forme  de  compréhension  (non‐linguistique  ou  plus  exactement non nécessairement linguistique) consiste à deviner le sens d’un message  à  partir  du  contexte  situationnel,  éventuellement  de  l’intonation  utilisée  par  le  locuteur, et de suppositions sur ce qu’il (elle) a pu vouloir signifier dans un tel  contexte. Une deuxième forme de compréhension est linguistique mais limitée au  lexique (compréhension lexicale ou, plus exactement, non nécessairement 
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